AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Un été avec Homère (324)

P194
Ma mère me chantait une chanson soviétique pendant la guerre froide : Les Russes ne veulent pas la guerre.
Les dieux ne sont pas des Russes, ils aiment la guerre , ils la veulent. Ils poussent les hommes à la faire. Ils divisent pour régner.

Les grandes divinités - olympiennes hier, politiques aujourd’hui - prospèrent sur les décombres. Les ruines sont leur terreau fertile. Est-il inconvenant de dire que certaines oligarchies pétrolières tirent du désordre collectif de l’Orient un intérêt privé ?
Commenter  J’apprécie          10
Devenir le meilleur de tous était l’objectif du héros d’Homère.
Tout le monde, il est le meilleur est une injonction chrétienne sécularisée par les démocraties modernes.
Commenter  J’apprécie          20
P56
Il est plus aisé de régner sur des humains si ceux-ci se déchirent.
Commenter  J’apprécie          30
La “prospérité” et le “confort” : ce sont les horizons que prescrit un nouvel (et grisâtre) héros de notre temps, Mark Zuckerberg. L'inventeur de la version numérique de la flaque d'eau de Narcisse (Facebook, disent-ils) a brandi ces deux objectifs de vie lors de son discours, devant les étudiants d'Harvard. Il aurait fallu opposer l'analyse d'Hannah Arendt à ce grossiste en gadgets digitaux. Pour elle, chaque individu pouvait faire son usage du héros homérique. Le héros était la référence, le symbole d'une vertu particulière…
Commenter  J’apprécie          20
La lecture à vois basse telle que nous la pratiquons aujourd'hui est une invention récente. Elle date du haut Moyen Age. Beaucoup de saints lettrés la réprouvaient, y voyant un repliement et, pis ! un dévoiement.
Commenter  J’apprécie          40
Ouvrir l'Iliade et l'Odyssée revient à lire un quotidien. Ce journal du monde, écrit une fois pour toutes, fournit l'aveu que rien ne change sous le soleil de Zeus : l'homme reste fidèle à lui-même, animal grandiose et désespérant, ruisselant de lumière et farci de médiocrité. Homère permet d'économiser l'abonnement à la presse.
Commenter  J’apprécie          10
Demain, dix milliards d'êtres humains connectés les uns aux autres pourront s'espionner en temps continu. Des multinationales nous proposeront la possibilité de vivre quelques décennies de plus en monnayant des opérations de chirurgie génique. Homère, vieux compagnon d'aujourd'hui, peut chasser ce cauchemar post-humaniste. Il nous offre une conduite : celle d'un homme déployé dans un monde chatoyant et non pas augmenté sur une planète rétrécie.
Commenter  J’apprécie          10
Pendant des millénaires, l'affaire de l'homme fut de ne pas bouger. « Que chacun reste à sa place et l'embellisse», devise antique.

Un jour Ulysse prend la mer. Il renverse la leçon : naviguons, il en restera quelque chose ! Au retour, «je» sera un autre. Dès lors, l'homme comprit que le voyage était une école. Deux millénaires plus tard, tout passe, tout se déplace. L'homme a initié l'épanchement général.
Sur la mer actuelle, c'est la valse des peuples, des biens, des idées. La Terre un globe ? Non! Un rondpoint. Quatre-vingts pour cent des marchandises consommées en Europe proviennent d'un conteneur. Sur notre voilier, nous croisions chaque jour vraquiers et cargos. Ils charriaient vers l'Europe les breloques chinoises. Au port, ils déversaient les tombereaux. Nous-mêmes vivions équipés de la tête aux pieds de produits venus d'ailleurs.

L'enjeu de l'époque : que tout circule, sans répit. sans repos.
La constance du flux fondera sa légitimité. Que la frénésie ne s'arrête jamais! Et les nations de toujours mettre une pièce dans le juke-box global.

Sic transit gloria mundi. "Ainsi passe la gloire du monde" , disaient les Romains.
En 2020, nous avons inversé les termes de la maxime : La gloire du monde, c'est le transit! Serait-ce là l'hybris des Anciens : la circulation totale de toute chose, partout et sans cesse ?
Commenter  J’apprécie          130
Comme Homère rirait s’il apprenait que nous parlons d’« augmenter la réalité », de repousser les limites, d’explorer des planètes, d’atteindre des espérances de vie de mille ans. Comme ils grinceraient, les dieux grecs, en s’apercevant que des chercheurs de la Silicon Valley se félicitent de recomposer un monde technologique au lieu de se contenter de celui dont ils disposent et d’en protéger la fragilité. Quel étrange phénomène ! On assiste à un enflammement du désir de créer une autre réalité au fur et à mesure que la réalité immédiate se dégrade autour de nous. Plus l’homme salope ses alentours, plus les démiurges du monde virtuel promettent des lendemains technologiques et plus les prophètes annoncent les paradis d’outre-vie. Quelles sont la cause et la conséquence de l’usure du monde ? Ceux qui veulent augmenter la réalité cherchent-ils une solution à la dégradation du monde ou en sont-ils les accélérateurs ? C’est une question homérique, car elle renvoie à la vénération simple des richesses réelles du monde, au danger de se prendre pour un dieu, à la nécessité de mesurer ses forces, de restreindre ses appétits, à l’impératif de se contenter de sa part d’homme
Commenter  J’apprécie          150
 Le Grec antique n’est pas l’homme de Zuckerberg. Il ne veut pas coller à l’écran du miroir comme l’insecte sur le pare-brise du présent. Les réseaux sociaux sont des entreprises de désagrégation automatique de la mémoire. Aussitôt postée l’image est oubliée. Le nouveau Minotaure du World Wide Web a renversé le principe de l’impérissabilité. Gonflé de l’illusion d’apparaître, on se fait absorber par la matrice digitale, grand sac stomacal. Nul héros grec n’a besoin d’un site internet. Il préfère riposter que poster.
Commenter  J’apprécie          100






    Lecteurs (1104) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Sylvain Tesson

    Quelle formation a suivi Sylvain Tesson ?

    histoire
    géographie
    russe
    urbanisme

    10 questions
    327 lecteurs ont répondu
    Thème : Sylvain TessonCréer un quiz sur ce livre

    {* *}