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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le blanc et le noir

Les vocations peuvent parfois naître dans des lieux des plus insolites.
Pour Beth Harmon, huit ans, c'est dans la cave de l'orphelinat dans lequel elle a été placée suite au décès de sa mère qu'elle découvre le jeu qui façonnera son destin.
Un vieux factotum ventripotent y passe une partie de son temps à jouer aux échecs sous la lumière blafarde d'une ampoule qui affiche sa nudité au bout d'un long fil noir.
Beth est subjuguée. Elle éprouve au fil du temps une véritable addiction pour ce jeu au même titre que les petites pillules vertes "apaisantes" données chaque soir par l'orphelinat et bien plus tard l'alcool par l'entremise de sa mère adoptive.
Beth est surtout dotée d'un talent hors norme, un génie qui lui permet d'enchaîner les victoires et se confronter très rapidement aux meilleurs joueurs du monde.

Je tiens à préciser que mon imagination n'a pas été perturbée par la série Netflix que je n'ai pas regardée et surtout que je n'y connais absolument rien aux échecs.
Je ne me suis donc pas formalisé sur les éventuelles carences techniques du récit. Bien au contraire, toutes ces stratégies mises en oeuvre, tous ces pions déployés sur l'échiquier m'ont complètement emballé.
Walter Tevis possède un talent indéniable pour relater toutes ces parties où l'introspection et la dualité occupent une place de premier ordre. Une opposition quasi-permanente entre rationalité, intuition, addictions, lumière et obscurité.
Et au bout du compte, le principal adversaire que Beth doit affronter à chaque instant...elle-même.

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Le très prolifique Walter Tevis bénéficie de l'attention des éditions Gallmeister qui nous permettent découvrir ses romans de S.F. (« L'oiseau moqueur », « L'homme tombé du ciel ») ainsi que ses romans de facture plus classique consacrés à l'univers du billard (« L'arnaqueur ») ou des échecs.

C'est sur ce jeu que porte « Le jeu de la Dame » paru en 1983, et récemment adapté en mini-série par Netflix. Lire un roman et voir le film qui a en été tiré sont deux expériences esthétiques très différentes, et le film se montre rarement à la hauteur de l'ouvrage qui lui a servi de scénario.

J'ai longtemps pensé que la littérature était par nature supérieure au cinéma, dans la mesure où elle offrait à l'imaginaire du lecteur une liberté dont l'imaginaire du spectateur est privé. L'autre avantage de la littérature est plus prosaïque : elle prend le temps de s'attarder sur les ressentis, les émotions de ses protagonistes, elle permet de développer plusieurs arcs narratifs. Ce temps de l'introspection, de la multiplication des angles de vue est le plus souvent refusé au cinéma, qui doit composer avec un format relativement court.

Disons-le tout net : lire « Le Jeu de la Dame » après avoir vu la mini-série tirée du roman est une expérience déconcertante. Déconcertante, parce qu'en lisant l'ouvrage de Walter Tevis, je n'ai cessé de voir défiler sous mes yeux, les épisodes produits par Netflix. Déconcertante, parce qu'il m'a été impossible d'imaginer Beth Harmon, l'héroïne du roman, autrement que sous l'apparence de l'actrice Anya Taylor-Joy. Déconcertante, parce que je n'ai pas eu l'impression de lire un livre, mais de voir défiler une succession d'images dont la fidélité au roman est absolue. Déconcertante, parce que j'ai eu le sentiment que le visionnage préalable de la série m'a privé de l'expérience de lecture que j'escomptais. Déconcertante, parce que les images produites par Netflix n'ont cessé de saturer mon esprit, annihilant cette part d'imaginaire et de poésie qui fait tout le charme de la lecture.

Cette expérience m'a confirmé que la temporalité d'une série, est, contrairement à celle du cinéma, proche de celle de la littérature. En multipliant les épisodes, en s'affranchissant de tout contrainte de durée, elle peut, à l'instar de la littérature, prendre son temps, le temps de partager les joies, les peurs, les troubles de ses protagonistes. le temps d'établir une forme d'intimité entre le spectateur et les personnages. Elle peut également multiplier à loisir les arcs narratifs, les allers-retours dans le temps. Bref, une série offre à son spectateur une expérience beaucoup plus proche de l'expérience littéraire que le cinéma.

La supériorité de la littérature sur tout format filmé tient à la liberté laissée à l'imaginaire du lecteur, au temps d'introspection et à une forme de poésie qui lui sont propres. Regarder « Le Jeu de la Dame » avant de lire le roman m'a privé de cette liberté, en m'imposant l'imaginaire du réalisateur, la manière dont il avait lu le livre. Autrement dit, je n'ai pas lu un livre, j'ai vu défiler en continu les images trop bien léchées d'une série américaine. Une expérience frustrante au goût doux-amer, l'impression d'avoir raté quelque chose, d'être passé à côté de l'expérience littéraire que m'aurait procuré la seule lecture du « Jeu de la Dame ».

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Ceci étant posé, revenons sur le roman très réussi de Walter Tevis. Il nous narre l'itinéraire d'une enfant surdouée, Beth Harmon qui découvre les échecs dans l'orphelinat sévère où elle a été placée suite au décès de sa mère. Dès huit ans, la toute jeune fille montre une aptitude prodigieuse pour le noble jeu qu'elle pratique avec le vieux gardien bourru de l'orphelinat.

Adoptée quelques années plus tard par une femme alcoolique, Beth connaît une trajectoire échiquéenne fulgurante et devient avant sa majorité la meilleure joueuse des États-Unis, surpassant avec une aisance déconcertante les hommes qui dominent habituellement ce jeu cérébral et épuisant.

Si son amour pour les échecs est d'une sincérité absolue, Beth souffre depuis son enfance d'une addiction aux calmants qui lui étaient administrés à l'orphelinat, ainsi que d'un penchant inquiétant pour la dive bouteille que lui a transmis sa mère adoptive. Si son talent semble ne pas connaître de limites, elle va devoir affronter ses démons intérieurs, si elle veut pouvoir rivaliser avec le champion du monde russe, l'invincible Borgov.

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Il faut tout d'abord saluer le travail de pédagogie de l'auteur sur un jeu difficile à aborder d'un point de vue littéraire. Walter Tevis réussit la prouesse de nous emporter dans le tourbillon des parties de Beth sans décevoir l'aficionado, ni perdre en chemin le non-initié.

Écrit en 1983, « Le jeu de la Dame » frappe par un féminisme visionnaire qui résonne davantage en 2020, l'année de sortie de la mini-série adaptée du roman. Après des débuts hésitants, Beth Harmon déambule avec une aisance déconcertante dans un univers très masculin, qui l'accueille d'ailleurs avec une bienveillance parfois surprenante. La hongroise Judith Polgár, la seule femme à avoir brièvement intégré le top 10 mondial, le temps de l'été 2005, aurait d'ailleurs critiqué la mise en scène de cette bienveillance, qui ne semblait pas correspondre avec l'accueil moins « chaleureux » qu'elle reçut lors de son ascension dans la cour des « grands ».

Le talent inné et le jeu offensif de l'héroïne font évidement songer au regretté Bobby Fischer, qui fut lui-aussi un enfant prodige, avant de devenir champion du monde. le champion du monde fictif du roman, le dénommé Borgov, évoque plutôt Anatoly Karpov et l'école soviétique, qui fut, pendant la guerre froide, un outil de propagande censé asseoir la domination du communisme sur le capitalisme.

« Borgov était solide, imperturbable et très rusé, mais il n'y avait pas de magie dans son jeu. »

Le feu et la glace. le génie offensif à l'état chimiquement pur et le produit d'un système de détection et de formation particulièrement méticuleux. Les failles liées aux addictions aux médicaments et à l'alcool face à la solidité inébranlable d'un homme qui ne boit pas, ne fume pas. L'impétuosité de la jeunesse face à l'expérience d'un joueur de 38 ans. La soliste géniale face au Système. Au fond, « Le jeu de la Dame » nous rejoue « le match du siècle » qui opposa Bobby Fischer à Boris Spassky en 1972 à Reykjavik.

L'un des points saillants du roman est la faculté rare dont est dotée Beth Harmon : elle parvient à visualiser une partie sans la regarder. Une aptitude développée très jeune lorsqu'elle rejouait seule dans son lit d'orphelinat les parties célèbres des grands maîtres du Jeu. L'aptitude dont disposent les joueurs capables de jouer à l'aveugle, c'est-à-dire sans regarder l'échiquier. Une aptitude qui peut, paraît-il, rendre fou tant elle mobilise d'énergie cérébrale.

« Elle évacua tout cela de son esprit pour se concentrer exclusivement sur son échiquier mental et le blocage complexe qu'il affichait. Peu importait, au fond, qui jouait les noirs, et peu importait que l'échiquier matériel se trouvât à Moscou, à New-York ou au sous-sol d'un orphelinat ; cette représentation eidétique était son véritable territoire. »

Cette phrase dit tout finalement. Elle dit surtout ce que seule la littérature parvient à exprimer si simplement. Cette évocation de la « représentation eidétique » du jeu m'a, le temps d'un instant, plongé dans cette forme d'évasion poétique propre à la Littérature. Elle m'a également rappelé mon goût parfois immodéré pour les échecs, un jeu magnifique qui est aussi une métaphore de la vie.

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« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui on va parler d'un roman qu'on a connu grâce à Netflix, le jeu de la Dame, de Walter Tevis.

-Mais c'est quoi, cette couverture ?

-Alors, chers Babélionautes, sachez qu'on l'a lu dans son ancienne édition, chez 10/18, et que la couverture représente le détail d'une oeuvre, « Jeune fille au peigne », de M. Malevitch…

-M'en fiche, c'est moche. Regarde-moi ça ! On dirait une carte à jouer sortie d'un tarot hideux ! Rien à voir avec le livre, qui parle d'échecs ! Ni avec le titre, qui évoque la puissance ! Tu sais quoi ? Tu m'aurais mis la couv' de Révélation, le dernier tome de Twilight, là, j'aurais été plus convaincue.

-Ecoute, Méchante Déidamie, le livre a été publié en 1993 et…

-Et il a marché, en 1993 ?

-Euuuuh… je ne sais pas.

-Ben s'il a marché, c'est pas grâce à sa couverture, j'te le dis.

-Méchante Déidamie, maintenant que tu as craché ton venin…

-Oh, j'ai encore du stock, hein…

-… on va peut-être parler de l'histoire ? je peux ? oui ? merci.

Or donc Elisabeth Harmon perd très tôt ses parents et se trouve placée dans un orphelinat. Elle y apprend la drogue grâce à l'institution, fait la connaissance de Jolene, une autre orpheline, et de M. Shaibel, qui joue aux échecs. Il apprend le jeu à la fillette. Celle-ci montre très vite des capacités stupéfiantes…

Les premières pages m'ont quelque peu décontenancée : les phrases s'enchaînent avec froideur, détachement, toutefois, cette froideur s'efface très vite pour faire place à ce qu'éprouve Beth. J'ai trouvé ce perso très réussi : elle est pleine de détermination, de volonté. J'ai beaucoup aimé le portrait qui est fait d'elle, elle se fiche des gens. Elle ne se sent pas obligée de plaire ni de faire plaisir, si ce n'est à elle-même, en gagnant et en devenant indépendante. J'adore cet aspect, je dois bien le dire !

J'appréhendais un peu la lecture du roman, ne connaissant des échecs que les règles de bases, les roques et le coup du berger. Je craignais de me trouver dépassée par la technique, or il n'en fut rien : Tevis crée l'illusion de parties que je n'ai aucun mal à suivre. J'ai adoré me retrouver dans les calculs de Beth et j'ai gardé la sensation d'entrevoir un univers qui reste complètement inconnu, celui des échecs, de leurs théories, de leurs études. Et je suis sortie du roman avec la sensation d'être moins ignorante, désormais.

-Alors, moi, je suis pas aussi enthousiaste que toi sur le traitement du perso féminin ! J'ai repéré pas moins de deux problèmes dans le bouquin. le premier : l'agression sexuelle au début. Typiquement ce que je déteste : ça se passe et il n'y a aucune conséquence derrière. Pouf, ça passe à la trappe, Beth n'y repense plus jamais.

Le second : mais pourquoi le drap à géométrie variable alors qu'on est dans un roman ?

-Quel drap ?

-Le drap magique, voyons ! ce textile qui possède dans les oeuvres audiovisuelles un mystérieux pouvoir : il laisse le torse des hommes exposé, mais recouvre toujours judicieusement celui des femmes. Depuis que je suis gamine, je ne comprends pas : « Bah pourquoi elle se cache alors qu'il a tout vu de toute façon ? » Bref, un jour, Beth a une liaison avec un gars, et le lendemain, réveil au lit, tout ça… et elle garde le drap sur ses seins ! Mais on n'est pas à la télé, on peut vivre les choses de façon naturelle !

-Elle a peut-être froid ?

-C'est dit nulle part, qu'elle a froid !

-Mais peut-être que… euuuh… ça se fait vraiment aux Etats-Unis, et que Tevis a représenté fidèlement les moeurs de son pays… ou peut-être que la censure exige le drap à géométrie variable pour les romans aussi, qu'est-ce qu'on en sait ?

-Complètement débile, voilà ce qu'on en sait.

-Tu as autre chose ?

-Non, c'est tout.

-OK. Alors pour conclure, nous avons eu connaissance de ce roman grâce à la série Netflix, et je dois dire que je reste fort impressionnée par le travail accompli. Je ne peux pas dire que l'un est supérieur à l'autre.

-Ah si. La série est meilleure et possède une portée émotionnelle plus puissante que celle du roman. Je la trouve bien plus aboutie que le texte dans l'accomplissement de Beth. Et cette conclusion, oh là là…

-(soupir) D'accord, Méchante Déidamie trouve que la série est meilleure. Pour ma part, je trouve que les deux oeuvres se complètent : la série pour l'émotion et l'évolution de Beth, le roman pour tout l'aspect travail des échecs, qu'il était impossible de rendre à l'écran. Donc, merci Walter Tevis !

-Et merci Netflix ! »
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Kentucky, 1957.
Beth Harmon a huit ans lorsqu'elle se retrouve orpheline suite au décès accidentel de sa mère. Elle est rapidement placée au Foyer Methuen, un lieu où, en plus d'une bonne éducation, les petites filles reçoivent chaque jour un gobelet de pilules destinées à "réguler leur caractère".
Beth sympathise avec Jolene, une adolescente noire de treize ans qui lui apprend les règles de l'institut et comment les contourner.
Entre les jours de classe et les cours de religion, elle découvre le jeu des échecs, par hasard, grâce au gardien du foyer qui y joue tous les jours au sous-sol.
D'abord réticent face à une petite fille, celui-ci accepte d'en apprendre les règles à Beth qui voue au jeu un intérêt très particulier.

"Le jeu de la dame" est un roman écrit par Walter Tevis en 1983 sous le titre original "The Queen's Gambit". Il a été édité plusieurs fois en France, dont la dernière édition et traduction date de 2021.
L'auteur parle d'une petite fille qui se passionne pour le jeu jusqu'à ses vingt ans. Ce jeu changera sa vie et son avenir. du sous-sol du foyer, aux plus grandes salles de jeux, on suit Beth qui joue et rejoue les parties de jeux en regardant le plafond au-dessus de son lit. On assiste à son parcours atypique face aux meilleurs joueurs américains, puis internationaux,

Beth est talentueuse, réfléchie avec un esprit stratège. Son addiction aux pilules qu'elle prend depuis toute petite, l'a poursuivra durant tout son chemin, s'y ajoutera l'alcool.
Le jeu est sa raison de vivre. Plus elle gagne, plus elle affronte des adversaires plus forts. Elle étudie les parties des heures entières, des journées voir des nuits.

Un livre lu après avoir regardé la mini-série télévisée. Il aurait été difficile pour moi de lire ce roman jusqu'au bout sans l'avoir visionné avant tant les parties d'échecs, les techniques de jeux et les différentes stratégies sont présentes et détaillées. Je m'y serais très certainement perdu.
Cependant, si le jeu est très présent au fil des pages, c'est la personnalité de Beth qui m'a le plus intéressé. C'est une enfant, une adolescente puis une jeune femme peu bavarde, secrète, solitaire, soumise à ses addictions. Sa vie tourne autour des tournois, des voyages, des victoires et des gains. Elle ne supporte pas de perdre. Tout tourne autour des échecs. Elle n'imagine pas un seul instant son avenir autrement.

Une lecture avec laquelle on traverse les années 1960 en Amérique, en suivant une femme qui joue à un jeu d'hommes, et qui a un besoin de reconnaissance énorme. Une très bonne lecture !

Lien : http://labibliothequedemarjo..
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Ou l'on voit Beth, petite orpheline, sans charme et sans avenir, renverser son destin pour devenir une des meilleures joueuses d 'échecs du monde . On assiste, dans le roman, à son ascencion prodigieuse, elle qui semblait si mal partie dans la vie.
Beth est dotée d'une intelligence prodigieuse et son ambition est démesurée, grâce à son travail et sa ténacité, elle va se hisser tout en haut et devenir une des meilleures joueuses mondiales, dans un milieu très fermé et essentiellement masculin.
Walter Travis dresse un portrait très intéressant de cette jeune femme hors norme . Ce roman a été relancé par la série éponyme sur Netflix, avec une nouvelle traduction de Jacques Mailhos dans la collection Totem de Gallmeister
Sur un sujet qui aurait pu vite devenir rebutant, l'auteur a réussi a écrire un roman qui se lit d'une traite, un page turner, tellement son personnage central est marquant et hors norme.
L' écriture est fluide et l'on suit les parties d'échecs aisément même si on ne s'y connaît pas. Les différentes parties sont autant de suspens pour le lecteur qui se prête au jeu.
Beth est une jeune femme peu ordinaire, complexe même , avec sa force et ses faiblesses. Son addiction à l'alcool et aux petites pilules, son incapacité à créer des liens avec les autres, à avoir des relations amicales ou sexuelles suivies, son manque d'empathie, son côté associal et détaché qui lui permet de surmonter des épreuves difficiles , tout ça, c'est le côté sombre de son personnage. Beth consacre toute sa vie aux échecs et va sacrifier, sa jeunesse à sa passion.
L'auteur a écrit plusieurs romans qui traite des jeux (échecs, billard) où les personnages sont comme lui atteints de mélancolie et d'addiction à l'alcool
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La rencontre entre Beth Harmon et les échecs se fera dans le sous-sol de l'orphelinat à qui on l'a confiée à la mort de sa mère. Elle a huit ans.
Le vieux factotum bourru, taiseux qui va l'initier ne s'y trompe pas en reconnaissant immédiatement le génie de la gamine pour le roi des jeux.
Il faudra pourtant attendre que Beth soit adoptée par la fantasque et alcoolique Mme Weatley pour qu'elle puisse non seulement s'y adonner comme elle l'entend mais aussi aller se frotter à d'autres joueurs lors de tournois. Son talent, au fils des rencontres, devient incontestable. Beth devra affronter des adversaires toujours plus retors, contrôler son désir écrasant d'être la meilleure mais aussi surmonter des addictions aux médicaments, à l'alcool acquises très tôt.
Vous l'aurez compris. Suivre le parcours de cette enfant, puis cette jeune fille, puis cette très jeune femme est lui aussi très addictif.
Son obstination à progresser, à l'emporter, la fierté avec laquelle elle brave ses peurs, la solitude qui est la sienne, à peine interrompue par la présence de Mme Weatley, solitude d'autant plus grande qu'elle est la seule femme dans un milieu exclusivement masculin en font un personnage très attachant, très fort.
Et si vous craignez d'être dérangé par la description des parties, rassurez-vous. le récit est fort bien mené. L'auteur nous indique quelques pièces déplacées : pion en roi quatre… puis peu à peu déploie le jeu comme un champ de bataille qui ouvre des perspectives d'attaque sur les diagonales, de repli derrière la forteresse d'une tour. C'est très habile. Et la guerrière, la stratège qui maitrise le plateau est Beth.

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C'est l'histoire assez simple d'une orpheline qui va devenir une grande championne d'échec.
Jusqu'où pourra t'elle aller ? Pourra t'elle faire sa place dans ce milieu résolument sexiste ? Pourra t'elle battre les grands maîtres russes ?
L'écriture est sobre mais la tension est palpable.
Point besoin de connaître les échecs pour être captivé.
De l'orphelinat à sa participation aux grands tournois, nous suivons Beth dans ses addictions aux échecs mais aussi aux tranquillisants et à l'alcool.
Sans être vraiment attachante, elle nous émeut par sa solitude, ses faiblesses, ses difficultés dans les relations humaines et sa rage de vaincre.
La relation singulière avec sa mère adoptive est émouvante.
Une lecture séduisante et addictive.
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For those about to roque, we salute you !

J'ai toujours eu une certaine admiration pour le monde des échecs et ceux qui les pratiquent, à la cool le dimanche ou au plus haut niveau de grand maître international. Quel que soit leur niveau, ils donnent à voir un spectacle fascinant pour le profane qui les regarde, tentant de comprendre les enjeux qui se nouent, la tension qui s'installe.

Et c'est là que le Jeu de la dame de Walter Tevis – traduit par un autre grand maître, Jacques Mailhos - est fort ! Non pas que le livre arrive à vous faire comprendre la technique du jeu et à suivre les parties (comme si Fou-f3, puis cavalier xg6 suivi de tour xh4 pouvait être visualisé par le lecteur lambda…), mais il réussit parfaitement à restituer la tension, le combat, les retournements de situation, bref la vie et la mort qui se joue aux échecs.

Et ça marche ! Page après page, tu comprends que la sicilienne, le gambit de la dame, la défense berlinoise, la variante Najdorf, une Ponziani ou la position de Philidor (tout cela n'ayant bien entendu et contre toute attente, rien à voir avec le kama-sutra), sont autant d'armes létales à n'employer que sur 64 cases. Et tout ça grâce à Beth, orpheline et prodige américaine, qui ira jusqu'à Moscou faire rendre gorge, chaude, aux grands maîtres rouges, pour la gloire de l'Oncle Sam en pleine guerre, froide.

Pageturner efficace par son écriture hyper rythmée, le Jeu de la dame rencontre un succès mérité, appuyé sur celui de la série éponyme. Mais il m'a un peu laissé sur ma faim… J'aurais préféré en apprendre davantage sur le « Je » de la dame que sur son jeu ; j'aurais bien aimé que son rapport aux addictions soit plus creusé et moins facilement résolu ; j'aurais apprécié davantage de fond dans ses rapports avec les autres, parfois trop survolés. Mais je chipote, car le livre fut quasi avalé d'une traite, et me donnera, peut-être, l'envie de jeter un oeil à la série…
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Comme beaucoup d'entre vous on a vu la série lors de sa diffusion sur Netflix. Un grand merci aux éditions Gallmeister d'avoir réédité cette pépite et de découvrir le texte original signé Walter Tevis pour le comparer avec la série

Gros succès 2020 de Netflix, la série le Jeu de la dame a permis aux échecs de connaitre un véritable renouveau.

Plus de 30 ans après le roman dont il est adapté, la diffusion de cette série dans un contexte de renouveau féministe évident donne un bel écho au triomphe de Beth Harmon dans un monde forcément et férocement largement dominé par les hommes

le récit est celui d'une ascension sociale par les échecs, est venu remettre les échecs sur le devant de la scène médiatique de façon très prégnante.

On suit le parcours d'une prodige des échecs de son enfance à sa consécration. Jamais reconnue par son père et orpheline de mère, Beth Harmon se retrouve à l'âge de huit ans dans un orphelinat du Kentucky où elle apprend à jouer aux échecs et devient dépendante aux anxiolytiques distribués aux jeunes pensionnaires.

Le gros atout est évidemment son héroïne, assez singulière Beth Harmon, qui se trouve vite plongée dans un monde des echecs largement dominé par les hommes.

Malgré son image de loisir élitiste, le jeu de la dame donne une image plus fédératrice des échecs et joue habilement entre les reflexions inhérentes aux échecs et certains archétypes que l'écriture de Walter Tevis contourne très habilement.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Encore une série qui a fait fureur sur N...X et pour laquelle le roman a été réédité en avril 21 chez Gallmeister et pour cause "le jeu de la dame" vaut le détour quand on aime ce jeu de stratégie et de précision que sont les échecs.

Nous sommes en 1957 dans le Kentucky et la jeune Beth, 8 ans va intégrer l'orphelinat de Methuen suite à la mort de sa mère lors d'un accident.
Le contexte n'est pas au top et dans ces institutions il est préférable de rendre les enfants "sages et obéissants " en leur administrant des pilules vertes chaque soir au coucher. Quel bon conditionnement!
Mais cela n'atteindra pas notre jeune héroïne puisque sa curiosité et l'envie de découvrir le monde du jeu des échecs avec le factotum de l'institution seront l'objectif à relever.
Le parcours de Beth nous est présenté comme exemplaire et tout à fait compréhensible au niveau de toutes les combinaisons à voir en parties d'échecs.
Le seul bémol au roman c'est donc la prise médicamenteuse de calmants et l'alcool sur lesquels que notre personnage n'a pas su résister, c'est très dommageable. Et j'espère fortement que ce côté a été atténué dans la série, car perso je ne pense pas que l'ascension personnelle d'un individu réside autour de ce genre de besoins...
C'est malgré tout une belle découverte.
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