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EAN : 9782364450530
192 pages
Pierre de Taillac (10/07/2015)
4.08/5   6 notes
Résumé :
La correspondance échangée par Jeanne et Pierre pendant que ce dernier était au front. Ils venaient à peine de se rencontrer en 1914, mais, malgré la dureté des combats et les rares permissions, ils se sont finalement mariés trois ans après.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Comment ne pas être bouleversé par un tel ouvrage ?
Je crois que c'est ce qui m'émeut le plus : les correspondances en temps de guerre. C'est un véritable défi au temps, c'est tellement beau et poignant que ça en devient douloureux.
Françoise Thill-Million a fait une découverte exceptionnelle le jour où elle est tombée sur de vieilles photos et lettres appartenant à ses grands-parents. Impossible de garder cette poussière d'or pour elle : elle a choisi de partager cette histoire d'amour puissante, drôle parfois et déterminée.
Tout d'abord j'ai été frappée par la beauté du livre dès que je l'ai eu dans les mains : c'est un très bel ouvrage, de très grande qualité, aux pages épaisses et à la mise en page soignée. le livre est également enrichi de nombreux documents et photos réunis en un petit carnet dans les pages centrales. Et poser des visages sur les noms renforce la proximité et rend la lecture d'autant plus saisissante et réelle.
Nous suivons donc la séparation du couple lorsque Pierre intègre le 106e régiment d'infanterie, celui du grand Maurice Genevoix, auteur du célèbre ouvrage « Ceux de 14. » Dans les premiers courriers le couple se vouvoie – ce que j'ai trouvé adorable – et puis très vite une intimité plus subtile s'installe. Mais Jeanne n'est pas la seule destinataire des lettres du soldat : Pierre écrit également à sa mère et à son frère, Jules.
Au départ, nous ne possédons pas les lettres de Jeanne, celles-ci ayant été perdues. Nous ne retrouvons sa prose que début juin 1915. Et, fait étrange, ses lettres dissonent avec les horreurs que vit Pierre sur le front. On retrouve d'ailleurs très souvent ce décalage étonnant entre les courriers de Jeanne et ceux de Pierre : elle se plaint d'un gros rhume, elle s'agace et s'impatiente quant à la date de leur futur mariage, tandis que Pierre, pataugeant dans sa tranchée, lui demande de bien se préserver et de faire comme il lui plaît. Fin janvier 1916, il écrit à son frère ce message bouleversant à la fin de sa lettre : "Nous commençons seulement à savoir faire la guerre."
Au fond, cette correspondance nous offre les deux principaux pans de la guerre : celui qui combat et celui qui attend. Et c'est ce qui rend cet ouvrage si riche. Grâce aux lettres de Pierre, nous en suivons le cours interminable, immergés à ses côtés dans les tranchées, planant au-dessus de lui dans les combats. Et près de Jeanne nous vivons cette partie plus lointaine, plus cachée, qu'impose la guerre : nous attendons, tourmentés, angoissés, mais solides tout de même car il faut bien continuer à vivre, même si la vie ne ressemble en rien à ce qu'elle était avant.
A son frère Jules, Pierre raconte la « boucherie » de Verdun, à Jeanne il évoque son quotidien difficile. Sans cesse il épargne sa petite femme de ce qu'il endure, de ce qu'il apprend aussi des combats qui se jouent plus ou moins loin des endroits où il se trouve. Jamais la lecture n'est lourde et pesante. Difficile, oui, c'est évident, douloureuse également, mais de beaux moments d'espoir et de calme nous permettent de respirer et – chose insolite – de sourire quelquefois. Un exemple cocasse : j'ai particulièrement adoré la lettre dans laquelle Pierre décrit le gargantuesque menu de son réveillon de fin 1914, ingurgité pendant 8h à 1 kilomètre à peine des lignes ennemies. Et puis, chose amusante : il leur arrive même de se disputer parfois dans leurs courriers.
Tour à tour nos amoureux sont adorables et touchants, savoureux et poignants. On sent une grande force chez Pierre comme chez Jeanne. On sent qu'ils se relèvent l'un l'autre, qu'ils s'épaulent, se consolent et se soutiennent, même à distance. Car si Pierre montre une incroyable capacité d'adaptation et un courage splendide, Jeanne n'est pas non plus un petit être fragile : c'est une femme volontaire, têtue, dotée d'un caractère très fort.
« La bonne étoile » revient souvent dans les courriers et fait référence à un épisode de la vie de Jeanne, avant la guerre, mettant en scène une certaine voyante… Je ne veux pas en raconter davantage parce que c'est aussi l'histoire d'un couple, l'histoire d'une vie entremêlée de moments de chagrin et de joie pure – un mariage, un enfant, puis le retour tant attendu… – mais ce qui m'a vraiment troublée, c'est l'ahurissante résistance de Pierre. Ayant lu plusieurs romans et témoignages sur ces quatre années d'horreur, je suis frappée par sa capacité à rebondir, à voir le minuscule rayon de lumière dans l'atrocité des nuits, et en cela je le trouve beau Pierre, héroïque vraiment. Oui, je crois que je peux dire qu'il m'émeut.
Bien sûr, ce livre ne se contente pas de reproduire les courriers de nos charmants amoureux. Parmi les lettres, on croise de temps en temps les commentaires et anecdotes de Jeanne elle-même, ayant finalement décidé de raconter son histoire à ses petits-enfants. de même, la petite-fille et auteur de l'ouvrage, Françoise Thill-Million, fait le lien entre les courriers et nous raconte le cadre et le contexte, nous partage les « dessous » de certaines lettres, analyse, éclaircit, démêle les mots. C'est extrêmement habile et complet.
Au temps des sms, réseaux sociaux et autre langage incompréhensible et/ou parfois vulgaire, quel bonheur de retrouver la finesse du papier, la grâce d'une lettre écrite à la main. Se retrouver face à cette superbe écriture pleine de volutes et d'arabesques que j'aime tant admirer dans les lettres de ma propre grand-mère. Un moment hors du temps. Une lecture nécessaire. Un grand merci à Babelio et aux éditions Pierre de Taillac pour cet ouvrage indispensable, à un prix extrêmement abordable au regard du magnifique travail d'édition réalisé.
[chronique complète avec photos et citations sur le blog]
Lien : https://lechemindeslivres.wo..
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Que d'émotions !
Certains me diront que c'est une simple histoire qui se passe durant la grande guerre comme tant d'autres, moi je dis que c'est une des rares choses que cette guerre a épargnée. Peut-on aller jusqu'à dire que c'est grâce à Jeanne et ses lettres que Pierre a tenu bon ? Je n'ai pas la réponse, mais je pense que si cela ne l'a pas forcément aidé, cela lui donnait au moins le courage de tenir bon jusqu'au bout. Quelque part, cela a également dû renforcer leur lien déjà solide avant, l'absence a cette vertu qu'elle sépare ou qu'elle renforce ce qui nous lie à une autre personne, ici ce fut le renforcement.
Que ce soit du côté de Jeanne ou de Pierre, ce ne fut pas simple. D'un côté il a du laisser la femme qu'il aimait sans savoir s'il allait revenir, d'un autre elle a dû laisser partir celui qui faisait battre son coeur tout en sachant qu'il aurait pu ne jamais revenir. Donc oui, cela a du les aider d'un côté comme de l'autre de continuer à avoir quelques nouvelles durant cette période qui a dû leur paraître une éternité.
A travers ces lettres, que ce soit de Pierre à jeanne, de Jeanne Pierre, ou tout autre correspondance, nous entrons dans leurs univers, nous avons droit ici à tout un morceau de leurs vies, nous comprenons encore mieux tout ce que cette guerre a pu faire comme dégâts, les traces qu'elle a pu laisser dans les âmes des personnes l'ayant vécue de près ou de loin. Malgré tout, c'est fait de manière respectueuse, de telle sorte que cela ne donne pas l'impression de pénétrer dans leur intimité, dans ce qui au final ne devrait appartenir qu'à eux. Moi ce que je vois, c'est que c'est une manière de leur rendre hommage, de ne pas les oublier, de montrer au monde que même en des temps dangereux et douloureux, l'amour peut survivre et se renforcer face aux épreuves.
Un très beau livre que je vous recommande de découvrir, vous ne pourrez qu'avoir envie d'encore plus aimer l'être qui vous est cher, d'encore plus choyer les liens qui vous unissent. Une très belle découverte pour ma part.
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Témoignage touchant que cet échange de lettres, exemple classique de ces échanges épistolaires des couples pendant la guerre. Les courriers des deux amoureux sont essentiellement intimes. On y retrouve d'un côté la fausse insouciance de la jeune femme qui saisit mal le cours de l'histoire que vit son mari et de l'autre la « pudeur » du soldat qui cache ce qu'il vit, préférant détourner la « conversation » sur leurs préoccupations familiales, ce qui lui permet aussi de se relier à la vie. Mais il manque à mon avis, pour lui donner une belle dimension, un vrai travail de recherche qui aurait permis d'éclairer le contexte des lettres et la réalité vécue par chacun, quelque chose de plus puissant que les simples commentaires élaborés à partir d'impressions et de bribes d'informations.
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Je remercie Babelio et les editions pierre de Taillac pour cet envoi.

J'ai beaucoup apprécié cette lecture très touchante. Suivre ce couple à travers les lettres qu'ils s'envoyaient pendant la première Guerre Mondiale est à la fois touchant et à la fois particulièrement intéressant pour l'historien mais aussi pour le genealogiqte. Ce livre permet d'avoir un veritabe apercu de la vie de nos ancêtre (parents, grands-parents ou encore arrières-grands-parents das mon cas ^^).
Concrètement nous suivons l'histoire de Jeanne et Pierre; Pierre doit faire son service militaire de 1913 puis la guerre commence, il est alors envoyé au front il va alors correspondre avec sa fiancé Jeanne, ils vont d'ailleurs nous dit l'auteur s'envoyer plus de 300 lettres où ils vont parler mariage, enfants, de la vie quotidienne dans les tranchées.
Donc une très bonne lecture ^^
Lien : https://brevesdunepiplette.w..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ah ! Les boches voudraient nous démoraliser, eh bien ils se trompent, ils n’y arriveront pas. Ce serait trop malheureux. Ceux qui se laisseraient aller au point de se révolter seraient des imbéciles. Il faut que nous tenions, c’est dur mais il le faut. […] Espérons que tout cela se terminera vite et que nous aurons le bonheur de voir tous les nôtres revenir.
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Mille bons baisers de votre Pierrot qui vous adore pour la vie et vous embrasse encore cent mille fois de loin en attendant de le faire de plus près. Vous pouvez être sûre que je regarde votre photo, cela me donne du courage. Votre Pierrot pour la vie.
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Ne te fais pas de mauvais sang pour moi, tu vois, je ne suis pas à plaindre. Le jour où il faudra se battre à nouveau, eh bien, je me battrai.
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