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sur 217 notes
Titre :  LES MAL-AIMES

Auteur : Jean-Christophe TIXIER


Editions : Albin Michel


Genre : Thriller


Nombre de pages : 324
Date : Février 2019
Prix : 19,50 €



Présentation physique du livre :
Un livre de format moyen comprenant un peu plus de 300 pages.

La couverture représente une grande bâtisse au bout d'un champ (un bagne)



Résumé : 

1884, aux confins des Cévennes. Une maison d'éducation surveillée ferme ses portes et des adolescents décharnés quittent le lieu sous le regard des paysans qui furent leurs geôliers.

Quand, dix-sept ans plus tard, sur cette terre reculée et oubliée de tous, une succession d'événements étranges se produit, chacun se met d'abord à soupçonner son voisin. On s'accuse mutuellement du troupeau de chèvres décimé par la maladie, des meules de foin en feu, des morts qui bientôt s'égrènent... Jusqu'à cette rumeur, qui se répand comme une traînée de poudre : « ce sont les enfants qui reviennent. » Comme si le bâtiment tant redouté continuait de hanter les mémoires.

Porté par une écriture hypnotique, le roman de Jean-Christophe Tixier, portrait implacable d'une communauté rongée par les non-dits, donne à voir plus qu'il ne raconte l'horreur des bagnes pour enfants qui furent autant de taches de honte dans l'Histoire du XXe siècle.



Sur l'auteur et son univers : 

Après vingt ans passés dans l'enseignement et la formation, il se consacre aujourd'hui totalement à l'écriture.

Il a écrit une vingtaine de romans dans des genres et pour des âges différents. Il est aussi l'auteur de nouvelles et de fictions radiophoniques qui ont été diffusées sur France-Inter.

Début 2019 paraîtront un roman adulte et une bande-dessinée dont il a écrit le scénario.

Il est le créateur du salon Un Aller-Retour dans le Noir, qui invite chaque année à Pau, le premier week-end d'octobre, 25 auteurs français et étrangers de romans noirs. 
Page Facebook de l'Aller-Retour.

Désormais, il partage son temps entre Pau, son lieu de naissance, et Paris.



Sur les éditions :

https://www.albin-michel.fr/



Les éditions Albin Michel sont un groupe éditorial français indépendant, fondée en 1902 par Albin Michel et dirigé par Francis Esménard, petit-fils du fondateur. Il fait partie des dix plus gros éditeurs français.




AVIS


Un grand merci aux Editions Albin Michel (et notamment à Claire) pour m'avoir fait parvenir ce livre.



Début du livre :

24 février 1884

Le chemin que le gamin a si souvent envié depuis la fenêtre de sa cellule file désormais devant lui.

Presque pour lui.

Le prologue nous retrace en cette année 1884, la liberté retrouvée de ces jeunes enfants ou adolescents enfermés au bagne pour des faits commis et jugés. Mais quelle liberté après tant d'années d'enfermement et sous la coupe d'adultes totalement démunis et sans scrupules.

Ces bagnes ayant existé dans ces années là sont aujourd'hui un peu dévoilés dans l'histoire de Jean-Christophe TIXIER.

Des ordres qui mordaient plus que les fers installés par les gardiens lors de leurs séjours au cachot.



Puis nous nous retrouvons à l'été 1901, dans ce village des Cévennes ayant abrité le bagne. Cette bâtisse existe toujours : est-ce pour conserver le souvenir de ce qu'il s'y est passé il y a 20 ans.

C'est ce que les habitants semblent croire.

De mystérieux phénomènes se passent, des drames inexpliqués, comme si le malheur planait sur le village. Comme si des personnes malveillantes souhaitaient faire payer quelque chose aux villageois: mais leur faire payer quoi ? 



Le fait d'avoir vu et rien dit à l'époque ? Car les habitants sont les mêmes qu'à l'époque?

Quant au quotidien de Blanche, jeune femme vivant avec son oncle il est quelque peu malsain.

Et Etienne ayant été recueilli par Léon et Jeanne, ce couple d'agriculteurs.

Malgré la fermeture du bagne ces enfants ne semblent pas être traités de la meilleure des manières.

Quant à Léon, Alphonse et Ernest, ils ont des choses en commun à cacher. Comment arriveront-ils à vivre avec ce secret.

Ce sont les enfants qui reviennent ?



Et Géraud, qui est-il ce mystérieux personnage difficile à cerner et à trouver, qui erre comme une âme en peine dans le village. Sait-il des choses ? 

Personne sait plus d'où il vient. Mais l'est d'ici..Alors



Et Emile Morluc, le médecin, d'où vient-il ? et pour quelles raisons s'intéresse t'il à Blanche ? 

Je ne vous ai pas tout dit sur le bagne l'autre fois.



Que de questionnements entourent ce livre.... Malheureusement, il n'en ressort pas que du bon.

Tout le long du livre on ressent une ambiance lourde et pesante qui nous étouffe. Comment des choses de cette nature ont-elles pu arriver ? Comment les voisins du bagnes ont-ils pu ignorer ce qu'il s'y passait, ou tout simplement fermer les lieux sur ce carnage. 

Leurs âmes à ces gosses elles dormaient tranquillement au cimetière....Mais l'a bien fallu que quelque chose les réveille...



L'auteur n'a pas besoin de décrire ce qu'enduraient les enfants, leur souffrance est tellement présente entre les lignes du livre, qu'on ne peut que les imaginer et c'est bien cela le plus difficile.

Il faut quand même souligner que les enfants étaient condamnés alors que certains n'avaient pas 8 ans... leur vie familiale était épluchée et certains ne survivaient pas plus d'un ou deux ans. de quoi mourraient-ils ? tout est possible compte tenu des conditions de détention.

A la fin de l'histoire, on se rend compte de la peur dans laquelle ont vécu toutes ces personnes, que ce soient les enfants ou même les paysans voisins du bagnes. Une peur différente mais au final un peur qui aura eu raison de leurs vies.



Les sujets du récit sont les bagnes, la maltraitance infantile, et surtout l'omerta qui régnait dans les villages.



Le style de l'auteur est prenant. le quotidien de chacune des familles, et surtout les personnalités de chacun ainsi que leurs caractères et leurs émotions sont vraiment détaillés et présentés par l'auteur avec une maîtrise telle que j'essayais de poser un visage sur chaque personnage.



Sur la forme de l'histoire :

Le livre est divisé en plusieurs chapitres; lesquels débutent tous par la fiche d'un des enfants ayant séjourné au bagne.

Le texte très aéré et l'écriture fluide fait de ce livre une lecture très agréable mais difficile en raison du sujet.



Conclusion :
Une formidable histoire retraçant l'existence et surtout le fonctionnement plus que douteux des bagnes dans les années 1900.

Une excellente lecture... je vous le conseille fortement.
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Cette intrigue a reçu de nombreuses éloges. Je m'attendais à apprécier cette lecture sauf que, après les premières pages qui évoquent le départ des bagnards, le lecteur peut attendre avant que le pénitencier soit de nouveau abordé. le vrai sujet du livre, et c'est sûrement ça que je n'avais pas saisi au résumé, sont la vie du village, les croyances, la force de la rumeur. L'auteur nous expose donc le quotidien de ce village du fin fond de la France. Peinture noire, glauque, avec des protagonistes, évidemment, aucunement attachants. C'est lent, peu de choses se passent. Cette atmosphère a eu peu de prise sur moi donc j'ai préféré abréger cette lecture.
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Une lecture décevante pour ma part. Malgré les moeurs de l'époque, j'ai trouvé le récit trop vulgaire par moments et je n'ai pas été convaincue par l'intrigue. Je ne me suis attachée à aucun personnages, tous plus tarés (dans le sens porteur d'une tare) les uns que les autres.
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Un polar très sombre avec une ambiance parfois pesante dans laquelle on se retrouve en pleine campagne française en 1901.

J'ai aimé cette ambiance que l'on attend dans un bon polar, la tension qui n'en finit pas. La peur et la culpabilité sont au coeur du roman et poussent les hommes à montrer le pire d'eux même. Ce thème m'a convaincu, et même parfois donné des frisons.
Par contre, point négatif, mais qui ne l'est peut-être pas pour certains, je suis sortie de cette lecture un peu morose... Et bien que les révélations finales m'ont surprise, j'ai encore des questions en attente de réponses.

En conclusion, un polar fort, mais qui m'a un peu mise mal à l'aise et laissé avec des questions sans réponses.
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Découvert avec son deuxième roman, Effacer les hommes (que j'aurais aimé voir remporter le Prix du Livre France Bleu/Page des Libraires soit dit en passant et en qualité de jurée…), Jean-Christophe Tixier continue de m'intriguer avec son écriture magnétique à l'atmosphère ciselée. Mais avec ce roman, pas la moindre étincelle d'espoir. Tout est noir, très noir alors que l'auteur décide de faire de la part sombre de notre Histoire, les bagnes pour enfants, le terrible thème de son roman.

Pitch (4ème de couv):
"1884, aux confins des Cévennes. Une maison d'éducation surveillée ferme ses portes et des adolescents décharnés quittent le lieu sous le regard des paysans qui furent leurs geôliers. Quand, dix-sept ans plus tard, sur cette terre reculée et oubliée de tous, une succession d'évènements étranges se produit, chacun se met d'abord à soupçonner son voisin. On s'accuse mutuellement du troupeau de chèvres décimé par la maladie, des meules de foin en feu, des morts qui bientôt s'égrènent… Jusqu'à cette rumeur, qui se répand comme une traînée de poudre: "Ce sont les enfants qui reviennent.""

Âpre, âcre, acide, amer. Ne recherchez pas la douceur du sucre dans Les Mal-Aimés. Où il est question de fantômes de gamins abusés, maltraités, dont les cadavres ont fait l'objet de beaucoup moins de d'attention que ceux d'une chèvre, revenant hanter la mémoire des habitants.
Ce bagne pour enfants, même fermé depuis presque vingt-ans, reste une menace pour tous. Une ombre leur rappelant avoir pris part à l'ignominie, en tant que bourreaux ou spectateurs muets de ce qu'il s'y est passé. Et il suffit de la mort suspecte d'un cheval, pour que les secrets et les crimes étouffés depuis des années, attisés par la superstition, s'embrasent et obligent à remuer la merde du passé. La peur et la mort rendant enfin justice et un semblant d'humanité à ces gamins.

Jean-Christophe Tixier maitrise à perfection l'écriture du décor de son roman, qui sert l'atmosphère plombante de son roman, coupant ce hameau du reste du monde dans un hui-clos aux allures de fin du monde. Il a l'art de faire des bâtisses, des falaises et des fôrets des limites naturelles qui retiennent les Hommes plus sûrement que quatre murs. Il est aussi sans concession avec les personnages dévoilant leur lâcheté, leur violence, leur petitesse et même parfois leur ridicule.

Une histoire plus noire que noire, qui plaira aux adeptes du genre mais pourra faire fuir les autres lecteurs, au regard de la sensation pas toujours confortable de se faire aspirer dans un puit sans fond. Et les extraits des registres du centre d'éducation surveillé de l'Hérault, bien réels ceux-ci, pourront renforcer ce malaise.

Pour ma part, je reste séduite par l'écriture de Jean-Christophe Tixier, même si j'ai été bien plus emballée par Effacer les Hommes. J'attends désormais le troisième! Mr Tixier, si vous m'entendez…
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Des enfants entre 10 et 15 ans, qu'on a condamnés à une peine de redressement, et qu'on "déménage" dans le premier chapitre, vont finir par mourir jeunes et tous être enterrés dans un petit cimetière que les habitants du coin aimeraient voir déplacé plus loin de chez eux avec d'autant plus d'ardeur et d'empressement lorsque des actes malsains de tout ordre leur sont attribués, à ses jeunes morts, sous prétexte de vengeance car leur calvaire dans leur maison de redressement était plus ou moins connu mais personne n'a jamais voulu l'avouer ou y changer quoique ce soit.
Vous avez trouvé cette phrase trop longue pour décrire une situation pourtant simple ? Alors n'entamez pas la lecture de ce livre car c'est ça tout le long.
Vous trouvé le pitch intéressant ? Alors entamez la lecture de ce livre car l'intensité ne retombe jamais.

Je découvre un auteur qui manie parfaitement le verbe. Des descriptions à tout rompre. Des énumérations en tous genres. Très (trop ?) peu de dialogues. Des zooms et des prises de vue incessantes à 360° de chaque scène, comme dans un script de cinéma où chaque plan est millimétré, détaillé et peaufiné. On est dans l'ambiance de fin du XIXe, début du XXe siècle, à la campagne. le rythme, les odeurs, l'écoulement du temps, les distances, les activités, l'intérieur et l'extérieur des maisons, les habitants, tout est décrit de telle sorte à ce que notre imaginaire soit guidé vers exactement ce que l'auteur a en tête. Même les détails les plus insignifiants donnent du corps à nos impressions.
Ça pourrait ne pas plaire à tout le monde, surtout aux créatifs qui veulent s'imaginer bien plus de choses par eux-mêmes, mais j'ai été étonné que ses détours pour arriver à faire avancer l'histoire me plaisent et même, à la limite, me bercent. Pas de rêves, car c'est vraiment atroce. Tout ce qui est décrit est cru. Réel. Personne n'est propre. Il y a des tonnes de non-dits. Presque que ça, d'ailleurs.

Si ce n'est pas sa forme pour ceux qui aiment le genre, la force du livre réside surtout dans sa noirceur. Ça faisait longtemps que je n'avais pas lu un récit aussi sombre. le fait qu'il manque cruellement de dialogues a surement joué sur mon ressenti, mais pas que. Il y a une tension permanente dans ce livre qui mêle (attention ça peut piquer) la petite maison dans la prairie, le pacte des loups, des souris et des hommes et le serment des limbes. Bref, un mélange détonnant dont je ne pourrais pas expliquer vraiment pourquoi ni comment il fonctionne.

Au final, voici un très noir 7/10 dans mon échelle de goût.
Pourquoi pas plus, me suis-je demandé à moi-même-centre-du-monde-de-mes-propres avis ? Probablement parce que sa noirceur était certes supérieure à son rythme, mais ce dernier était nettement trop lent. Beaucoup trop. Donc, cela provoque un déséquilibre trop prononcé pour gravir l'échelon supérieur de mon échelle personnelle. A lire quand même, pour l'ambiance que l'auteur a su créer avec son propre style !
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Je l'ai lu deux fois.
On pourra vous dire que le lire un bouquin deux fois, c'est pour s'en rappeler, qu'on l'a tellement bien aimé que la lecture de ses mots vous manque sitôt fermé.
On pourra vous dire, aussi, que lire un bouquin une fois, c'est déjà bien. Et parfois, comme ici, déjà bien assez.


C'est que je me suis sentie conne une fois le livre clos. C'est un truc qui m'arrive dans plein d'aspect de ma vie, de me sentir conne, mais qui est rarement survenu à la fin d'une lecture de roman (quoique) en tout cas beaucoup moins souvent qu'après avoir regardé le JT. En général un livre, il me laisse déçue, vide de rien et de tout (qu'en gros j'y ai pas senti fourmiller grand chose) ou il me fait me poser des questions, plus que de m'offrir des réponses, ou alors il m'apprend plein de trucs, sur moi-même, sur mes pensées, sur ce que je pensais pas capable d'aimer, sur la trame de l'histoire ou des personnages, sur le monde, sur le rien, le vide de tout comme t'haleur, plutôt antagoniste dans l'idée, mais au final ça t'a changé. Je crois qu'un livre c'est surtout ça, quand c'est bien fait, ça vous change.
Me laisser con, ça a rien changé chez moi. Au fond, j'étais ptétre pas le public visé.


Le livre, il répond au cahier des charges du genre dans sa forme. C'est malin comme ça marche, les choses du marketing. Tu vois le bagne en fond, noir et blanc, il surplombe, il veut dire, tu t'aventureras aussi, peut-être, comme moi, à lire les premières pages du très communément nommé prologue, et tout ceci est excellent. Dans la papeterie de l'aéroport, la plus grande escroquerie littéraire, les gens passent, avec leur lourdeur, celle de leur valise, remplis de rien, de tout, là aussi, (les gens, mais les valises ça marche aussi) d'assez pleins de leur vie, la voix annonce, l'heure des départs, des venues, tu lis les premières pages d'un livre à la couverture noire et blanche (c'est terrible, le noir et blanc, ça gomme les couleurs pour mieux accrocher les formes) je me dis alors que c'est un livre qu'il me faut, qu'à la fin de mon vol d'une durée de deux heures j'aurais le sentiment intime d'avoir atterri ailleurs, puisque c'est la vocation des mots, te faire voyager alors que t'as les deux pieds vissés sur terre - chose qu'un avion peut pas se targuer de faire, lui.
Je m'étais quand même un peu méfiée des phrases, blanches, sur le noir et blanc. Beaucoup de distinctions, je me méfie des distinctions comme de la confiture.
Mais je me suis dit que le résumé parlait, que le prologue il disait aussi, alors le reste pourrait bien m'en dire un peu moins ça pourrait pas être mauvais.

Déjà, sache que c'est bien narré, afin de sonner salement beau dans ce gourbi, par toutes les tournures de phrases qu'un jury trouvera d'honorables - si cela ne suffirait pas, l'emploie du présent remédie à tout. En cela, j'admets les qualités d'écriture de Tixier. Il nous cuisine le morceau, sur une face puis sur l'autre, le retourne tellement de fois qu'à défaut de vous écoeurer, c'est indigeste.

Ce qui revient, en permanence, j'ai noté les rots, crachats, pets, merde, semence, sang, pus, d'autres que j'ai dû oublier, sous une couche de brûlé on oublie la couleur. Ah oui, les couches de bébé, j'oubliais c'est salement dégueulasse, et puis c'est triste des bébés, histoire de tout jeter dans l'eau du bain (qu'est impropre, on l'aura compris)
Est-ce que ça retourne ? Est-ce que ça vous touche ?
Une couche de bébé sale -ou une sale couche de bébés, dans les deux cas ça se vaudra ici, ça m'a jamais touchée outre mesure, même je connais pas le prisme du dégoût de l'humanité, je me dis que y'a bien une tonne de monde qui a fait des bébés.

Le seul unique procédé capable d'engendrer du dégoût sur cette histoire, donc, c'est la vision sale de ses habitants.
L'impression que la campagne, elle est rustre et arriérée, que c'est le véritable sujet de l'histoire, en réalité, pas le bagne, pas la vérité, mais un lien de logique qui dira que les aliénés engendrent des aliénés (à force de les avoir pas bien traités) comme si l'auteur portait à lui tout seul une haine viscérale pour ces contrées du passé. Les histoires, les faits, les scènes, l'injustice de l'époque, c'est survolé, pas le thème, peut-être le thème du résumé, de la couverture du livre noir sur blanche (comprendra qui voudra), du prologue, en tout cas pas de ces mal-aimés.

Le récit, il gravite autour de la bestialité humaine dans un village de paysans rustres, et c'est tout.

L'indignité ne se ressent pas : les victimes sont des fantômes ou des sujets qu'on regarde de loin. Les seuls malheureux dont on suit le périple, s'accommodent étonnement bien de leurs mauvais traitements.
Reste donc que l'odeur puante, relâchée incessamment, fouettée par les non-dits de ce peuple de cinglés.

Est-ce une intention louable ? Je suis pas là pour juger de l'oeuvre en soi comme l'a fait le jury, alpagué par un cahier des charges, j'y vais de mon ressenti, le seul que j'ai, un petit coeur, des pensées, pas plus, pas la prétention, ni la culture assez louable pour dire c'est quoi qu'il faut écrire. Mais si le ressort du livre est d'exprimer, avec l'exemple du passé, la France profonde qu'on voulût enterrer, et qu'elle passe, elle aussi, par de plein d'institutions qui sont tout aussi méchantes que le reste, à monter qu'on est tous bien des salauds sur terre, je voudrais pouvoir lire, à défaut de regarder, plus qu'un négatif sur une pellicule sale.
Ce cliché, loin d'être assumé, est la ficelle principale du récit.
Pas de rappels historiques, soit, pas d'explications trop poussées sur les victimes, présentes ou passées, o.k, mais arriver, au delà de tout ça, à ne raconter rien qu'une photo noir et blanc, et chercher à vous faire ressentir des émotions au seul moyen du noir, qui fait crâcrâ, et du blanc, qui fait très beau, c'est plus que la berlue, c'est de la manipulation.

L'église est toute méchante (puisque la religion, c'est uniquement pour les philistins extrémistes) Les hommes et les femmes, hideux et hideuses physiquement, sont hideux et hideuses à l'intérieur (c'est automatique). Les personnages sont génériques,interchangeables.


La seule pureté dans ce paysage grisâtre, c'est une jeune fille si immaculée qu'elle s'appelle "Blanche" (je déconne même pas) Puis, elle est physiquement très belle, alors elle est très belle à l'intérieur. Une jeune femme, au passage, si esquintée depuis son enfance qu'elle a gardé, au contraire de tous les autres habitants, sa superbe et son équilibre mental, ça lui permet, par exemple, de pouvoir ressentir de la peine, pour un cheval, et aussi pour les pauvres bagnards du passé (on les aurait presque oubliés, avec tout ça !), rappelant "ces beautés citadines qui ont reçu une éducation" du coup, il est quand même important d'indiquer que tous les rustres de cet univers rêvent de la sauter.


Si la personne est mauvaise, elle sera ridicule ou moche, ou les deux.
Si elle n'a rien d'identifiable, elle sera fade.
Si elle est gentille, elle sera belle, voire méga bonne (au pays des beaufs, restons courtois.)


Mais c'est logique, me direz-vous, car le procédé du récit se basant exclusivement sur le visuel, comment faire naître chez le lecteur de la sympathie ou de l'horreur autrement ? L'auteur s'enferme lui-même dans sa technique, un peu comme sous un château de cartes, qui n'aura d'autre choix que de se casser la gueule à la toute fin, mais qu'il ne peut s'empêcher de terminer. - ne serait-ce que pour le montrer à un concours, au milieu de plein d'autres cartes qui se posent.

Cherchez pas de révélations, de gros dossiers, d'ailleurs, c'est pas le but, pas le sujet. le bagne est visible de loin, comme sur la couverture, c'est assez pour effrayer cette ouaille de consanguins (n'oubliez pas que nous sommes à la campagne)
Un moyen pratique pour rajouter, dans ce fameux cahier des charges, l'effet voulu, encore une fois visuel. Des trucs bizarres qui se passent ? Comme dit sur le résumé ? Lesquelles ? Trois feux de camps, des brebis en méchoui, et c'est déjà la fin.


Pour le reste, on en revient essentiellement à Blanche, qu'elle est bien bonne Blanche... je veux dire, vertueuse, car docile, et belle, un peu curieuse mais tout en sachant rester à sa place, c'est normal puisqu'elle est une gentille victime, au même titre que le seul garçon gentil, qui doit pas être vilain non-plus et qui bande, c'est normal, pour Blanche.


Sinon : juste un filet de sept lignes courtes, au début de chaque chapitre, registre des vrais adolescents morts dans ce bagne. Histoire que ça nous rende triste, quand même.
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"Les mal-aimés" est un roman très sombre, rude au style visuel et froid, à l'écriture distante et sans concession. Rien n'est épargné. J'ai eu du mal à terminer ce roman à la noirceur omniprésente. Il s'en dégage un sentiment d'oppression. C'est glaçant.
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"Les mal-aimés " de Jean-Christophe Tixier. Un roman noir sur un pan de notre histoire dont on ne parle pas ou très peu : les bagnes pour enfants. Des en-têtes de chapitres glaçants... la complicité et la culpabilité des villageois et cette ombre qui plane... un livre qui mérite une place à part.
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