AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782848103990
Emmanuel Proust (11/10/2012)
5/5   1 notes
Résumé :
Marginaux contre état sécuritaire, voici l’histoire du dernier crime américain…
Le gouvernement américain a prévenu : dans deux semaines, crime et terrorisme seront éradiqués de la surface du globe. C’est le temps qu’il faut à Graham pour réaliser le casse du siècle… Mais peut-il se fier à ses complices, Kevin le nettoyeur et Shelby, la troublante pirate informatique ?
Hollywood prépare un film de ce thriller décapant et original.
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après The Last Days of American Crime : Edition intégralVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La première page présente le personnage principal par terre, le visage en sang, un pistolet contre la tempe et un index s'apprête à en actionner la détente. le récit repart tout de suite 2 semaines en arrière alors que Graham Brick rentre chez lui avec un jerrycan à la main. Il revient s'occuper d'une petite frappe qu'il a ligotée et flanquée dans la baignoire. Il lui explique en long en large et en travers pourquoi il a pris la peine d'aller chercher du gasoil pour l'immoler plutôt que de l'essence.

Une fois cette tâche effectuée, Brick se rend dans un bar pour attendre son rendez-vous. La télé diffuse des émissions évoquant la mise en oeuvre de diffusion d'ondes rendant impossible tout acte criminel. La date a été fixée à dans 2 semaines. Alors qu'il sirote tranquillement un whisky, il se fait lever par une poulette très chaude avec une étoile tatouée sur le bras droit et une autre sur le sein droit. Ils concluent leurs petites affaires dans les toilettes pour dames. Son rendez-vous arrive enfin : Kevin Cash qui doit l'aider dans le casse qu'il a conçu et Shelby Dupree, sa copine (mais aussi la dame qu'il vient de s'envoyer dans les toilettes). Ce casse ne s'annonce pas sous les auspices les plus favorables.

Cette histoire a bénéficié d'un grand buzz au moment de sa sortie dans la mesure où Rick Remender est un scénariste qui monte, Radical Publishing est une nouvelle maison d'édition (en 2010) qui met toute son énergie à sortir des comics qui sortent de l'ordinaire (et qui peuvent être adaptés au cinéma) et Greg Tocchini a un style qui sort de l'ordinaire. Il est vrai que dès les premières pages le lecteur est plongé dans un monde peu reluisant au milieu d'une histoire bien noire, avec des personnages bien dérangés.

En fait au-delà de l'horreur qui consiste à faire brûler un individu, le lecteur commence par être très étonné du comportement des personnes dans la rue. La population semble prise de folie et se livrer à des actes de violence gratuits, des actes de barbarie horrifiants, tout cela au milieu de personnes ayant préféré se donner la mort. Il faut attendre quelques pages pour comprendre qu'il s'agit d'un effet de la pacification à venir. Cette accumulation de ratonnade, de piquouzes, de prostitution agressive met tout de suite mal à l'aise. Il règne une atmosphère de fin du monde débilitante.

C'est dans cette ambiance viciée que Brick prépare son casse qui le mettra à l'abri du besoin jusqu'à la fin de ses jours (et ce n'est pas une simple figure de style). Petit à petit, le lecteur découvre ses motivations, ainsi que celle de Shelby et de Kevin. Chacun d'eux se conduit de manière dégradante et amorale avec une capacité à encaisser les coups impressionnante. Chaque personnage porte le poids de son passé qui façonne sa conduite présente.

Greg Tocchini réalise l'intégralité des illustrations qui ressemblent au final à des esquisses plus ou moins précises complétées par une mise en couleurs très sophistiquée dont il est difficile de dire si elle a été réalisée à la main ou à l'infographie (plus vraisemblablement la deuxième hypothèse). de la même manière que les personnages se conduisent comme des adultes bien frappés, les illustrations sont destinées à des adultes à l'esprit ouvert. Tocchini met en place un équilibre impressionnant entre des détails très réalistes (les modèles de voitures, les différentes armes à feu, le jerrycan, etc.), quelques textures qui titillent le sens du toucher, des ambiances établies par le jeu des couleurs et des sensations brutales transmises par le mouvement.

Lorsque Shelby aguiche Graham la première fois, le lecteur peut sentir le velouté de sa peau sur le haut de sa poitrine laiteuse. Lorsqu'ils se démènent dans les toilettes, les teintes rouges exacerbent l'animalité de l'étreinte, mais elles mettent également en avant la rouille des tuyauteries et la saleté repoussante du lieu. Lorsque Graham vient au secours de Shelby et qu'il se fait tabasser, les chairs deviennent tuméfiées et leur fragilité répand un vrai malaise. Tocchini trouve à chaque fois le juste équilibre entre ce qu'il montre et ce qu'il suggère pour un impact maximal sur le lecteur. Chaque séquence est pensée pour enrichir le récit, tout en offrant un spectacle intense et terrifiant.

Ce tome se lit d'une traite. Tocchini réalise une symphonie visuelle aussi riche que séduisante. le récit de Remender est très malin, il utilise les codes classiques du roman noir avec de vrais personnages, autour d'un casse ingénieux. Malgré tout la fin est tellement classique qu'elle laisse un peu le lecteur sur sa faim.
Commenter  J’apprécie          20


autres livres classés : terrorismeVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (3) Voir plus




{* *}