– Tu sais, beaucoup d’hommes pensent que je suis une salope. Je suis ambitieuse, opiniâtre, indépendante ; ce ne sont pas vraiment des qualités sexy pour la plupart des mecs. Tu es l’un des rares hommes à les apprécier. Donc, ce n’est pas moi la perle rare, c’est toi. C’était l’homme idéal pour moi, quelqu’un qui admirait mon audace et était assez viril pour la gérer. – Charlie n’aime pas les femmes fortes. Regarde Denise. Elle est calme, douce, soumise. Mais c’est très bien, ça n’a rien de mal. Je ne suis pas le type de Charlie, c’est tout. Il m’a fixée pendant un long moment avec ce regard hypnotique, réfléchissant à mes paroles. Puis il a fait un léger signe de tête. – Ouais, je comprends. – Tout le monde ne me trouve pas aussi fabuleuse que toi. – Eh bien, ça a joué en ma faveur, sourit-il. Je suis assez viril pour toi, et vu que la plupart des mecs manquent de maturité, ça ne me surprend pas. Il a débarrassé son assiette et l’a mise dans l’évier pour que sa femme de ménage la lave plus tard. C’était agréable d’être avec quelqu’un qui m’admirait si ouvertement, qui était enthousiasmé par ma réussite, qui pouvait gérer ma fougue grâce à son propre feu intérieur. La peur m’a soudain étreint la poitrine, car j’ai réalisé que je vivais une relation vraiment extraordinaire… et que je ne saurais pas quoi faire si jamais je perdais cet homme.
Elle a dardé ses yeux bleus sur moi, ses lèvres pulpeuses soulignées par un rouge à lèvres d’une couleur osée. Il n’y avait aucune culpabilité dans son regard, aucune hésitation. Elle se fichait de ce qu’elle m’avait fait.
Elle détenait un pouvoir.
Quand il disait que j’aurais eu une autre opinion de lui si j’avais su qu’il était milliardaire le soir de notre rencontre, il avait raison. J’aurais eu des a priori injustes sur sa personnalité au lieu de voir l’homme derrière les milliards. J’aurais supposé qu’il était arrogant, snob, égoïste… imbu de lui-même. Mais ce n’était pas un connard comme les autres rupins auxquels j’ai eu affaire, et j’étais donc heureuse qu’il m’ait menti.
Sinon, rien de tout cela ne serait arrivé.
Je n’aurais jamais trouvé l’homme de ma vie.
Les autres femmes, je peux toujours me dire qu’elles ne sont pas aussi bien que moi, des trucs pour me sentir mieux. Mais je ne peux pas faire ça avec Denise parce que je la connais, alors ça fait bizarre, tu sais ? Elle est géniale, bien sûr, mais je ne vois pas vraiment de différence entre elle et moi. Alors s’il veut être avec elle, pourquoi il ne veut pas être avec moi ? Ça me rend mal à l’aise. Et je considère Denise comme mon amie, mais comment être heureuse pour ton amie si elle sort avec le mec que tu croyais épouser ?
Kat et moi on ne se remettra jamais de cette histoire, et je sens déjà qu’on va la perdre, qu’elle ne voudra plus du tout traîner avec nous. Je vais la croiser au coffee shop et elle va détaler en faisant semblant qu’elle ne m’a pas vue. Au fil du temps, ce sera de plus en plus difficile de se remémorer l’époque où on était potes, jusqu’à ce qu’on l’oublie carrément.
Mon côté poétique et sentimental est ressorti, brossant un sombre tableau de notre avenir, ce qui me rendait malade.