L'éditeur m'a offert ce livre, sans doute pour que j'en parle après l'avoir lu. Ce que j'ai fait.
L'Atelier des Miracles suit trois personnages en chapitres alternés contés à la première personnes. On connaît le procédé et je l'ai beaucoup apprécié, ado, lorsque je me délectais des romans de Claude Klotz ou
Patrick Cauvin, genre
Pourquoi pas nous ou
E=MC2 mon amour.
Là, l'embrayage patine un peu, le début nous décrivant jusqu'à son point de rupture le quotidien calamiteux de trois losers clichetonneux, chacun gentiment caricatural dans sa branche (rien d'absolu, ce n'est là que mon ressenti à la lecture). Il y a l'ex-militaire viré SDF imbibé au houblon, la prof bourgeoise malmenée par ses élèves comme par son vilain politicard de mari, la jeune intérimaire faisant tout pour se faire oublier. L'écriture fait le boulot, sans plus, on suit en se forçant un peu à voir le verre à moitié plein (voilà pour l'optimisme).
J'ai failli poser le livre, mais c'est un cadeau, j'ai persévéré et j'ai bien fait. Quand intervient
l'atelier des miracles, lieu où chacun va pouvoir se reconstruire et faire la paix avec son inévitable traumatisme fondateur, le récit s'éloigne soudain des sentiers balisés. Certes, on a les promesses attendues, le message réconfortant sur la bonne manière de s'en sortir (affronter sans fard passé, présent et avenir, accepter l'aide d'où qu'elle vienne, rejeter les faux abris). Mais il reste 150 pages : que va-t-il bien pouvoir se passer ?
C'est là qu'intervient le vrai miracle. L'auteur a renvoyé son scénario à l'atelier et lui a fait subir une cure de rabotage roborative (j'allitère comme je respire) avec poussée d'épines. Parce que ce n'est pas simple d'aider les gens à s'en sortir. Surtout lorsqu'il s'en sortent et deviennent suffisamment forts pour contester l'emprise du sauveur. Lequel sauveur charrie lui aussi son bon trauma comme un sac de pierres.
J'attendais un feel good book bien calibré et je me suis surpris à arpenter une toute autre oeuvre, inégale mais intéressante, riche de ses virages et sautes d'humeur inattendues. L'amour y tient sa juste place, mais aussi l'attention aux autres, la liberté de choix, l'acceptation des conséquences, toutes choses qui façonnent ma vie (et la vôtre aussi, croyez m'en) et gagnent à être creusées intelligemment, comme ici. Bref, ça vaut le coup, merci J'Ai Lu, merci Valérie, de la bien belle ouvrage.
Lien :
http://lorenjy.wordpress.com..