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sur 4201 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Alléchée par un titre racoleur, la conjuration des imbéciles, une description de la tragique mort de Toole pouvant presque ce voir remettre un Darwin Award, je me suis penchée avec envie dans cet ouvrage.



À trente ans passés, Ignatus vit encore cloîtré chez sa mère, à La Nouvelle-Orléans. Harassée par ses frasques, celle-ci le somme de trouver du travail. C'est sans compter avec sa silhouette éléphantesque et son arrogance bizarre… Chef-d'oeuvre de la littérature américaine, La Conjuration des imbéciles offre le génial portrait d'un Don Quichotte yankee inclassable, et cult


Très vite happée par l'écriture racinaire de l'auteur, la verve et le psychopato-narcisisme du héros j'ai tout de même dû lutter parfois avec la lassitude notamment liée à l'excessivité des personnages pour tout de même me replonger dans les aventures rocambolesques de ce cher Ignatius. J'aime la critique acerbe et efficace de la société américaine des années 60, j'aime l'intellectualisme et le sarcasme, une belle lecture qui s'est essoufflée mais qui reste un bon moment.
Lien : http://www.lesmiscellaneesde..
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Je ne me souviens plus beaucoup de l'histoire, faut-il donc la relire ?
John Kennedy Toole a reçu à titre posthume le Prix Pulitzer, son oeuvre accueilli avec enthousiasme, fait d'elle un classique de littérature américaine.
Ignatius Reilly présenté en quelques passages
"- Comment va Miss Trixie ? J'espère qu'elle a encore toute sa tête.
- Elle est encore vivante ; c'est à peu près tout ce qu'on peut dire d'elle."
Pour l'humour..
"Crois-tu que je voudrais vivre dans une société collectiviste avec des gens comme cette Battaglia que tu fréquentes, à balayer les rues et à casser les cailloux ou je ne sais quelle autre activité typique de ces malheureux pays ? Ce que j'appelle de mes voeux, c'est une bonne monarchie solide avec à sa tête un roi plein de goût et de décence et quelques connaissances en théologie et en géométrie afin de cultiver une riche vie intérieure."
pour ce qu'il souhaite..
"J'ai entrepris de me présenter au bureau une heure après l'heure convenue. de cette manière, je suis beaucoup plus frais et reposé quand je me présente et j'évite la première heure blafarde de la journée de travail, au cours de laquelle mes sens encore engourdis font de toutes les tâches de véritables pensums. Je constate qu'en arrivant plus tard, j'ai considérablement amélioré la qualité de mon travail."
Pour son travail, quand il en a un.. Un peu Gaston Lagaffe.
"Le désir qu'a l'homme de se nourrir est à peu près égal au désir sexuel. Il y a bien des viols à main armée, pourquoi pas un vol de hot-dogs à main armée ? Je ne vois rien de bien extraordinaire à tout cela."
Pour sa faim..
"- Les conserves sont une perversion, dit Ignatius. Je soupçonne qu'en dernier ressort leur consommation est extrêmement dommageable pour l'âme."
Sa théologie..
Et surtout son anneau pylorique et ses faiblesses gastriques..
Un classique humoristique écrit vers 1961 mais publié en 1980.


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Un livre culte. Je reconnais le grand talent de l'auteur mais je n'ai pas réussi à m'intéresser vraiment à l'histoire . Peut être un bon livre lu au mauvais moment.Ou un livre déjà ancien qui a mal vieilli. Après tout combien de grands écrivains, prix Nobel pour certains, ne sont plus du tout lus. On pourrait s'amuser à en faire une petite liste . L'Histoire de la littérature jugera .
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Pas franchement convaincu par ce livre. L'histoire abracadabrante, les idées datées, la narration parfois fastidieuse n'en font pas un chef-d'oeuvre. Je suis allé jusqu'au bout, mais la fréquentation d'Ignatius Reilly confine souvent à la nausée… Voilà, je l'ai lu, passons à autre chose.
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Chronique vidéo, lien : https://www.youtube.com/watch?v=dB-uqRkBMEg

? C'est l'histoire d'Ignatius Reilly, je dirais qu'il est d'origine irlandaise, à son patronyme, qui vit avec sa mère Irène. Il y a une certaine pression tout au long du livre pour qu'il trouve et conserve un travail et elle, pendant ce temps, commence à retrouver une vie sociale qui lui était déniée pendant les 30 années de cohabitation avec son fils. A côté de ça, on suit aussi le couple Levy, qui a une entreprise de pantalons, le bar des Folles nuits, avec Jones, Darlene et son perroquet, Myrna, la petite amie d'Ignatius. Si je devais résumer en une phrase ce roman, ce serait comment Ignatius coupe le cordon qui le relie à sa mère.
Il faut aussi parler des conditions de publication de la conjuration. Toole a toujours pensé que son livre était un chef d'oeuvre, et désespérant de ne pas le faire éditer, il a fini par se suicider. C'est sa mère qui a force de ténacité, a réussi à le faire lire à un auteur, Walker Percy, qui l'a aidé par la suite pour la publication. le roman a été récompensé dans les années 80, donc dix ans à peu près après sa rédaction par le Pulitzer. Et tout ça rend la lecture assez troublante, puisqu'on sent la relation forte du fils et de la mère, on a du mal à ne pas faire des jeux de correspondance, et surtout on se demande comment une oeuvre folle, d'une légèreté et d'une gaieté certaines, gaieté un peu hystérique certes mais gaieté quand même peut être nimbée d' une aura macabre comme ça. En fait, ça me donne le même sentiment que Chatterton de Vigny, même si c'est totalement différent — comment les contraintes matérielles de la vie pousse des artistes à mourir, puisqu'ils ne peuvent pas vivre de leur plume.
Ce que j'en ai pensé ?
Ça m'énerve de ne pas avoir aimé ce livre. Ça m'énerve d'autant plus que quand je lis les mauvaises critiques de Babélio, je ne suis pas d'accord. J'ai rien contre les anti-héros, j'ai rien contre les romans qui parlent de rien. Et ça m'énerve car je me sens beaucoup plus proche de Toole que d'eux quand je les lis. J'ai l'impression que leur réaction, c'est celle des « ignorants » dont parle le bouquin, qui décrètent, qui sont dans l'assertion, comme seuls les « imbéciles » peuvent l'être.
Donc on va essayer de déplier tout ça, de mettre au clair ce qui leur a déplu pour que j'arrive peut-être à mieux comprendre ma propre désaffection, on va y aller par étape, et peut-être commencer par les objections faites pour voir si elles sont justifiées. On va travailler par expérience, démonstration, analyse des résultats, bref, scientifiquement.
Un livre homophobe ?
Là, on touche le fond de l'ennui, de la bêtise et du vide. le passage dans la soirée politique parmi la communauté homosexuelle de la ville est pathétique, caricaturale, grotesque et ridicule. Je dirais même honteuse.
Est-ce que le livre est homophobe ? Je ne crois pas, je crois que ce serait anachronique d'avoir une lecture trop actuelle sur la représentation des personnages homosexuels.
Qu'est-ce qu'une bonne représentation ? La bonne représentation serait selon moi la présence de personnages gays, mais qui ne soient pas uniquement définis par ça, qui seraient présents en tant que personnages avant d'être des personnages gays. Ce qui n'est malheureusement pas toujours le cas, on a encore parfois quand on regarde des séries ou des films, une impression de bonne conscience, avec des personnages secondaires présents que pour cocher des cases, l'exemple parfait étant le couple de mère d'un des personnages dans la série Mercredi. Elles n'existent qu'en tant que couple lesbien, elles sont indéfinissables, indéterminées l'une de l'autre, et donc me donne l'impression de caution de la série, qui par ailleurs ne présente aucun autre personnage LGBT suffisamment important.
En ce qui concerne le roman, il faut rappeler qu'il se passe en 1963 en Louisiane, il fait souvent mention des droits civiques, qui concernent les personnes noires mais aussi les gays. En fait, il faut savoir qu'à cette époque, et c'est ce que montre bien le roman, les Etats-Unis étaient divisés, une fissure sociétale qui a commencé dans les années 50. En gros, dans certains états, dans certaines franges de la société, le fait d'être homosexuel pouvait se concevoir, être toléré, mais dans d'autres, c'était encore envisagé comme une « déviance ». Et il faudra d'ailleurs attendre l'année 1973 pour que l'homosexualité soit rayée des maladies mentales. Ce que mentionne aussi souvent le bouquin, c'est le maccarthysme, et ce qui est intéressant pour nous, c'est que déjà à l'époque, les théories du complot existaient, et le fait d'associer l'homosexualité au communisme en était une parmi d'autres.
Pendant l'ère McCarthy commence aux États-Unis une chasse aux dénommés « subversifs », qui selon la conviction du sénateur Joseph McCarthy et de nombreux autres droitistes, ont infiltré le gouvernement américain à tous les niveaux pour livrer le pays aux communistes.
En fait, quand le roman parle de sodomites, il ne critique pas les gays, mais plutôt les gens qui emploient ce genre de terme. C'est une manière de montrer leur bigoterie, leur fermeture, leur lieux-communs, et autres fantasmes, fantasmes qui d'ailleurs peuvent être signifiant puisque dans le cas d'Ignatius, la tentation de l'homosexualité apparait, à une ou deux reprises. Bien sûr que le livre peut paraitre maladroit, c'est normal que les représentations vieillissent mais nier le fait que pour l'époque, il était plutôt ouvert sur la question gay, que c'est ce genre d'oeuvre qui ont aidé à faire bouger les lignes, en introduisant dans la psyché commune l'idée que l'homosexualité existe, déjà, et surtout que les homophobes sont ridicules, c'est un contresens. Donc non, je persiste, La conjuration n'est pas un roman homophobe.



Mais alors, est-ce un roman raciste ?
Oui, par bien des aspects, Ignatius est un personnage qu'on peut qualifier de raciste. Il débite des généralités sur les noirs, pense qu'il est là comme le sauveur blanc qui va leur faire prendre conscience de leur exploitation, et les mener vers le salut. Mais cela n'empêche de dénoncer les injustices que subissent les noirs, surtout dans le monde du travail, ce qui est bien emblématisé par le personnage de Jones. Ou comment l'esclavage continue, avec un visage différent, fait de menaces, de délit de faciès et de salaires médiocres. le racisme d'Ignatius, il est grotesque ; il est là, tout comme l'attitude hypocrite d'un personnage comme Mme Levy, (qui crée des fondations contre les inégalités mais est en réalité profondément raciste), pour critiquer des comportements humains. Ce n'est pas parce qu'un personnage est raciste que le bouquin l'est, et je pense que parfois ça peut même être le contraire. En plus, Ignatius est le seul qui va essayer d'aider les travailleurs noirs de l'usine de pantalons LEVY à s'unir pour obtenir de meilleurs salaires, c'est lui qui va faire ce que devrait faire monsieur Levy, descendre voir comment ça se passe, voir comment travaille les gens, dans quelles conditions pour mieux les aider, pour mieux les soulager.
La vacuité caractérise globalement toute l'histoire.
Déjà, il faudrait être sûr de la vacuité. C'est quand même un livre qui malgré tout dénonce le maccarthysme, le racisme, l'exploitation des travailleurs, et des travailleurs noirs plus particulièrement, la valeur travail. A travers Myrna, il montre une certaine naïveté des idéaux des mouvances hippies qui commencent à se former à l'époque. Les relations entre parents et enfants qui sont délicates à gérer, quelle est la juste distance, comment cohabiter. Et puis même, supposons que la vacuité soit le maitre mot du roman, est-ce que cette vacuité ne sert-elle pas à parler de la vacuité de la société américaine ? En plus, ce serait admettre que ce roman manque de péripéties, qu'il ne s'y passe rien, or c'est plutôt l'inverse, et ce serait d'ailleurs pour moi son principal défaut. J'adore les livres qui parlent du rien, qui prennent le temps, le ralentissent, le malaxent entre leurs doigts. La conjuration ne fait pas ça, c'est le temps accéléré, le temps sans répit, les personnages qui sont dans un tourbillon d'actions, une tornade qui emporte tout sur son passage, notre intérêt inclus, parfois.
Le personnage principal mérite des baffes, ça a été dit dans des commentaires précédents, il passe sont temps à roter, c'est un parasite social.
J'ai détesté ce livre que je n'ai pu achever. le personnage principal ne m'a pas du tout amusée et l'ennui m'a bien vite gagnée.
Là, c'est une critique fréquente, dès qu'on n'aime pas un livre, un film, c'est parce que les personnages sont agaçants. Ben c'est faux. Les gens se trompent. Parce que ce sont ces mêmes gens qui vont adorer par exemple la figure du tueur en série ou de l'asperger, (*je ne critique pas les autistes asperger, mais plutôt les représentations dans les séries ou les films, toujours les mêmes — une personne brillante mais imbuvable : Sheldon, Docteur House, Sherlock Holmes). le anti-héros, ça n'a jamais dérangé le public. En revanche, et je vais embrayer sur ce que je pense du livre, je crois que l'enlisement d'un personnage peut agacer. Non pas l'enlisement à proprement parler, un personnage qui n'évolue pas, qui persiste dans ses erreurs, je trouve ça super, puisque réaliste — c'est rare que sur une période de quelques mois, on change du tout au tout. Mais en revanche, au niveau de la narration, le fait de choisir des scènes répétitives, dans lequel les personnages montrent toujours la même facette de leur personnalité, avec le même type de blague, ça peut poser problème. Comment et pourquoi en plus de 500 pages, j'ai l'impression d'avoir une vision parcellaire d'Ignatius ? Pourquoi ce n'est pas lui qui m'a gonflé mais plutôt la manière dont on l'a écrit ?
Parce que les scènes choisies sont répétitives ; Ignatius va faire quelque chose de farfelu, trouver un travail étrange, qui ne convient pas du tout à ses études universitaires, cela ne va pas se passer comme prévu, ou plutôt, cela va se passer totalement comme prévu, puisqu'il va tout remettre en question, ne pas se fondre dans le moule, il rentrera donc chez lui pour écrire dans ses carnets et montrer que le monde ne se plie pas à ses exigences. Ou l'inverse. Et cela pendant tout le roman. On a affaire à une sorte d'Ubu roi de Jarry, un personnage principal totalitaire, rabelaisien, qui rote et pète, qui entre en scène avec son anneau pylorique de la même manière qu'Ubu et son « Merdre ! », et on ne l'exploite pas vraiment, comme si c'était toujours au même étage que se situe l'histoire, qu'il n'y avait pas d'enjeu, de progression. Et sans que ce soit réaliste pour autant — je pense qu'il s'en dégage quelque chose d'enfantin, une farce enfantine à laquelle je n'arrive pas à m'intéresser. Pourtant, je comprends que ce roman plaise — je comprends parce que l'humour est fin, absurde, peut-être que ce qui me plairait d'une manière visuelle, en bande dessinée ou au cinéma par exemple chez des Monthy Python's a du mal à m'atteindre en littérature.

Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Ignatius Reilly est un exaspérant obèse grande gueule, égotique et valétudinaire, réac et faussement révolutionnaire, manquant totalement, absolument d'empathie pour qui que ce soit. C'est le héros. Dès les premières pages d'un engrenage catastrophique, les personnages sont tous présents ou proches : la mère alcoolique (d'ailleurs la chère maman essayera de faire interner ce fiston dérangeant), le flic Mancuso et sa tata Santa, ceux du bar louche Les folles nuits, Dorian Green le riche homo, l'entrepreneur marchand de hot-dogs. le héros est un gigantesque Ubu qui refuse la société américaine de son temps. Il détruit tout, volontairement ou non, parfois pour le plus grand bien de ses victimes comme le patron Gus Lévy.
Un peu longuet et répétitif, voire verbeux, mais jouissif et transgressif comme un pétard dans une crotte de chien .
Mention spéciale à ce magnifique personnage qu'est La Nouvelle Orléans

P.S. Traduction inégale (le parler spécifique des personnages doit être une plaie à traduire, ouah-ho , mais pourquoi alterner les hot-dogs et les sandwichs à la saucisse?)
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"Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on peut le reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui" (J. Swift). Avec une telle phrase en exergue, voici un roman qui s'annonce tout plein de promesses. Et pour une fois, on n'est pas déçu : le livre dépasse tout ce qu'on aurait pu imaginer. Avec sa foule de personnages pittoresques et déjantés (outre le héros obsédé par son système digestif et sa mère désespérée et légèrement portée sur la boisson, on rencontre un agent de police incapable d'arrêter un seul suspect, une entraîneuse qui se rêve danseuse orientale, un Noir conjuration.jpgphilosophe employé malgré lui dans un bar glauque et aux activités suspectes, un vieux richard terrifié par les "communisses", une jeune activiste politique aux combats ridicules...), ce roman nous livre une image savoureuse de la société américaine dans ce qu'elle a de plus extrême et de plus délirant. Complètement antipathique, Ignatius reste fidèle à son rôle de personnage qu'on adore détester tout au long de l'histoire, même si l'on ne peut s'empêcher de ressentir une forme de jubilation devant ses manières grossières et répugnantes et son mépris caractérisé pour l'ensemble du genre humain. Véritable Don Quichotte des temps modernes, Ignatius ne livre que des combats dérisoires, ou qui n'ont de sens que pour lui, ce qui revient finalement à peu près au même. John Kennedy Toole nous transporte avec délices dans un univers atypique, où chaque personnage a sa façon bien à lui de s'exprimer (parlure soigneusement rendue par la traduction, même si la difficulté de la lecture en est parfois accrue), où chaque situation à priori banale donne lieu à des bouleversements burlesques, où rien ne se passe finalement comme prévu. C'est bien la principale qualité de ce roman particulièrement original : l'imprévu déboule à chaque page, à chaque chapitre, et toutes les attentes du lecteurs sont soigneusement battues en brèche par l'auteur, jusqu'au dénouement qui prend un nouveau virage à 180°... (la suite en cliquant sur le lien ci-dessous !)
Lien : http://ars-legendi.over-blog..
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Les écrivains qui se lancent dans le comique ont du mérite, c'est beaucoup plus difficile d'écrire un livre drôle qu'un livre triste. Par ailleurs, la fin tragique de l'auteur donne une couleur parfois pathétiquement touchante à certains passages où l'on imagine qu'il a mis beaucoup de lui-même. Toole visait très certainement quelque chose d'ambitieux. On perçoit par exemple l'effort de construction d'un bloc compact et cohérent avec des parties se faisant écho les unes aux autres, un noeud d'intrigue serré, sans oublier des moments de psychologie assez bien vue. Mais le résultat n'est malheureusement pas au rendez-vous. On parle de chef d'oeuvre mais cela fleure le navet. Paradoxalement il manque sans doute une touche de folie, un excès dans l'absurde pour aérer l'impression d'une mesquinerie minable et miséreuse, décrite sur papier millimétré. Les passages introspectifs du narrateur et les dialogues du couple Levy sont pour moi les meilleurs, dans un ensemble qui tient ni plus ni moins de l'humour famille Bodin (passe mal à l'écrit) ou qui m'évoque aussi une série d'animation américaine pour adultes ‘Paradise Police' (là aussi : mieux adapté à un dessin animé). Quant à la relation mère-fils (mi-attardé mi-filou paresseux) : elle m'a paru déroutante car réaliste elle déprime, mais outrancière elle repousse ; en tous les cas, on s'attache difficilement à ces deux personnages qu'on ne sait ni vraiment détester ni porter en affection. Après on peut sans doute dire que ce roman apporte quelque chose d'inédit qui aurait manqué à la littérature ? C'est sûr qu'il est à part. Mais il tire en longueur sans renouveler un ton qui d'abord refroidit, puis intrigue, et finit par lasser, avec une fin mi-figue mi-raisin. Je ne pense pas qu'il soit impérissable, et en matière d'humour anglo-saxon, je préfère de très loin P.G. Wodehouse par exemple.
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D'emblée, John Kennedy Toole nous emmène dans un univers que l'on pourrait qualifier "d'intermédiaire", car situé sur la frontière séparant le réel de l'imaginaire. En effet, le monde décrit est bien le nôtre (l'action se déroule en l'occurrence dans divers quartiers plus ou moins bien famés d'une ville de la Nouvelle-Orléans) seulement les personnages qui y évoluent ressemblent à des caricatures : leurs traits de caractère sont exacerbés, leur langage exagérément pittoresque, les conséquences de leurs actes sont amplifiées au point de donner au récit des allures de comédie burlesque. Et celui qui rassemble ces caractéristiques de façon évidente est le personnage principal de ce roman : John Ignatius Reilly.

Âgé d'une trentaine d'années, il vit toujours chez sa mère, dans l'oisiveté la plus totale. Obèse, caractériel, paranoïaque, il rejette en bloc toutes les institutions et les valeurs de la société au sein de laquelle il évolue : le travail, l'Eglise, la télévision ; il ne supporte pas plus les homosexuels que les hétérosexuels, mais est capable d'imaginer que l'infiltration par ces premiers des postes clé de l'armée peut être une solution pour ramener la paix dans le monde... Il admire à la fois les penseurs romains, ceux du début du Moyen-Age et Batman (!) parce que celui-ci fait preuve d'une morale rigide.

En conclusion, Ignatius est un individu totalement décalé, pétri de contradictions, qui ne trouve pas sa place dans une société de consommation dont il méprise de plus les valeurs matérielles. Malheureusement, suite à un accident de voiture dont sa mère est responsable, le voici obligé de trouver un emploi afin de pouvoir rembourser les dégâts occasionnés. Et c'est le début d'une série de catastrophes...

J'ai dans un premier temps trouvé ce roman plaisant et d'un second degré réjouissant. Et puis, après une centaine de pages, je n'avais plus vraiment hâte de retrouver mon livre en fin de journée, et ça, c'est mauvais signe! J'avais un peu le même sentiment qu'en lisant "Le monde selon Garp": je m'ennuyais, en dépit d'une action plutôt rythmée. Je ne me souviens plus de la cause de l'ennui qui m'a pris lors de la lecture du roman de John Irving, mais ce qui m'a lassée ici, c'est la récurrence des répliques échangées entre les personnages, l'impression que c'était toujours les mêmes dialogues qui revenaient en boucle, et que l'auteur avait parfois manqué de concision et de subtilité.

Dommage... la recette utilisée était bonne, mais à force de me la servir, John Kennedy Toole m'a un peu écoeurée.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Probablement dépressif et peut-etre aussi un peu narcissique, l'auteur, raconte la légende autour de ce livre, a tellement pris a coeur que le monde de l'édition ne reconnut pas son génie qu'il mit fin a ses jours. C'est peut-etre pour cela que le livre est devenu "culte" apres qu'un éditeur ait décidé de le prendre sous son aile apres la mort de l'auteur. Triste histoire dont la connaissance rend la lecture du livre un peu plus cafardeuse qu'il ne l'est réellement. le lecteur ne peut s'empecher de penser a l'humour aigre de Woody Allen le long de ces chapitres a la fois tristes et comiques.
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