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J'attendais beaucoup de cette lecture.
Dans les années 1970, Michel Tournier fut assurément l'auteur qui me fit découvrir l'épaisseur que pouvait cacher certaines formes de littérature.
Enfant, tout comme vous sans doute, je lisais des « bibliothèques vertes », puis des livres pour adolescent. Je lisais pas mal.
Et puis un jour mon père acheta le prix Goncourt De l'année, c'était « le roi des Aulnes » et ce fut un choc.
Comment pouvait-on titiller l'imagination du lecteur de cette façon ? Comment pouvait-on faire naître en lui des sentiments forts, primitifs, cachés.
Je me rappelle encore la joie que j'éprouvais à entrer en communion avec l'auteur, comprendre, à mots couverts, la vastitude de son message, à faire toucher du doigt la face cachée des choses.
Sans aucun doute Michel Tournier forma ma façon de voir la vie, de trouver du noble dans la vilénie.
Je renouvelais cette expérience plus tard avec « Vendredi ou les limbes du Pacifique », « les météores », « Gaspard, Melchior et Balthazar »
Assurément, Michel Tournier était mon auteur fétiche.
Cependant un jour je tombais sur « le coq de bruyère » recueil de nouvelles qui me déçut par sa relative platitude.

Aujourd'hui je finis « le médianoche amoureux » et suis juste un peu triste.
J'aurais aimé replonger dans cette joie de mon adolescence…
Oh, j'ai bien retrouvé les images, les sens que Michel Tournier sait cacher dans ses textes. Cette noblesse qui se loge dans le vil.
Mais bien sûr nul ne peut faire tenir l'océan dans un aquarium. Car « le médianoche amoureux » est un recueil de nouvelles et de contes ; un florilège d'épiphanies.
A mon avis, lire un recueil de nouvelles n'est pas la meilleure façon d'aborder Michel Tournier.
Peut être une forme d'entracte léger…

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« Prête-moi ta plume
Pour écrire un mot »

Après un échange entre des amants taciturnes d'une fort belle beauté, le couple décide d'offrir à leurs amis un médianoche pendant lequel chacun des convives contera une histoire durant une nuit sous le signe des étoiles et de l'amour afin de saluer en toute dignité la fin de leur histoire et le commencement d'une autre.

Michel Tournier va ainsi pourvoir donner libre court à son envie de conteur (très chrétien). Malgré trois histoires très gênantes pour moi (Blandine ou La visite du père, Aventures africaines et Lucie ou La femme sans ombre), j'ai apprécié l'amour de la vie qui transparaît au travers des textes, sa générosité, son goût pour les couleurs qui sont un élément très important dans les textes et font partie intégrante des personnages. L'histoire que je trouve évidemment la plus touchante car elle est intemporelle et tellement liée à l'enfance est « Pierrot ou Les secrets de la nuit ». Un régal pour les enfants et les grands.
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Badaboum, fait l'auteur qui tombe de son piédestal, cet autel d'admiration et de déférence sur lequel je l'avais placé à la lecture de Vendredi, du roi des aulnes et des météores, trois monuments d'intelligence, d'érudition et d'exigence littéraire.
Je n'ai pas reconnu Michel Tournier dans ces nouvelles plutôt fades à l'exception de trois : deux pour leur saveur relevée mais nauséabonde au parfum délétère de pédophilie décomplexée (et je vous assure que je ne suis pas une "sensitive reader"), la troisième "Lucie ou la femme sans ombres" pour ses couleurs irisées et ses clair obscurs révélant une féminité magnifiée.
Je suis passée gentiment à côté du reste, lisant avec attention mais sans appétit.
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Après le décès de Michel Tournier, François Busnel conseillait de lire " le médianoche amoureux" : un recueil de nouvelles.
Comme toujours, je reste sur ma fin quand je lis des nouvelles. J'aimerais qu'elles soient plus développées.
J'ai néanmoins apprécié la beauté des textes de l'auteur et les phrases qui amènent à une réflexion pour mieux connaître les pensées et le fonctionnement des" hommes".
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On peut distinguer deux sources dans la production littéraire de Michel Tournier. Une première alimentant de gros livres érudits comme « le roi de aulnes », « Les météores »… et une deuxième alimentant de courts textes, nouvelles ou contes…avec en commun, l'éblouissant style et l'imagination débridée de l'auteur.

« le médianoche amoureux », issu de la deuxième, c'est avant tout l'histoire finissante d'un couple, Nadège et Paul, qui n'a plus rien à se dire et qui invite des amis à un repas nocturne - un médianoche - dans leur maison normande près d'Avranches et la baie du mont Saint-Michel, afin de leur annoncer leur séparation. Loin de contribuer à la confirmation de leur décision, ce repas débouchera au petit matin sur un espoir de réconciliation. C'est que chacun des invités, tels les convives du Décaméron de Boccace, aura été invité à raconter une histoire - sur le thème cher à Tournier du double ou - et que le pouvoir du verbe aura su régénérer le couple en lui donnant "une maison de mots ou habiter ensemble."

Dix-neuf récits d'une très grande beauté qui méritent lecture et relecture. de petits textes qu'on peu garder comme livre de chevet, à picorer au gré des humeurs ; et surtout, à déguster lentement.
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Ce livre était dans ma pal depuis de nombreuses années. J'avais tellement aimé Vendredi et les limbes du Pacifique de Michel Tournier, que je me delectais à l'avance du plaisir de lire un autre livre de cet auteur.
Le medianoche est d'un tout autre acabit.
Tout d'abord, il s'agit d'un recueil de nouvelles. Et ensuite, je les ai trouvées d'inégales teneurs, valeurs, longueurs. Certaines sont plaisantes, reflétant l'imagination de l'auteur, d'autres s'apparentent à des contes, et il en est aussi de très courtes mais néanmoins denses et intéressantes.
J'ai cependant été très choquée par la nouvelle Aventures africaines où il est question de pédophilie et de prostitution enfantine.
Ce qui est très dérangeant, c'est que l'exploitation des enfants que leurs parents vendent littéralement à des touristes dans l'espoir d'un avenir meilleur soit présenté ici comme quelque chose de naturel.

" L'évidence sagesse de ce père me réconfortait. Il savait que rien ne pouvait mieux aider son fils à entrer dans la vie qu'un protecteur européen auquel l'attacherait un contact physique. Merveilleux Islam, si éloigné du stupide fanatisme antisexuel de notre société occidentale!"

J'ai marqué une pause dans ma lecture, et ai hésité à la poursuivre.
Je suis allée lire les critiques sur babelio et n'ai pas trouvé de réactions concernant cette nouvelle mis à part dans la critique de Ambages@
qui révèle avoir été gênée par trois nouvelles dont celle-ci.
J'ai malgré tout terminé le recueil, mais j'apprécie moins cet auteur dorénavant.
Ce livre est paru en 1989, mais je doute qu'il sortirait aujourd'hui en l'état.
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En est-il de l'amour et de la pérennité du couple comme des sculptures de Patricio Lagos : vite enlacées un moment dans un creux du sable de la baie du mont St Michel, étreinte éphémère, effacées de la terre par la montée de la marée du temps qui passe à la vitesse d'un cheval au galop. Ce livre regroupe vingt textes dont le premier qui les introduit tous, Les Amants Taciturnes, propose cette image et finalement la perspective d'un dénouement plus heureux.

Les mousserons de la toussaint
Sur la mémoire, le temps qui passe, la nostalgie. Amis d'autrefois, deux personnages à l'opposé l'un de l'autre. le premier brûle l'instant présent en n'arrivant pas à trouver une véritable satisfaction dans ce qu'il vit au jour le jour. L'autre préserve un statu quo dans un présent qui s'éternise. Étrange alchimie de l'amitié qui permet de frapper à la porte de quelqu'un et le voir vous inviter à déjeuner comme si trente cinq années ne s'étaient jamais écoulées.

Théobald ou le crime parfait
Encore deux personnages, des doubles négatifs et positifs qui se font écho dans le temps sur le thème de l'amour et de la vengeance cette fois-ci. Quelques coups de griffe sur le corps enseignant et sur les élèves, moins incisifs mais plus justes. le portrait du couple principal semble être tiré d'un dessin de Dubout ou d'une illustration de couverture d'un San Antonio. Enchainements de faits et de circonstances bien peu probables cependant, quoique...

Pyrotechnie ou la commémoration
Un bel exemple de mise en abime car il s'agit là de l'histoire d'un romancier qui s'installe en province pour vivre sans le vouloir la trame du synopsis qu'il est venu développer dans cet endroit (pas si) paisible. Coïncidence ou hasard heureux, un mot que j'aime bien en ce moment : sérendipité. En fin de compte, situation extraordinaire digne d'un conte. Jeu de miroirs qui se reflètent l'un dans l'autre. Saluons l'élégance de Tournier qui, là où un autre aurait développé en 700 ou 800 pages d'insupportables stéréotypes, nous livre une nouvelle des plus savoureuses.

Blandine ou la visite du père
Cette fois dans le couple, c'est l'âge qui fait un très gros problème. Peut-être même à la limite de la légalité. Relation étrange dont personne ne se contenterait de dire qu'elle a lieu en tout bien tout honneur sauf l'auteur qui ne fait pas mine d'ignorer la difficulté de son sujet en faisant cependant référence à Lewis Carroll qui était photographe comme le protagoniste et adorait la compagnie des petites filles. le personnage central qui raconte l'anecdote semble lui aussi apprécier la compagnie des enfants et peut-être même la recherche-t-il puisqu'il s'est installé non loin d'une école. Une chute à laquelle on ne s'attend pourtant vraiment pas.

Aventures africaines
Le pendant du texte précédent, en symétrie, comme si l'hésitation à traiter de manière plus crue le sujet s'était transformée en désir de provocation. Donc : pédophilie et pédérastie non masquée.

Lucie ou la femme sans ombre 1/2
Un dérapage sur la connerie féminine dans la plus pure provocation machiste m^me si les propos sont mis dans la bouche d'une femme, suivie par quelques belles lignes sur la théorie de la couleur.

Lucie ou la femme sans ombre 2/2
Entre Les risques du métier, la clé sur la porte et Mourir d'aimer, il y avait encore une place pour un sujet comme un écho tout en douceur au livre de Thomas Tryon, le visage de l'autre.

Écrire debout
Quand ses auditeurs prennent le conférencier au pied de la lettre si on peut dire. A la lecture, je l'ai pris comme une conclusion de la série d'histoires sur des thèmes brûlants (les trois précédentes).

L'auto fantôme.
sur le thème du miroir quand il n'y a pas de limite à l'étourderie.

La pitié dangereuse
Encore sur le thème du miroir avec connotation médicale.

Le mendiant des étoiles
Des réflexions sur la mendicité et le relation pauvre/riche dans l'acte du don au travers de l'histoire de deux amis en voyage en Inde pendant la période de Noël.

Un bébé sur la paille
Quelques élucubrations pseudo médicales et totalement fantaisistes sur l'idée d'empreinte natale. On est à la limite du merveilleux scientifique. Un glissement un peu douteux de l'éthologie des oies sauvages vers le genre humain avec mise en scène d'un président de la république prénommé François. Introduit quelques contes sur les enfants et la progéniture.

Le roi mage Faust
Que vaut toute la connaissance du monde quand on perd son enfant ? Par extension, que vaut le savoir que l'on a pu accumuler quand on perd la seule personne à laquelle on tient vraiment ? Très intéressant quand à la discussion que l'on peut avoir sur la douleur qui nous fait perdre le jugement et nous précipite dans les bras de la religion.

Angus
Une histoire qui se déroule dans les hautes terres Écosse en plein moyen âge. On y trouve avec abondance crime d'une extrême violence, vengeance mijotée avec une patience infinie, jugement de dieu et coïncidence heureuse, adolescent inconscient, rite de passage et clin d'oeil à Victor Hugo]. Excellente.

Pierrot ou les secrets de la nuit
Sur le thème des couleurs, ce conte met en scène un Pierrot boulanger, une Colombine blanchisseuse, un Arlequin peintre en bâtiment. Tous ces personnages qui glandent d'habitude sur les dessins de carte postale, sont mis à l'ouvrage et triment comme des fous. La colombine finit par s'offrir quelques vacances avec un Arlequin de passage. Mais quand la bise vient gâcher la balade, elle rentre au village se mettre au chaud. Bon, on s'attendrait presque à la tirade de Raimu accueillant la Pomponette dans La Femme du Boulanger mais le Pierrot à le coeur tendre, moelleux et chaud comme une brioche du matin à peine sortie du four alors tout finit bien.

La légende de la musique et de la danse
La genèse revue et corrigée sous l'angle de la musique.

La légende des parfums
Exercice de style sur la précédente histoire en utilisant les parfums à la place de la musique.

La légende de la peinture.
Autour de l'idée de création et de communication, contenu et contenant (quelque part), un coup d'essai sur l'invention, la production et la reproduction de l'oeuvre. L'idée d'un codage universel qui traduirait n'importe quel texte signe une histoire qui précède de très loin l'avènement des traductions de Google dont on sait qu'elles font plus dans la fantaisie de l'absurde que la poésie. le collage de l'histoire des deux amis sur le mode contemporain avec l'histoire des deux peintres dans un cadre digne des mille et unes nuits fonctionne moyennement bien. La démarche conceptuelle qui conclue le concours entre les deux artistes me ferait plutôt penser à une pauvre fumisterie tout juste digne d'un coup de fatigue d'un étudiant en première année des beaux-arts.

Les deux banquets ou la commémoration
Comme un écho du précédent, encore un concours entre deux artistes ... ou deux artisans ? Puisque le thème se situe au niveau de l'art culinaire. Un art utile finalement. A quoi peut bien servir la peinture ? Si l'on songe à l'Arlequin des Secrets de la nuit ou encore au grec fumiste de la légende de la peinture qui ne se donne même pas la peine de toucher un pinceau, les peintres n'ont pas toujours un joli rôle dans les histoires de Tournier. Ceci mis à part, l'opposition entre invention et reproduction reste le thème principal mais ici elle est bien mieux développée. Il faut lire le conte pour tirer la substantifique moelle de ce jugement de Salomon auquel on ne peut que souscrire.

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A part les dernières nouvelles qui ont un lien entre elles: les légendes, tous ces récits sont très différents et nous parlent de beauté, d'amour, mais aussi de mort. J'ai beaucoup apprécié Michel Tournier en découvrant "vendredi", il y a très longtemps. j'ai redécouvert Pierrot Colombine et Arlequin dont l'histoire avait charmé mes petits élèves il y a bien 20 ans déjà! Je croquerais bien volontiers à de nouvelles nouvelles!
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Médianoche : dîner nocturne
Tel est le thème de la première nouvelle, un dîner où un couple va annoncer à ses amis leur séparation.
J'ai du mal avec les nouvelles. On se lie avec les personnages, on s'imprègne de l'ambiance, on se familiarise avec l'intrigue, on tourne une page et hop, c'est fini, on passe à la suivante.
Frustration !
Dans ce livre, il y a vingt nouvelles, certaines proches du conte, toutes fort bien écrites à part deux ou trois qui m'ont laissé un malaise quant au contenu.
Toutes sont prétextes à réflexion, les observations sont pertinentes, les images sont poétiques, mais, mais…. reste cette frustration
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Ce roman, l'un des meilleurs de M. Tournier, est une merveille d'écriture, d'imagination et de beauté.
Et sa construction est prodigieuse..
Chacun des convives, en effet, va relater une histoire dont le thème commun à toutes -le double ou la répétition- constitue le fil rouge . Ce thème se développe ainsi, de conte en histoire, de fable en souvenir, et conduit, de façon totalement souterraine, à la totale réconciliation du couple.
Parce que, conclura le livre, la répétition n'est jamais celle du même, mais de l'autre, de la différence et, finalement, du renversement en son contraire : le renouveau.
Il y a également, d'histoire en histoire, une progression des valeurs et comme une ascension spirituelle. C'est ainsi que l'on passe successivement de la vengeance longuement mûrie à la perversion, puis à la grandeur du don, à la sagesse et enfin, à la Beauté dans toute sa splendeur...


Lien : http://sybilline.canalblog.c..
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