Editions Gallmeister*
Pour gagner le Graal, il faut tenir bon la quelque dizaine de premières pages, sans aucunement souscrire à l'envie d'envoyer le livre aux oubliettes.
Bienheureusement d'ailleurs, le déroulement du roman leur redonne vie.
Eté 1938 : veille de la seconde guerre mondiale. Des résonnances similaires, renvoient le docteur Montjean, à celle de 1914, guerre à laquelle il a participé, et dont les mois précédents furent pour lui des plus marquants.
Eté 1914 : enfin, les souvenirs peuvent sourdre !
Montjean, alors la vingtaine, venant de terminer ses études de médecine, a trouvé un poste d'adjoint au Pays basque. Il est appelé à soigner Paul de Trévise, faisant ainsi connaissance avec cette famille de parisiens exilés, le père et ses jumeaux Paul et Katya, dont il va devenir un familier.
Roman, inclassable, aux multiples facettes :
- drame romantique exacerbé,
- histoire d'amour envoûtante,
- finesse des caractères, aux interactions savoureuses,
- intensité psychologique, thriller Freudien,
- fresque familiale complexe, limite granguignolesque, mais des plus prenantes,
- description de la fin de la belle Epoque, sa noblesse, ses paysans,
- peinture du Pays Basque, ses habitants, caractères, coutumes,
- maîtrise du portrait : quatre personnages, seconds rôles étoffés,
- élégance, art de la plume, humour fin, humour noir, ironie constante; …
Jusqu'au BRIO final !
Que l'on avait pressenti, puis deviné, certes; ce qui n'est en aucun cas gênant.
Car l'intérêt de ce fabuleux huis-clos de trente pages ne réside pas dans la simple question qui ?
Mais dans celle comment ?, pas à pas, révélée au cours de cette époustouflante partie d'échecs.
Enfin, Trevenian, alacrité constante, n'égarant jamais son humour, clôt le roman d'un suprême chapitre d'exactement six lignes, dont les dix ultimes mots de l'extrême phrase, lapidaires, retors, peaufinent et scellent le portrait de l'un des personnages, et, de concert, allument un irrésistible gigantesque éclat de rire : appréciation évidente, salvatrice décompression.