Quelles leçons de pitié, de charité, d'amour, ce chef donne chaque jour à cette jeunesse qui suit avec tant d'enthousiasme son enseignement. La vie séparera ces étudiants, ils iront exercer leur profession dans des milieux différents. Les uns réussiront, deviendront célèbres, une clientèle riche leur apportera la fortune, les autres devront se contenter des pauvres, de ceux qui donnent à leur médecin ce qu'ils peuvent.
Qu'importe, la plupart de ces étudiants n'oublieront pas les leçons de leur maître. Ce qu'ils auront appris dans cette grande salle blanche ils essaieront de le mettre en pratique aux malades, ils apporteront leur jeune science, mais ils donneront aussi un peu de leur cœur parce que celui qui les a instruits leur a appris, avant toute autre science, à aimer ceux qui souffrent.
Grand'mère se fait attendre à peine quelques minutes. Dans une toilette grise qui souligne les formes d'un corps resté jeune, avec ses cheveux argentés qui encadrent sa figure où il y a à peine quelques rides ; grand'mère à soixante ans est charmante, et de loin on peut encore dire d'elle : voilà une jolie femme.
Il est évident que son teint est trop rose pour être naturel, ses admirables yeux bruns doivent leur éclat à quelque substance, ses lèvres sont rougies par le fard, mais qu'importe, l'ensemble est agréable à regarder.
De son lit, elle voit de grandes étendues sombres que quelques merisiers en fleurs égaient. Le ciel est bleu, bleu de lin, un bleu qu'on ne voit qu'à Paris, que les Méridionaux critiquent, le jugeant triste, mais qui est bien joli. Le soleil brille, entre dans la chambre et s'installe sur le tapis.
Ce n'est rien, un rayon de soleil, mais pourtant ce rayon semble se glisser dans un cœur.
Béatrice est le type physique et moral de la jeune fille moderne, traits réguliers un peu forts, cheveux courts, noirs et brillants, haute stature, développée par les sports qu'elle a pratiqués souvent avec excès. Elle est belle, c'est le mot de tous ceux qui l'approchent, on ne dit jamais : elle est charmante, ce jugement est réservé à sa sœur.
La vie est une bataille et non pas une romance qu'on risque de chanter seule.