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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai reçu ce magnifique livre dans le cadre de la Masse Critique Babelio. Je tiens donc à remercier les éditions du Jasmin pour cette belle découverte. La notice associée a été plus que bienvenue.

Quand j'ai sélectionné ce titre, j'avais bien conscience que l'ouvrage serait réservé à un public adolescent, et pourtant... Pour moi « le dernier chat noir » a été un véritable ascenseur émotionnel. Ayant moi-même un chat noir, l'empathie avec le personnage principal s'est très vite faite. du coup, le récit dans sa globalité m'a frappé que plus rudement !

L'écriture est parfaite, le style très rythmé. Vous l'aurez compris j'ai beaucoup aimé. Pourtant le scénario est très "chombre".
Je le résume en quelques ligne : une île, des disparitions mystérieuses de chats noirs, voilà le point de départ du récit. Nôtre héros, un chat de gouttière noir est notre narrateur. Un jour, il voit quelque chose d'absurde : deux hommes courent après un chat noir, ils le mettent dans un sac, rouent de coups la pauvre chose et l'embarquent dans une camionnette... de cet acte incompréhensible, il n'en reste qu'une fragrance : l'iode et la menthe.

« le dernier chat noir » de Eugène Trivizas est une véritable fable moderne, atemporelle. On peut aisément reporter ces actions qui visent à désigner un bouc émissaire (le chat noir ici) pour expliquer tous les maux qui assaillent la population. Superstition, haine irrationnelle, peur, lâcheté, sont autant de termes qui expliquent comment une telle situation peut dégénérer et en venir à l'extermination pure et simple de tout ce qui pourrait en être la cause. Diriger l'attention de la population vers un coupable tout désigné, rien de tel pour voir surgir aussitôt la cruauté humaine.
Les exemples dans l'Histoire de l'humanité sont multiples, pour moi le souvenir qui s'imposait systématiquement n'était autre que celui des camps d'extermination.
Les chats sont personnifiés, ce qui amplifie l'horreur de l'attitude humaine à l'égard d'animaux qu'ils choyaient un temps plus tôt devenus tout à coup des proies faciles à décimer.

Je rejoins l'avis précédent concernant la note "conseillé à partir de 10 ans". Personnellement je trouve ça un peu trop jeune. Pourquoi ? Il y a certes plusieurs niveaux de lecture, c'est d'ailleurs ce qui est plaisant, pourtant les tortures infligés aux chats sont très violentes et détaillés. Parfois une ou deux pages entières sont dédiées à ce seul fait. Ce livre est extrêmement dur, à plusieurs reprise je me suis demandée comment le récit allait s'achever car vers la fin le chat est vraiment tout seul ! Heureusement l'auteur retombe parfaitement sur ses pattes nous offrant un récit parfaitement dosé et ce de bout en bout.

Je tiens à saluer mes amis de lecture : Chopin, Ébène, Goudron, Zaza, mamie Ange et Ronron. Je conseille vivement la lecture de ce livre qui parvient à dire d'un miaulement l'indicible. Encore une fois, un grand merci !
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Au départ, personne n'avait remarqué. Pourtant Soyeux, Saltimbanque, Othello, Ramsès et les autres chats avaient bel et bien disparu. Mais notre héros a d'autres chats à fouetter. La taverne de poisson à dévaliser et surtout, son rendez-vous avec Graziella, la jolie chatte blanche avec qui il file le parfait amour. Pourtant bientôt, il est le témoin d'une scène terrible: un chat noir est enlevé, par un drôle d'homme avec une casquette à carreaux. Il tente de prévenir ses camarades chats des rues que quelque chose d'anormal se passe, mais personne ne se rend compte du danger. Il mène alors sa petite enquête et découvre un complot terrible: une organisation a programmé l'éradication de tous les chats noirs. Et l'argument est de poids: porte-malheurs depuis la nuit des temps, ceux-ci sont rendus responsables de tous les maux. le chômage, la crise, les accidents… Tout est dû à un chat noir dans le coin. Et le pire n'est pas là: il semblerait que les politiques, mais aussi de grandes compagnies, soient impliquées dans ce projet. Très vite, même la population s'y met. Commence alors la terrible traque pour notre pauvre chat noir qui n'a plus qu'un objectif: survivre.

Ce roman jeunesse est beaucoup moins simple et enfantin qu'il n'y paraîtrait à la lecture de la quatrième de couverture. Certes, on entre dans le petit univers d'un chat, où les animaux parlent, tissent des liens, s'amusent et sont jaloux. J'ai beaucoup aimé voir le héros s'insurger contre Rasmine, le magnifique chat angora blanc que l'on destine comme mari à sa bien-aimé Graziella. J'ai beaucoup aimé le voir épargner une souris ou un pivert parce qu'il est dans un bon jour, ou léchouiller l'oreille d'une jolie minette. C'est frais, plein de charme et on les entendrait presque ronronner ou feuler lorsqu'ils se brûlent la queue pendant une attaque.
Mais ce qui m'a le plus surprise, c'est la noirceur dans laquelle le récit bascule et la fable du racisme et même du fascisme à peine dissimulée qui se met en place. Les brigades, les dénonciations, la collaboration, les affiches de propagande, aucun détail ne manque pour reconnaître une société totalitaire bien réelle qui se livre à un massacre en règle d'une catégorie précise d'individu. La critique est sévère: la corruption des puissants et la manière dont la population manipulée accepte ce massacre sont tout à fait poignantes, et lorsque même les chats qui ne sont pas noirs ferment les yeux sur la situation, on ne peut que constater l'amère pertinence du titre.
Et c'est probablement là la grande force de ce roman: arriver à créer ce malaise de voir ce monde félin si mignon et enfantin gagné par une humanité brutale et grinçante. Il y a un peu de Maus dans ce contraste froid. J'ai souvent eu envie de crier “mais noooooon pas ça à mes petits minous!!!” car certaines scènes sont réellement dures: on les voit se débattre dans des sacs, plonger dans des lacs de chaux vives ou noyés dans des hammam. La mort de Goudron, le malheureux chat qui ne voulait que rejoindre sa petite maitresse, est une apothéose de pathos qui m'a réellement retourné et mis un coup au coeur. Passer par l'attachement à nos petites bêtes pour faire réagir sur la bêtise humaine de masse est décidément très efficace.
Lien : http://mabouquinerie.canalbl..
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Fondamental, « le Dernier chat noir » d'Eugène Trivizas est un classique à l'aube née. Crucial, palpitant, ce récit remporte la palme d'une subtilité hors pair. « D'abord disparut Soyeux. Puis Saltimbanque. Puis encore Miauleur, Othello, Ramsès, Moricaude, Sardanapale, et Bisous. » Cette fable animalière est menée d'une main de maître. L'anthropomorphisme est de finesse et d'excellence. Nous sommes dans la cour des grands. Sociétale, politique, cette satire est une piqûre de rappel. le jeu narratif est impressionnant. Ce sont les chats qui, ici, content l'évènementiel advenu sur cette île où au préalable, chats et humains cohabitaient tout en amitié et tolérance. Symbole quand tu nous tiens ! Jusqu'au jour où, un groupuscule d'hommes décide de l'anéantissement des chats noirs. La parabole est vive. « -Nous souhaiterions le concours du gouvernement dans notre combat contre la guigne ! répondit Gui Della Gomina. - C'est -à-dire ? -Nous avons bon espoir que vous nous aiderez à éliminer tous les chats noirs de notre pays. » Loukoum au pelage noir est celui qui fédère les autres, dont la parole est reconnue. Il va mener un combat d'enfer contre les habitants hostiles aux chats noirs. Un contre-pouvoir prend forme. Néanmoins les uns après les autres, tous meurent sous d'atroces tortures, noyades, affamés et abandonnés par leurs maîtres. On ressent un trouble. Nous sommes dans les affres du mal. A l'instar des relents fascistes, racistes. On imagine Matin Brun de Franck Pavloff, Maus de Art Spiegelman. On relève les signaux de délation, de génocide. « La plupart des hommes étaient gagnés par une haine généralisée pour tout ce qui revêtait la couleur noire. » Certains chats sont des traites, d'autres veulent changer de couleur, devenir blanc comme neige. Les diktats d'une société, microcosme d'un monde en danger. Dictature, oppression, la liberté de conscience bafouée, les chats sont des boucs émissaires, des cibles. Tous les habitants vont monter crescendo dans leur haine. Il ne s'agit plus de chats noirs mais de tous les chats. Plus un seul sur l'île telle est la consigne. L'avilissement d'un peuple par des discours, tous les chats sont tués. L'horreur monte en puissance. Attention ! nous ne sommes pas dans une littérature tourmentée à l'extrême. Il y a des sourires, des amours, de la tendresse, de l'humour aussi. La concorde entre les chats est la République des coeurs. Ce qui est plausible et réalisable et qui maintient en vie : la résistance, la solidarité. La littérature ici est oeuvre. La profondeur intrinsèque d'une fable roue de vie. L'homme est la caricature des doctrines nauséabondes du monde. Les degrés de cette histoire sont des bravoures. « Mais en dehors de cela, la plupart des hommes étaient gagnés par une haine généralisée pour tout de qui revêtait la couleur noire. Ils voulaient tout blanchir. Ils voulaient que tout soit blanc, plus blanc que blanc. Comme si la folie du blanc les avait pris. » Il y a une sacrée morale dans ce grand livre. « En accusant les chats de tous les maux de l'île, ils trouvent là la parfaite excuse de leurs échecs, de la récession du pays. » « le Dernier chat noir » est un avertissement pour tout à chacun. « Apprendre à toujours se méfier » comme le disait Prosper Mérimée. Magistral, culte. Offrez ce livre, glissez le dans les bibliothèques, les écoles, qu'il soit lu et étudié par tous. C'est un devoir de lecture. Magistral, incontournable. « Déjà traduit dans plus de dix langues enfin traduit en français ! » Traduit du grec par Michèle Justrabo, illustré par Léa Djeziri. Publié par les majeures Editions du Jasmin, c'est une chance inouïe.
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