un polar nordique écrit par un Français ! L'auteur vit en Suède depuis plus de vingt ans, et il est correspondant du Monde et du Point pour les pays nordiques, il a aussi réalisé des reportages sur ces pays pour le compte de chaînes de télé françaises, suédoises ou norvégienne donc il connait bien son sujet et il est parfaitement bien placé pour écrire un polar dont la trame a lieu en Scandinavie (même si le fait que les auteurs nordiques aient la cote en ce moment a dû bien aider au niveau des maisons d'édition).
Là, ça se passe dans le Grand Nord lapon, dans le petit village norvégien de Kautokeino. C'est à la frontière de la Suède et de la Finlande, la Russie n'est pas loin non plus. La sécurité est assurée par la police des rennes, qui a une compétence transnationale sur la Laponie (le siège et les formations des flics sont assurés à Kiruna, en Suède, mais les agents sont habilités à agir aussi bien en Suède qu'en Norvège ou en Finlande), et leur action se limite essentiellement aux conflits entre éleveurs de rennes. Mais un jour, au moment où le soleil se décide enfin à renaître après quarante jours d'absence, un tambour lapon rare, considéré dans la communauté sami comme le symbôle de leur culture, est volé. Quelques jours plus tard, un éleveur lapon solitaire et alcoolique mais descendant d'une longue lignée de chamans est assassiné et ses oreilles sont coupées. En même temps, un mystérieux géologue français aux tendances pédophiles arrive dans la région...
Des tensions vont se réveiller entre autonomistes lapons et Norvégiens d'extrême droite, et au milieu de tout ça, deux flics aux personnalités radicalement opposées vont mener l'enquête: Klemet, un Lapon d'une cinquantaine d'année qui a fait une partie de sa carrière en Suède, et Nina, jeune, originaire d'un flord du sud de la Norvège, qui a eu sa première affectation dans le grand nord.
Ce livre est tout simplement excellent :up: Très bien documenté sur la Laponie et la culture sâmi, sans trop en faire, l'atmosphère de cette région polaire est très bien restituée. le style est à mi-chemin entre celui d'auteurs scandinaves comme Mankell ou Indridasson (meurtre horrible, action lente, forte dimension psychologique des personnages, critique sociale importante, pas trop de place pour l'humour...) et celui de
Jean-Christophe Grangé (pour le côté rituel du meurtre, l'importance de la culture traditionnelle, et aussi la formule de choc du duo de héros improbable qu'il utilise systématiquement). A lire absolument !