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sur 1443 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Laponie, janvier 2011. Aujourd'hui, le soleil va se montrer pour la première fois depuis 40 jours, pour quelques minutes seulement. Au musée de Juhl, un tambour Sami vient d'être volé et un éleveur de Rennes, Mattis, est assassiné chez lui. Ses oreilles ont disparu, une méthode courante pratiquée sur les rennes volés. C'est à la police des rennes qu'est confiée l'enquête. Klemek, seul Sami de la police du coin, fait équipe avec Nina, une jeune recrue venue du sud de la Norvège pour sa première affectation. Entre traditions ancestrales et tensions communautaires, l'enquête s'avère difficile pour les deux policiers.

J'ai beaucoup aimé ce premier tome qui met en scène une brigade policière atypique. L'auteur nous plonge très rapidement au coeur de la Laponie, complexe étendue géographique au Nord de l'Europe, partagée entre la Norvège, la Suède et un peu de Finlande. Bien loin du Père Noël et de son traineau, les Sami, comme tous les peuples premiers à travers le monde, perdent peu à peu leurs traditions, leurs histoires et bientôt leur identité. Olivier Truc semble assez pointu sur le sujet ce qui donne une réelle épaisseur à l'intrigue et rend ce roman particulièrement intéressant pour ceux qui sont avides d'enrichir leur connaissance du monde d'aujourd'hui. Parce que la Laponie, franchement, ce n'est pas le premier "pays" qui vient à l'esprit quand on évoque la difficile survie des peuples ancestraux.

Sans alourdir pour autant la lecture, le contexte géopolitique est entièrement intégré à l'intrigue et apporte du sens à l'ensemble. Les personnages, qu'ils soient principaux ou secondaires, sont très bien construits, bien qu'on sente que l'auteur en garde sous le coude pour la suite à propos de Nina.
Les paysages lapons, bien que principalement plongés dans le noir, ne sont pas en reste. Très vite, le lecteur peut facilement se représenter le terrain de jeu des protagonistes et donc, s'éloigner de la carte postale.

Enfin, le coeur de l'intrigue permet également une immersion très intéressante dans les rites anciens des Samis et leur évolution à travers le temps.

Bref, un auteur à découvrir et un polar qui, plus qu'un moment de détente, offre à celui qui s'y attarde une belle occasion d'enrichir ses connaissances.
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Olivier Truc, au travers son enquête, nous parle de la Laponie, convoitée pour la richesse de son sous-sol.

Il décrit l'affrontement entre les Samis qui voudraient une reconnaissance, voire une autonomie de la Laponie hors les territoires et l'extrême droite qui les considèrent comme une sous race.

A travers ce livre, j'ai découvert la Laponie avec ses montagnes glacées, mais aussi les Samis, qui ont été évangélisés de force. On voit que le tracé des frontières ont bouleversé les voies de transhumance et donc l'économie locale. J'ai aussi découvert la culture Sami à travers le chant (joïk), le chamanisme.
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Passé les fêtes de Noël en Laponie, à travers cette lecture, fut une bonne idée, un ami m'a prêté ce livre, et quand j'ai lu que c'était la police des Rennes, j'étais septique, pensant ne pas aimer.
Ce livre m'a permis d'apprendre sur la culture Sami, tout en suivant une histoire policière très intéressante, il y a plusieurs affaires : un tambour de chaman disparu, puis un meurtre ; la police des Rennes va participer à l'enquête car la victime est un éleveur de Rennes.
C'est bien écrit, on tourne les pages sans s'en rendre compte, c'est passionnant.
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Ce livre fut une invite à entrer dans un biotope inconnu de moi, seulement servi par les images fugacement aperçues le long de mon chemin (Photos, documentaires, reportages). Pardon, je ne connais pas Épinal !
Biotope pas facile à appréhender avec mes yeux d'occidental méditerranéen ; tout comme la notion de territoire par exemple. le pays des Sames ne peut se comprendre, se transmettre qu'à travers leurs activités et les souvenirs qui y sont associés. La notion de frontière là-bas (j'allais écrire là-haut, en bon sud centriste que je suis) devient dérisoire, à rendre fadas les agents de la PAF !!!

La Sapmi pour les Sames est appelée à tort Laponie, car définie par les envahisseurs suédois comme ce lieu habité par « des êtres en haillons » ; Lapons est donc un terme péjoratif, appellation qui dit bien le regard méprisant des conquérants vers des êtres pensés comme inférieurs.

Et comme partout où l'Occident a conquis des terres, on y retrouve la sempiternelle mise en coupe réglée des autochtones et de leurs territoires. Pays conquis avec la bénédiction du goupillon, ici laestadien, qui a, semble-t-il, fait des ravages dans les âmes animistes des Samis.
En effet, ils croient que chaque être vivant, chaque objet inanimé abrite une âme, une force vitale. C'est au coeur de leur symboliques (tambours) et de leur transmission, jusqu'à peu uniquement orale. Comment lutter face aux interdits inadaptés de ce radicalisme évangélique ?

L'enquête que nous livre Olivier Truc n'est qu'un prétexte pour partir à la découverte de cette civilisation confrontée à l'incompréhension, la cupidité de gens venus d'ailleurs, mettant à mal, écorchant la belle image médiatisée de ces pays scandinaves où tout est plus cool et mieux qu'ailleurs. Alors que l'extrême droite y est le plus souvent au pouvoir ou continue à monter.

L'enquête, dont le suspense va crescendo avec l'ensoleillement retrouvé qui croît chaque jour, est également une invite à constater la difficile libération de la parole chez les protagonistes de l'histoire. Ces étendues glacées, balayées par les vents, la sombritude des jours et le dur métier d'éleveur de rennes incitent au repli sur soi.

Cette lente investigation (plus de 400 pages) nous explique la transmission de l'inexplicable : le radon, gaz inodore et très radioactif, décimant les Samis réduits au servage d'une mine d'uranium ! Seuls les chamanes, instruits en communication avec l'esprit de chaque chose, pouvaient le réaliser et le transmettre : le tambour !
Pour sûr, cela vient heurter nos pensées occidentales.

En bref, l'ethnographie au service d'une intrigue policière ! Cela donne un excellent polar, même si certains trouveront que l'écriture du journaliste Truc ressemble bien souvent à un script cinématographique. La forme dialoguée ne m'a pas gêné outre mesure vu qu'elle sert la délivrance de la parole.

Arthur Upfield avec son enquêteur métis aborigène a ouvert la voie de l'ethnographie policière (1929, je crois) ; dans ces pas, comme bien d'autres avant, Olivier Truc a fait sa trace.

Ancelle, le 25 septembre 2023
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Un tambour de chaman, jadis offert aux Français de l'expédition de 1939 de P.-E. Victor, est rapporté dans un village lapon pour une exposition sur la culture sami. Mais il est volé, et un éleveur de rennes est assassiné.

Klemet Nango, seul policier de la communauté sami, et Nina Nansen, sa nouvelle co-équipière, vont enquêter. Ils sont tous les deux membres de la police des rennes, sont habitués à la surveillance des éleveurs et de leur cheptel, mais pas aux homicides.

Leur enquête va vite se complexifier, entre vols de rennes, enjeux politiques de territoire et recherche effrénée de minerais du sous-sol. Tout cela sous les aurores boréales et dans le froid glacial de la nuit polaire, interrompue seulement par 2 ou 3 heures d'ensoleillement par jour.

L'auteur, d'une écriture simple, non seulement nous embarque dans un roman policier passionnant, mais nous fait aussi découvrir une civilisation méconnue, déchirée entre les attraits de la vie moderne et leur mode de vie ancestral.

Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître !
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D'Olivier Truc, j'avais bien aimé La Montagne Rouge. On se plonge dans un univers, dans une atmosphère, dans des relations humaines... L'auteur le fait avec empathie, humanité, respect à chaque fois.

Ici, l'action démarre à la fin de l'hiver arctique, le 10 janvier, le premier jour où le soleil fait sa première apparition de l'année, une grosse heure de lumière en fin de matinée. Et petit à petit dans ce long roman, l'auteur nous indique le jour et le temps d'ensoleillement.

Le propos tourne autour des Sami, les Lapons, peuple indigène, colonisé, assimilé, brimé, nié, balayé par les Scandinaves. Car dans le roman, on se balade allègrement en Finlande, Suède, Norvège... les frontières ne sont que des créations artificielles, des tracés théoriques que les rennes (et leurs éleveurs) ne respectent pas (volontairement ou pas).

Olivier Truc nous prend par la main et nous fait découvrir l'univers Sami, les coutumes, les frustrations, les ambitions, et les conflits. Les Sami sont des éleveurs, des chamans, pas des fermiers la plupart du temps. Ils sont nomades. Ils font corps avec la nature. Ils écoutent et respectent la nature (bien davantage que les frontières).

Le roman développe 2 enquêtes: celle sur un tambour Sami volé au musée local, et le meurtre d'un éleveur Sami, dont les oreilles sont tranchées, comme on le fait pour des rennes. On découvre la police des rennes, très impliquée mais moquée par les forces de polices "régulières". Klemet (Lapon non pratiquant) et Nina (fraîchement débarquée du sud) vont mener l'enquête. On découvre un lourd passé, les lobbys miniers, le racisme et l'émergence du parti d'extrême-droite... Bref, tous les ingrédients sont là pour un polar glacé.
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Un polar rondement mené sur fond d'aurores boréales presque oniriques, avec une écriture très fluide, de qualité et efficace.

Olivier Truc réussit à dépayser le lecteur mais aussi à l'inviter au coeur de la communauté des lapons, assez peu connue. Un polar nordique à lire sous un plaid et une tasse de café brulante à portée de main tant l'immersion est totale et le suspens prenant. L'intrigue se met en place insidieusement, laissant la part belle aux descriptions des paysages grandioses de la toundra lapone. Mais le rythme reste soutenu, avec ce fil rouge des traditions lapones en voie d'extinction.

Vous aimerez la belle Nina et le touchant Klemet, nos deux policiers des rennes qui jamais ne lâcheront leur piste !

Un premier roman à mes yeux parfait et je souligne l'originalité de cette histoire qui sous couvert d'enquête vous fera surtout découvrir la culture d'un peuple fier et merveilleux.
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Ce livre est une superbe découverte, un des meilleurs polar que j'ai lu ! L'intrigue est très intéressante, tout comme la découverte de la culture Lapone. Ce livre donne envie de voyager et de découvrir ces paysages au delà du livre. le suspens nous amène rapidement au bout, tout ceux à qui j'ai prêté ce livre ont été convaincu, la suite est également à lire
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Quelle bonne surprise que ce livre qui m'a permis de découvrir l'existence de la police des rennes en Laponie. Ce polar écrit par un auteur français, nous apprend beaucoup de choses sur l'histoire des Sami et sur leurs traditions sans tomber dans le folklore et les clichés. L'intrigue est bien construite et les deux inspecteurssont attachants. Je me suis sentie dépaysée à partager la vie des lapons. Bonne nouvelle, il y a eu d'autres opus à ce livre paru en 2013, que je vais m'empresser de dévorer.
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Au nord du cercle polaire, Kautokeino est une petite ville de la Laponie norvégienne, aux confins de la Suède et de la Finlande, pas très loin de la Russie. Klemet et Nina y sont employés à la police des rennes, chargée de régler les conflits entre éleveurs. L'enquête qui se présente à eux sort de l'ordinaire : successivement un rare tambour de chamane a été volé et un éleveur assassiné.

Ce passionnant roman policier m'a fait voyager dans une région quasiment inconnue pour moi, le grand nord scandinave. Il y avait beaucoup à découvrir :

Le milieu d'abord, étendues glacées, aurores boréales et nuit polaire. L'action se déroule en janvier avec des durées d'ensoleillement de 27 minutes à 5 heures par jour. Ce cadre m'apparaît comme à la fois magnifique et effrayant.

Surtout l'histoire des Sami, dernier peuple aborigène d'Europe. Ils ont été christianisés violemment au 17° siècle par des pasteurs luthériens, notamment par des laestadiens, une secte rigoriste encore implantée dans la région. Aujourd'hui il existe un parti nationaliste norvégien qui veut les priver de leurs droits traditionnels. Il y a par exemple des conflits entre les éleveurs et les amateurs de scooter des neiges du week-end qui n'acceptent pas que l'on restreigne leurs loisirs en période de reproduction des rennes. L'un des personnages antipathiques du roman est un flic raciste qui trouve que les Sami se croient tout permis. Son raisonnement me fait penser à celui des cow-boys face aux Indiens.

Mais attention, l'auteur ne nous fait absolument pas un cours. Toutes ces très intéressantes informations sont amenées de façon naturelle par le biais de l'enquête policière qui fait remonter à la surface les épisodes douloureux de la colonisation du peuple sami. Une enquête qui est fort bien menée elle aussi, qui démarre doucement pour petit à petit devenir palpitante. Bientôt le livre est difficile à lâcher.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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