"Le sujet de l'effondrement est un sujet toxique qui vous atteint au plus profond de votre être. C'est un énorme choc qui dézingue les rêves. Au cours de ces années de recherches, nous avons été submergés par des vagues d'anxiété, de colère et de profonde tristesse, avant de ressentir, très progressivement, une certaine acceptation, et même, parfois, de l'espoir et de la joie."
Pablo Servigne
Finalement, c'est le mot "heureuse" qu'il faut retenir dans le titre du livre, car la partie strictement "collapsologie" est assez courte. Je m'attendais sans doute à davantage de données, de chiffres, de tableaux, de graphiques.
En tant qu'adepte du verre à moitié plein, ce livre va plutôt dans mon sens et me conforte dans une certaine vision de la vie: se nourrir des moments de bonheur, célébrer la joie, accueillir les vagues d'émotions, accepter la puissance et la perfection de la nature... Et c'est évident également pour moi que les utopistes sont maintenant du côté de ceux qui se voilent la face et qui gardent confiance dans notre système actuel. La liste de personnalités qui apportent leur expertise et leur réflexion à la collapsologie est une très bonne idée en début de livre, car on y remarque les différents profils qui créent une richesse dans l'échange de point de vue.
Ceci dit, ce livre me sort clairement de ma zone de confort, car je suis persuadée (depuis mon année de Terminale littéraire...) que je ne suis pas en mesure de suivre une pensée philosophique par la lecture. C'est un peu étonnant de la part de quelqu'un qui lit tout, tout le temps, tous les jours, mais c'est la vérité: je fuis en conscience les livres de philosophie.
Alors, forcément, quand
Spinoza vient mettre son grain de sel dans la plupart des chapitres, je me sens démunie et dépassée!
Ce qui m'a plu dans ce livre c'est l'explication du cheminement des pensées dans la collapsologie, et comment avec un certain désespoir on parvient quand même à recréer une vision apaisée d'un futur possible. J'ai apprécié aussi le retour sur les genres de connaissance.
Mais je mets quelques bémols sur la présentation du livre, qui ne me correspond pas: la logique entre les chapitres n'est pas toujours bien claire, les encadrés ne mettent pas toujours en relief les idées les plus pertinentes ou intéressantes, et il y a l'impression de voguer à vue en suivant si possible l'enchaînement d'idées qui nous est proposé. Quelques coquilles à corriger pour la prochaine édition car la "collapso" a tendance à devenir la "collaspo", c'est embêtant (page 11, 15, 77)!
Quant à l'idée qu'il est contre-productif de montrer les exemples angoissants des horreurs de notre système sur la nature, je suis à la fois d'accord sur le fond (c'est la philosophie "
Cyril Dion": allons chercher ce qui est innovant, beau, précurseur et cela donnera l'envie), et opposée à cette idée car, au bout d'un moment, c'est l'électrochoc (la philosophie "mettre le nez dans le caca"!) qui pourrait peut-être provoquer des solutions immédiates et radicales, comme on en aurait besoin aujourd'hui!...
Une lecture en demi-teinte, si je puis dire: un sujet qui devient essentiel, une réflexion profonde et nécessaire, des arguments clairs. Mais une forme étrange et des passages philosophiques qui m'ont perdue!
Merci néanmoins à Babelio et Rustica éditions pour cet envoi. Même si ce n'est pas un coup de coeur, c'est toujours intéressant de voir des publications qui visent à prendre de la hauteur et à mettre en perspective et à croiser les pensées.