Le ministère des sentiments blessés

Ne vous faites pas avoir par la couverture aux tons rose/orangés qui pourrait faire croire (à tort) à une lecture de poèmes romantiques. Que nenni ! Vous ne pourrez absolument pas les déclamer à votre belle au clair de lune. Cette chronique poétique est très noire, je dirais même glauque, et l'auteur emploie assez régulièrement des expressions crues.
il faut tout de même lui accorder le fait que c'est un très bel état des lieux de la société actuelle, la critique est d'ailleurs très virulente : société de consommation, égoïsme, terrorisme, un je m'en-foutisme ambiant, une violence très présente, entre autres charmantes choses (vous ne pourrez jamais m'enlever une image que j'ai eu à la lecture d'un passage en particulier où le narrateur était devant un film lorsque des "fanatiques frénétiques" entrent chez lui pour.... bref).
Donc, pour résumer, cette chronique poétique ne fut pas ma tasse de thé (ayant des goûts un peu plus "classiques"), mais je pense qu'il fera des adeptes.

Ode cruelle et désabusée à la bruyante et violente Mumbai, le ministère des sentiments blessés dévoile une succession de strophes accusatrices, où s'entremêlent violence inouïe, sexualité malsaine, pauvreté et capitalisme ; la lutte entre tradition hindoue et modernité galopante s'exprime à grands renforts de mots acerbes et trop pleins d'ironie, tandis que tout espoir d'amélioration semble vain face à l'énormité chaotique de cette ville qui avale ses habitants.

Le style d'Altaf Tyrewala est curieux, mélangeant poésie et violents tableaux ou déclarations, sans atteindre la cruelle beauté d'un Raharimanana. le mélange de l'auteur ne m'a pas convaincue, et l'on n'est pressé de refermer ce petit livre glauque et puant présentant une réalité que l'on ne connait que trop bien, mais que l'on préfère maintenir au loin, dans cet immense pays trop peuplé qu'est l'Inde.

Ce court récit écrit en vers est un hommage à Mumbai, ville natale de Altaf Tyrewala, établi aujourd'hui aux États-Unis. Dans ses écrits, il ne cesse de revenir dans cette ville à la fois oppressante et envoûtante.
Sur un rythme énergique, l'auteur dresse un portrait violent, choquant de cette métropole soumise à la mondialisation, l'invasion des touristes sous le regard misérable des natifs exploités par les multinationales.
D'un personnage à l'autre, l'auteur observe le choc entre la culture ancestrale et le monde moderne, impliquant la responsabilité de la religion, des politiques, du commerce international.
Cette chronique poétique ne manque pas d'attirer notre attention sur les implications de la mondialisation. C'est avec révolte et colère mais aussi avec une adoration latente que Altaf Tyrewala nous invite à parcourir les rues de cette ville impudique.
Images poétiques, expressions et noms indiens toutefois répertoriés en annexe, rendent complexe cette lecture. A laquelle il faut peut-être revenir.
Extrait du glossaire: « Ministère des sentiments blessés : le fait de blesser les sentiments religieux est, avec la sédition et la diffamation, l'une des trois limitations à la liberté d'expression en Inde, État séculariste prônant l'égalité entre toutes les religions. »
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"Le ministère des sentiments blessés" est une chronique poétique où Altaf Tyrewala met le projecteur sur le côté sombre de Mumbai.
Une lecture forte, une écriture qui ne va par quatre chemins. A s'approprier.
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