C'est une bonne idée qu'a eue RSF d'avoir choisi Astérix pour illustrer l'esprit de résistance qui anime les journalistes à travers le monde, dans leur mission ingrate d'information, en dépit des pressions exercées par les régimes autoritaires pour les museler, les arrêter, voire les éliminer. Dans un magazine-album de 150 pages agrémenté d'un poster reprenant le dessin de couverture, les auteurs nous proposent, outre des dizaines de vignettes extraites des aventures de notre petit gaulois et ses compères, un état des lieux mondial de la liberté d'informer dans le monde. Et le moins qu'on puisse dire est que ce n'est pas toujours brillant.
Après l'édito et le sommaire, on a droit à une double-page représentant un tour du monde des prédateurs de la liberté de la presse en couleurs, pour tous les pays, du vert pâle en passant par les vert, orange et rouge, jusqu'au noir ; vous l'aurez compris, à l'image des feux tricolores, la liberté diminue quand la couleur s'assombrit, et le rouge et le noir ne sont pas les moins présents. le planisphère en question est repris en grand au dos du poster. Suit le témoignage poignant d'une journaliste syrienne ayant affiché son soutien au mouvement « Charlie » et devenue victime à son tour d'une véritable chasse aux sorcières. La Syrie, justement présentée dans un article peu engageant, comme ceux illustrant l'Égypte de Al-Sissi plus Imperator qu'Impératrice, et la Birmanie (ou Myanmar, c'est selon) qui ne brille pas par sa douceur, sinon de vivre, encore moins d'informer. “Willis from Tunis” nous commente un de ses dessin de presse très parlant, et après quelques citations de personnages célèbres sur le journalisme et l'information, la récréation commence.
Environ 120 pages d'extraits d'albums d'Astérix et Obélix classés par thèmes comme :
les Chefs - les Romains - Jules César - les Orgies - les Barbares et Judas - la Bêtise - la Potion magique - Un pour tous... - Ruses et irrévérences - Orgueil et mauvaise foi - par Toutatis - Castagne et camaraderie - et enfin : À table ! Une rigolade sans fin...
Et pour rendre hommage aux auteurs disparus, les portraits parallèles de
Uderzo, magicien du mouvement, et Goscinny, virtuose des mots.
La résistance sans méchanceté des héros de papier à l'envahisseur, qui au long de tant d'albums, n'a pas fait le moindre mort, serait une bonne chose pour inspirer les puissants, politiques, militaires et/ou dictateurs de tout poil (mauvais, forcément) et les inciter à épargner les colporteurs de nouvelles, quelles qu'elles soient et quels qu'ils soient, de toutes nationalités, mais ce serait sans doute un voeu pieux. Quoiqu'il en soit, soutenir les journalistes du monde entier, libres comme opprimés est à la portée de beaucoup d'entre nous, en acquérant ce très bel album pour un prix modique (moins de 10 euros). Je remercie au passage Babelio par son opération de décembre, les Éditions Reporters sans Frontières et les Éditions Albert René, de m'avoir fait cadeau de ce beau magazine, que je vais racheter pour l'offrir à quelqu'un de mon entourage.
Et si à l'issue de ma critique je ne vous ai pas convaincu d'en faire autant, à l'instar de l'infâme Tournevis dans Astérix et Cléopâtre, promis, je fais le voeu de ne plus me raser la tête !
Bonnes fêtes à tous et meilleure année aux autres.