Puvis de Chavannes aimait de la vie tout ce qui en est le but et la raison; et il en jouis- sait en vaillant et honnête homme, à qui Épicure et Horace ne faisaient point oublier l’Évangile ni Platon. Il fut un grand amoureux de la femme. A un esthète, qui pensait le flatter par une allusion à son mysticisme et à sa chasteté, il répondait vivement : « Apprenez que je ne suis pas un saint. Dans l’art, il ne peut pas, il ne doit pas y avoir de saints. On ne ce fait de belles choses qu’en aimant les femmes, la volupté, et tout ce qui est beau et bon. »
Dans son découragement juvénile des premiers résultats de l’atelier, coïncidant d’ailleurs avec un désir nouveau de voyager, le jeune peintre se décida à repartir pour l’Italie, en compagnie d’un camarade, Beauderon de
Vermeron, qui faisait aussi de la peinture, et joignait à l’amour très vif de la profession un sens critique fort développé. Ce voyage, qui dura plus d’un an, et pendant lequel il étudia beaucoup, fixa sa vocation artistique.
Puvis de Chavannes compensera, plus tard, ces premières années tenues pour stériles, par une production énorme, et par la fécondité prodigieuse d’une vie, qui, à mesure qu’elle se développait, loin de montrer de la fatigue et des défaillances, a marqué chaque année, écoulée trop vite, d’une œuvre nouvelle, plus fraîche, plus vigoureuse, et plus imposante. Et, ainsi, il aura pu atteindre cet idéal de la félicité intellectuelle de l’homme : réaliser dans l’âge mûr les rêves de la jeunesse.