La critique est facile, l'art est difficile, mais cette citation que je respecte s'applique à l'art, donc acte. Ce livre est une caricature, la caricature de ces gens qui, s'ennuyant à la maison (assez souvent des femmes au foyer pour le coup), se disent soudain "Tiens et si j'écrivais un livre, après tout X l'a fait et ça a cartonné alors pourquoi pas moi ?", se mettent à leur ordinateur, et écrivent droit en bas quelque chose sur quelque futilité sans faire aucune recherche ni sans tenter d'imprimer un style ou quoi que ce soit, et sans probablement même se relire (sinon comment expliquer fautes et redondances ?). le sujet ? Bah, le voisinage, la famille, ou pour les plus aventureux quelque article fait-divers de magasine grand public. Les péripéties ? Bah, le voisinage, la famille, ou pour les plus aventureux quelque article fait-divers de magasine grand public. Les personnages ? Bah, le voisinage, la famille, ou pour les plus aventureux quelque article fait-divers de magasine grand public. Comme on n'a pas trop ni l'envie ni les capacités de faire très compliqué, on utilise de toutes façons des archétypes caricaturaux et comme on n'est certes pas trop versé non plus dans le dialogue, on écrit simplement comme on parlerait soi-même (ou comme on idéalise qu'on le ferait) et du coup tout le monde parle exactement de la même manière (c'est-à-dire comme l'auteur), vieux, jeunes, hommes, femmes,
Prix Nobel ou pilier du PMU, après tout c'est aussi ça le roman feel-good, pas de différences entre les gens, tout le monde il est beau et tout le monde y vaut tout le monde donc un ouvrier qui s'exprime comme un astrophysicien ou un enfant qui parle comme un président, pas de soucis (et puis bon, elle est précoce, ça justifie le fait de ne pas savoir comment écrire comme une enfant tout en représentant sûrement une transposition fantasmée de l'auteur). le côté feel-good, parlons-en justement, écrire un vrai roman qui donne du baume au coeur à son lecteur de façon sensible n'est pas si simple, l'écrivaine de salon lui substitue donc son parent pauvre : la niaiserie, et son corollaire, la bien-pensance dégoulinante. Pour les grandes leçons de morale que l'auteur débutant se sent en général obligé d'asséner (soudain il/elle est en position de les donner, ce qui est visiblement souvent grisant), aucun souci, comme on est sur son ordinateur pour écrire, quoi de plus simple que d'ouvrir internet, de taper "les meilleures citations sur (le sujet recherché)", de faire un copier-coller, et de se dire : "ouah, c'est vachement bien ce que j'ai écrit" ? Evidemment il faut aussi soigner son lectorat, donc si on écrit pour une catégorie (au hasard, la sienne) on leur donne ce qu'elles veulent à savoir une lecture bien féministe qui ne peut trouver qu'approbation et "oh je me reconnais ici" dans ce que l'on imagine son corps de cible. Au final, poncifs, clichés, péripéties de gare, style indigent, dialogues lamentables, que dire de plus…
La seule chose bien, c'est l'idée de base: franchement, un vieux grincheux qui s'ouvre au monde et aux autres et y retrouve la joie de vivre grâce à l'entrée en scène d'une enfant pétillante qui lui montre les beautés de la vie, de l'amour, mais quelle originalité, quelle audace, quelle leçon de vie, j'en suis tout retourné (mes amies les crêpes ne s'en sont pas remises), mais bon, il faut une première fois à tout et c'est donc miracle que de lire cette trame si novatrice! Honnêtement, comme ça de tête, si j'exclus une cinquantaine de films, une centaine d'ouvrages, une dizaine de dessins-animés et une bonne quinzaine de séries, j'ai grand-peine à me souvenir de quelqu'un qui ait déjà traité de ce sujet...
Au final, si dans la rue il faut faire attention de ne pas marcher dedans, en librairie il ne fait pas bon non plus d'y fourrer son nez. Voilà ce que m'a inspiré ce livre. Je suis dur? Certes mais y'en a marre de ces pseudo-écrivains!