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3,79

sur 3662 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Sukkwan Island est incontestablement un livre qui vous prend aux tripes. J'ai été véritablement secouée par l'histoire poignante de ce père et son fils partis tenter une expérience en Alaska. L'idée vient du père : vivre pendant un an loin de tout, dans une petite cabane, se nourrir en chassant et pêchant, se retrouver et retrouver avec son fils une complicité perdue. Si l'enthousiasme du père est sans fausse note au tout début du roman, le jeune Roy, lui, affiche une certaine réserve. A 13 ans, il a tout quitté pour faire plaisir à son père et sa mère et sa soeur, à peine arrivé sur l'île, lui manquent. Roy devient taciturne et son malaise, léger au début, saisit toutefois le lecteur à la gorge : « Roy ne savait pas quoi dire, alors il ne disait rien. Il ne savait pas comment les choses tourneraient. » Rapidement, le malaise devient angoisse. Son père ne semble pas aussi solide qu'il l'imaginait. Il faut d'une part faire face à de nombreux imprévus et d'autre part supporter la cohabitation avec ce père qui, jour après jour, devient plus étrange.
Toute la première partie du roman est bien menée et extrêmement saisissante, cela est dû en grande partie au style très particulier de David Vann : on peut noter notamment l'absence des signes de ponctuation marquant les dialogues. En temps normal, cela m'aurait sans doute gênée, mais j'ai trouvé l'ensemble très fluide, tout coule, tout se mêle, les descriptions, les pensées, les mots. Certains ont été déçus par cette première partie : il ne s'y passe pas grand-chose au niveau « action », il y a beaucoup de descriptions, mais l'auteur réussit à merveille, à mon sens, à créer le suspens. C'est une lente descente aux enfers à laquelle nous assistons et qui nous mène à la fin de la première partie, monstrueuse et inattendue. J'ai beaucoup apprécié également la seconde partie et je ne saurais dire si je la préfère à la première, ou l'inverse. Elle est assez différente, très dure et dérangeante. Un seul bémol : la fin m'a un peu déçue... mais vu la qualité du roman, je suis passée outre.
Moi qui adore les huis-clos, j'ai été servie ! Je ne saurais que trop vous recommander cette lecture qui ne vous laissera pas indifférent.

Lien : http://aperto.libro.over-blo..
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Dix jours que j'ai refermé Sukkwan Island et dix jours que ce roman me hante.
Je ne connaissais rien de ce livre et de son auteur lorsque je l'ai choisi parmi tant d'autres livres, et je ne m'attendais pas à cette tragédie. A cette puissance narrative non plus.

La nature est bien là, omniprésente, rude et hostile, mais, si prévisible en comparaison du chaos que représente la nature humaine, qu'elle en devient le seul élément stable et rassurant du récit. Nature glaciale et pourtant nourricière, nature austère et pourtant seul lieu où les personnages trouvent un tant soit peu d'apaisement, sorte d'exutoire à la violence de leurs sentiments.

La relation père fils est bien là, elle aussi, mais si violente et déstabilisante en comparaison de ce à quoi l'on pourrait s'attendre, que « l'autre », la relation à l'autre mais aussi à cette part de nous-même qui nous est étrangère, devient le plus grand des dangers.

Dans un premier temps, j'ai été complètement décontenancée par la dureté du récit : impossible de ressentir de la sympathie, de l'empathie pour le père ou pour le fils, tant leurs tourments et leurs réactions m'ont paru inadaptés et disproportionnés, tant leurs actions et leurs pensées sont présentées de manière percutante. L'écriture concise, factuelle, extrêmement réaliste de D.Vann nous frappe de plein fouet, anéantissant, en ce qui me concerne, toute capacité à m'émouvoir, à comprendre, à m'attacher à la forme du récit.
L'auteur réussit à nous donner le sentiment d'être présent sur l'îlot, témoin terrifié et impuissant du drame qui se joue. L'oppression nous gagne au fil de la lecture. La tension est permanente.

J'ai du faire une pause dans ma lecture, m'échapper de l'île…
…pour mieux y revenir.

La longue errance du père m'a bouleversée : sorte de chemin de croix où la lutte pour la survie physique devient moins cruciale que celle pour la survie psychique, tortueux et douloureux cheminement vers la compréhension de soi et vers ce qui me semble être, au final une forme de rédemption. Rédemption qui ne justifie pas l'élément tragique du récit bien évidemment, mais lui donne, enfin, un sens.
L'acuité avec laquelle l'auteur nous décrit les tourments de Jim ; ses peurs, ses questions, sa déraison, son désespoir, ses atermoiements, ses fragments de lucidité, exacerbés par l'omniprésence de la nature, est époustouflante.
Ce long cheminement fait écho à celui de Roy ; plus concis, moins complexe et si justement approprié à l'âge et à l'état d'esprit du personnage, que le contraste en est bouleversant.
J'ai été cet enfant, démuni face au mal être de son père, faisant de son mieux pour l'aider, résistant à sa nocivité et impuissant à y parvenir. J'ai été cet homme « victime de lui-même et bourreau des autres ».

Cette lecture a été douloureuse d'une certaine manière, mais les émotions intenses, tant les qualités littéraires du roman servent le récit.
Jim et Roy m'ont littéralement « habités » pendant dix jours et je sais qu'ils seront là encore longtemps. Merci Mr Vann pour ce que vous m'avez donné à partager.
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Je referme ce livre avec la chair de poule, un peu sonnée... Un récit glacial par la rudesse de l'environnement dans lequel se déroule l'intrigue, mais aussi par la description détaillée et crue de l'auteur.
David Vann, un homme marqué par le suicide de son propre père, nous confie ici ses ressentis les plus profonds et les plus justes. Mais il fait cela au travers d'un scénario original et inattendu, une façon pour lui de sublimer l'horreur de son vécu.
De ce fait, il nous livre une oeuvre très psychologique, même philosophique, qui ne nous laisse pas indemne. Réflexions sur l'amour filial, l'amour conjugal, le sens de la vie, ses responsabilités, la mort et ses conséquences; tous ces sujets y sont égrénés et dilués dans un suspense oppressant. On ne sait pas très bien si notre esprit se noie dans l'océan Pacifique, brûle dans l'incendie ou gèle dans le blizzard, en tout cas, c'est un fabuleux voyage dans les tréfonds de l'âme humaine.
Encore une oeuvre incontournable chez Gallmeister, merci à cette incroyable maison d'édition qui ne m'a jamais déçue !
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Et encore une belle découverte dans le catalogue Gallmeister. Je continue d'explorer la bibliographie de David Vann après le sublime L'obscure clarté de l'air.

Cette histoire garde ce côté sombre que l'auteur avait déjà développée dans le roman précédemment. Il nous emmène au coeur de l'histoire d'un père et d'un fils, dans un terrible jeu de manipulation et d'égoïsme.

Quand un être ne s'en sort plus, et devient obnubilé par son malheur, son manque au point de ne plus épargner ses proches et de confier tous ses travers, ses échecs à son fils de treize ans. Quand on a treize ans, qu'on est en pleine construction physique et mentale et qu'on se retrouve seul avec son père, dépressif, sur une île déserte. Et que cette aventure qui devait renforcer le lien père-fils se transforme, insidieusement, en un enfer dont on ne peut s'échapper.

Je n'avais pas du tout imaginé ce qu'il se passe à la fin de la première partie ! J'ai été bien secouée ! Par contre j'ai eu l'impression d'avoir déjà lu/vu la scène finale, une impression très étrange !

Ce roman est très sombre, profond, triste...A lire !
Lien : https://www.labullederealita..
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J'ai lu ce roman il y a déjà quelques années, et il reste encore gravé dans ma mémoire.
Je lis beaucoup, et souvent, après quelques temps, je suis obligée de lire le résumé des livres pour me les remettre en mémoire ou même savoir si je les ai lus ! Pas celui-ci. Impossible de l'oublier.
Ce roman commence très lentement, un peu comme une randonnée dans le froid, le silence, la solitude et la glace, mais on sent qu'il va se passer quelque chose de terrible. Et puis, c'est l'horreur, l'incompréhension, le dégoût, la peine. Et l'abjection continue jusqu'à la fin.
Je l'ai conseillé à un ami qui lui aussi a ressenti ce choc que parfois on ressent lors de certaines lectures. Par contre, il aurait préféré que je le prévienne que beaucoup de passages sont difficiles à lire. Alors, si vous avez le coeur bien accroché, n'hésitez pas, vous ne ressortirez pas indemne de cette lecture.
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Après avoir lu Aquarium, j'ai décidé de prendre la bibliographie de ce cher auteur dans l'ordre.

Sukkwan Island est donc son premier roman, j'en avais entendu beaucoup sur ce livre. Rien de vraiment négatif sur le talent de l'auteur mais plutôt sur l'histoire et la psychologie des (du) personnage(s). Comme quoi , nous lecteurs, sommes tous différents et notre sensibilité aussi car bien que ce roman soit assez glauque sur certaines scènes, finalement, Aquarium m'avait bien plus dérangé..

Dans Sukkwan Island, Jim est un peu au bout de sa vie, une vie qui ne l'a pas complètement satisfait, qu'il n'a pas vraiment réussie et surtout, une place avec son fils Roy – 13 ans, qu'il n'a pas pris au bon moment – voire qu'il a lâché au moment de son divorce d'avec la mère de Roy. Il souhaite prendre un nouveau chemin et afin de le connaitre un peu mieux et instaurer un véritable lien père-fils. Pour ce faire il achète une maisonnette sur une petite ile isolée du sud de l'Alaska et décide d'y vivre une année avec lui. Là bas, il espère bien renouer avec son fils, la nature, la vie.. ils devront se serrer les coudes et vivre en véritables autochtones.

Seulement, Jim personnage un peu dépassé, n'est pas vraiment bien préparé tant psychologiquement que matériellement à vivre loin de tout : il n'a pas pris tous les outils nécessaires, n'a pas de connaissances en ‘survie', et les premiers jours sur l'ile sont assez déroutants niveau organisation. Tout ce qu'il essaie de mettre en place tombe à l'eau, soit par manque de matériel, ou par manque de savoir.

Niveau caractère, il n'est guère mieux : il ne supporte pas grand-chose, lui si morne, bougon et triste, hanté par ses démons, les femmes. Les nuits il pleure, la journée ne rigole pas vraiment. Une routine assez répétitive et peu enrichissante – pèche et sciage de planches de bois – se met en place très rapidement mais pour Roy cela va être long et le gamin pense déjà à repartir.

La morosité de Jim et le manque d'entrain pour le quotidien, va emporter ces deux là dans une folle descente jusqu'à… la seconde partie du roman.

On assiste alors à la déchéance d'un père paumé et à côté de la plaque, sa lâcheté, sa bêtise, sa cruauté en quelque sorte : il frôle avec le réel, celui qui n'a plus aucune connexion avec le bien ou le mal, la vie, la mort..

Sukkwan Island est un huis clos oppressant, flirtant avec l'inhumain et la déraison.. remettant en cause les capacités parentales de certains. Une âme un peu fragile, qui ne se rend même pas compte de ce qu'il vient de se passer.. il est dépassé et cherche encore une manière de s'en sortir. Il n'est plus en contact avec son fils. Mais en a-t-il conscience ? est-il déjà devenu fou au point de penser que tout était de la faute de son fils ?

J'allais vers ce roman avec beaucoup d'appréhensions, peut être avais-je mis ma carapace de maman en acier blindé. Certes, c'est glauque et carrément fou, Jim donnant à manger à son fils alors qu'il est dans son duvet.. Vous comprendrez.

David Vann dérange un peu, il expie certainement de son passé, mais sa plume reste une très grande plongée dans la cruauté parentale…
Lien : https://felicielitaussi.word..
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Depuis le temps que j'avais envie d'essayer les romans aux éditions Gallmeister, c'est enfin fait et il faudra que je recommence l'expérience, même si je n'ai peut-être pas commencé par ce qu'il y a de plus évident. Parce qu'honnêtement après avoir terminé Sukkwan island, sur le coup je n'étais pas capable de vraiment dire si j'avais apprécié ou non. Alors j'ai attendu un peu pour… assimiler tout ça avant de me décider.

Sukkwan island c'est l'histoire d'un père et d'un fils. le père divorcé, dépressif, est à une période difficile de sa vie et décide de partir avec son fils de 13 ans, Roy, vivre 1 an en Alaska. Ils sont seuls au monde, rien que tous les deux et pas vraiment préparés pour cette aventure étrange. C'est assez spécial comme ambiance, d'autant que l'humeur de Jim le père est très changeante. C'est étouffant et on sent que quelque chose va se produire.

Et puis tout change. La 4ème couverture pouvait le laissait présager, mais pour autant ça a été un choc pour moi, sans dévoiler quoi que ce soit, j'ai été surprise par la tournure des évènements et j'ai été déstabilisée. La deuxième partie du livre est encore plus chargée en émotion que la première. C'est sombre, il y a un certain malaise qui dérange.

Au final, maintenant avec le recul, je peux dire que j'ai apprécié cette lecture, même si elle est difficile et à éviter si on est déprimé. C'est un roman déstabilisant, plein d'émotions et très bien écrit !

Lien : http://raconte-moi.net/2015/..
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"...une histoire au suspence insoutenable." C'est pas moi qui le dit car l'auteur a su amener l'intensité dramatique, qui ne fait que croître au fil des pages, en un crescendo allucinant. Tout est dans la façon d'amener le sujet qui fait de cette histoire à deux personnages, dans un endroit où on s'attend que rien ne se passe, un roman qui se démarque.
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Qui n'a jamais rêvé de tout plaquer et partir loin dans une cabane au fond des bois ? Moi déjà la première. le roman commence par un père qui arrive à convaincre son fils de 13 ans à le suivre dans cette aventure, de faire corps avec la nature, de vivre d'eau fraîche et de viande séchée, la vie suit son court paisiblement, ils ont des journées bien remplies, le cadre idyllique. Et puis vient ce moment. Ce moment où l'on passe de la lumière aux ténèbres, quand on glisse dans la folie. L'auteur nous ballade entre fantasmes, folie et désespoir, il nous perd dans l'étendue du réel et de l'irréel. Ce roman m'émeut, il m'envahie de sentiments contradictoires. On est vidé, boule au ventre, on espère que cette image sombre n'est qu'un rêve d'un esprit torturé. On espère page après page.Oh oui, on espère. Ne dit-on pas qu'il faut se méfier de l'eau qui dort ?
Une réussite narrative d'un huis clos superbement bien mené. David Vann nous peint un tableau en noir et blanc qui se mélange dans le gris sombre.
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Sukkwan Island, une petite île perdue au sud-est de l'Alaska. C'est dans une petite cabane nichée au milieu d'une nature encore intacte qu'un père, ancien dentiste à Fairbanks, a décidé de s'installer après avoir tout abandonné et vendu pour vivre -ou plutôt survivre- un an en milieu naturel avec son fils de 13 ans qu'il a embarqué dans ce qu'il considère être l'aventure de sa vie. L'île qui les accueille et dont l'accès se fait uniquement en bateau ou hydravion est encore entièrement sauvage et préservée de toute intrusion humaine. Malgré l'extraordinaire beauté des paysages et la virginité de la nature, les premières ombres apparaissent rapidement au tableau tant le père se révèle mal préparé et instable. le drame couve. La situation dégénère. Et le séjour vire au cauchemar.

Bien que la tension soit omniprésente et qu'il devient rapidement évident qu'une tragédie se prépare, l'issue est aussi brutale que totalement inattendue. Je m'attendais en effet à bcp, mais pas à ça! Absolument incrédule, j'ai d'ailleurs dû relire les dernières phrases de la 1ère partie qui m'ont fait l'effet d'un coup de poing d'une violence inouie et qui m'ont laissée complètement k.o!

D'une grande noirceur, ce roman est toutefois magnifique dans ses descriptions de la nature et très réussi dans sa construction, son atmosphère et son histoire. Il fascine et il séduit mais surtout il interroge, il inquiète, il bouscule et il assomme, il dégoûte, il attriste et il révolte. C'est un livre marquant, difficile,  dont je suis ressortie lessivée et déstabilisée. Lessivée parce qu'il m'a malmenée émotionnellement, déstabilisée parce que malgré la violence qui s'en dégage, je l'ai trouvé envoûtant. A tel point qu'il va falloir que je me procure tous les autres livres de David Vann !
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