Depuis toujours, Tomé vit dans un village isolé au milieu de la forêt, au sein d'une communauté très croyante qui n'économise pas ses efforts pour faire pousser le plus de champignons possibles qui sont ensuite offerts au Tout-Puissant en échange de nourriture. Mais suite à la mort de son grand-père, Tomé décide de remettre en cause cet ordre établi, trop stricte et cruel à son goût, et commet l'irréparable. Il ne lui reste plus qu'à découvrir ce que cachent les Anciens afin de sauver son village...
Les histoire mettant en scène une communauté isolée du monde et qui n'est pas ce qu'elle semble être ne sont pas rares, mais j'apprécie ce genre de base très classique. Ici, on se doute d'emblée qu'on va découvrir un petit village, dépourvu de technologie, et soumis par une religion/un culte présenté comme bienveillant. La foi est un ressort scénaristique qui fonctionne toujours bien, et ici l'auteur l'exploite à merveille ! le fonctionnement de cette société est simple mais efficace (à l'exception de quelques incohérences sur lesquelles je reviendrai plus tard), on rentre directement dans l'histoire. Les personnages auraient pu être un peu plus creusés psychologiquement (comme Lucian qui apparait presque comme une coquille vide), mais ils sont néanmoins sympathiques et permettent de bien se rendre compte de l'ambiance qui plane sur le village.
Malheureusement, je trouve que les incohérences sont trop nombreuses, et le pot aux roses se dévoile bien trop rapidement. Avec une base très classique comme celle-là, tout l'intérêt va venir du mystère, de ce qui se cache en vérité. Mais ici, j'ai trouvé la chute bien trop classique et dénuée d'intérêt. Surtout que on se doute très vite que le village se trouve dans une grotte, vu l'absence de ciel naturel, la nuit qui est d'une obscurité absolue, le froid qui règne dans la forêt et surtout la présence des champignons.
De plus, j'ai trouvé qu'il y avait beaucoup d'incohérences. Lorsqu'il y en a quelques unes, ça n'est pas bien grave. Mais là, elles sont si nombreuses que ça casse toute logique :
- j'ai vraiment du mal à croire que les habitants ne se soient jamais rendus compte qu'ils étaient dans une caverne, qu'ils n'aient jamais vu ni les parois du cratère ni l'ascenseur (surtout que celui-ci ne doit pas être situé très loin du village vu que ce sont trois Anciens, trois personnes âgées donc, qui traînent un énorme chariot portant des kilos et des kilos de champignons)
- de même, j'ai du mal à croire que des humains et des animaux puissent vivre dans cette caverne, même avec un système qui catalyse l'énergie solaire, idem pour la flore de manière générale. La lumière du soleil est une forme de rayonnement électromagnétique, et ce sont les différentes longueurs d'onde qu'elle contient qui permet de faire pousser les plantes. Ici, tout est indirect, on ne sait même pas à quoi ressemble cette technologie puisqu'aucune explication n'est apportée, donc j'ai un peu de mal à y croire
- si une super technologie permet de catalyser l'énergie solaire de façon à ce que tout soit cohérent, on peut s'étonner qu'aucune solution n'ait été trouvé pour les champignons. Entre les masques, les combinaisons, les vaccins... l'homme est capable de se protéger de quantité de virus, du rayonnement nucléaire... mais pas d'un champignon ? Bizarre, pour moi soit la technologie est suffisamment avancée pour résoudre ces deux soucis, soit elle ne l'est pour aucun des deux, mais là ça fait un peu ''à la carte''
- les personnes âgées ou malades sont privées de traitement mais aussi de nourriture (peut-être même d'eau ?), ce qui est quand même extrêmement cruel. Que les Anciens pratiquent l'euthanasie parce que ''l'heure est venue de rejoindre le Tout-Puissant'', c'est une chose, mais ici la fin de vie doit être longue et douloureuse. Il est donc assez étonnant que personne ne se soit jamais choqué de voir un membre de sa famille agoniser dans de telles conditions
- lorsque Tomé prend la parole devant tout le village, il menace le Doyen avec un poignard... mais ça ne choque personne ?! Tout le monde le croit bien gentiment ?! Je veux bien que les villageois soient endoctrinés, mais moi si je voyais un fugitif affirmer qu'il a rencontré mon Dieu, tout en menaçant de zigouiller le plus important des prêtres, j'aurais quand même des doutes
- à la fin, on apprend que Tomé, désormais Doyen, a autorisé les villageois à planter graines, pépins et noyaux afin de pouvoir assurer la subsistance alimentaire. Bon déjà, je ne suis vraiment pas sûr que tout ça puisse pousser, mais surtout je m'étonne : en cent ans, il n'y a pas un seul pépin qui soit tombé et qui ait germé ? Les villageois n'ont jamais essayé de planter quoi que ce soit pour manger ? Et maintenant qu'ils sont ''auto-suffisants'', ils livrent toujours des champignons ou pas ? S'ils ne le font plus (parce qu'ils ne peuvent pas cultiver des champignons plus tout le reste), pourquoi la surface n'a pas coupé la lumière ?
- toujours à la fin, on apprend que Tomé a mis fin à la loi des deux enfants. le souci, c'est que cette règle pose vraiment problème justement : elle se comprend parfaitement du fait du manque de place, mais l'avortement de Ida apparaît comme particulièrement barbare. de plus, le foetus est jeté par terre comme un déchet, donc s'il n'est pas considéré comme un être vivant, pourquoi l'enterrer comme c'est le cas pour le troisième enfant de Frida ? J'ai l'impression que cette deuxième tombe est juste là pour que Tomé se pose des questions, parce que c'est assez illogique de vouloir enterrer ce qu'on considère comme un déchet. Une fois Doyen, Tomé autorise donc les femmes à avoir autant d'enfants qu'elles veulent, et le bouquin précise que la population a triplé. Mais où sont logés tous ces gens ? de nouvelles maisons ont dû être construites, mais où ? Dans la vallée ? Ça n'a pas choqué les gens que les pins du Tout-Puissant (pourtant présentés comme les arbres des esprits) soient abattus ? de pouvoir pénétrer dans la forêt des esprits ? de découvrir l'autre village avec ses cellules de prison ? Bref, l'idée n'est pas mauvaise mais elle engendre tellement de souci de logique qu'elle pose un gros souci pour moi.
En bref, c'est un roman sympa et intéressant, mais qui présente pas mal d'incohérences en plus d'une fin un peu trop évidente à mon goût.
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Au milieu d'une vallée encerclée par une forêt impénétrable, un village se retrouve soudain plongé dans l'obscurité totale : le Châtiment Obscur.
Le Tout-Puissant a privé les habitants de lumière pour les punir d'avoir profané les offrandes. Les Anciens, qui commandent au village, veillent à ce que chacun demeure chez soi en silence.
Seul Tomé sait que tout est arrivé par sa faute. Va-t-il se dénoncer ?
Aux premiers abords, on se demande où va nous mener ce court roman. Les références religieuses (pour ne pas dire le fanatisme), m'ont personnellement un peu fait peur, avant que, justement, je comprenne où l'auteur veut nous emmener. Tomé, mort de peur, et en même temps avide de comprendre les mystères qui l'entourent, décide de franchir les limites interdites et d'aller au delà de son village.
On suit avidement sa quête de vérité, et, pour ma part, je me suis laissée totalement surprendre ! J'ai aimé la tournure qui a fini par faire ressembler l'ensemble à un conte... et ce final qui reste en tête même lorsqu'on a refermé l'ouvrage.
Un très bon livre, injustement passé inaperçu selon moi.
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D'abord dubitative face aux références religieuses, on comprend très vite que l'auteur cherche à nous transporter ailleurs, au delà des à priori.
On voyage avec Tomé dans les méandres de ce qui rend chacun d'entre nous humains. Un roman qui donne à réfléchir et nous fait passer par toutes les émotions.
La curiosité est un vilain défaut... Ou pas.
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