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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il est des auteurs qui savent en quelques mots et dès le premier chapitre te prendre en otage tous les neurones de l'attention, pour ne les relâcher qu'une fois leur livre terminé. Valerio Varesi est de ceux-là et Or, encens et poussière traduit par Florence Rigollet fait, comme d'hab' parfaitement le job. Et même un peu plus.

Un épais brouillard tombé sur les environs de Parme, le cadavre calciné d'une femme enceinte découvert à la suite d'un carambolage nocturne, un camp de gens du voyage à proximité qui semble loin d'être étranger à l'affaire, un vieillard subitement décédé à l'arrière d'un car venant de Roumanie, un violeur en série qui affole la population et les décideurs locaux, et voilà notre Franco Soneri, commissaire intuitif, romanesque et récurrent, au coeur d'un labyrinthe de faits difficiles à rassembler.

Sur les traces du passé de la belle Nina qui faisait tourner les têtes et les coeurs des bourgeois de Parme, Soneri en appelle à son légendaire bon sens, aux bienfaits des coïncidences, à l'attente patiente de la bonne carte qui voudra bien sortir du paquet de poker-menteur local. Si par une surutilisation de dialogues, le rythme est plus soutenu que dans les opus précédents, Soneri ne renonce pas à rêver et à flâner dans sa ville pour y trouver les clés de ce qu'il cherche, à l'image d'un Maigret ou d'un Adamsberg (période historique) avant lui. D'autant plus que côté coeur, Angela a des états d'âme et notre Franco se révèle bien fragile - et avouons-le, un brin agaçant – face à une situation qui le prend par surprise.

Comme toujours chez Varesi, c'est la ville qui constitue le personnage phare, et il excelle à porter son regard nostalgique sur ses transformations humaines et sociétales, pour le meilleur (rarement) ou pour le pire. Ici, la peur est son sujet. Peur des étrangers, Roms ou Roumains qui s'entre-déchirent, ou marocains violeurs en série idéalement désignés. Peur d'un monde qui bascule, quand l'informatique devient l'allié n°1 du flic moderne. Peur pour soi-même, quand l'être aimé vacille et fait chavirer des certitudes hier inébranlables.

Quand on aime la littérature policière, il faut lire Varesi, surdoué du polar d'atmosphères. Et quand on n'aime pas ce genre, il faut également lire Varesi ! Parce que c'est bien plus que du polar : une plume fine, drôle, intelligente, toujours inspirée et portée par le souffle d'une époque qu'il décode habilement.
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Soneri est de retour, dé-confiné !
Soneri, commissaire de son état dans sa bonne vieille ville de Parme ne sait plus où donner de la tête.

D'abord, alors qu'un épais brouillard recouvre Parme, on retrouve non loin d'un camp de Roumains, le cadavre brûlé d'une femme.

Puis dans un bus venant de Roumanie, c'est un vieux que l'on retrouve au fond, raide mort.

Enfin, et surtout, Soneri est jaloux comme un pou. Angela, son amoureuse, qui prend un malin plaisir à se faire désirer, a un amant…Soneri veut connaître son rival, forcément !

Ce sont ces trois « dossiers » qui vont donc occuper Soneri, quand il n'est pas attablé dans son restaurant fétiche, à déguster la fabuleuse cuisine locale, arrosée comme il se doit d'une bonne bouteille, il va sans dire. D'autant que Soneri, y rencontre souvent un vieil aristo fauché au comportement pour le moins original.

C'est toujours un plaisir que de retrouver Soneri et de découvrir en sa compagnie, Parme, même sous un brouillard épais et persistant qui donne ainsi une étrange atmosphère, limite fantomatique, à cette ville que Soneri peine à reconnaître tant elle change au fil du temps.

J'aime le côté très humain de Soneri, qui dans cet opus laisse voir à tous sa fragilité sentimentale, sa phobie de l'abandon, son côté petit garçon en opposition avec le commissaire expérimenté et méthodique à qui rien ni personne ne résiste.

C'est toujours avec regret que l'on quitte Soneri dans l'attente de ses nouvelles aventures. Mais, comme j'ai plus d'un tour dans mon sac, j'ai gardé au chaud un petit dernier pour la route !


Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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Parme, une nuit de brouillard. Un carambolage monstrueux a lieu sur l'autoroute. le commissaire Soneri est envoyé sur place. Dans le chaos, le corps carbonisé d'une jeune femme est retrouvé au bord de la route. La victime, Nina Iliescu, est une immigrante roumaine dont la vie en Italie n'a laissé que peu de traces, à part une longue liste d'amants appartenant à la haute société.
De nouveau plongés dans le brouillard de Parme, le commissaire Soneri en voit de toutes les couleurs. Envoyé sur les lieux d'un carambolage sur l'autoroute, il découvre un corps carbonisé qui ne semble avoir aucun rapport avec l'accident.

De là, nous voici repartis dans un Parme envoûtant, sinuant dans ses rues aux noms chantants ponctués d'arrêts dans des endroits où on mange et boit bien, choses importantes pour aider notre commissaire à résoudre ses enquêtes. Mais là-dessus vient se greffer les tourments de sa vie personnelle avec Angela qui semble très attirée par un homme élégant et raffiné, et notre commissaire se sent bien délaissé car comme tout un chacun, le besoin d'être aimé est vital !

L'enquête et la vie de Soneri ont bien des points en commun et il trouve du réconfort auprès d'un ancien marquis qui ne manque pas de philosophie.
Enfin, après maints rebondissements , il arrivera à clore cette enquête qui lui aura causé bien des soucis.

L'écriture de Valerio Varesi est vivante, tantôt sucrée tantôt piquante mais toujours succulente et truculente dans sa façon d'analyser notre société. Encore une belle réussite.
Lien : https://collectifpolar.com/
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Service de presse



Ainsi on peut opposer roman noir et roman policier comme on l'observe ces derniers temps à la lecture de certains articles où la critique sociale au travers du fait divers définirait le roman noir tandis que la remise à l'ordre sociale au terme d'une enquête caractériserait le roman policier. Derrière cette définition un peu simpliste des genres composant la littérature noire on remarque une certaine propension à vouloir anoblir le roman noir qui deviendrait ainsi l'unique moyen d'expression permettant de dénoncer les dérives de notre monde. On ne saurait énumérer l'ensemble des romans policiers contredisant cette assertion et en ces temps troublés, où un besoin impérieux de fondamentaux et de repères nous permettant de conserver un certain équilibre, on appréciera de retrouver au détour d'une série de romans policiers un personnage tel que le commissaire Soneri dont les enquêtes dans la région de Parme permettent à son auteur Valerio Varesi de mettre en exergue les carences d'un pays dont les troubles fascistes ne sont pas encore complètement relégués dans un lointain passé. Pour ce romancier, également journaliste à La Repubblica, le roman policier est bel et bien politique puisqu'il émerge en filigrane de chaque roman mettant en scène son commissaire fétiche des relents de « peste brune » qui émergent à la surface d'une agglomération engoncée dans une voile de brume semblant ne jamais vouloir disparaître. le thème est bien présent dans le Fleuve Des Brumes (Agullo 2016), premier roman de la série, traduit en français, ainsi que dans La Pension de la Via Saffi (Agullo 2017)et bien évidemment dans Montelupo (Agullo 2018) qui met en lumière la figure tutélaire du père de Soneri, ancien partisan luttant contre les factions fascistes. Mais on ne saurait réduire les enquêtes du commissaire Soneri à une lutte simpliste des courant politiques qui secouent l'Italie pour prendre en considération d'autres problèmes sociaux laminant le pays à l'instar de la mafia dont on découvre les implications dans les régions du Nord avec Les Mains Vides (Agullo 2019), récit désespérant où les investigations du policier ne font que renforcer cette sensation de mal endémique que l'on ne pourrait résoudre au terme d'une simple enquête de police. C'est cette incertitude et ce désespoir qui habite cet enquêteur attachant dont les pérégrinations au détour des ruelles et avenues de la ville de Parme ne cessent de nous charmer et que l'on retrouve dans Or, Encens Et Poussière, nouveau roman d'une série qui n'a pas fini de nous surprendre.



Le brouillard recouvre une nouvelle fois la région de Parme provoquant un immense carambolage sur l'autoroute. Incapables de se repérer dans la brume, les patrouilles de police doivent compter sur l'aide du commissaire Soneri pour se repérer dans cette région qu'il connaît bien. Alors qu'apparaissent, tels des ombres fantomatiques, des taureaux échappés de l'un des camions accidentés et tandis que l'on devine au loin les lueurs des phares des voitures encastrées, c'est un corps calciné découvert au pied d'un talus qui va retenir l'attention du commissaire, ceci d'autant plus que le cadavre n'a rien à voir avec le carambolage qui vient de se produire. La victime, une jeune femme séduisante d'origine roumaine, avait charmé toute une série d'amants issus des hautes sphères de la ville parmesane. Séductrice damnée ou jeune femme naïve, le commissaire Sonerie va devoir composer avec les multiples facettes de cette femme fascinante qui gravitait dans la communauté des roms dont elle était issue en tentant de s'extirper à tout prix de sa condition. Un prix bien trop élevé pour Soneri qui compte bien retrouver l'auteur de ce meurtre quitte à bousculer la bourgeoisie de cette bonne ville de Parme se croyant à l'abri d'une justice bien trop aveugle.



La ville de Parme telle que décrite par Valerio Varesi n'est pas un personnage à part entière, mais une entité organique où l'on erre dans un dédale de ruelles, avenues et places qui sont autant de raccourcis, détours et voies sans issues, reflet des réflexions sinueuses d'un commissaire tourmenté, toujours en proie aux doutes et à l'incertitude quant à l'orientation de ses enquêtes et qui ne trouve l'apaisement que dans ces longues pérégrinations au coeur d'une cité embrumée ou dans les saveurs d'un bon repas chez Alceste, son ami aubergiste qui le gratifie de spécialités de la région. Or, Encens Et Poussière débute avec cette scène d'anthologie dans la campagne parmesane où l'on croise taureaux et vaches égarées dans la brume avant de découvrir un cadavre calciné à proximité d'un carambolage dantesque, non loin d'un campement de gitans. Il n'en faut pas plus pour le commissaire Soneri pour entamer une enquête chaotique où la victime opère encore de son charme sur ce policier rêveur en quête de vérité. Comme à l'accoutumée avec Valerio Varesi tout n'est que suggestion et rumeur avec cette thématique des gens du voyage qui apparaissent dans un trafic d'or commandité par quelques notables de la ville. Il n'y aura pas donc de propos pontifiant sur ces communautés avec un auteur qui préfère s'attarder sur les apparences d'une bourgeoisie dévoyée qui reste en quête de respectabilité. Dans ce registre on appréciera donc l'apparition de Sbarazza, ce noble déchu, un brin clochard qui devise avec le commissaire sur le déterminisme ou la providence nous rappelant ainsi que l'auteur a été étudiant en philosophie et que le hasard devient forcément l'un des moteurs essentiels des enquêtes de son personnage central.



Avec cette belle humanité et cette sensibilité imprégnant l'ensemble de ses personnages, Valerio Varesi s'emploie une nouvelle fois à mettre en exergue les frasques des notables d'une ville au charme indéfinissable que l'on prend plaisir à retrouver en compagnie d'un commissaire emblématique qui devient l'icône du roman policier italien. Or, Encens et Poussière, un beau titre pour un bel ouvrage qui nous enchante.





Valerio Varesi : Or, Encens Et Poussière (Oro, Incense E Polvere). Traduit de l'italien par Florence Rigolet. Agullo noir 2020.



A lire en écoutant : Ultimo Amore de Vinicio Capossela. Album : L'Indispensabile. 2003 CDG East West Divisione Warner Music Italia S.R.L.
Lien : https://monromannoiretbiense..
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J'ai aimé retrouver le commissaire Soneri, réfractaire aux nouvelles technologies, mis à part son smartphone qui le relie comme un fil de vie à son amante.

J'ai aimé ce brouillard d'automne qui nimbe certaines scènes de son aura trouble.

Dans ces pages, Soneri navigue entre camps de Roms aux abords de la ville et haute société parmesane.

J'ai aimé le personnage du marquis désargenté Sbarazza qui mange les restes de belles femmes dans les restaurants. C'est ainsi qu'il rencontre Soneri.

J'ai aimé en apprendre plus sur le passé douloureux de Soneri qui a perdu sa femme enceinte quelques années auparavant. Douleur ravivée car la jeune roumaine morte était enceinte de quelques mois.

Un roman qui montre aussi qu'il faut savoir s'arrêter et profiter du moment présent.

Quelques citations :

Personne n'est d'un seul bloc, Esposito. On prend tellement de formes, on est comme le brouillard.

C'est ainsi que le monde se renouvelle : à chaque instant. Ce n'est pas la constance qui nous fonde, mais l'instabilité, et tous ceux qui cherchent à être cohérents se font des illusions. Tout réside dans le fait d'accepter ce que nous sommes et de nous ouvrir à l'éventail immense de possibilité que la vie nous offre en permanence.

La bienveillance envers notre prochain est notre seul salit, car en fin de compte, tout ce que les hommes recherchent, c'est d'être aimés. Y compris les plus abominables délinquants. Nous sommes tous des orphelins, vous ne croyez pas ?

Nina, la seule qui ait perdu définitivement, morte dans la fleur de l'âge à cause d'un rêve de vie normale.

L'image que je retiendrai :

Celle des objets de messe en or dans la vitrine du fabricant d'objets sacrés en or, certains volés.
Lien : https://alexmotamots.fr/or-e..
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Tu les connais ces livres qui dès la première page t'embarquent et tu sais que tu vas aimer ta lecture ? Cela m'arrive très rarement mais avec Valerio Varesi c'est le cas à chaque fois. Je n'ai jamais été déçue par un de ses livres jusqu'à maintenant et ce dernier ne fait pas exception.

L'auteur te pose le décor d'une manière poétique qui te donne envie d'être à côté du commissaire Soneri. Et pourtant le décor est assez banal mais la façon qu'il a de le décrire te saisit à l'intérieur. On débarque dans la campagne près d'une autoroute où un terrible accident vient d'avoir lieu. Soneri est dépêché sur place car un campement de gens du voyage est à proximité et les autorités ont peur que les choses ne dégénèrent. On tient là déjà le thème de ce livre : la peur de l'étranger. Rien de plus actuel face aux vagues de migrants qui sont arrivés dans ce pays aux cours des deux ou trois dernières années.

Ce thème est extrêmement bien développé à travers la double enquête de Soneri mais aussi avec ce qu'il se passe autour de lui. On sent que l'auteur a dû être très marqué par ce qu'il s'est passé en Italie car il donne un peu son opinion ou sa réflexion à travers son commissaire. C'est subtil mais toujours bien amené.

La double enquête de Soneri est aussi très bien menée. Comme à chaque fois on ne voit pas les liens avant d'être arrivé assez loin dans le livre. Il faut aussi avouer qu'elle est très complexe car il y a au début très peu d'indices matériels pour l'aider. Tout est basé sur les intuitions de notre commissaire. On va aussi voir notre commissaire détester encore plus l'informatique ou tout ce qui relève de la technique. Ces moments sont toujours très drôle et mettent aussi en avant celui avec qui il travaille, Juvara.

Mais pour celles et ceux qui suivent Soneri depuis le premier livre, il y a un événement qui va nous tenir en haleine jusqu'à la fin du livre : sa relation avec Angela. Dans ce livre tout va se jouer pour ce couple atypique de part leur relation. On va craindre que cette relation ne cesse et il faudra attendre la fin pour savoir si elle va survivre. En général les histoires qui sont en second plan n'ont que peu d'intérêt sur le reste (ou du moins on ne s'y attarde que très peu) mais là pour une fois j'étais autant scotché à mon livre pour connaître la résolution de l'enquête que pour savoir si cette relation allait survivre !

Le génie de Valerio Varesi s'est encore une fois exprimé dans ce livre rondement mené jusqu'à la dernière page. C'est un conteur hors pair mais aussi un incroyable poète. Chaque détail est parfaitement ciselé. Quand il parle de nourriture j'en ai encore une fois l'eau à la bouche. Les décors dégagent un mystère et une force comme on en voit peu dans les livres. Sa maîtrise qu'il élève au rang d'art de la psychologie des personnages et captivante.

Ce livre est un coup de foudre. C'est le polar qu'il faut absolument acheté. C'est un polar à emmener cet été et qui vous causera peut être des nuits blanches.

Oui je suis amoureuse des livres de cet auteur et c'est bien l'un des rares que j'attends avec impatience chaque année.
Lien : https://leslecturesdamandine..
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C'est devenu une habitude, j'attends le prochain Valerio Varesi comme un bon cru, patiemment. Une fois en sa possession, l'ouvrir est une cérémonie, puis je le déguste, me régale de ses parfums variés et subtils . Une fois terminé, j'attends le suivant avec autant de confiance que de patience. Mon fournisseur attitré et exclusif est le même que pour tous les adorateurs de Valerio Varesi, les éditions Agullo (lesquelles, il faut le souligner, mettent à l'honneur leur traductrice en lui consacrant une page en fin d'ouvrage à l'identique d'un auteur : court CV et bibliographie. Bravo!)
Pour ceux qui ne le connaissent pas, Valerio Varesi est cet auteur italien qui a donné naissance au commissaire Soneri, son héros récurrent. Un commissaire normal, donc atypique : pas un jeunot, pas un play-boy, pas un alcoolique, pas un cow-boy, non, un type ordinaire emplit d'autant de certitudes que de doutes et qui fait marcher ses neurones sans attendre son eureka du fond de sa baignoire.
« Or, encens et poussière » est le cinquième opus traduit en français par Florence Rigollet.
Le roman commence ainsi : près d'une ville de Parme noyée dans un épais brouillard (toutes les aventures de Soneri se déroulent à Parme ou dans sa région), un carambolage paralyse l'autoroute dans la « bassa ». Une bétaillère s'est renversée, des taureaux errent dans la plaine fantomatique où Soneri flanqué de son adjoint Juvara se guide à l'instinct, aux lueurs de la civilisation, à l'odeur de pneus brûlés…
Une scène dantesque.
Une découverte macabre lancera l'enquête dans laquelle Soneri fera comme à son habitude usage de son intelligence et de sa classe. Comme à son habitude Soneri – ou Varesi, on ne sait pas très bien – promènera sur le théâtre de Parme et ses acteurs un regard amoureux, mélancolique, et désabusé. Parfois teinté de désespoir.
Tout est bon chez Varesi : décor, personnages, intrigues. Sans oublier son amour pour Parme ni la qualité des embrouilles – il ne sacrifie rien, c'est pour ses personnages que j'ai un faible. Je pense que lui aussi. Là où d'autres ont recours aux caricatures, aux archétypes, Valerio Varesi peint tout en délicatesse et profondeur, il cisèle, il polit, et donne vie à des personnages aux nuances complexes et vraies, aux antipodes des brutes épaisses ou de ces sacs à vin qui tendent à encombrer l'univers du polar.
L'un d'entre eux, le personnage de Sbarazza (qui n'est pas sans rappeler celui de Gondo dans « Les mains vides « , autre roman de Varesi) tient une place centrale, un sorte de point d'ancrage pour Soneri qui contrebalance celui défaillant d'Angela, sa compagne qu'il se voit perdre. Personnage digne d'intérêt, sorte d'aristocrate déchu qui promène sur le monde et ses pairs un regard aiguisé et sensible, les joutes verbales entre les deux hommes sont un pur régal. Comme le sont les dialogues avec Angela, d'une grande finesse.
Quand Angela le plonge dans des affres – elle a un amant et ne lui apporte aucune certitude dans ses décisions futures – Soneri trouve auprès de Sbarazza non pas du réconfort mais un apaisement à travers les propos subtils, plein de bon sens et d'humanité. Et l'on se dit qu'une fois encore, comme avec le Gondo des « mains vides », Valerio Varesi laisse le soin aux pauvres de redonner un peu d'humanité à cette société – car tout part à vau-l'eau dans ce bas-monde parmesan : drogue, prostitution, trafics en tous genre – un peu comme si les nantis en étaient devenus définitivement incapables.
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« Or, encens et poussière » est un bon polar !
Un meurtre atroce, un flic entre deux âges et un peu bourru, une kyrielle de personnages plus ou moins suspects, une histoire d'amour sur le déclin, tous les ingrédients sont réunis pour faire de cette lecture un moment très agréable.
Mais je crois que ce que je retiendrais c'est le talent de Valerio Varesi pour raconter Parme, l'hiver, noyée dans le brouillard. Parme et sa petite bourgeoisie qui rejette et accuse ceux venus d'ailleurs, comme ces Roumains venus chercher en Italie une maigre fortune, comme Nina qui aspire à une vie meilleure et dont le corps sans vie est retrouvé brûlé. le récit est tour à tour poétique, critique, philosophique. le premier chapitre à lui seul est un morceau de bravoure qui nous plonge dans une ambiance unique.
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Il est dans le brouillard le mélancolique et attachant commissaire Soneri : au sens météorologique dans le magnifique début du roman , dans une enquête embrouillée et surtout dans ses rapports avec Angéla sa compagne qui semble avoir des envies d'ailleurs. Varesi tresse ces éléments avec une virtuosité remarquable . Avec toujours un environnement social (pauvreté, immigration) décrit avec une particulière acuité. Une réussite.
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Or, encens et poussière - Valerio Varesi

Agullo Editions, 28 mai 2020

Mon petit avis

De nouveau plongés dans le brouillard de Parme, le commissaire Soneri en voit de toutes les couleurs. Envoyé sur les lieux d'un carambolage sur l'autoroute,  il découvre un corps carbonisé qui ne semble avoir aucun rapport avec  l'accident.

De là, nous voici repartis dans un Parme envoûtant, sinuant dans ses rues aux noms chantants ponctués d'arrêts dans des endroits où on mange et boit bien, choses importantes pour aider notre commissaire à résoudre ses enquêtes. Mais là-dessus vient se greffer les tourments de sa vie personnelle avec Angela qui semble très attirée par un homme élégant et raffiné, et notre commissaire se sent bien délaissé car comme tout un chacun, le besoin d'etre aimé est vital !

L'enquête et la vie de Soneri ont bien des points en commun et il trouve du réconfort auprès d'un ancien marquis qui ne manque pas de philosophie.

Enfin, après maints rebondissements , il arrivera à clore cette enquête qui lui aura causé bien des soucis.

L'écriture de Valerio Varesi est vivante, tantôt sucrée tantôt piquante mais toujours succulente et truculente dans sa façon d'analyser notre société. Encore une belle réussite.

À propos de l'auteur (2020)

VALERIO VARESI est né à Turin le 8 août 1959 de parents parmesans. Diplômé en philosophie de l'Université de Bologne, journaliste notamment à La Stampa et La Repubblica, il est l'auteur de treize romans mettant en scène le commissaire Soneri, dont le Fleuve des brumes, La Pension de la via Saffi, Les Ombres de Montelupo et Les Mains vides parus aux éditions Agullo. Les enquêtes du commissaire Soneri, amateur de bonne chère et de bons vins parmesans, sont traduites en huit langues.
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