Un commissaire Adamsberg pas comme les autres que nous décrit
Fred Vargas en ces termes:
« Danglard surveillait la montée du taux de flou dans les yeux bruns du commissaire et lui serrait le bras quand celui-ci atteignait la cote d'alerte. Ce qu'il venait précisément de faire. Adamsberg comprenait ce signal et revenait parmi les hommes, quittant ce que certains auraient nommés un état d'hébétude, et qui était pour lui une issue de secours vitale, où il perquisitionnait en solitaire en des directions innommées. » (Page 82)
Adamsberg mène ses enquêtes d'une façon très particulière, à l'opposé de Danglard son coéquipier : «Il (Danglard) grignotait donc patiemment ses doutes, en même temps que les extrémités de ses crayons dont il faisait une consommation de rongeur.
Adamsberg développait une théorie inverse à celle du grignotage, posant que la somme d'incertitudes que peut porter un seul homme dans un même temps ne peut pas croître indéfiniment, atteignant un seuil maximal de trois à quatre incertitudes simultanées. Ce qui ne signifiait pas qu'il n'en existait pas d'autres, mais que seules trois à quatre pouvaient être en état de marche dans un cerveau humain. Que donc la manie de Danglard de vouloir les éradiquer ne lui servait à rien, car sitôt qu'il en avait tué deux, la place se libérait aussitôt pour deux nouvelles questions inédites, qu'il n'aurait pas connues s'il avait eu la sagesse d'endurer les anciennes. » (Page 49)
Ces deux personnages si différents n'en sont pas moins très proches et leurs raisonnements et leurs échanges nous permettent de suivre leur enquête « inside »
Adamsberg, c'est un homme jamais sûr qui se méfie en permanence des logiques et des évidences et qui fait plus confiance à ses impressions. C'est un drôle de flic avec de drôles de méthodes. Mais sa personnalité si différente, caractérise les romans de
Fred Vargas.
Pour entrer dans ce type de polar il faut prendre le temps d'apprécier les belles citations distillées au long de l'enquête. Ce n'est pas un page turner.
« Une personne qui détient un secret, un secret si important qu'elle a juré sur ses grands dieux ou la tête de sa mère de ne jamais le confier à quiconque le dit obligatoirement à une autre personne. Personne, sauf exceptions rarissimes, ne parvient à conserver un secret pour lui seul. Plus le secret est lourd et plus la règle vaut. »
J'ai apprécié sa théorie de l'eau et des galets :
« Rendez-vous compte de l'infinie patience de l'eau qui passe sur ces galets. Et eux qui se laissent faire, alors que la rivière est en train de manger toutes leurs aspérités, l'air de rien. A la fin c'est l'eau qui gagne. » (Page 50)
L'histoire, bien ficelée sert surtout de support à une belle écriture. Je ne la raconterais pas, cela ne se fait pas !
J'ai bien aimé l'écriture de
Fred Vargas et remercie l'amie qui me l'a faite connaître.