Dans ce premier opus (le bouquin date de 1991, j'aime bien commencer par le début quand je tombe sur un auteur qui me plait),
Fred Vargas, en plus d'une enquête, nous présente à ses personnages. Tout d'abord le commissaire Adamsberg, une sorte d'autiste sans autisme, mais pas très ouvert quant aux autres, et torturé par une vieille histoire d'amour avec Camille Forestier. Ensuite son adjoint, Adrien Danglard, qui lui aussi a une vie amoureuse compliquée, et une vie familiale bien remplie puisqu'il élève seul 4 enfants. Viennent ensuite des personnages propres à cette histoire,
Mathilde Forestier, océanographe réputée et surtout mère de Camille et son locataire, un dandy aveugle et terriblement désagréable, Charles Reyer.
Le style, sans être fabuleux, convient parfaitement à l'histoire. Il est comme un ronronnement qui nous accompagne tout le long du récit et nous faire mieux entrer dans la peau de Adamsberg. Lui-même est un être minéral, qui prend son temps dans les choses qu'il fait. La vie, les gens, les évènements passent, les meurtres l'imprègnent, et par un mécanisme complexe finissent par s'assembler et aboutir à la solution de l'enquête. Tout ça avec une nonchalance entretenue par le personnage, toujours en décalage, et par l'atmosphère bâtie par l'auteure. Tout concours à nous bercer.
Ce que j'ai aimé ou pas
Les rebondissements sont nombreux et les fausses pistes plus noueuses qu'un sac de cordes. Avec comme un refrain obsédant ces cercles bleus tracés nuit après nuit sur les trottoirs parisiens. Entourant soit un objet du quotidien, soit d'un cadavre.
Au-delà de l'enquête, c'est surtout le commissaire Adamsberg le clou de l'histoire. En effet, on se dit que dans la réalité un tel énergumène aurait vite fait de se faire débarquer de la police. Pourtant, on ne peut pas s'empêcher de lui souhaiter du succès et surtout de ne pas descendre de son nuage.
Ce personnage trop particulier peut rebuter plus d'un lecteur, même si de mon côté je l'ai vraiment apprécié. L'autre chose qui peut déranger dans ce roman ce sont les nombreuses parenthèses ouvertes par Vargas pour donner des détails sur la vie de ses personnages. À force cela peut énerver le lecteur friand de rebondissements. Ainsi l'enquête à proprement dit débute assez tard. Étant un grand lecteur de
Dostoïevski, j'aime les longs portraits et les monologues intérieurs. Cette particularité chez Vargas ne m'a donc pas gêné, au contraire.
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