La première chose que l'on peut dire sur les romans de
Fred Vargas, c'est qu'elle a un univers bien particulier et un style bien à elle pour le faire passer. On aime ou on n'aime pas, tout est une question de goût.
Je dois avouer que j'ai eu un peu de mal à rentrer dans le livre : la plupart des personnages qu'elle fait évoluer dans son monde ont tous un grain, sont tous un peu déjantés. Chaque particularité, qualité ou défaut, est poussée jusqu'à son extrême et peut provoquer parois un malaise chez son lecteur : on a tendance à d'abord ce dire que tout cela est bien trop mis en scène, que personne n'agit véritablement comme ça. Et puis, en réfléchissant bien, en se laissant flotter avec l'histoire, on se rend compte que Vargas ne fait que décomposer des modes de pensées ou de réflexion, qu'elle s'attarde sur ce qui d'habitude laisse froid faute de temps suffisant pour s'y appesantir. Un peu comme ces vieilles séquences cinématiques qui décomposent les mouvements d'un homme qui court. Bref, tout cela dénote un imaginaire bien particulier face auquel j'ai dû me faire personnellement violence pour pouvoir y rentrer car c'est très loin de mes propres schémas d'analyse et de pensée.
Le début du livre est très lent à mon goût, mais visiblement, il s'agit du premier opus où elle met en scène le commissaire Adamsberg et l'inspecteur Danglard : il faut donc poser les marques. Cela se fait dans la lenteur, l'introspection, l'analyse constante. Beaucoup de narratif et de style indirect libre pour rentrer dans la tête des personnages. Au final, ce sont deux bonshommes particuliers, des êtres réalistes mais attachants. Pas du tout le type de détective glamour et ténébreux des séries policières habituelles.
L'intrigue met donc par la même occasion un peu de temps à décoller. Je l'ai trouvé vraiment intéressante vers la fin du livre, quand tous les éléments commencent à se mettre en place, que les pièces du puzzle commencent à s'imbriquer les unes dans les autres et que l'on commence peu à peu à comprendre toute l'histoire. Et là, je dois reconnaître que
même si ça fait plaisir enfin de se faire avoir avec un bouquin, de se faire
réellement surprendre par l'identité du coupable, cela est fait en
dépit de toutes les accords tacites qui unissent un écrivain de polars
et son lecteur : Adamsberg réagit de manière très intuitive (trop ?), et le
lecteur n'a pas toutes les pistes et les éléments pour pouvoir mener
son enquête en parallèle. C'est un peu dommage.
Je pense que je lirai d'autres livres de
Fred Vargas, mais j'espère que je n'aurai pas autant de mal à pénétrer dans son univers et que, une fois la surprise de la découverte passée, je pourrai sympathiser avec la série de cet auteur.
Terminé le 12 novembre 2006.