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3,97

sur 318 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voici un livre très agréable à lire, bâti sur le principe d'un chapitre dévolu à Flora Tristan immédiatement suivi d'un chapitre consacré à Paul Gauguin. Cet ouvrage est à composante essentiellement biographique où l'on sent les heures de recherches de l'auteur sous chaque ligne.

Mario Vargas Llosa a pris le parti de raconter les vies de la grand-mère et du petit fils quasi in extenso mais en basant son roman sur les points d'orgue de leur vie respective ; à savoir, pour Flora Tristan, son tour de France en vue de la constitution de l'union ouvrière et pour Paul Gauguin son séjour en Polynésie française tantôt à Tahiti tantôt aux Marquises.

Partant de ces points d'appui, l'auteur utilise les flashbacks pour raconter la vie antérieure de ses personnages ; Flora Tristan, militante féministe, pré-syndicaliste et femme de lettre dont l'idéal est l'union internationale de tous les opprimés (chômeurs, ouvriers, femmes) en vue d'infléchir les bourgeois et de leur offrir des conditions de vie meilleures. D'autre part, Paul Gauguin (est-il besoin de le présenter ?), peintre post impressionniste taraudé par le déclin de l'art occidental et en quête de l'art brut, primitif, non perverti.

L'un et l'autre, avec des personnalités et surtout des moralités assez différentes poursuivent leur idéal jusqu'à la mort, quitte à en payer le prix, souvent lourd. La partie Gauguin a le mérite d'attirer l'attention sur certains tableaux pas nécessairement les plus connus ou bien de donner l'état d'esprit du peintre lors de leur élaboration.

Ce livre est solide, très léché, bien construit (toujours un peu la même mécanique qui peut éventuellement lasser à la longue) mais il m'a probablement manqué le petit supplément d'âme, le minuscule truc volatil et indéfinissable que l'on ressent en lisant ce qui, dans notre panthéon propre, constitue un pur chef-d'oeuvre et qui ici m'a fait défaut, d'où mes 4 étoiles au lieu de 5, mais ceci, n'est bien sûr que mon avis, un peu plus loin, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Pas de doute, Mario Vargas Llosa est un vrai grand écrivain, avec une personnalité littéraire et un style bien à lui. Pas de doute non plus, il peut être profondément dérangeant, en tout cas il l'a été ici pour moi dans sa façon d'inventer la vie, les pensées et les secrets de personnages réels.

Car 'Le paradis, un peu plus loin' est une double biographie romancée, celle de Flora Tristan, militante socialiste et féministe des Années 1840, et celle de son petit-fils, le peintre Paul Gauguin, dans les dernières années de sa vie en Polynésie. Les chapitres s'attachent alternativement à chacun de ces deux personnages, décrivant sa vie quotidienne, ses voyages, ses rencontres, sa maladie, mais aussi ses rêves, ses pensées ou son intimité amoureuse.

Et c'est là que le bât blesse à mon sens, parce qu'il y a une profusion de détails très précis, mais forcément imaginés : les hallucinations de Gauguin pendant son agonie, les doutes de Flora face à ses soupirants ou ses amies, les scènes de sexe avec des Maori(e)s... Même s'ils sont cohérents avec la personnalité et la vie des personnages, ils ne sont pas 'vrais', alors que Flora et Gauguin l'ont été, et pas qu'un peu !

Disons que le livre est très intéressant, instructif, riche, vivant, mais que le biographe ne s'est pas complètement effacé derrière ses héros. On retrouve en effet ses thèmes de prédilection : le sexe (je ne pense pas être prude, mais Vargas Llosa est un peu obsédé), l'égoïsme et la froideur (sa Flora et son Gauguin sont pétris d'idéaux, mais incapables d'aimer quelqu'un au quotidien), l'histoire du Pérou...

Un livre hors du commun, donc, et un livre qui compte triple, comme au Scrabble : pour le Challenge ABC, pour le Challenge Nobel et pour le Challenge Pavés de Gwen21 (5/xx)
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Deux histoires, deux destins hors de l'ordinaire. D'un côté, il y a Flora Tristan, d'origne vaguement espagnole, épouse la cause ouvrière, milite pour les droits des moins fortunés et, surtout, des femmes. Elle voyage à travers la France du début du 19e siècle pour convaincre les travailleurs de joindre son mouvement et les propriétaires d'offrir de meilleures conditions de travail à leurs employés. de l'autre côté, le peintre postimpressionniste Paul Gauguin, qui chercha le succès à Paris puis l'inspiration aux iles Marquises. Dans tous les cas, deux individus à la recherche d'un idéal : le paradis un peu plus loin.

La narration alterne entre les deux trames, un chapitre étant dévoué à Flora et l'autre, à Paul. le lien entre les deux ? La première est grand-mère du deuxième. Et un destin exceptionnel, bien sûr, ces êtres sont deux étoiles avant-gardistes au caractère impétueux. Était-ce suffisant pour les unir dans ce roman ? Je me le demande encore. À quelques reprises, le lecteur peut établir des liens entre les deux histoires, elles se rejoignent parfois. Mais je me serais attendu à plus de ce côté.

Et pourquoi Mario Vargas Llosa a tenu à écrire cette histoire ? Après tout, ce n'est pas comme si Flora Tristan est un personnage si connu et son petit-fils ne l'a pas connu. C'est peut-être qu'un épisode de sa vie se déroule au Pérou, le pays d'origine de l'auteur. Après avoir milité en France avec assez peu de succès, Flora se retrouve sans mari et sans argent, désespérée, alors elle se tourne vers l'Amérique du Sud d'où son père était originaire et elle espère obtenir sa part d'héritage. Décidément, toute sa vie, elle aura lutté pour les droits des autres ou les siens. Au moins, ces passages auront été appréciés après plusieurs chapitres répétitifs (et parfois longs) sur son combat en France.

Pareillement pour les séjours de Gauguin en Polynésie. le peintre vit des moments de bonheur à Paris, il fonde un foyer avec Bette mais elle le quitte, il se retrouve sans le sou (ça vous semble familier ?) alors il doit s'exiler. Ce changement de décor et tout l'exotisme qui vient avec les îles Marquises, c'est également apprécié. On découvre des gens et une culture différente et la façon dont ils ont influencé sa peinture. Ce que j'ai moins compris, c'est pourquoi l'auteur passait parfois à la 2e personne pour s'adresser à ses personnages (ou donner cette impression au lecteur pour souligner des traits de Flora et Gauguin). Était-ce nécessaire ?

Avec le paradis un peu plus loin, le lecteur se retrouve avec un roman historique mais sans la lourdeur qui vient parfois avec ce type d'ouvrages. Les paysages, les décors sont décrits avec beaucoup de réalisme. Comme des peintures ! Mais, au final, ce qu'on retient surtout, c'est ces deux êtres hors normes. Deux êtres incompris en lutte contre les autres, contre les conditions de vie pénibles, contre la misère et la pauvreté, contre le manque d'inspiration. Parfois même contre eux-mêmes.
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Ce n'est pas une, mais deux biographies que nous offre Vargas Llosa dans cette promesse de Paradis qui se dérobe toujours, un peu plus loin, devant les surhumaines ambitions de ses deux protagonistes : d'un côté Paul Gauguin qui au tournant du siècle a jeté sa vie bourgeoise par dessus bord pour une traversée difficile vers sa véritable nature d'artiste et la recherche d'un art primal; de l'autre, Flora Tristan sa grand-mère, qui cinquante ans plutôt a elle aussi rejeté l'esclavage conjugal avec un courage qui force le respect pour l'époque, et jeté toutes ses forces dans un combat politique pour un socialisme utopique rassemblant dans une même cause les femmes et les ouvriers.
Ces deux-là ne se croiseront jamais mais beaucoup de ponts les relient: leur idéalisme, leur anticonformisme, la force de leur foi dans leur vocation.
Le roman alterne les chapitres dédiés à l'un et à l'autre, et pour l'un comme pour l'autre j'ai eu grand plaisir à vivre cette expérience de lecture augmentée, soit par l'image pour découvrir un à un les tableaux tahitien de Gauguin, soit par le texte pour apprendre le fourriérisme, les saint-simonniens et tous ces courants sociaux idéalistes qui ont marqué l'époque De Balzac alors qu'un capitalisme sans foi ni loi dominait les sociétés bourgeoises européennes, maintenant les peuples dans une misère noire.
Beaucoup appris, beaucoup vibré avec ces deux êtres incandescents que l'auteur anime d'un formidable souffle romanesque dans ce livre éclatant de couleurs et chaud comme la braise.
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"Le paradis n'est pas de ce monde, et probablement pas non plus d'un autre" dit Vargas Llosa. C'est ce qu'évoque le titre de ce livre, le paradis, un peu plus loin : la vanité des utopies et la belle fécondité des combats perdus d'avance.
Mario Vargas Llosa entrecroise la communauté de destin de Flora Tristan militante socialiste et féministe de la première moitié du 19ème siècle et celle de son petit-fils Paul Gauguin, peintre post-impressionniste de la seconde moitié du même siècle, dans une biographie fictive et psychologisante, tous deux rattachés à l'auteur par l'origine péruvienne du père de Flora Tristan. L'auteur met en scène Tristan et Gauguin sous un signe binaire : deux spectaculaires et excentriques transgresseurs de l'ordre, deux passionnés utopistes chercheurs de paradis, deux tragiques figurants de l'Histoire pour deux échecs, deux visionnaires millénaristes, deux mystiques inconsolables. Un double visage, une même origine : deux personnages à la recherche d'un seul auteur.

Le propos de Vargas Llosa n'est surtout pas de retracer leurs parcours biographiques puisqu'il fictionnalise leurs vies, réinterprète les documents et imagine leurs désirs depuis sa position d'auteur et son expérience. En effet, ce livre appartient à la deuxième phase romanesque de son oeuvre ou l'auteur se détache de la vision sartrienne de la littérature pour dénoncer la vanité des idéologies tout en gardant une conviction intime du pouvoir de l'écriture comme mode de connaissance qui défie le réel.
Derrière ce livre, le romancier cache l'essayiste et les nombreuses références à ses essais publiés pendant la rédaction de le Paradis, un peu plus loin sont récurrentes, livrant l'objectif poursuivi par Vargas Llosa, notamment les essais "Littérature et politique, deux visions du monde", "Le paradis invivable" et enfin "L'odyssée de Flora Tristan", tous parus en 2002.
Vargas Llosa reprend en hommage à Octavio Paz sa théorie de "la tradition de rupture" politique et artistique qui culmine au 19ème siècle et dont les agitations modernes du 20ème sont les héritières, pour dresser un portrait de Tristan et de Gauguin en rupture avec l'ordre social et esthétique. L'auteur évoque également la rupture autour du thème de la sexualité, tant féminine que masculine des deux portraits. Il les place également à contretemps de leur époque, dépourvus de géographie et en tension entre eux deux : l'une cherche le salut dans un progrès social, l'autre dans un retour au primitif, chacun porteur d'une utopie qui mènera au totalitarisme et l'autre au nihilisme. L'une use d'un prosélytisme tourné vers les masses quand Gauguin est un prosélyte solitaire tourné vers l'intérieur. Intégrant largement dans ce récit les essais cités ci-avant, il tente de montrer combien l'utopie comme monde parfait est fermée et périlleuse et, à l'opposé, combien l'imperfection du monde reste ouverte.

Si l'auteur a un attachement réel et une admiration pour Tristan et Gauguin, c'est bien son propre parcours politique et utopiste qu'il juge entre les lignes, depuis sa période de jeunesse où il fut un inconditionnel castriste puis un dénonciateur de dictatures et enfin un libéral. Comme le commente avec humour Mario Vargas Llosa à propos de ce livre, "l'essayiste ne doit pas renoncer à son interprétation des devoirs du romancier : l'autocritique".
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Très belle découverte que ce gros roman de Vargas Llosa paru en 2003. Auteur péruvien, il a reçu le Prix Nobel de littérature en 2010 "pour sa cartographie des structures du pouvoir et ses images aiguisées de la résistance de l'individu, de sa révolte et de son échec".
Je l'avais découvert il y a plusieurs années, avec une histoire plus légère : "Tante Julia et le Scribouillard" (1980), mélange d'éléments autobiographiques et de radio-novelas.

Dans une parfaite alternance des chapitres, ce "Paradis" raconte les chemins de vie de Flora Tristan, féministe franco-péruvienne dans les années 1840, et du célèbre peintre Paul Gauguin vers 1895/1900. Ces 2 personnages bien réels ne se sont jamais rencontrés mais sont liés par les liens du sang, Flora étant la grand-mère de Paul, décédée (1844) avant sa naissance (1848).

L'auteur raconte les dernières années de la vie de Flora, où elle avait choisi de se consacrer exclusivement à la politique, à la défense et à l'amélioration des conditions de vie des ouvriers et des femmes. Même si ces chapitres m'ont paru quelque peu arides au début du livre, compte tenu de mon ignorance totale des courants de pensée de l'époque (Saint Simon, Charles Fourier), l'évocation de la vie de Flora par flash-back successifs m'a ensuite passionnée : condition de la femme à l'époque, son voyage au Pérou, sa prise de conscience politique et son implication totale pour faire évoluer les choses au détriment de sa propre santé.

Concernant Paul Gauguin, l'auteur s'attache aux années passées à Tahiti, puis aux Marquises jusqu'à sa mort, à la recherche d'une totale liberté et de l'étincelle créatrice nécessaire à sa peinture. Ces chapitres consacrés au peintre sont aussi le prétexte à raconter son parcours atypique : emploi lucratif à la Bourse et vie de famille bourgeoise avant de tout quitter pour la peinture, l'école de Pont-Aven, son amitié et ses projets utopiques à Arles avec le "Hollandais fou" (Van Gogh) avant son "exil" délibéré en Polynésie.
Chaque chapitre explique le contexte de la création d'un tableau, l'idée qui surgit et la folie impérieuse du geste de peindre. J'ai trouvé çà vraiment fabuleux et je n'avais qu'une hâte à chacun de ces chapitres : aller voir sur Internet le tableau en question !!

En conclusion, un livre parfaitement documenté sur 2 personnages aux multiples facettes, attachants et aux parcours incroyables dans leur quête d'idéal, où la politique et l'art sont finement entrelacés.
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Le Paradis, un peu plus loin. Un livre assez agréable à lire, bien construit, bien écrit, intéressant aussi. La vie de Flora Tristan et la vie de Paul Gauguin sont mouvementées et bien remplies. La description de la déchéance physique de Paul Gauguin est assez longue et très détaillée. J'ai offert ce livre à une amie qui m'a dit l'avoir lu en parallèle avec un album des peintures de Gauguin.
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LE PARADIS, UN PEU PLUS LOIN de MARIO VARGAS LLOSA
En 1803, naît à Paris, Flora Tristan. En 1903, meurt aux Marquises Paul Gauguin. le rapport entre les deux? Flora est la grand-mère de Paul, militante féministe. Pourquoi Llosa a t il choisi cette féministe, pas la plus connue, pas la plus emblématique du mouvement ? le lien avec Llosa c'est Arequipa, sa ville natale et également les racines familiales de Flora et donc de Paul.
Llosa va renommer Flora, Florita l' Andalouse et Paul, Koké le Maori et va égrener leur histoire en alternant les chapitres. Deux êtres qui cherchent le Paradis mais qui trouveront une vie bien laborieuse. Deux biographies passionnantes qui nous font découvrir bien des aspects inconnus ( pour moi en tout cas) de la vie de Gauguin, de ses amitiés et bien sûr la totale découverte de cette femme courageuse féministe du début du 19 ème siècle qui sillonnera la France pour porter sa parole novatrice pour l'époque. Encore une réussite de Llosa.
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Paru en 2003, le Paradis - un peu loin relate la quête de Gauguin d'une société primitive idéale à Tahiti à partir de 1892, puis aux Marquises, avec des retours à l'époque de Pont-Aven et à Paris où naît tardivement la vocation de l'artiste alors agent de change à la Bourse.

Mario Vargas Llosa, écrivain péruvien, prix Nobel de Littérature en 2010, nous fait découvrir la vie de Koké le Maori et le contexte de la conception de plusieurs de ses oeuvres comme Manao Tupapau, le Sorcier d'Hiva Oa, Vision après le Sermon ou Cavaliers sur la plage.

le Pérou n'est pas loin non plus, puisque dans le second roman enchâssé Mario Vargas Llosa nous raconte l'histoire d'une des premières féministes, Flora Tristan, la grand-mère de Gauguin, descendante d'une famille noble d'Arequipa et auteur notamment de Pérégrinations d'une paria en 1837 ou L'Union ouvrière en 1843. On suit Florita dans son Tour de France alors qu'elle part à la rencontre des ouvriers et organise des débats pour les convaincre de s'organiser et d'allier leur combat à celui des femmes.

Un beau double roman donc, très instructif.
Lien : http://partageonsnoslectures..
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Ce livre narre la fin de vie de Flora Tristan et celle de son petit-fils Paul Gauguin et leurs dernières pérégrinations. le titre est emprunté au jeu au cours duquel l'enfant "puni" s'entend répondre cela.
Il s'agit de deux êtres visionnaires, modernes avant l'heure, aux vies fort différentes mais cependant tous deux fuyant les conventions et la routine de leurs époques.
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