Mon 2e Vargas après un déceptif
Pars vite et reviens tard lu il y a 18 ans. Et 18 ans, c'est la majorité, on a grandit, on a appris à lire, à ne pas rester sur une mauvaise impression donc suite à une chronique passionnée et dithyrambique d'un copain , je me suis dit qu'il était temps de redonner sa chance à cette auteur que j'avais définitivement mise de côté dans ma PAL.
Après 9h de lecture, j'ai terminé
Quand sort la recluse, la dernière aventure en date du commissaire Adamsberg.
Et c'est là que je me dis qu'il y a 18 ans, je ne savais vraiment pas lire. Car le style, l'histoire, le rythme... Tout est fait pour me plaire ici !
Ca démarre sur 3 enquêtes dont 2 torchées en 1 chapitre chacune. Et la 3e n'était qu'embrionnaire et perdue dans des scènes lentes installant seulement le décor au départ ; mais c'est pourtant cette histoire qui va déclencher cette irrésistible envie de tourner les pages et enchaîner les chapitres bien équilibrés.
Fred Vargas est de celles qui vont nous raconter une histoire. Mais une vraie ! Pas une enquête toute bête avec des personnages manichéens dont on saura rapidement s'ils font partie des gentils ou des méchants. Non, une histoire nette, fluide mais difficile, sur un sujet original et bien traité. Surtout quand on sait que son plaisir n'est pas d'être en phase avec la réalité mais en phase avec la réalité qu'elle crée. Tout semble plausible ici.
L'histoire maîtresse est portée par des petites bêtes au départ presque inoffensives et qui, à chaque fois qu'un pas en avant est fait sur une possible explication, se voit stoppée nette car la piste est mauvaise ou impossible.
D'habitude, je n'aime pas les histoires avec trop de personnages. Et la brigade, les suspects, les victimes et l'entourage d'Adamsberg en regorgent ! Au final, je n'ai rien perdu en compréhension, bien au contraire.
J'ai trouvé que les pistes et avancées dans l'intrigue étaient très rapides et je me suis surpris plusieurs fois à me dire que ça allait trop vite par rapport au nombre de pages restantes. Mais non ! Car l'astuce de
Fred Vargas est justement de nous faire croire qu'on avance et puis non, c'est juste pour servir l'aspect ténu de cette enquête sur une dizaine de meurtres quasi-parfaits. Tout semble s'enchaîner facilement mais l'intrigue est vraiment tordue et intelligente. Seul petits regrets : d'un côté, Adamsberg fait ses plus grandes avancées grâce à d'autres personnes ; ce sont elles qui lui posent les questions que lui-même, en tant que commissaire, devrait se poser. Et de l'autre côté, trop de liens avec la propre enfance d'Adamsberg qui laisseraient penser, à tord, que cette enquête hors-norme est celle de sa vie et que personne d'autre n'aurait pu arriver à tout découvrir.
Quoiqu'il en soit, j'y reviendrai, c'est certain car les touches d'humour de cette brigade ne m'avaient pas autant marqué à l'epoque. Mais bon, j'étais jeune (en tous cas, une majorité de plus que maintenant) et probablement, en terme de lectures, étais-je un peu... reclu.
Voici un excellent 8/10 dans mon échelle de goût. Et une furieuse envie d'en entamer un autre. Et dans l'ordre pour comprendre les attitudes, bulles de proto-pensées et autres tourments d'Adamsberg.