C'est peu dire qu'on l'attendait avec impatience ce nouveau roman de
Fred Vargas, polar mi-animalier aux allures de conte. Mais quelle déception de ne pas retrouver la plume alerte de l'autrice au service d'une intrigue bizarroïde et jubilatoire qui a fait son succès. Ce gros pavé tortueux et tarabiscoté est aussi indigeste qu'une tortilla au beurre salé. Qu'a-t-il pu arriver à l'autrice ? Pour le coup, me voilà inquiète.
J'imagine qu'elle n'avait pas une envie folichonne de l'écrire, ce polar, mais j'imagine fort bien son éditeur lui mettre le couteau sous la gorge, et pas n'importe quel couteau ! Un Ferrand à trois rivés dorés, parfait pour l'arme du crime. Puis, d'un ton tranchant comme un Ferrand, il lui ordonne de le pondre fissa, ce polar. D'où l'idée de l'oeuf dans la main des victimes. Mais Fred a beau s'allonger
sur la dalle du dolmen, l'inspiration la boude. Lassé de ne rien voir venir, l'éditeur finit par séquestrer Fred dans un manoir breton, il la met au pain sec et à l'eau. Affamée, elle imagine alors des repas roboratifs, une cuisine en dehors des sentiers battus et trouve ainsi le personnage de Johan qui lui concocte des gratins de brocolis au roquefort avec force rasades de chouchen.
Regardant le jardin par la fenêtre de son manoir,
Fred Vargas, voit les roses fragiles se balancer dans le vent et voilà comment apparait la fillette nommée Rose.
Lorsque l'éditeur passe le soir pour voir l'avancement du chantier, il marche sur l'ombre de Fred sous la lampe, ce qui l'agace, il pourrait blesser son âme. Ainsi naissent les « Ombreux », sorte de loge secrète en lutte contre les « ombristes » qui piétinent leurs ombres.
L'histoire partait pourtant bien partie avec son lot de légendes, son menhir, son fantôme bancroche et son sosie du vicomte
De Chateaubriand sans parler du clan des ombristes pétris de superstitions. Oui, il y avait matière pour passer un bon moment de lecture mais j'ai eu du mal à suivre Mathieu, Adamsberg, Retancourt, Veyrenc … sur la piste de malfrats méchants comme des teignes.
On trouve tout un bestiaire, comme il est coutumier chez l'autrice, et c'est un hérisson blessé qui ouvre le bal aux chiens, chats, et même un âne. Mais la bestiole qui tient le haut du pavé, c'est la puce qui pique même les morts ! Curieux lorsqu'on sait que c'est le gaz carbonique dégagé par la respiration qui les attire. Bon, passons, on n'en est plus à une excentricité prés.
«
Sur la dalle » m'a laissée, hélas, de marbre.
Allez, je ne lui en veux pas ...et j'attends son prochain roman!