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Héloïse Esquié (Traducteur)
EAN : 9782226455741
336 pages
Albin Michel (08/02/2023)
4.12/5   4 notes
Résumé :
À Stockton, Californie, les temples bouddhistes et les épiceries cambodgiennes ont fleuri depuis l'arrivée massive de familles ayant fui leur pays et le régime génocidaire des Khmers rouges. Dans cette ville entre Asie et Amérique, on croise ainsi des bonzes, de vieilles tantes intrusives et des adolescents mortifiés par l'ennui, tout un monde d'histoires passées sous silence, de désirs naissants, de tiraillements identitaires et sexuels, où l'avenir tente de se con... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
On ne peut s'empêcher d'imaginer la trajectoire brillante qui attendait ce si jeune auteur américano-cambodgien si il avait vécu et pu exprimer la pleine amplitude d'un talent et d'une maturité dans son écriture, d'une acuité à saisir les petites lignes et les grandes lignes fondatrices de sa communauté, absolument saisissante. « Nous aurions pu être des princes« , un titre prophétique et qui résonne doublement lorsque l'on connaît l'issue tragique d'Anthony Veasna So. Un recueil de nouvelles nous plongeant dans différentes strates et réalités de la vie de la jeunesse cambodgienne arrivée aux Etats-Unis suite aux crimes atroces commis par les Khmers rouges et leur leader communiste : Pol Pot. La mort dans des camps, de famines, d'exécutions sommaires, de tortures et tout ce que l'on peut imaginer ou pas chez un tel leader pervers, psychopathe et dénué de toute humanité. Survivre à ça pour les Cambodgiens contraints, pour sauver leurs vies d'immigrer. C'est aux Etats-Unis que cette communauté va recréer un semblant de Phnom-Penh, une alliance peu évidente entre différentes générations, milieux culturels. La jeunesse brûle et espère échapper à un quotidien où l'ennui, la beuh , l'alcool comble le vide. Bien sûr certains réussissent en Californie notamment, à devenir cadres dans l'informatique, dans le tertiaire en somme. Malheureusement, le plus souvent, l'usine et les petits boulots aux black dans des garages est le seul point d'horizon. Tout ceci est raconter par une plume décortiquant les situations et les êtres, les émotions et les rêves, le sexe, le désir et les lendemains qui déchantent. Il est question d'homosexualité et d'acceptation par la communauté cambodgienne du fait d'être gay. Pas de spécificité ici, les hommes sont ceux qu'ils sont, certains jugent, d'autres le vivent plus ou moins ouvertement. le sexe est racontée de façon cru, on sent la chair, les bouches et les corps qui s'unissent dans une sorte de fuite en avant. « Baiser » est le terme souvent employé et il cristallise des pulsions à assouvir, une pointe de douleur au creux du coeur,, la tendresse n'étant que rarement évoquée ici dans les relations sexuelles homosexuelles. Ceci n'est de toute façon pas, bien évidemment, une spécificité homosexuelles, l'auteur cherche plutôt à démontrer les nouveaux moyens de trouver des plans à caractère sexuel via des applications. Les jeunes cambodgiens vivent leur sexualité, homo, bi, hétéro, comme n'importe quelle autres populations des Etats-Unis, de l'Occident en général. L'aspect cru des ébats sexuels est aussi une façon pour le jeune auteur de parler d'une génération X où le sexe est un produit consommable comme un autre, où la tendresse n'est finalement pas le but à atteindre, « baiser » et jouir étant le leitmotiv. Beaucoup de talent, une originalité des thématiques abordées dans ces nouvelles. La palette de sentiments, de situations, que nous offre l'auteur est particulièrement riche. Au final, un recueil à lire absolument. Anthony Veasna So aurait certainement compté parmi les auteurs les plus brillants de sa génération. le destin en a décidé autrement. Il aurait pu être un prince et nourrir son oeuvre. Ce recueil est son testament, on y célèbre la vie et rien d'autre.
Lien : https://thedude524.com/2023/..
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Ma mauvaise foi légendaire et assumée dût-elle en souffrir, je veux bien reconnaître qu'il y a dans la littérature américaine (mais comme dans toutes les autres ?) des « marronniers » thématiques, qui parfois peuvent lasser ou agacer.

C'est pourquoi, tomber sur un angle nouveau en lisant Nous aurions pu être des princes, recueil de nouvelles de Anthony Veasna So – traduit par Héloïse Esquié – a quelque chose d'intriguant et de rafraîchissant, permettant de démarrer la lecture avec un a priori favorable.

Stockton, c'est l'autre Californie. Pas celle du Sud et des paillettes. Pas celle de Frisco et de la tech. Mais celle des vallées intérieures et d'une ville devenue terre de refuge à la fin des années 70 pour des milliers de Cambodgiens fuyant le génocide perpétué par les Khmers rouges.

En 9 nouvelles au style cash et moderne, Anthony Veasna So nous plonge dans sa réalité de descendant gay de la 2e génération, en quête de rédemption et d'identité, ni tout à fait intégré, toujours Cambo, mais jusqu'à quel point ?

À travers ses textes, indépendants les uns des autres mais où les personnages se croisent, c'est tout une jeunesse qui cherche sa voie tout en portant le poids de son histoire, de ses traditions et des réincarnations familiales. Et même de ses marqueurs culinaires ou sportifs !

Nous aurions pu être des princes est une longue réflexion sur ce que c'est que d'être Khmer au XXIe siècle : « La plupart des Khmers savent-ils depuis toujours, au fond d'eux-mêmes, qu'ils sont khmers ? Y a-t-il des émotions que les Khmers éprouvent et pas les autres ? »

Une lecture appréciée – notamment Maly, Maly, Maly et Développement humain - pour son ouverture plus que pour son style, et des nouvelles lues, comme d'habitude, tranquillement, en parallèle d'autres lectures…
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PERCUTANT
Un recueil de nouvelles percutantes, témoignage de la vie des cambodgiens immigrés en masse à Stockton, Californie, fuyant le régime génocidaire des Khmers rouges.

Toutes les générations sont imbriquées les unes dans les autres,alourdies directement ou par transmission de ce traumatisme originel et fondateur.

La communauté lutte pour survivre dans ce nouveau pays et cherche à s'adapter sans renier ses traditions .

Confrontée sans cesse à ce décalage, la jeunesse déracinée semble incapable de trouver sa place et se perd ,ne sachant comment affronter un tel défi.

L'auteur, décédé accidentellement en 2020 à l'âge de vingt huit ans, aborde tous les thèmes traversant ces vies engluées sans tabou, avec une sincérité tragique .

Un style tranchant, sans concession et très abouti.
@doresixtine
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Car il n'y a rien d'exceptionnel à passer sa vie d'adulte dans le trou du cul de la Californie, ce trou qu'un responsable gouvernemental quelconque a jugé digne d'une bande de réfugiés lacérés par leur stress post-traumatique, un trou du genre intolérant au succès, qui lâche des rêves comme il lâcherait des pets.
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Vidéo de Anthony Veasna So
Anthony Veasna So, author of highly anticipated debut story collection, dies at 28 11 déc. 2020
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