Lundi, dans le bleu de tes yeux.
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J'ai du mal à comprendre que des lectrices aient pu mettre une étoile avec comme argumentation, que le mot «
Mon mari » prononcé en boucle, était agaçant. Mais à chacun son ressenti.
Peut-être il aurait fallu lire ce roman à un autre degré, celui de la démesure.
Peut-être il aurait fallu venir écouter Maud qui parla et défendit son livre, avec beaucoup de convictions, d'enthousiasme et d'une belle énergie, ce dimanche soir à Besançon.
Mardi, par une nuit profonde et noire.
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En achetant ce même soir le roman de cette jeune auteure, je savais déjà qu'il allait me plaire.
Perso, je trouve que «
Mon Mari » est très réussi, très enlevé, très ardent. La plume tourbillonnante de Maud est drôle, très agile et surtout volontairement et délicieusement bien agaçante. le roman m'a beaucoup plu et il me fut bien savoureux à lire, comme une pêche ou du raisin bien mûr, ces fruits que l'héroïne aurait tant voulu être comparée.
Mercredi et sa lune orangée.
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C'est aussi un récit audacieux, parce que cette femme décrite n'est pas dans « l'air du temps », n'est pas la femme libre et indépendante des grands romans d'aventures, ni la femme revendicatrice, ni la femme féministe, combattante et brillante du 21e siècle.
Pour moi, c'est
Maud Ventura qui est brillante d'avoir écrit une histoire presque d'un autre siècle, mais qui est autant dans l'excessif que dans l'exagération.
A travers ce livre, l'auteure nous fait redéfinir aussi le mot « aimer ». Que ce joli mot n'a jamais eu un quelconque mode d'emploi. Que c'est à chacun de le découvrir et de l'apprivoiser.
Qu'aimer l'autre à outrance, qu'aimer jusqu'à la douleur, n'est peut-être pas la forme d'amour pour se sentir libre et éthéré.
Jeudi, les feuilles jaunes de l'automne.
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Le personnage décrit dans ce roman, est une femme qui aime à la folie et qui irrite, qui exaspère la lectrice et le lecteur. Et cet amour irrationnel ne peut que la conduire à un amour maladif et égocentrique. Un amour qui la plonge malgré elle, dans une profonde névrose.
Pour moi,
Maud Ventura a réussi un très bel exercice, en décrivant avec une précision de métronome, les obsessions de cette femme malade d'amour.
Les sentiments que cette femme porte à son mari est une vraie aliénation. Car à l'inverse de lui procurer le bien-être ou de la béatitude, cette épouse s'est enfermée dans une immense souffrance. Elle s'est cloitrée dans la prison de sa grande solitude, où elle se retrouve face à ses doutes, ses angoisses, ses fixations, ses persécutions, ses crispations, ses petits calculs, ses fausses analyses et surtout ses grandes déceptions.
Vendredi, pour se mettre au vert.
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Une serveuse trop pulpeuse, un mari trop excité un soir lorsqu'il lui fait l'amour, un rêve où son époux lui susurre trop de mots d'amour, un rai de lumière dans une chambre trop noire, des enfants qui tardent trop à aller se coucher, tout pour cette femme, cette épouse, cette mère, est sujet qui la rend anxieuse, qui la pousse dans les soupçons insensés et qui la plonge dans une continuelle détresse.
Samedi, sur des lèvres rouges sanguines.
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Seule sa beauté, ses seins encore fermes, sa coiffure impeccable, ses belles robes sont un refuge, où elle trouve des instants de répit, où elle retrouve un fragile équilibre. Celui qui la rassure et lui donne l'illusion que son mari ne regardera jamais ailleurs.
Dès le départ du livre j'ai pris fait et cause pour cette femme enfermée dans cet amour exclusif qu'elle porte à son mari. Une épouse perdue dans l'infinité de ses sentiments d'amour, qu'elle a de plus en plus de mal à en voir le contour.
Je trouve cette épouse attendrissante, parce qu'elle est engloutie dans la détresse, dans sa quête désespérée de l'absolu.
Une femme qui s'abime dans sa folie à décortiquer un par un, chaque évènement de sa vie ou des petits détails, comme l'histoire de la clémentine. Un passage du roman qui m'a fait beaucoup sourire.
Nous sommes bientôt dimanche et la tension que j'éprouve depuis le début du roman, va crescendo.
Quinze ans de mariage où l'épouse se meurt d'amour, davantage chaque jour.
Quinze ans de mariage où cette femme se pâme d'amour pour son mari indifférent presque aveugle.
Il faut avoir tout de même une immense force en soi et une grande énergie pour continuer d'aimer sans avoir une seule garantie d'un retour.
Là-haut, une chanson se fit entendre dans la chambre :
« Pleased to meet you hope you guess my name
But what's puzzling you is the nature of my game »
Dimanche, après une nuit blanche.
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Bravo Maud, vous m'avez complétement séduit !
J'ai passé un excellent moment en compagnie de votre mari, euh non, de «
Mon mari », qui est l'époux d'une autre !
Je m'y perds un peu…
Il est sûr que je me dirais aussi chanceux de rencontrer une femme tant amoureuse, mais aussi peut-être alarmé, désarmé aussi, inquiété aussi. A moins, à moins que j'y trouve un quelconque et certain avantage…
Je conseille «
Mon mari », un roman fiévreux, déroutant et renversant jusqu'à la dernière page, qui fait du bien à lire.