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3,53

sur 3934 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Que voilà un petit livre réjouissant ! Petit, mais un grand format quand méme, chez l'Iconoclaste. Ce premier roman de la journaliste Maud Ventura est prenant, grinçant à souhait, et on a parfois envie de mettre une bonne claque à l'héroïne du roman.
L'héroïne, donc, on ne connaitra pas son nom. Ni celui de son mari. Son mari, elle l'aime. Au bout de quinze ans de mariage, elle l'aime. Comme au premier jour. Et c'est là le souci. Elle n'a jamais quitté l'état des premières semaines de l'amour, où on a des papillons dans le ventre, où on doit paraître absolument parfaite aux yeux de l'être aimé. le soir, lorsqu'il rentre du travail, elle s'installe au salon, éclairage travaillé, un livre du style "L'Amant" de Marguerite Duras entre les mains, sans le lire, en fait, toute en apparence. Elle aime son mari comme dans "Belle du Seigneur". Elle n'utilise jamais les toilettes sur le même palier que la chambre, la nuit.
Elle veut le séduire chaque jour.
Elle raconte sa sensation d'infériorité lorsqu'elle a été présentée à la famille de l'homme qu'elle aime : elle, jolie, mais sortant d'un HLM et de parents ouvriers, lui, fils d'une famille bourgeoise, qui sous-entend tout un tas de rêgles de conduite, de façons d'être, de langage. Ça, elle l'a appris ensuite, lorsqu'elle a entendu sa future belle-soeur parler du livre de Nadine de Rotschild. Une révélation. La bienséance. Comment s'occuper d'une maison, servir son mari, placer les couverts, passer les plats vers la gauche, etc. La révélation. Sa bible.

Le livre est découpé en parties sur une semaine, du Lundi au Dimanche. le lundi est un jour aimé, parce qu'elle lui donne une couleur particulière, et ce depuis toute petite (en apparté : c'est mon cas aussi). Mais elle, elle s'habille en conséquence, vit en conséquence.
Elle est prof d'Anglais dans un lycée, à mi-temps. Et elle est traductrice de livres, de l'anglais au français. Ça lui laisse du temps pour penser à son mari. Pour regarder sur internet des conseils pour s'attacher son mari. Pour paraître plus jeune. Plus désirable. Pour paraître mystérieuse. Ça, elle connaît, tous ses produits dépilatoires sont bien cachés, ainsi que sa teinture, enfin son éckaircisseur à cheveux, et autres choses qui doivent rester un mystère.
Elle a des carnets, qu'elle cache : celui où elle recopie des conseils pour garder l'amour de son mari. Celui où elle garde de bonnes recettes. Celui où elle note les choses que son mari a faites et qui lui font de la peine.
Par exemple ce soir, invités chez l'ami d'enfance de son mari, qui vient, avec sa compagne, d'avoir un bébé. Pendant la conversation, son mari parle de leur maison bourgeoise, il ne mentionne pas que c'est elle qui l'a décoré. Et pendant le jeu qu'ils font après le repas, où il faut deviner ce que son propre époux à chacune a choisi comme fruit pour la représenter, elle se sent humiliée car il a choisi pour elle la clémentine. Elle est furieuse, intérieurement. Ce fruit banal !! Toute la semaine elle ruminera sur ce sujet. Mais elle doit rester parfaite, maîtresse d'elle-même.
Peu à peu, au cours des jours de la semaine, on découvre, et c'est dérangeant, qu'elle n'aime pas ses enfants, parce qu'ils lui volent du temps avec son mari. Elle en veut à son mari de passer du temps avec eux. de leur raconter des histoires le soir. Jour après jours on découvre les petites manies et ses pensées malveillantes envers tous les autres sauf son mari. Elle a visiblement un sentiment de supériorité qui masque son insécurité.
On grince des dents el lisant. On ricane. On découvre que cette madame Parfaite est loin de l'être. Et on cavale, en lisant ce roman sans pouvoir le lâcher, en attendant la catastrophe. Parce qu'elle aime tellement, et tellement mal.
On se pose plein de questions sur cette femme, son mari, sur son mental, la moindre de ses pensées nous mène vers des sentiments divers, jusqu'à la détestation de cette femme. On a pitié d'elle, puis elle nous fait grincer des dents, on a envie de lui mettre des baffes, on la comprend, en même temps, parfois même on la déteste.
On se demande comment son mari peut tenir. Et ses enfants. Puis le twist final, que je n'ai pas vu venir !

Je l'ai lu d'une traite, ce livre, Maud Ventura a un style tellement agréable à lire, une histoire si singulière, il y a de quoi craquer, je vous le dis !
Lien : https://melieetleslivres.fr/
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Très agréable découverte lors de mon petit groupe du "café-lecture" hebdomadaire. Les avis sont divergents, non sur la qualité, mais sur l'impression laissée sur le lecteur. Certains l'ont lu au second degré avec un certain amusement, d'autres, au contraire, se sont identifiés dans leur relation de couple, non sans une certaine appréhension.
Ce long monologue d'une femme qui se questionne sur sa relation de couple de manière névrotique ne laisse pas indifférent. Rien ne lui échappe des faits et gestes de son mari. Tout est sujet à caution. Elle déplore qu'après une quinzaine d'années de vie de couple, leur amour ne soit plus vécu de manière aussi passionnelle, et tombe dans une certaine routine. Nous n'avons pas le point de vue du mari, ce qui laisse le lecteur face aux suppositions et questionnements de l'épouse.
Bon, je vous laisse découvrir cet agréable premier roman.
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Quel premier roman!
La couverture m'avait titillée dès que je l'ai vue au mois de juin! Ce petit côté femme des années 50 totalement dévouée à son mari, les couleurs pastels et doucement surannées me faisaient de l'oeil et j'ai succombé à la tentation avec un plaisir non dissimulé !
La narratrice aime son mari jusqu'à la folie. Un récit qui dure une semaine, une semaine pendant laquelle les moindres faits et gestes du mari vont être analysés, décortiqués, une semaine pendant laquelle même les couleurs vont avoir de l'importance… Ça pétille, ça suspense et ça folie furieuse, ça démange, ça gratte et ça bouscule ! Un vrai plaisir de roman, une vraie belle plume, j'ai adoré!
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Qui a dit que l'amour dure trois ans ? Certainement pas la narratrice de ce roman, qui clame haut et fort un amour dévorant pour son mari après quinze ans de mariage !
Son mari ? L'unique moteur de vie de cette beauté froide aux airs de blonde hitchcockienne. L'héroïne de cette comédie grinçante invite le lecteur à partager une semaine mouvementée de son bonheur conjugal en dents de scie. L'humeur de Madame oscillant entre euphorie, doute et colère, suivant l'attitude de Monsieur qu'elle observe dans ses plus petits détails, le moindre petit grain de sable pouvant enrayer la machine.
Ses deux enfants et ses activités de professeur d'anglais et de traductrice, ses amitiés contraintes et factices, ne sont qu'éléments phagocytants et perturbants qui viennent troubler la belle harmonie de son couple.
Au fil des pages, on s'amuse, on s'étonne et on s'épouvante de cet amour obsessionnel, de ce désir de possession et de fusion maladif qui s'apparente à la folie.
Le récit va prendre des allures de thriller et on se demande jusqu'où la narratrice est capable d'aller pour satisfaire cet amour vampirisant.
Et son mari, est-il vraiment aussi parfait qu'elle le laisse entendre ? Est-il la victime ou le prédateur ? Les dernières pages réservent de belles surprises !

Cette farce domestique mordante aux allures de polar m'a tenue en haleine jusqu'à la dernière ligne. Au-delà de l'amusement provoqué par l'enchaînement des situations cocasses et parfois ahurissantes, ce roman traité avec une ironie caustique, interroge le lecteur avec beaucoup d'acuité et de finesse sur les relations de couple. Dépendance affective, conflits, adultères, rivalités, jalousies, les dérives de l'amour conjugal sont passées à la loupe avec force détails.
Un roman subtil et délicieusement cruel, aux antipodes d'une romance sirupeuse !
Lien : https://leslecturesdisabello..
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Lundi, dans le bleu de tes yeux.
*
J'ai du mal à comprendre que des lectrices aient pu mettre une étoile avec comme argumentation, que le mot « Mon mari » prononcé en boucle, était agaçant. Mais à chacun son ressenti.

Peut-être il aurait fallu lire ce roman à un autre degré, celui de la démesure.
Peut-être il aurait fallu venir écouter Maud qui parla et défendit son livre, avec beaucoup de convictions, d'enthousiasme et d'une belle énergie, ce dimanche soir à Besançon.


Mardi, par une nuit profonde et noire.
*
En achetant ce même soir le roman de cette jeune auteure, je savais déjà qu'il allait me plaire.

Perso, je trouve que « Mon Mari » est très réussi, très enlevé, très ardent. La plume tourbillonnante de Maud est drôle, très agile et surtout volontairement et délicieusement bien agaçante. le roman m'a beaucoup plu et il me fut bien savoureux à lire, comme une pêche ou du raisin bien mûr, ces fruits que l'héroïne aurait tant voulu être comparée.


Mercredi et sa lune orangée.
*
C'est aussi un récit audacieux, parce que cette femme décrite n'est pas dans « l'air du temps », n'est pas la femme libre et indépendante des grands romans d'aventures, ni la femme revendicatrice, ni la femme féministe, combattante et brillante du 21e siècle.

Pour moi, c'est Maud Ventura qui est brillante d'avoir écrit une histoire presque d'un autre siècle, mais qui est autant dans l'excessif que dans l'exagération.
A travers ce livre, l'auteure nous fait redéfinir aussi le mot « aimer ». Que ce joli mot n'a jamais eu un quelconque mode d'emploi. Que c'est à chacun de le découvrir et de l'apprivoiser.
Qu'aimer l'autre à outrance, qu'aimer jusqu'à la douleur, n'est peut-être pas la forme d'amour pour se sentir libre et éthéré.


Jeudi, les feuilles jaunes de l'automne.
*
Le personnage décrit dans ce roman, est une femme qui aime à la folie et qui irrite, qui exaspère la lectrice et le lecteur. Et cet amour irrationnel ne peut que la conduire à un amour maladif et égocentrique. Un amour qui la plonge malgré elle, dans une profonde névrose.

Pour moi, Maud Ventura a réussi un très bel exercice, en décrivant avec une précision de métronome, les obsessions de cette femme malade d'amour.

Les sentiments que cette femme porte à son mari est une vraie aliénation. Car à l'inverse de lui procurer le bien-être ou de la béatitude, cette épouse s'est enfermée dans une immense souffrance. Elle s'est cloitrée dans la prison de sa grande solitude, où elle se retrouve face à ses doutes, ses angoisses, ses fixations, ses persécutions, ses crispations, ses petits calculs, ses fausses analyses et surtout ses grandes déceptions.


Vendredi, pour se mettre au vert.
*
Une serveuse trop pulpeuse, un mari trop excité un soir lorsqu'il lui fait l'amour, un rêve où son époux lui susurre trop de mots d'amour, un rai de lumière dans une chambre trop noire, des enfants qui tardent trop à aller se coucher, tout pour cette femme, cette épouse, cette mère, est sujet qui la rend anxieuse, qui la pousse dans les soupçons insensés et qui la plonge dans une continuelle détresse.


Samedi, sur des lèvres rouges sanguines.
*
Seule sa beauté, ses seins encore fermes, sa coiffure impeccable, ses belles robes sont un refuge, où elle trouve des instants de répit, où elle retrouve un fragile équilibre. Celui qui la rassure et lui donne l'illusion que son mari ne regardera jamais ailleurs.


Dès le départ du livre j'ai pris fait et cause pour cette femme enfermée dans cet amour exclusif qu'elle porte à son mari. Une épouse perdue dans l'infinité de ses sentiments d'amour, qu'elle a de plus en plus de mal à en voir le contour.
Je trouve cette épouse attendrissante, parce qu'elle est engloutie dans la détresse, dans sa quête désespérée de l'absolu.
Une femme qui s'abime dans sa folie à décortiquer un par un, chaque évènement de sa vie ou des petits détails, comme l'histoire de la clémentine. Un passage du roman qui m'a fait beaucoup sourire.


Nous sommes bientôt dimanche et la tension que j'éprouve depuis le début du roman, va crescendo.
Quinze ans de mariage où l'épouse se meurt d'amour, davantage chaque jour.
Quinze ans de mariage où cette femme se pâme d'amour pour son mari indifférent presque aveugle.
Il faut avoir tout de même une immense force en soi et une grande énergie pour continuer d'aimer sans avoir une seule garantie d'un retour.


Là-haut, une chanson se fit entendre dans la chambre :
« Pleased to meet you hope you guess my name
But what's puzzling you is the nature of my game »


Dimanche, après une nuit blanche.
*
Bravo Maud, vous m'avez complétement séduit !
J'ai passé un excellent moment en compagnie de votre mari, euh non, de « Mon mari », qui est l'époux d'une autre !
Je m'y perds un peu…

Il est sûr que je me dirais aussi chanceux de rencontrer une femme tant amoureuse, mais aussi peut-être alarmé, désarmé aussi, inquiété aussi. A moins, à moins que j'y trouve un quelconque et certain avantage…


Je conseille « Mon mari », un roman fiévreux, déroutant et renversant jusqu'à la dernière page, qui fait du bien à lire.


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Si l'éditrice de ce roman a ri dès les premières pages, elle n'est pas la seule !
Ça faisait longtemps que je n'avais pas lu un livre aussi jubilatoire. Pour un premier roman, Maud Ventura a frappé fort : c'est une réussite totale et c'est complètement addictif. Il me tardait de savoir comment tout cela allait se terminer et, bien évidemment, je n'ai pas été déçu.

Malgré 15 ans de mariage et deux enfants, la narratrice est complètement éprise de son mari. D'ailleurs son amour maternel passe largement derrière cet amour absolu. le lecteur a droit à toutes sortes de confidences qui pourraient s'apparenter à une psychanalyse sur le divan où nous prendrions connaissance, au fur et à mesure, de tous les petits détails de la vie quotidienne de cette femme. Au final, il s'agit de comprendre la raison de cet amour sublimé pour son mari.

Nous ne connaîtrons ni le prénom de la narratrice, ni celui de son mari qu'elle évoque toujours en utilisant la formule « mon mari »

Elle est donc follement amoureuse de lui, ce qui laisse franchement songeur ! Inutile de dire que ça cache quelque chose. N'aurait-elle pas un léger problème avec l'amour ? D'ailleurs, elle ne nous cache pas sa jalousie quasiment maladive : elle trouve tous les arguments possibles pour mettre en doute la fidélité de son mari.

De plus, elle est remplie de tocs : chaque jour est associé à une couleur et à un symbole dont elle démontre par A+B la pertinence. C'est très drôle et je vous avoue que la journée du jeudi, associée au jaune, m'a bien fait sourire.
Elle rationalise tout… enfin elle tente de mettre une touche scientifique dans ses propres délires et inutile de vous dire que ça ne manque pas de sel !
Elle tient des carnets divers et variés dans lesquels elle note toutes sortes de choses relatives à sa relation à son mari. Elle a entre autre un carnet de « punitions » !!

Très franchement, n'hésitez pas à découvrir ce roman et plongez dans les délires de cette surprenante narratrice. Maud Ventura a sacrément poussé le curseur mais il n'est pas impossible que nous nous y retrouvions quelque peu. D'ailleurs, dans une interview qu'elle a donnée sur France Inter, ne dit-elle pas qu'il s'agit de « mettre à distance pour se comprendre soi ».

Je tiens à remercier Mimi, alias « Paroles » dont le ressenti m'a beaucoup plu au point que j'ai été fissa chez mon libraire pour me procurer ce roman.
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Les premiers romans des éditions de l'Iconoclaste que j'ai lu ont toujours été à mon goût. C'est donc une référence pour moi avec ici en supplément un excellent titre "Mon mari" et une superbe couverture vintage.
Déjà, un roman qui commence par une citation de Marguerite Duras s'annonce très bien d'autant plus que Maud Ventura y fait souvent référence.
Je suis admirative de la qualité du texte qui est construit à partir des sept jours de la semaine et qui explore les angoisses d'une femme amoureuse de son mari.
C'est à la fois banal et original. D'ailleurs, ce couple n'a pas de prénoms et la narratrice préfère appeler mon mari celui avec lequel elle s'est engagée, ce rapport entretenant une relation d'appartenance. Sa charge mentale est considérable puisqu'elle dit elle-même que son mari absorbe environ 65% de ses pensées ce qui est beaucoup vous m'avouerez.
La peur d'être quittée par l'homme qu'elle aime lui provoque des angoisses. Alors elle note dans un carnet ce qui l'a blessée même ce qui semble être des non événements car elle interprète à chaque instant tous les gestes du quotidien. Son côté obsessionnel m'a épuisée. Pour autant, il y a souvent une pointe d'humour quand elle décrit l'état de stress d'une amoureuse sans concession. D'ailleurs, elle n'hésite pas à hiérarchiser ses sentiments, l'amour pour ses enfants passant bien après.
On ne sait jamais si on est dans l'idéalisation ou la réalité. Constamment dans l'analyse, la narratrice m'a fait douter sur l'avenir de ce couple alors que le dénouement est arrivé en apothéose.
Moi aussi j'ai un mari et je suis enchantée car il a beaucoup aimé ce livre comme sa femme.


Challenge Plumes féminines 2022
Challenge Coeur d'artichaut 2022
Challenge Multi-défis 2022
Challenge ABC 2021-2022
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Ce roman, c'est l'histoire d'une passion si dévorante qu'elle consume toutes les pensées de la narratrice. Son mari l'aime-t-il? L'aime-t-il toujours comme au premier jour? L'aimera-t-il encore demain? L'aime-t-il autant que le mari de son amie aime son amie? Chacun des gestes de l'époux tant désiré est analysé, décortiqué et passé à la moulinette des interrogations de sa femme. Les jours de la semaine, chacun de couleur différente, s'égrènent au fil de ses doutes et de ses peurs jusqu'au point de rupture.

C'est piquant, savoureux et tellement exagéré que l'on n'oserait se reconnaître dans ces comportements névrosés. Et pourtant… Que celle qui n'a jamais angoissé pour un retard ou un ticket de caisse inexpliqué, que celui qui ne s'est jamais projeté dans des situations catastrophiques, que celle qui n'a jamais boudé à la suite d'une remarque maladroite lui jette la première pierre! Cette narratrice paranoïaque du sentiment amoureux, c'est finalement une madame tout le monde dont on aurait forcé le trait!

Tenté·e? Ou les histoires de psychopathes qui s'ignorent ce n'est pas votre tasse d'arsenic?
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Mon Mari ; un titre gentil et fleur bleue mais carrément chausse-trappe, comme ne le laissait pas supposer la couverture - très réussie au demeurant – inspirée du style des publicités des années 50 montrant une épouse parfaitement maquillée, permanentée, robe droite sous le genou, petit sac à main tenu des deux mains par devant-elle pour faire sage tandis que son regard est dirigé vers le bas, pour ne pas dire soumis. Elle se tient droite le long d'une large porte-fenêtre, coincée entre les voilages d'organza blanc et les lourds double-rideaux , dans cet espace riquiqui et propice à rien sinon que d'être le siège d'une plante souffreteuse en manque de lumière ; le lectorat, le journal, le directeur artistique, le photographe… lui intimeraient volontiers comme objectifs principaux d'être une bonne ménagère dont le plus grand bonheur serait de nettoyer son chez-elle et de préparer de bons petits plats pendant que ses enfants sont à l'école, et son mari au travail.
Orange mandarine, bleu turquoise, que c'est mignon…
Mais notre héroïne à plus d'un tour dans son sac… de lundi à dimanche se joue une tragicomédie saignante sur fond de spectre chromatique étonnant. Qui l'eut cru ?
Et d'abord, qui manipule qui ?
Voici donc un jeu de massacre très original et parfaitement construit ; un triangle infernal bien huilé qui fonctionne sans grincements, au moins jusqu'au point critique. Dans cette pièce ultra commune, cette scène de tous les jours, il est difficile pour notre couple « idéal » d'échapper à ces rôles dans lesquels ils se grisent à l'envi. Chacun d'eux trouvera une réponse à ses propres attentes en jouant tour à tour un rôle, un personnage ; celui qui a le pouvoir de rendre les autres heureux ; celui qui suppose que les autres ont le pouvoir de le rendre heureux ; celui qui a le pouvoir de rendre les autres malheureux ; et celui qui craint que les autres aient le pouvoir de le rendre malheureux.
Cette pièce en sept actes nous montre que très souvent nous jouons – oh, rien qu'un peu - dans ce théâtre de rue (la plupart du temps inconsciemment) et que nous savons en tirer profit. Mais gare… qui s'y frotte, s'y pique !
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Ce bijou est une fascinante construction romanesque autour d'un sujet aussi banal qu'universel.
Le quotidien d'une femme mariée obsédée par son mari et par l'amour qu'elle porte à son mari à moins que cela ne soit l'inverse (mon mari m'aime-t-il ?)
Tous les évènements racontés ici, vraiment sans intérêt, le sont dans une logique implacable, succession de poupées russes narratives. L'héroïne imagine puis anticipe puis planifie, puis vie, puis se refait le film, puis consigne puis relie les faits pour enfin tirer le bilan et s'assurer ou s'angoisser (c'est selon) de la réussite de leur relation amoureuse. Son mental est totalement envahi de ce sujet jusqu'à la limite de la folie. La force de MAUD VENTURA est d'avoir en plus réussi à amplifier cette dynamique en amenant un final surprenant, grandiose et surtout chargé de sens (impossible d'en parler sans spoiler le récit).
Une perle littéraire sans égal (à ma connaissance). Un coup de maître !

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