Voilà un très bon roman policier historique. L'auteur s'il est novice dans ce type de littérature nous a déjà offert d'autres livres où il a montré l'étendue de son talent.
Le pitch ? l'action se passe vers la fin du Second Empire (en 1865). Un jeune inspecteur de police va lors de sa première enquête seconder son supérieur lors d'une intervention sur une mort mystérieuse intervenu mors d'un dîner regroupant plusieurs célébrités littéraires.
L'un des éléments essentiels du roman historique est le décor. Dans ce cas précis, c'est d'emblée une réussite. La scène du théâtre nous plonge d'emblée dans ce monde de la bourgeoisie triomphante du second empire.
Jérôme Verne nous fait sentir, l'odeur des crinolines, des messieurs en redingote et lorgnon. On a parfois l'impression de lire un petit reportage sur un soir de première à la
Comédie Française comme il y en avait dans les journaux de l'époque.
Ça continue de plus belle lors des pages consacrées aux moeurs de cette bonne société de l'époque.
Jérôme Verne nous fait bien ressentir la morgue de cette haute bourgeoisie, le mépris des écrivains( certains noms qui apparaissent sont authentiques comme
Camille Doucet) entre eux suivant le genre qu'ils pratiquent (Comment ça, ça n'a pas changé ?), le troussage des domestiques, l'arrivisme. Sur ces pages-là, on pourrait penser que nous sommes en train de lire « Pot Bouille ». Sous le vernis d'un bon divertissement,
Jérôme Verne sait se montrer féroce…mais juste.
Notons aussi les clins d'oeil aux littératures populaires de l'époque. le lecteur retrouvera notamment Gaboriau dans ces pages…
L'intrigue tient du roman de détection classique mais bien menée et qui avec un certain sens du suspens nous tient en haleine jusqu'à la fin. Un véritable turn-over qui vous ne pouvez lâcher avant une fin qui annonce d'autre aventures pour le héros.
Les personnages sont suffisamment originaux et décrits avec assez d'empathie pour susciter nôtre attachement.
Le héros, Eugène est décrit avec humour : Il est jeune, ambitieux, séducteur (mais en même temps naïf) avec les femmes qui ne sont pas insensibles à sa jeunesse mais doué d'un sens de l'observation qui lui sera bien utile. Il apparaît en outre assez conscient des injustices de l'époque et du caractère arbitraire du régime impérial (
Jérôme Verne nous rappelle ce problème).
Les autres personnages échappent aux stéréotypes et permettent surtout à l'auteur de compléter le portrait de cette haute bourgeoisie hypocrite.
Le patron d'Eugène bienveillant et un peu buté nous montre bien les préjugés dans lequel s'enferment certains éléments. J'avoue un coup de coeur pour les personnages féminins en particulier celui de la pauvre et émouvante servante Primerose.
En résumé, un ouvrage que je recommande à tous les amateurs d'Histoire et de Polar Historique. Une belle manière d'apprendre plein de choses en se divertissant.