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EAN : 9782874661693
356 pages
Jourdan (18/02/2012)
3.62/5   4 notes
Résumé :
La vie romanesque et aventureuse du père de Bob Morane. Aujourd'hui âgé de plus de 90 ans, la vie d'Henri Vernes couvre tout le siècle !
Une fantastique aventure littéraire de plus de 30 millions d'exemplaires vendus par celui qui fut Don Juan, résistant, écrivain et l'ami des plus grands créateurs.
Pour la première fois, il raconte cette vie hors du commun !
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Dans sa préface, le fin lettré qu'est Jean-Baptiste Baronian se réfère à la troisième des vingt-et une-dictées de Simenon, parue en 1976, et cite plus particulièrement cette phrase :

Au fond, les mémoires sont de faux portraits de soi tels qu'on veut les laisser à la postérité.

Et ces mémoires, écrites par Charles-Henri Dewisme, plus connu sous l'alias d'Henri Vernes, procurent à la fois un vif plaisir à découvrir la vie mouvementée du créateur de Bob Morane mais en même temps un sentiment de frustration, car il y manque la denrée essentielle : comment est né ce personnage qui défie le temps.



En effet une grande partie de l'ouvrage est consacrée à la jeunesse chaotique du jeune Charles-Henri. Il est élevé par ses grands-parents, sa mère ne pouvant s'occuper de lui, obligée de travailler. Ses parents ont divorcé très tôt et le jeune Henri (appelons-le ainsi car c'est sous ce prénom qu'il est le plus connu) se souvient surtout de ses grands-parents, de son oncle Nestor et sa tante Léontine, et de la petite chienne Dinah. Il nait à Ath, surnommée la Cité des Géants à cause de la Ducasse, sa mère s'étant réfugiée pour accoucher chez sa soeur Léontine, guerre oblige. Puis ils regagneront Tournai. de sa prime enfance, comme pour tout un chacun, le jeune Henri ne garde que quelques images, souvent renforcées par ce que sa famille lui a raconté. Toutefois un de ses souvenirs marquants est relatif à la réflexion du docteur de la famille.

Cela fait deux fois que je vois cet enfant boire en mangeant. Cela l'empêchera de digérer !

Né le 16 octobre 1918, Charles-Henri Dewisme aura bientôt cent ans. Et il se porte bien. Encore un préjugé de la médecine rétrograde...



Ce dont il se souvient le plus, c'est de son premier amour. Yvonne. Cinq ans comme lui. Et des femmes Henri en connaitra beaucoup. Celle qui le déniaisera, alors qu'il n'a que treize ans, ce sera Adèle, une amie de sa mère, âgée de trente trois ans et veuve très tôt. Et tout en fréquentant Adèle, il va au collège, chez les Jésuites, lui qui ne pratique pas la religion. Et bien entendu entre les pères et lui, ce n'est pas toujours l'entente cordiale. Il s'initie à la boxe, sa carrure imposante le prédestinant à un art martial, pensez donc, à quinze ans il mesure 1,80m pour 70 kilos ! Tout ceci ne l'empêche pas de lire. Dès son plus jeune âge, il engloutit les oeuvres des auteurs de romans populaires, avec voracité (voir citation en bas d'article).

Après Adèle il y a eu d'autres, mais madame Lou comptera beaucoup dans sa vie. Nous sommes en 1937, il a dix-neuf ans et il n'hésite pas à tout quitter pour la rejoindre à Shanghai. Il embarque à Marseille à bord du Rousselle, muni de faux papiers, effectuant un long péripleShangaï, Canton, Hong-Kong, et au bout de trois mois il rentre au bercail. Madame Lou donnera peut-être naissance au personnage de Miss Ylang-Ylang.

Puis c'est la guerre. Il se marie en 1938 avec Gilberte, la fille d'un diamantaire anversois chez qui il travaille, mais divorce en 1941. Et entre dans un service de renseignements de la Résistance, recueillant et transmettant des informations à l'attention et l'intention des résistants basés à Londres. Et en 1943, alors qu'il fréquente les milieux littéraires, il fait la connaissance de Jean Ray, qu'il a lu tout jeune. Plus tard il le retrouvera, l'imposera chez Marabout et fréquentera également Michel de Ghelderode.

Il commence à écrire, son premier roman, La porte ouverte, parait en février 1944. D'autres suivront, et après un séjour de trois ans à Paris où il est correspondant pour une agence américaine et des journaux lillois, il revient en Belgique en 1949. Il collabore à des magazines jeunesse, dont Tintin, Mickey Magazine, Héroïc Jeunesse, et en juin 1953 il rencontre Jean-Jacques Schellens, le directeur des éditions Gérard et C° qui désire créer une collection de romans d'aventures pour la jeunesse. C'est le début de Marabout Junior et Les conquérants de l'Everest, numéro 10 de la collection signé Henri Vernes, sera le premier d'une longue série, plébiscité par les jeunes lecteurs.
Henri VERNES : Mémoires.

Henri Vernes voyage beaucoup, notamment dans les années 50 en Amérique Latine, ce qui lui permet d'engranger de la documentation géographique. Et il écrit, publiant sous divers pseudonymes, variant les genres tout en restant fidèle à Bob Morane.

Henri Vernes n'est guère tendre dans ses Mémoires envers ses confrères de Marabout Junior, et pourtant cette collection publia les premiers romans signés Pierre Pelot avec sa série des Dylan Stark. Il affirme avoir porté cette collection à bout de bras, ses romans s'arrachant comme des petits pains. Mais connaît également la désillusion lorsqu'il s'aperçoit que son éditeur, André Gérard, le fondateur de la maison d'édition et imprimeur à Verviers, ne déclare pas la totalité des ouvrages imprimés. Une arnaque et il n'est pas vain de penser que le chiffre annoncé des ventes des aventures de Bob Morane est en dessous de la réalité.



Autre auteur qu'il démolit avec verve : Hergé.

Un autre élément caractéristique de l'atmosphère régnant à ce tournant de l'histoire, est celui d'Hergé, l'auteur de Tintin. Reconnu collaborateur, inspiré par l'abbé Wallez, fasciste notoire, ami de Degrelle et de Jamin, complices actifs du nazisme, antisémite avéré, Hergé fut blanchi, en dépit de plusieurs arrestations motivées, grâce à l'intervention de résistants qui avaient besoin de lui pour des raisons commerciales. On fit de lui un génie, alors qu'il n'était qu'un dessinateur moyen dont l'humour, souvent, ne dépassait pas, en s'en inspirant, le Brigadier vous avez raison.



Intéressant mais frustrant, cet ouvrage n'aborde pas par exemple comment est né Bob Morane. A la demande de Jean-Jacques Schellens, on l'a vu, mais quel fut le déclencheur, comment et quand écrivait-il, prenait-il des notes, c'est tout un pan de sa biographie qui est occultée. D'ailleurs il est fort peu disert sur tout ce qui touche à la rédaction de ses romans, que ce soit pour les Bob Morane, que sous les pseudos de Jacques Colombo pour la série DON au Fleuve Noir, Jacques Seyr pour Marabout Junior, et quelques autres. Il s'étend plus largement sur ses conquêtes féminines et sur son activité durant la guerre, sur ses prises de position politiques dénonçant particulièrement les antisémites et les collaborateurs du régime nazi.

Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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Les amateurs de Bob Morane, et plus généralement les passionnés de littérature populaire, attendaient cet ouvrage. En 480 pages, Henri Vernes nous offre enfin ses Mémoires (Jourdan Editions, 2011), sans prise de tête inutile ni auto-gloriole de circonstance. Il sait qu'il n'est pas le centre du monde, et que toute aventure humaine a une fin. Et cette fin (qu'il sent proche) tend sous sa plume à relativiser son parcours exceptionnel. Mais quel beau parcours. Elevé et choyé par ses grands parents (ses parents étaient séparés), Charles Dewisme fera son apprentissage dans une Belgique ballotée entre les deux guerres mondiales. Avec des fugues hautes en couleur (ah, la Mer de Chine, Canton et Shanghai !), un intérêt très limité pour les études et une passion précoce pour l'écriture. Avec aussi une haine farouche pour l'occupant allemand qui l'amènera à devenir le discret correspondant du MI 16 dans sa bonne ville de Tournai. Cette haine l'amène du reste à qualifier Hergé de sale collabo dont toute la Belgique a honte. Mais retenons surtout ses pages d'amitiés, notamment celle sur Michel de Ghelderode, Jean Ray qu'il exhumera de l'oubli grâce à Marabout et surtout Bernard Heuvelmans. C'est à ce dernier qu'il devra du reste à rentrer dans l'écurie de l'éditeur de Verviers et de se lancer dans l'aventure de Bob Morane. C'est également le cryptozoologue qui lui fera découvrir, au sens propre du terme, le paradis sur terre : l'Ile de Levant et le nudisme…… On n'oubliera pas non plus ses belles pages sur… les femmes et sur sa petite chienne, qui fut le grand bonheur de sa vie.
Henri Vernes restera assez pudique sur sa fabuleuse aventure éditoriale, parlant avec discrétion de ses nombreux voyages pour camper une nouvelle aventure du commandant. Mais on devine que le rythme de production insensé qui lui était imposé flirtait souvent avec la galère et que lorsqu'il était amené à aller crapahuter en Colombie ou au Pérou, c'est à son appartement tranquille en Belgique auquel il rêvait, où il savait que l'attendaient un bon fauteuil et un bon bouquin.
A lire et à relire en savourant chaque chapitre.
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Comme moi, nombre d'adolescents ou de jeunes adultes ont rêvé avec les aventures de Bob Morane. Je n'aurais pas pu imaginer qu'un auteur aussi passionnant puisse être un mémorialiste aussi médiocre : souvenirs marabout (comme les éditions, ah ah) bout de ficelle, pensées niveau café du commerce ou BFM, mais il est vrai que entre temps j'ai. mûri (du mois je le crois).
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Un autre élément caractéristique de l'atmosphère régnant à ce tournant de l'histoire, est celui d'Hergé, l'auteur de Tintin. Reconnu collaborateur, inspiré par l'abbé Wallez, fasciste notoire, ami de Degrelle et de Jamin, complices actifs du nazisme, antisémite avéré, Hergé fut blanchi, en dépit de plusieurs arrestations motivées, grâce à l'intervention de résistants qui avaient besoin de lui pour des raisons commerciales. On fit de lui un génie, alors qu'il n'était qu'un dessinateur moyen dont l'humour, souvent, ne dépassait pas, en s'en inspirant, le Brigadier vous avez raison.
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Et moi je lisais... Je lisais encore... Je lisais toujours... J'en étais encore à Louis Boussenard, à Alexandre Dumas, à Paul d'Ivoi, à Arnould Galopin... J'aurais dû y rester. Quoiqu'on en pense la littérature dite populaire est plus près de la réalité que l'autre littérature, baptisée pompeusement grande littérature et qui n'est qu'une sophistication de la vie, la mise en boite des sentiments.
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Au fond, les mémoires sont de faux portraits de soi tels qu'on veut les laisser à la postérité.
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Cela fait deux fois que je vois cet enfant boire en mangeant. Cela l'empêchera de digérer !
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