C'est l'imagerie de notre enfance.
Saint Louis en images pour les "croyants" présenté il y a des dizaines d'années, ce sont forcément les clichés qui ressortent, des images d'Épinal, des images pieuses, qui remplissaient d'admiration les belles têtes blondes (tout en leur donnant des complexes ou en titillant un réflexe d'émulation et un besoin de comparaison qui pouvaient les culpabiliser). Toute la collection consacrée à des hommes et femmes canonisés par l'Église catholique, c'est le reflet d'une époque, et le tri se faisait en fonction de celles et ceux que l'on voulait donner en exemple aux enfants et adolescents qui lisaient ces "albums". Ces vies de saints et de saintes étaient presque trop parfaites pour nous sembler vraies, mais on les aimait, parce que de beaux dessins représentant des personnages en costumes les rendaient vivants à nos yeux et presque présents. Faire une hagiographie, c'était en partie faire une biographie, même si l'on confondait parfois histoire et légende.
Légende (un exemple parmi d'autres) : Louis IX rendant la justice sous un chêne à Vincennes. Pourquoi suivre Joinville ? Philippe Auguste avait déjà enfermé dans une ferme et un manoir royal qui n'était alors qu'un pavillon de chasse ; Louis IX y ajouta un premier donjon (pas celui que nous connaissons et dont les fondations furent posées sous Philippe VI de Valois) et une chapelle (pas celle que nous pouvons admirer et dont les travaux de construction furent entamés sous
Charles V le Sage). Pourquoi ne pas tout simplement admettre que les affaires judiciaires qui remontaient jusqu'à Louis IX étaient traitées dans l'une des salles du manoir ?
Et la sainteté, Louis la dut-il à cette notion de justice et à son attachement au voeu de Croisade, deux fois honoré par lui, mais pour son malheur, et sa gloire auréolée, car la première fois il fut vaincu et fait prisonnier après des succès initiaux en Égypte, et la deuxième fois il mourut en "martyr" sur le sol tunisien ? C'est vrai, en partie, et l'on peut admirer - ou déplorer - chez lui cette constante. Mais la réalité c'est que le procès en canonisation a été instruit à la demande de son petit-fils, l'implacable Philippe le Bel, pour sacraliser la dynastie capétienne.
Alors les images de cette vie de saint - "peintes en gris, noir et blanc"-, aussi belles soient-elles, n'ont-elles pas vieilli ? Eh ! bien, la France catholique les prise encore. Alors même que l'on sait que
L Histoire ne confirme pas totalement ce qu'elles racontent.
Elles sont donc, simplement, une trace de ce que l'on aima.
François Sarindar, auteur de :
Jeanne d'Arc, une mission inachevée (2015).