Véritable coup de coeur pour cet ouvrage méconnu chiné dans une brocante. Sous un pseudonyme, l'auteur nous propose de réfléchir à la notion de dualité qui constitue un pont entre philosophie et spiritualité.
Si la dualité réduit la perception du monde qui nous entoure à deux points de polarité inverses, cette simplification permet à la conscience humaine d'en appréhender la complexité. L'auteur nous invite à questionner cette vision binaire en adoptant une posture différente, ne serions-nous pas les parties d'un vaste "tout" ?
En nous plaçant dans ce point de perspective d'ensemble, cet ouvrage nous amène à explorer une autre manière de penser au quotidien. Si l'exercice peut s'avérer difficile de par son originalité, la lecture est rendue agréable par une écriture fluide et la rigueur des propos.
Un ouvrage que je vous invite vivement à découvrir !
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La conscience et le monde : reflets l'un de l'autre indissociable. Dans cette perspective, comment expliquer que lorsqu'il n'y avait pas d'homme encore sur la terre pour percevoir quoi que ce fût, les étoiles ou l'océan n'en existaient pas moins ? S'il faut qu'un regard soit porté sur quelque chose pour que cette chose existe, qui porte ce regard lorsque aucune conscience n'est encore apparue ?
C'est une question délicate que celle de l'existence des objets du monde avant l'apparition de la conscience des hommes -celle des dinosaures par exemple, ou celle de l'océan du Précambrien. Notamment, si l'on suppose la simultanéité du regard porté par une conscience et de l'existence, ou encore la réciprocité de l'esprit de la matière. [p.39]
Agir, vite et efficacement, pour changer ce monde dans lequel nous vivons actuellement, -ou le laisser pourrir, en se préparant au passage vers un autre monde (...).
Il y a peut-être une solution pour sortir de ce dilemme : simplement agir, ou plutôt me laisser agir par l'action, dans le monde où je suis maintenant, sans trop me poser de questions sur la réussite de cette action, sur son impact dans le futur - et a fortiori, sur la forme globale que prendra ce futur. J'agis du mieux que je le sens, mais les conséquences de cet agir ne m'appartiennent pas. [p.145]
Il n'y a pas le négatif d'abord, qui laisse place ensuite au positif ; le négatif qui apparaît est en fait un aspect du positif, qui se révélera tel et prendra sa vraie place lorsque le tout se sera exprimé, ou lorsque je me serai placé du point de vue du tout. En réalité, il n'y a pas de positif ni de négatif, autrement dit il n'y a pas deux modes d'être. Pas de dualité -il y a juste ce qui est, qui est parfait dans la seule mesure où il est. [p.86]
Si le monde et la conscience sont créés l'un par l'autre, notamment si ce monde très élaboré est étroitement corrélé à la conscience de l'homme, alors il devrait y avoir, non pas un monde, mais autant de mondes que de consciences. Dans ces conditions, comment expliquer le fait que le monde créé par chacune d'entre elle entretient avec tous les autres une indéniable relation de cohérence ? (...)
L'esprit n'est jamais indépendant de la matière ; ils se construisent et se complexifient toujours l'un par rapport à l'autre. C'est pourquoi on peut avancer que des mondes semblables sont élaborés par des esprits semblables -et réciproquement. Il y aurait ainsi un "égrégore" de l'humain en général, qui, dans les grandes lignes, construirait ce monde dans lequel se reconnaissent pratiquement tous les hommes. [p.41 - 42]
Or autrui est toujours avant moi : son cas constituerait-il une exception ? Son antériorité n'est cependant pas tant chronologique qu'éthique : autrui préexiste à moi-même, parce que son existence est plus évidente que la mienne. Dit autrement : c'est autrui qui me révèle à moi-même, et c'est en ce sens qu'il me précède. Plus originaire que celle du "je suis", l'expérience du "tu es"... [p.53]