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sur 9309 notes
De Vigan en a bavé et son témoignage m'a paru sincère. Pourtant, à priori, l'histoire d'une famille bourgeoise racontée par une écrivaine médiatique ne m'attire guère.
Et comme prévu, les premières pages ne m'ont pas emballé mais, il a suffit de deux mots pour que mon avis change progressivement: "mythologie familiale".

Une forme d'empathie pour la femme du roman a alors commencé et j'ai lu ce livre assez rapidement malgré un style littéraire assez plat et ce sera ma seule réserve.

Cette mythologie familiale, bien des familles l'entretiennent comme pour ne pas briser des bases supposées solides. Remettre en cause ces bases et tout ce qui constitue chacun des membres se fragilise.

Mais ne rien dire serait peut-être pire. Avant que Delphine de Vigan n'écrive ce brûlot familial, le"pater familia" avait déjà "détruit" sa fille qui elle-même avait fragilisé sa fille devenue l'auteur de ce livre.

En démystifiant le charisme de son grand-père, elle réhabilite sa mère. le livre semble avoir une raison thérapeutique.

Il m'a semblé que c'était un roman autobiographique qui illustrait bien la résilience - un terme que l'on doit à Boris Cyrulnik- et qui permet à la personne ayant subi un traumatisme d'y survivre et de se refaire une vie.
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Delphine de Vigan, Christine Angot, Annie Ernaux, Justine Levy ...Qu'est-ce qui pousse ces femmes de grand talent à écrire toutes quasiment le même livre sur leur mère ? À coller au plus près de la réalité pour en faire jaillir la vérité, abandonnant la fiction ? Leur point commun, c'est d'être des femmes, et je pense que dans l'espace de liberté d'expression qui existe aujourd'hui, unique dans l'histoire, pour les femmes, elles cherchent à construire sur du solide, sur du vrai, sur de la matière brute, l'âme des femmes, leur vérité et leur réalité tangible. Pas les femmes rêvées des grands romanciers sur des siècles passés, pas les madame de Rénal, les madame de Mortsauf, madame de Truc, sans corps et tout amour, pas Nana pute et soumise et ses collègues à la cuisse légère. Non, les vraies femmes, avec des corps, ni putains ni mères, des êtres humains comme les autres, folles ( Vigan, Levy), mères imparfaite voire indignes ( Levy, Vigan), faibles, incultes aveugles ( Angot), forte ( Ernaux), meprisée ( Ernaux, Angot), soumises à la puissance d'un système social puissamment dominateur et patriarcal ( Angot, Ernaux, Vigan), à des violences sexuelles insupportables ( Vigan, Angot). Il ne s'agit donc pas de voyeurisme, il s'agit de dénoncer un système qui broie les êtres depuis la nuit des temps, et qu'aujourd'hui on peut sortir de l'ombre. En qualifiant ces textes de voyeurs, on participe au déni de ces violences, car on souhaite qu'elles restent dans l'ombre.
Delphine de Vigan maîtrise la mise en abime de ce principe ( comme elle le montre aussi dans Une histoire vraie). le déni qui détruit sa famille est le même qui pourrit une société qui veut rester dans l'aveuglement. Il faut du courage pour écrire de tels faits, et elle ne pousse pas à fond, comme Christine Angot, elle reste bien douce, insistant sur les moments " lumineux" de l'enfance de sa mère, des grandes réunions de famille...Elle ne veut pas heurter ses oncles et tantes, elle dilue, elle adoucit les contours. Pourtant, si on lit bien entre les lignes, c'est l'enfer qui nous est décrit. Un père incestueux, destructeur, toxique, une mère qui n'aime que les bébés et laisse tomber les enfants dès qu'ils ont plus de trois ans, des parents globalement peu concernés, qui adoptent un "enfant martyr" lorsqu'ils perdent l'un des leurs, des enfants interchangeables, donc, remplaçables, des suicides qui se succèdent...Une fille totalement déséquilibrée, régulièrement internée...Oh là là ! et où sont les grands parents quand Lucile, leur fille folle, pète les plombs complètement ? Que vont-ils pour l'aider ? Quel argent donnent-ils ? Rien, Nada. C'est désespérant.
Un texte courageux, qui s'inscrit dans un mouvement littéraire de libération de la parole, de la pensée, des opprimés, un hommage à celles qu'on a rendu folles, faibles, mélancolique et suicidaires en leur appuyant la tête sous l'eau par la seule force de la pression sociale. Pour que cette pression disparaisse, il faut d'abord qu'elle apparaisse, et qu'elle soit dite.
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La femme très belle, au regard un peu absent, en train de fumer une cigarette sur la couverture, c'est Lucile, la mère de Delphine de Vigan.

La photo a été prise dans la maison familiale au cours d'un repas joyeux comme on en voit dans les films de Claude Sautet. Lucile était la fille d'un couple un peu excentrique, des bobos avant l'heure, parents de neuf enfants.

Mais en lisant ce livre captivant, on comprend vite que derrière l'image un peu glamour d'une famille unie, joyeuse et sportive à la manière des Kennedy, se cachaient des drames et des secrets terribles.

Lucile ressemblait à une héroïne tragique, elle a mis fin à ses jours à l'âge de soixante et un ans. C'est Delphine de Vigan qui a découvert son corps sans vie.
Avec justesse, sans pathos, Delphine de Vigan décide alors d'enquêter.
Le voyage dans son histoire familiale est brutal, trois enfants décédés, l'inceste, les non-dits et le long calvaire de sa mère, bi-polaire. Delphine de Vigan et sa soeur ont grandi auprès d'une femme brisée par sa famille et son état dépressif, on ne sort pas indemne d'un tel parcours. Pourtant le livre ne comporte aucune trace d'amertume ou de rancoeur. Il faut beaucoup de courage pour écrire sur sa famille alors que bien des membres sont encore vivants, et tout au long du livre, l'auteure s'interroge à plusieurs reprises sur sa légitimité à exposer cette histoire. Pourtant il n'y a pas de règlement de compte mais un long cheminement pour mieux comprendre, pas de déballage indécent mais un livre plein de pudeur, de sensibilité.

« Rien ne s'oppose à la nuit » est un bouleversant témoignage d'amour, une leçon de vie et d'écriture.

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Raconter sa mère.
Delphine de Vigan s'y attelle en marchant sur des oeufs, soucieuse de ne blesser aucun membre de sa famille.
Pourquoi ?
D'un point de vue extérieur, il y aurait pourtant de quoi être vindicatif envers cette famille lorsqu'elle expose le goût de cette femme pour l'autodestruction, qui a conduit à des manquements dans son rôle de mère. La bipolarité ne semble pas être la seule responsable.
D'un point de vue extérieur, c'est tellement facile de dire "pas bien", "pas beau","méchant(e)".
Sauf que la désacralisation de la famille, ça ne se fait pas instinctivement. C'est même plutôt l'inverse.
Alors finalement, on se rend compte à quel point ce récit est intime et regorge d'amour.
D'un point de vue extérieur, je n'ai donc que le droit d'applaudir cette mère qui aura réussi à se construire sur le tard malgré son parcours de vie houleux, et saluer l'auteur d'avoir fait de sa mère une personne émouvante.
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Malgré son orientation plutôt intimiste et le risque de tomber dans des confessions impudiques - ce qui est devenu très à la mode avec la téléréalité et internet - le livre de Delphine de Vigan atteint une portée universelle et c'est ce qui le rend passionnant. Passionnante l'histoire de cette famille et de ses non-dits que l'on peut lire comme un roman.
Le point de départ : un suicide, le suicide de sa mère. Et comme tout suicide, la mauvaise conscience, la colère, le besoin de comprendre, la révolte de ceux qui restent. Un pari : en comprendre la genèse à travers une histoire - celle d'une famille nombreuse à la fois hors-norme et ordinaire - et d'une enfant, Lucile, très belle mais silencieuse, toujours un peu à part et de ses relations ambiguës avec son père...Puis une jeune femme très tôt mère, la vie de hippie des années 60, la drogue, un divorce, des compagnons instables, la vie communautaire, et bientôt la folie qui s'installe, l'incapacité de travailler, de s'occuper de ses filles (Delphine et sa soeur) et tout bascule...Et c'est l'internement, la camisole chimique qui pendant dix ans fera d'elle un robot. Puis quelques années plus calmes, une éclaircie dans la nuit où elle reprendra des études et deviendra infirmière...jusqu'à l'épisode final, le cancer contre lequel elle n'aura plus la force de lutter.
Un très beau texte, touchant par sa profonde humanité, et qui pose le problème de la maladie psychique, aussi bien ses causes - psychologiques, physiques, héréditaires ? - que ses soins - peut-on s'en sortir ? difficilement car la rechute guette en permanence et que la prise en charge médicale reste aléatoire.
L'auteure est directement touchée et habitée par cette histoire douloureuse dont elle sait nous faire partager la difficulté à l'écrire. Un livre courageux et émouvant.
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Le meilleur roman de la rentrée !
Après quelques romans un peu superficiels, louvoyant du côté de Olivier Adam et de Anna Gavalda, Delphine de Vigan explose avec cette autobiographie douloureuse de sa mère.
Le début du roman est solaire : on y découvre une famille merveilleuse, comme seul le baby boom pouvait en enfanter. Une grand-mère généreuse, un grand-père séduisant, sept enfants, pas moins ...
Mais les fêlures apparaissent peu à peu : la mort accidentelle d'un enfant, l'adoption d'un autre, son décès dans des circonstances scabreuses, la naissance d'un enfant trisomique, des révélations étouffées sur ce grand-père ambigu...
Delphine de Vigan raconte, sans fard, l'histoire de sa famille. Elle raconte aussi les difficultés que lui a causées l'écriture de ce roman si intime et pourtant si pudique.
Ce n'est pas une famille abstraite, irréelle, fictionnelle, qui nous est décrite, c'est une vraie famille, avec ses qualités et ses défauts, ses zones d'ombre et ses éblouissements.
Et, comme dans les livres que j'ai lus ces jours derniers et qui m'ont tant plu (Carrère, Binet ...), c'est la présence de l'auteur au coeur de son livre qui lui donne, de mon point de vue, tout son sel.
En se plaçant au centre de son roman, l'auteure décuple l'effet de réalité. Elle nous fait partager non seulement la folie de sa mère mais la souffrance qu'a coûtée à sa fille cette folie et la confession de cette folie.
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J'ai acheté ce livre car depuis quelques temps, j'entendais beaucoup parler de cette auteure que je ne connaissais que de nom, ensuite, ce livre comme bien d'autres est venu embellir ma gigantesque PAL, sans que rien ne me décide à l'ouvrir, et grâce au pioche dans ma PAL du mois de septembre, j'ai ouvert ce livre et je ne le regrette vraiment pas. Avant de l'entamer, je regarde la quatrième de couverture et là, je me dis, quoi pendant plus de 400 pages l'auteure va nous parler de sa mère récemment décédée, super sauf que je risque de vite m'ennuyer. Et bien non, ce fût un vrai régal de lire ce livre, l'auteure et sa mère (ainsi que l'ensemble de la famille) ont vraiment eu une vie assez particulière, elles ont toutes les deux eu des enfances très douloureuses, des reproches à faire à leurs propres parents, elles ont baigné dans des joies, des chagrins, des doutes...
Delphine de Vigan a réussit à nous faire revivre la vie de sa mère depuis sa plus tendre enfance grâce à de nombreuses recherches qu'elle a effectué auprès de ses proches. Elle nous prouve également que les familles qui paraissent idylliques sont souvent celles les plus terribles.
Ce livre nous fait ressentir de la tristesse, de la compassion, de la colère, des rires, la plume de Delphine de Vigan est vraiment superbe et je pense que je n'en resterai pas là avec elle.
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La narratrice, après le suicide de sa mère à 66 ans, tente de reconstituer l' enfance saccagée et la vie chaotique de cette dernière.

Enfant-modèle, sans doute violée par son père, trop belle et trop fragile pour résister à toutes les tensions-conjugales, familiales, amoureuses et professionnelles, et ne voyant pas d'issue à la psychose maniaco-dépressive dont elle est atteinte, ni à la pauvreté où l'a réduite un parcours professionnel erratique, elle décide de ne pas peser un peu plus sur ses filles et met fin à ses jours.

En toile de fond, on découvre sa famille , haute en couleurs et délétère à la fois, marquée par le suicide ou la mort accidentelle des 3 frères de l'héroïne, son père excentrique et prédateur, sa mère lumineuse mais sans doute aussi aveugle, irresponsable, complice..

La narratrice rend compte avec lucidité des obstacles et des manques de son propre récit, sent souvent la vérité lui échapper, le personnage de sa mère la fuir..

Le récit est d'une force et d'une honnêteté poignantes. Un très beau livre.
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J'ai tardé à acheter ce livre. Tant d'éloges, tant de bonnes critiques. J'avais peur d'être déçue, bien que ne l'ayant jamais été par Delphine de Vigan.
Voilà, c'est chose faite …. Et je ne suis pas déçue.
Comme elle a bien su recréer l'enfance de sa mère !
Comme elle sait nous faire partager la sienne !
Et le tout avec pudeur et élégance.
C'est tellement difficile d'écrire une autobiographie sans donner au lecteur le sentiment d'être soit voyeur, soit complètement étranger à une histoire personnelle.
Et là, le pari est réussi, malgré les doutes qu'elle a eu sur cette entreprise.
Bien des souffrances, bien des mises à l'épreuve.
Ah, les familles et leurs secrets ! En sort-on jamais indemne ?
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Quel magnifique portrait. Pendant 3 jours, j'ai été captivée par les mots de Delphine de Vigan. Elle arrive à nous plonger dans des époques différentes, dans la vie d'une famille en se concentrant de plus en plus sur Lucile, sa propre mère.
Tour à tour sombre et lumineux, son livre possède une force extrême, celle de l'amour.
Il raconte plusieurs vies, des chutes, des réussites, et reste passionnant même dans la plus petite anecdote. le choix des mots est épatant et Delphine de Vigan se livre avec une grande pudeur et une grande justesse.
Bluffant, ce roman m'a emmenée très loin, sur les traces de l'insaisissable Lucile... Magnifique et fort!
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