AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,16

sur 9286 notes
J'éprouve toujours beaucoup de difficultés à rédiger la critique d'une auto-biographie.
Sans doute parce que l'exercice me semble relever plus de la démarche thérapeutique que du simple besoin d'écrire.
Or, qui suis-je pour juger du bien-fondé ou non de cette démarche, ou pour en faire une analyse qui serait obligatoirement faussée par ma vision extérieure des faits ?
Je ne suis donc pas une grande amatrice de ce genre littéraire qui me met parfois mal à l'aise en me donnant le sentiment "d'écouter aux portes".
La lecture d'Annie Ernaux, par exemple, m'avait déplue au plus haut point en me laissant l'impression d'avoir été, malgré moi, la confidente d'une histoire ennuyeuse.

Avec Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine de Vigan réussit toutefois à convaincre la lectrice que je suis de prêter une oreille bienveillante et empathique à la relation poignante qu'elle fait du terrible destin de sa maman.
Oui, je me suis laissé toucher par cette vie dévastée par la bi-polarité, par cette femme victime de la maladie, esclave de son esprit torturé, incapable d'exprimer sans violence l'amour dont pourtant elle déborde.
J'ai entendu, sans juger, les hésitations et les peurs de l'écrivaine à coucher sur le papier l'histoire d'une famille fragile et forte à la fois...Sa famille, celle qui est et restera son seul point d'ancrage.
On pourrait polémiquer des heures sur la nécessité de jeter ainsi les failles de toute une famille en pâture aux lecteurs de tout bords.
A mes yeux, la seule chose indispensable est l'honnêteté de la démarche qui a reçu l'aval des personnes concernées et n'a pas été faite dans le secret.
Pour le reste, ça ne regarde qu'eux.

Voilà donc une auto-biographie qui aura su m'émouvoir et j'oserais même dire, me prendre aux tripes.
Commenter  J’apprécie          2911
Je me suis sentie très mal à l'aise à la lecture de ce livre.
L'écriture a certainement fait beaucoup de bien à son auteur, mais était-ce nécessaire de nous infliger ce déballage de linge sale familial ? Pas sûr.
Ce n'est pas un roman que Delphine de Vigan nous donne à lire, mais sa thérapie. Et franchement, je me suis sentie de trop.
J'avais beaucoup aimé "jours sans faim", terrible récit de son passé d'anorexique que l'auteur a choisi de nous raconter. Mais dans "rien ne s'oppose à la nuit" j'ai eu l'impression quasi-permanente de lire des choses que je n'aurais pas dû lire, de me livrer au voyeurisme malgré moi. Impression que j'ai trouvée bien désagréable.
Commenter  J’apprécie          297
Je considère ce texte comme proprement scandaleux. Comment un auteur peut-il avoir suffisamment d'irrespect pour maltraiter de la sorte un lecteur ?
Quel peut être l'intérêt de publier un tel travail qui n'est autre qu'une thérapie.
Il y a là, à mon sens, quelque chose certes d'indécent mais c'est le propre de tout travail artistique ; mais il y a surtout quelque chose de malhonnête.
Car pourquoi prendre le lecteur à témoin ? Pour chercher une sorte de validation ?
Comme si ce déballage en place publique allait chasser le malaise familial ressenti par l'auteur.
Pourquoi prendre le lecteur en otage ? Car que pouvons-nous faire d'autre que subir ? Quand bien même nous aurions des compétences thérapeutiques, devant ce texte définitivement en noir foncé sur blanc, que pouvons-nous faire d'autre qu'emmagasiner ce transfert de pathos ?
Le texte aurait pu être sauvé par ses qualités littéraires ou l'originalité des vies que l'on y croise. Mais ce n'est pas le cas.
Il m'a rappelé, par son poids auto-psychanalytique, ce texte d'Annie Ernaux : l'autre fille par cette même prise d'otage méprisable.
Vous me jugerez dur, mais ma révolte au long de ma lecture l'a été tout autant ; comme si chaque phrase, chaque nouvelle étape dans l'enfer de la folie attisait cette révolte car, comme lecteur, que puis-je y faire sinon subir ?

Je me suis vraiment fait violence pour lire jusqu'au bout ce document qui n'aurait jamais dû quitter le coffre à secrets de madame De Vigan, mais je l'ai fait dans l'espoir sans cesse amenuisé d'y découvrir une infime particule interpelant le lecteur, sollicitant sa réflexion, son imagination.

Bien sûr le texte est inondé de l'amour profond de l'auteur pour sa mère et il m'est revenu cette belle phrase De Balzac :
Le coeur d'une mère est un abîme au fond duquel se trouve toujours un pardon.
Et Delphine de Vigan m'a fait comprendre que le coeur d'un enfant est aussi un abîme au fond duquel se trouve parfois un pardon pour ses parents.

C'est bien la seule graine que cette lecture aura fait germé dans mon esprit mais elle est bien désuète et décidément non, je n'ai pas aimé ce texte et n'y reviendrai pas.

Commenter  J’apprécie          2825
J'avais peur avant de commencer ce livre : une auteure qui livre son histoire familiale comme ça en pâture aux lecteurs...je craignais le voyeurisme, le malaise, quelque chose de malsain. Et bien non. C'est un portrait sensible, et qui apparaît nécessaire, de sa mère, et ainsi de sa famille maternelle.
Je ne m'étendrais pas sur les qualités de ce livre (les défauts, là je n'en vois aucun, c'est simple). Seulement j'ai été happée, touchée par cette histoire familiale. Touchée par Lucille, ses démons, sa volonté. Touchée par cette fratrie, ses individualités. Touchée par le recul, les sentiments qu'arrive ou pas à exprimer l'auteure.
Un petit mot sur la narratrice du livre audio : sa lecture est exceptionnelle, sa voix est parfaite, son élocution, ses intonations également. Elle sert merveilleusement cette histoire.
Commenter  J’apprécie          280
j'ai lu ce livre il y a quelques mois et j'ai trouvé difficile d'en parler. il m'a beaucoup touché, l'auteur décrit très bien la souffrance, la douleur morale de sa mère atteinte de troubles bipolaires. la mélancolie l'emporte sur les phases d'excitation. le suicide, le refus de la vie sont la trame du livre. comment une petite fille peut-elle vivre si sa mère s'est suicidée? est-ce qu'elle va reproduire la même chose.

le cheminement vers a seule voie possible devant la vie qui n'a aucun sens, l'anorexie autre forme de suicide, tout est bien décrit. on a l'impression que l'auteur reste dans la description, on ne ressent pas ses émotions et cela nous glace parfois pendant la lecture. comme si elle se retenait, ayant peur que leur ouvrir la porte entraîne un risque de tomber dans cette maladie.

cela me donne envie de lire d'autres ouvrages de d'DE VIGAN.
Commenter  J’apprécie          281
J'avais une appréhension avant de lire ce livre, parce que le seul autre livre de Delphine de Vigan que j'avais lu ne m'avait pas vraiment plu. L'histoire m'a intéressée (mais celle du livre précédent aussi), je me méfie des témoignages autobiographiques, mais je n'ai pas d'a priori contre le genre en lui-même, l'évocation d'une relation entre une fille et sa mère bipolaire me paraissait un sujet intéressant. C'est d'ailleurs ce que j'ai le plus apprécié dans ce roman. le problème c'est que Delphine de Vigan est censée être écrivain de profession, j'attends donc d'elle un minimum de style (qu'il me plaise ou non) et là ,j'ai trouvé que c'était plat, du même niveau que le style d'un inconnu dont c'est le premier (et probablement unique) livre. Spontanément j'ai envie de citer deux ou trois livres de personnes dont l'écriture littéraire n'est pas le métier principal et qui ont écrit de bien meilleurs livres de témoignage (Olivia Ruiz, Philippe Torreton, Anny Duperey, …) superbement écrits en prime. Je pardonne d'autant plus volontiers une écriture plate à un inconnu dans la mesure où elle a pour lui un effet cathartique, et éventuellement le même effet sur les lecteurs concernés par ce qu'il écrit. Mais là, non, c'est plat, et presque froid, juste rattrapé à quelques grands moments, par l'histoire, d'abord celle de la famille de Lucile, famille nombreuse qui vit hors norme (mais qu'est-ce qu'une famille dans la norme ? Y en a-t-il vraiment d'ailleurs?) certes, mais qui est attachante, un peu envahissante (mais comme l'auteur le dit si bien, c'est un peu le propre de toute famille nombreuse) ; ensuite j'ai bien aimé la façon dont Delphine de Vigan décrit son adolescence, la transformation des relations en fonction du comportement de Lucile, son obligation finalement à se comporter en adulte avant l'heure. Mais beaucoup de points sont à peine effleurés, au prétexte qu'elle a déjà écrit à ce sujet dans d'autres livres (ou aussi parce qu'elle le fera?). C'est assez crispant car il est difficile que tout ne soit pas un minimum lié ou, à tout le moins, imbriqué. le lecteur reste sur sa faim. Les personnages des grands-parents, piliers de cette grande famille, m'interrogent bien plus que ce que ne semble le faire l'auteur : je crois que je comprends bien moins Liane et Georges que leur fille Lucile ! Quand à tous les passages où Delphine de Vigan s'interroge sur ce qu'elle écrit, sur ce qu'elle choisit ou non d'écrire, ils m'ont plus énervée qu'autre chose, car je n'y ai pas senti une pleine et totale sincérité, parce qu'il y a trop de mélanges de genre : fiction (c'est un roman), autofiction (mais dans la première partie, elle est une narratrice extérieure, puis ensuite elle narre à la première personne, plus les incises au présent de l'écriture, ça commence à faire un peu beaucoup), biographie (celle de sa mère), autobiographie (la sienne), variations incessantes d'époques. Un tel mélange demande un doigté et une qualité d'écriture que je n'ai absolument pas senti ici. J'ai pourtant été attirée jusqu'au bout par les bonheurs et malheurs de cette famille. J'ai bien aimé que, quoi qu'elle en dise, on ne sait pas trop où en est vraiment l'auteur dans sa relation filiale. Mais on peut comprendre un comportement sans pardonner ce qu'il a entraîné, ou pardonner un être aimé sans tout comprendre des causes de son comportement. Bref, j'ai nettement préféré ce livre à «D'après une histoire vraie» mais malgré cela je crois que je ne lirai pas un troisième livre de cet auteur.
Commenter  J’apprécie          270
L'entreprise de Delphine de Vigan est délicate. En tant que fille, comment parler de sa mère, que retenir de la vie de celle qui nous a porté et qu'on a eu le sentiment de porter à son tour ? En tant qu'écrivain, pour quels choix narratifs opter ? En tant que soeur, nièce, petite-fille, comment respecter le regard des autres membres de la famille ? Tout dire, telle est sa volonté, quitte à éprouver parfois (souvent) le vertige coupable de celle qui risque de tomber du côté du juge. Et c'est ce qu'elle veut éviter. Aussi la vie de Lucile est-elle racontée sur le ton de celle qui questionne sans forcément apporter de réponses. Seul l'enchainement des événements doit parler pour elle. Nous, lecteurs, remercions Delphine de Vigan de n'avoir pas sombré dans un brouillard pathétique. Les faits sont là, suffisamment tragiques et répétés, pour que nous puissions comprendre ce qui a fait de Lucile ce qu'elle est devenue. Pour que nous puissions nous demander, comme le fait le psychiatre à la fin du "roman", comment elle a pu survivre à tout ça aussi longtemps.
Une lecture éprouvante, au cours de laquelle on a envie de se sentir à la hauteur, aussi dignes que l'est ce récit. Une épreuve en quelque sorte, dont on ressort silencieux.
Commenter  J’apprécie          271
Bouleversant. Delphine raconte sa mère, avec son lot émotionnel et ses mots qui touchent. On est renvoyé à notre propre relation à notre mère. À ceux qui s'intéressent à la psychologie transgénérationnelle, vous aurez de la matière. À la fois autobiographique, fort, profondément triste, exaltant dans certains souvenirs, le livre nous emmène d'une poigne marquée à ses côtés, pour le terrible voyage initié par Delphine de Vigan dans le travail de compréhension de sa mère. On y voit ses efforts, ses hésitations, les révélations qui, loin de la laisser indemne, la dissuadaient parfois de faire tout cela. Delphine de Vigan a raconté sa mère, et cela a eu l'effet d'une thérapie. Ce roman est important.
Commenter  J’apprécie          260
Confessions de famille. Quelle famille ! Je ne sais si j'ai aimé ou pas. D'habitude je ne suis pas très portée sur ce genre de thérapie. Je n'ai pas l'âme du vautour aimant se ruer sur le malheur. Je me garde une petite réserve. Et voilà que j'y ai trouvé trop de réserve à ces confessions. Trop de mornes explications, voilà que le vautour se réveillait en moi et que la petite gêne que je me réserve habituellement...pfitt disparue. J'en voulais plus. Mais bon...Cette lecture me faisait trop penser à Annie Ernaux que je n'apprécie pas particulièrement, j'ai donc lâché pour un temps ce livre. Puis je l'ai repris, j'ai persisté et j'ai presque fini par apprécié, je crois. J'ai aimé l'écriture, pas nécessairement le propos mais l'écriture. Alors voilà c'est tout j'aurai lu Delphine de Vigan.
Commenter  J’apprécie          260
Généralement peu adepte de l'autofiction, j'ai entamé la lecture de Rien ne s'oppose à la nuit avec peu d'attente, certaine qu'il n'entrainerait pas, chez moi, l'enthousiasme avec lequel il m'avait été recommandé. Je me suis donc surprise non seulement à l'aimer, mais, une fois refermé, à devoir le laisser décanter et infuser un peu avant d'entamer une nouvelle lecture.
Le récit plonge dans l'intimité de cette "famille joyeuse et dévastée", qui, à la vitalité débordante et radieuse d'une famille nombreuse, a sa part d'ombres à opposer (les morts, accidentelles ou suicidaires, des trois frères) et ses profondes noirceurs (les accusations de Lucile adulte envers son père).
Le portrait de Lucile, la mère, se dessine en clair-obscur, de son enfance à sa vie de femme, déchirée entre moments de dérive et temps de répit, et une issue connue du lecteur dès le début du récit. Pour autant, il conserve ce qu'il faut de distance et de pudeur pour éviter l'écueil du pathos ou de l'indécence. Ce curseur est forcément subjectif, je comprends pourquoi il peut, a contrario, laisser mal à l'aise.
Le style simple, sans artifice, sobre, sert la justesse du texte.
Sa densité m'a laissé une empreinte durable (réminiscence d'une scène, d'un ressenti…), ce qui reste pour moi la marque d'un bon livre (il marque, tout simplement). Ce n'est peut-être pas un beau "roman", mais c'est un très beau récit.
Commenter  J’apprécie          260




Lecteurs (23070) Voir plus



Quiz Voir plus

Delphine de Vigan

Delphine de Vigan a écrit son premier roman "Jours sans faim" sous un pseudonyme. Quel est-il ?

Agnès Dantzig
Lou Delvig
Sara Dliping
Mia Dumrig

10 questions
257 lecteurs ont répondu
Thème : Delphine de ViganCréer un quiz sur ce livre

{* *}