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4,16

sur 9286 notes
Et rien ne s'oppose à cette lecture, sauf si éventuellement on a une histoire de famille douloureuse, qui viendra pulser en écho à la souffrance de Delphine de Vigan.

Celle-ci nous livre un témoignage brut, saccadé, qui m'a plutôt déconcertée au départ, mais qui finalement crée tout l'intérêt du livre. Il est question de la famille de l'auteure, et surtout de sa maman, Lucile, de sa maladie, de son suicide. Chaque page est empreinte de la difficulté, mais également de la nécessité de Delphine de Vigan à raconter cette mère pas comme les autres. Elle déroule pour nous le fil de l'histoire de sa mère, peut-être pour comprendre, peut-être pour expliquer, parce que cette mère ne se résume pas à un terme barbare, bipolaire.

Cette mère c'est aussi une femme fascinante, qui ne laisse personne indifférent, qui a aimé, qui a fait du mieux qu'elle a pu avec ses démons. C'est une beauté mystérieuse, comme en témoigne la photo de couverture du livre qui la représente, une blondeur candide qui a attiré les regards, peut-être un peu trop.

Il me paraitrait indécent de tenter d'analyser ce témoignage, car il doit être pris comme tel à mon sens : une confidence, que l'on recueille sans réponse mais avec délicatesse.

L'empathie a toutefois eu un prix en ce qui me concerne, moi qui connais bien cette petite boule sournoise de psychose qui a fait, fait, et fera encore des dégâts dans ma propre famille. Comme on peine à consoler une personne que le deuil frappe de plein fouet, quand soi-même on est en train de s'y noyer.

Néanmoins, ce livre est écrit avec un grand talent, qui repose à mes yeux sur le courage de Delphine de Vigan, se mettant totalement à nu devant nous, en toute humilité, mais avec la force nécessaire pour qu'à aucun moment nous ne jugions cette mère qu'elle a aimé.

Un témoignage bouleversant.
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Rien ne justifie
...que l'on s'immisce à ce point dans l'intimité de quelqu'un qu'on ne connait pas.
Rien ne justifie qu'on soit fasciné à ce point par cette intimité qui n'est pas nôtre. Rien ne justifie qu'un auteur aussi talentueux soit-il partage à ce point sa personne. Rien ne justifie que chacun y rencontre des évènements qui ressemblent de près ou de loin à son propre vécu. Rien ne justifie la pudeur évoquée par de nombreuses critiques, il n'y a pas de pudeur lorsqu'on jette une vie comme ça à la face du lecteur.
Il y a la nécessité d'écrire. Il y a le besoin de comprendre. Il n'y a pas de pudeur quand on va jusqu'au bout du bout et que l'on écrit ou recopie tout.
J'ai été un peu gênée qu'elle aille jusqu'à ce bout en nous donnant presque à la fin ce j'aurais tu, mais j'ai été époustoufrissonnée par ce texte. Epoustoufrissonnée.

Je m'en veux d'avoir pensé avant de l'avoir lu, que le succès de ce livre était dû aux relations de Delphine de Vigan.
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Une 642ème critique… rien que ça pour un roman qui me laisse une impression globale plutôt positive, sans enthousiasme excessif ; je n'ai pas tellement perçu les enjeux commerciaux qui ont fortement déplu à beaucoup de lecteurs, mais plutôt un besoin de coucher sur le papier un vécu difficile. Il est vrai que ma lecture a lieu bien après la sortie du livre, et que je suis passée à côté du tapage médiatique qui l'a accompagnée.
Delphine de Vigan se met en scène, ne cache pas le travail de transformation de la « réalité » pour cadrer avec son vécu, parfois différent de celui d'autres membres de sa famille. C'est un aspect intéressant, cela revient tout au long du roman, et met une perspective nécessaire à ce récit assez difficile d'une fille faisant face aux grandes difficultés de sa mère. J'ai beaucoup aimé l'indulgence dont elle fait preuve face à cette maman, Lucile, à la fois si vulnérable et parfois si forte. La première partie du roman, l'impact du décès d'un enfant sur la famille, m'a paru très vrai et très fort. Les personnages, suffisamment romanesques pour dépasser le stade d'une banale biographie.
Ensuite, telle une musique qui se dérègle, où surviennent de fausses notes, le récit m'a paru se décaler. Comme si on apercevait un peu trop les trucages de reconstruction du réel, l'exercice de réécriture de l'histoire et affleurer le voyeurisme. Difficile à expliquer pourtant. En expliquant à la maladie de sa mère par des évènements précis et non par la complexité, Delphine de Vigan fait des révélations qui lui ont peut-être été utiles, mais m'ont paru inutiles pour le roman qui en perd son universalité. .
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Au moment où j'ai lu ce livre je n'écrivais pas encore sur Babelio. Je fais donc appel à mes souvenirs . Ce livre m'a littéralement transpercé . J'ai même souvent peur de le conseiller dans ma bibliothèque tant il possède une véritable résonance dans ma vie personnelle ayant peur "d'être découverte et mise à nue". C'est un livre immense et magnifique sur la mère et la maladie mentale. J'ai ressenti également un impact très fort avec les heures souterraines .
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Après quelques romans ayant été des succès en librairie, Delphine de Vigan s'est lancée dans un exercice difficile et plus intime : raconter l'histoire de sa mère, son enfance, son adolescence, l'entrée dans l'âge adulte, le mariage, la maternité et puis la maladie, ce trouble bipolaire qui la conduira à être internée, où elle finira par reprendre pied dans la réalité après 10 ans de traitement, jusqu'à sa mort, son suicide.

Il pourrait être possible de voir ce livre comme une thérapie de la part de l'auteur, cela l'est sans doute un peu mais il n'y a pas que cela.
J'ai ressenti tout au long de ma lecture que c'était aussi une façon pour elle de rendre hommage à sa mère, de coucher sur papier sa vie pour que les générations futures puissent la connaître, et également de pardonner à sa mère ce qu'elle lui a fait subir durant son enfance, son adolescence et sa vie d'adulte.
Comme si, en écrivant ce livre, Delphine de Vigan réussissait à mieux cerner sa mère : "Lucile est morte comme elle le souhaitait : vivante. Aujourd'hui, je suis capable d'admirer son courage."
L'exercice était pourtant périlleux, car comme le dit l'auteur, écrire sur sa mère a été fait par de nombreux auteurs, de façon plus ou moins heureuse d'ailleurs, et puis en écrivant sur ce sujet c'est toute une partie de son intimité que l'on dévoile.
D'ailleurs la photo illustrant la couverture de ce livre est une photographie de Lucile.
Pourtant, ce récit est sans fausse note, sans pudeur ni déballage excessif, c'est un juste compromis entre la part d'intime et la part publique de la vie de cette femme, de ses souffrances.

Pendant la première partie du livre, l'auteur raconte l'enfance de sa mère à partir des entretiens qu'elle a eus avec ses oncles et tantes tout en restant libre sur certaines parties dont elle ne peut que tirer des spéculations :"Mais la vérité n'existait pas. Je n'avais que des morceaux épars et le fait même de les ordonner constituait déjà une fiction. Quoi que j'écrive, je serais dans la fable."
Elle ponctue également le récit de son journal d'écriture, des doutes qu'elle a eus en se lançant dans ce projet, de ses peurs sur l'accueil qu'il allait recevoir par sa famille et ensuite par le public.
J'ai trouvé agréable que l'auteur livre ses doutes et ses hésitations, cela accentue le caractère authentique du récit et plutôt que de l'éloigner du lecteur cela au contraire la rapproche.
Il y a un recul voulu dans cette première partie, Delphine de Vigan ne se permettant de nommer sa mère que par son prénom.
Il faudra attendre la deuxième partie et qu'enfin elle soit née pour qu'elle se permette d'écrire "ma mère" en continuant son récit.
Delphine de Vigan raconte tout : les joies, les bonheurs de sa famille, mais également les drames, les morts qui la jalonnent et surtout les secrets enfouis qu'il ne faut à aucun prix divulguer.
J'ai trouvé que ce récit était représentatif de ce qu'est une famille sur plusieurs générations et surtout, cette histoire nous renvoie chacun vers notre propre histoire familiale et le résumé fait par Delphine de Vigan de sa famille s'applique finalement à chacun de nous :"Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l'écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd'hui je sais aussi qu'elle illustre, comme tant d'autres familles, le pouvoir de destruction du verbe, et celui du silence."
Le style est remarquable, l'écriture est fluide et le récit bien construit et structuré.
Cette histoire intime se lit tout simplement d'une seule traite et avec grand plaisir, sans avoir à aucun moment la sensation de pénétrer dans l'intimité d'une famille qui n'est pas la nôtre.

Avec "Rien ne s'oppose à la nuit" Delphine de Vigan, touchée par la grâce et portée par l'histoire de cette mère si peu ordinaire, a frappé un grand coup en cette rentrée littéraire 2011 et s'impose comme une auteur sur qui il faudra compter et non pas uniquement comme une auteur à succès de librairie.
Et si, comme le chante Alain Bashung "Plus rien ne s'oppose à la nuit", tout, au contraire, justifie la lecture de ce formidable récit de Delphine de Vigan.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Après 'Jours sans faim' dans lequel elle évoquait ses troubles alimentaires adolescents, puis 'Les heures souterraines' sur la souffrance au travail, Delphine de Vigan reste dans "l'auto-fiction", s'attachant cette fois à sa mère, sa filiation, sa famille. Une famille "Ricoré" qui, sous le vernis, cache des épisodes peu glorieux, des blessures, des drames, tus ou revisités en une "mythologie" familiale, comme partout.
Beaucoup de personnages en grande souffrance dans la généalogie de l'auteur, pour lesquels la narration, orale ou écrite, tient une place importante.

Je trouve la plume et les propos de Delphine de Vigan de plus en plus brillants, de plus en plus aboutis, "osés" (dans le sens le plus noble du terme) au fil de son oeuvre. Voici une confession sans fard mais sans exhibitionnisme, un travail approfondi qu'on imagine particulièrement éprouvant. Les thèmes (ambivalence de l'amour parental, mort des proches, maladie mentale) captivent, émeuvent, bouleversent le lecteur, quels que soient les échos rencontrés...
J'ai retrouvé avec émotion et admiration des accents d'Annie Ernaux, de Catherine Cusset, d'Emmanuel Carrère et de Marie Sizun, dans ce qu'ils offrent de meilleur... Et aussi un soupçon de Justine Lévy et d'Alexandre Jardin dans ce qui peut m'agacer (les excès ? les côtés flambeur et fantasque de certains personnages ?) mais peu importe. Les cent et quelques dernières pages ont effacé tout scepticisme, toute réserve, me ballottant sans cesse entre renaissance, cris de souffrance et espoir.

Un livre "choc", intense, douloureux.

Lien : http://www.canelkiwi.com/arc..
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« Rien ne s'oppose à la nuit » est d'une puissance d'évocation qui confine au sublime. Vertigineuse plongée dans les sombres méandres de la folie, de la psychose qui a touchée sa maman, réflexion sur le poids du mensonge, sur la portée des drames familiaux et leurs conséquences au-delà des générations, sonde explorant les confins de la méthode analytique, récit d'insomnie, d'êtres écorchés vifs coupable d'être en vie, anamorphose géniale transfigurant cet éther qu'est la maladie, inlassable rongeur dévorant le psychisme des damnés. Là où beaucoup ce serait limité à un stricte déballage des histoires de famille, Delphine de Vigan, nous dresse le portrait sans concession, à visage humain, des écueils que la vie dresse sur le chemin de chacun. Avec délicatesse, esthétique d'une écriture ciselée, elle soulève un par un les draps recouvrant les êtres comme autant de fantômes que la vie, toujours elle, n'aura pas épargné. Delphine de Vigan nous exprime sa vérité mise à nu et elle en concède la limite tout au long d'un récit âpre que je n'ai pu qu'achever le souffle court, aux petites lueurs d'une matinée de Printemps. Sans jamais céder aux facilités livresques de notre époque (j'évoque par là la dérive nombriliste), l'auteure revisite avec une grâce rarement égalée un genre pourtant maintes fois vu et revu. Un très grand roman à n'en pas douter.
Lien : https://thedude524.com/2013/..
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Avant d'entamer cette lecture, au vu du thème abordé, j'avais crains d'y lire un déballage de confessions impudiques.
Mais c'est finalement une lecture puissante et authentique que j'ai découvert.

Dans un style harmonieux et fluide, les mots se sont déroulés petit à petit sous mes yeux, dans un récit des plus humbles, alors même que les thèmes abordés sont d'une brutalité terrible.

Delphine de Vigan tente donc de retracer l'enfance et le parcours de vie de sa mère, tout en cherchant une forme de compréhension de sa propre histoire familiale. J'ai apprécié ces alternances entre récit familial et réflexions de l'auteure. Loin d'être une entreprise facile, on pourrait même la qualifier d'enquête. Car l'auteure n'a de cesse de chercher, questionner, interroger (les autres et puis elle-même), tout en évitant le jugement qui serait si facile en de telles circonstances.

Le ton est donc donné, la mort et la souffrance seront les fils rouges de ce récit. Pourtant, la narration de l'auteure ne nous amènera jamais dans le pathos ou le sordide. le style est à la fois distancié et lapidaire, mais on sent poindre l'émotion à fleur de peau, ou de lignes devrais-je plutôt dire.
C'est une histoire saisissante, criante de vérité, qui nous parle donc, et qui comme toute histoire contient sa part d'ombre.

A mon sens, j'ai trouvé le style de l'auteure décent et sincère. Son ton intimiste incite à la confidence. On y sent toute l'énergie et le courage dont a fait preuve Delphine de Vigan. Pour toutes ces raisons, c'est un livre attachant, émouvant, poignant et épatant.

Après en avoir refermé les pages, c'est une oeuvre qui continue à nous hanter longtemps. Pourtant l'ouvrage est loin d'être parfait : manque d'éclairage, vérité non dévoilée etc... mais il ne peut pas laisser indifférent.

Un véritable page turner dont il serait dommage de passer à côté.

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La lecture de ce livre m'a particulièrement touchée, emportée émotionnellement. J'ai eu le sentiment d'avoir l'auteure assise auprès de moi, j'étais sa confidente. Elle tentait d'esquisser le portrait de sa mère mais à chaque fois qu'elle s'en approchait, le trait de crayon dérapait, elle était incapable de la dessiner avec précision : comment saisir une personnalité si perturbée, si paumée, si instable que celle de Lucille. toujours au bord du gouffre. Personne n'aurait pu lui apporter de l'aide tant elle était attirée par la destruction et pourtant, Delphine, malgré ce que sa soeur et elle ont enduré, tente une introspection personnelle douloureuse mais j'y ai ressenti tellement d'amour pour Lucille que j'en suis admirative et bouleversée. Une mère reste une mère!
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Delphine de Vigan nous livre ici une histoire sur sa propre vie et surtout sur celle de sa mère, Lucile, jolie enfant , jolie adolescente et belle femme, silencieuse et secrète, alourdie en silence par tous ses chagrins et ses peines jusqu'à ce que la folie la dérobe véritablement à ses proches.

C'est une histoire brutale d'une famille éclatée par les morts prématurées de ses enfants et par le caractère d'un père à la fois généreux et égoïste.

J'ai suivi cette histoire sans pouvoir m'arrêter avant la toute dernière page et même encore après cette histoire me trotte dans la tête, me fait m'interroger, me heurte de plein fouet de par sa violence.
Lucile est un des personnages les plus troublants de ceux que les livres m'ont donné à voir, et peut être celui qui me perturbe le plus, notamment du fait qu'elle a vraiment existé et que les faits relatés dans ce roman ont réellement eu lieu.

On assiste véritablement à la construction de la folie et de la détresse de Lucile au travers de cette narration de sa vie, de la mort de son jeune frère lorsqu'elle était petite à son suicide, conclusion qui nous est donnée comme limite ou comme but dès la première page du roman.

Ce qui est particulier dans son roman et que j'ai beaucoup aimé, c'est le style de narration employé par Delphine de Vigan. Elle nous raconte sa mère à partir de son propre point de vue, de ce qu'elle a compris de son histoire et de ses propres souvenirs. Ainsi, la narration semble renforcée par les émotions que dégage l'auteure à l'écriture de certains passages particulièrement durs. Elle nous confie ses doutes sur le bien fondé de ce roman, sur la non-objectivité de son point de vue qui n'est peut être pas la réalité mais qui reflète ce qu'elle a ressenti au contact de Lucile.
C'est un témoignage d'amour d'une fille à sa mère, qui essaye de la raconter sans la changer, de comprendre comment sa mère est devenue ce qu'elle était et a fait ce qu'elle a fait et particulièrement pourquoi , alors que tout semblait enfin s'être amélioré, elle a mis fin à ses jours.
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