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EAN : 9782213619941
290 pages
Fayard (05/05/2004)
4.08/5   6 notes
Résumé :


Rongé par la culpabilité d'avoir aimé sa belle-mère, le jeune Ravi abandonne ses études d'astrophysique pour un poste d'instituteur sans le sou à Khasak, village reculé de la campagne du Kerala, au sud-ouest de la péninsule indienne. Il est bientôt ensorcelé par cette terre ancestrale où rêves et légendes s'entremêlent, où derrière le fil en apparence imperturbable de la vie quotidienne les passions s'exacerbent.

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique


Nous devons la traduction française de ce beau roman Les Légendes Khasak, d'Ootupulackal Velukkuty Vijayan, écrivain indien, à Dominique Vitalyos qui a vécu plusieurs années au Kerala où elle a étudié, entre autre, la langue malayalam. Sa biographie nous apprend que Dominique Vitalyos est également diplômée en anglais, indonésien et ethnologie.
Elle s'est spécialisée dans la traduction d'auteurs indiens de langues anglaise et malayalam pour contribuer à donner aux littératures de l'Inde la place qu'elles méritent dans l'édition française. Voilà pourquoi il me semblait légitime de la mentionner, car sans elle, nous eussions été privés d'un très beau roman à la prose emplie de poésie, et qui se lit au rythme de la vie d'un village isolé du Kérala.
Ravi est un garçon intelligent qui vient se perdre dans ce petit village de Khasak au fin fond du Kérala pour y enseigner à des enfants. Pourquoi, lui qui est issu d'un milieu plutôt aisé et instruit et qui aurait pu poursuivre des études de physique en Europe ou aux Etats unis, se rend-il en un lieu aussi modeste que perdu ?
Au fil de la narration, par petites touches rétrospectives, on comprend qu'il fuit quelque chose qui reste cependant accroché à sa mémoire ; il a trahi son vieux père, malade, extrêmement attaché à son fils, pourtant, en couchant avec sa belle-mère.
La distance géographique n'efface pas le souvenir ; mais celui-ci peut être distrait par l'agitation quotidienne de Khasak dont la chronique raconte la vie des villageois.
Ravi va connaître presque tout de khasak, sa mythologie prestigieuse, puisque les Khasaki prétendent descendre des guerriers Badrin de l'Islam et disciples du Prophète, qui atteignirent Khasak, il y a très longtemps.
Il sera le témoin des discordes entre hindouistes et musulmans ; il connaîtra les secrets des uns et les trahisons conjugales des autres, il observera les luttes d'influence entre les personnages plus ou moins importants du village et des alentours.
Ravi s'attachera aux enfants qui viennent en classe quand ils peuvent ; surtout à "Colibri", un jeune garçon un peu fantasque, un peu déficient mentalement et que tout le monde aime et respecte ; il jouira d'amours éphémères, il subira la maladie, l'épidémie de la variole qui décime parents et enfants, les cérémonies truquées à la Déesse...
Jusqu'au jour où Padma vient le chercher, après des mois d'enquête pour connaître sa retraite. Padma qui lui dit : "Ravi, pars avec moi !"
Cette chronique est un dépaysement qui m'a conduit à effectuer quelques recherches sur le Web car, outre l'auteur qui m'était totalement inconnu, l'univers culturel indien, aussi, m'est étranger, a fortiori lorsque le cadre du roman se situe dans un des 29 Etats de l'Inde fédérale, le Kérala aux 14 districts, dont celui de Palakkad, où naquit, en 1930, OV Vijayan.
Au Kérala, il y a le village de Tasarak qui aurait servi de modèle au village fictif de Khasak. Ce village a fait de l'auteur son héros et ce roman y est très célèbre. Roman écrit dans la langue de l'Etat, le malayalam.
On affirme que le Kérala est l'Etat le plus alphabétisé de l'Inde. C'est aussi celui qui jouit d'un développement social unique dans la fédération. le Kérala, aime l'alternance démocratique, puisqu'il est gouverné tantôt par les centristes du Congrès, tantôt par les communistes. Depuis 2016, c'est le cas.
Il me plaît d'imaginer qu'au sortir de l'esclavage, en 1848, les planteurs antillais ont peut-être fait venir ces "koulis" dravidiens de cette région tropicale du sous continent jusqu'à la Martinique, où leurs descendants, libérés, eux aussi, plus tard, du servage qui ne disait pas son nom, se sont progressivement intégrés à la population martiniquaise, contribuant, ainsi, à donner à celle-ci, sa coloration et sa beauté si particulières que chantait Lafcadio Hearn.

Pat
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Ravi, brillant étudiant, avec des perspectives de continuer ses études aux USA, quitte tout rongé par le remord de sa liaison avec sa belle mère. Après un séjour dans un ashram, il devient instituteur dans un pauvre village au bout du monde, Khasak.

Nous découvrons ce village et ses habitants, leur vie quotidienne, telle qu'elle a été depuis des siècles et des siècles, comme en dehors du temps. Naissances, morts, passions, jalousies, ses habitants se concentrent d'une certaine manière sur l'essentiel, ce qui a fait la trame des vies humaines dans toutes les sociétés. La vie n'est pas toujours aisée, les drames sont nombreux, comme l'épidémie de variole qui décime les élèves de Ravi. Mais les habitants ont une façon de ressentir leur vie, entre la réalité la plus tangible et les légendes, les récits du passé et une relation entre les esprits et les dieux qui donne une autre dimension à ce qu'ils vivent, et qui peut aussi donner par la suite lieu à de nouvelles légendes, transcender les aspects les plus difficiles de leur existence. Dès la fondation du village par le cheik Miyan Sayid, devenu le djinn titulaire du lieu, la réalité se transmute ainsi à l'infini.

L'écriture de l'auteur et la structure du récit oscillent, comme la vie de ses personnages, entre réalité et sa transformation nécessaire et naturelle en autre chose de pas toujours linéaire ni logique ni vraiment clair.

Une véritable merveille de finesse, de poésie et d'authenticité. Très loin d'une Inde aseptisée à l'usage du touriste étranger, j'ai eu le sentiment de plonger dans une société séculaire, avec ses codes et ses usages. Il y a bien sûr des choses qui échappent au lecteur qui ne vient pas de cette culture, mais ce que décrit l'auteur par le biais d'une micro-société spécifique, est suffisamment universel pour captiver tout lecteur qui a l'envie de faire un peu l'effort de sortir de lui-même. Un fabuleux voyage, dans le temps et dans l'espace et dans l'imaginaire. Une très belle découverte.
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