Nous devons la traduction française de ce beau roman Les Légendes Khasak, d'Ootupulackal Velukkuty Vijayan, écrivain indien, à
Dominique Vitalyos qui a vécu plusieurs années au Kerala où elle a étudié, entre autre, la langue malayalam. Sa biographie nous apprend que
Dominique Vitalyos est également diplômée en anglais, indonésien et ethnologie.
Elle s'est spécialisée dans la traduction d'auteurs indiens de langues anglaise et malayalam pour contribuer à donner aux littératures de l'Inde la place qu'elles méritent dans l'édition française. Voilà pourquoi il me semblait légitime de la mentionner, car sans elle, nous eussions été privés d'un très beau roman à la prose emplie de poésie, et qui se lit au rythme de la vie d'un village isolé du Kérala.
Ravi est un garçon intelligent qui vient se perdre dans ce petit village de Khasak au fin fond du Kérala pour y enseigner à des enfants. Pourquoi, lui qui est issu d'un milieu plutôt aisé et instruit et qui aurait pu poursuivre des études de physique en Europe ou aux Etats unis, se rend-il en un lieu aussi modeste que perdu ?
Au fil de la narration, par petites touches rétrospectives, on comprend qu'il fuit quelque chose qui reste cependant accroché à sa mémoire ; il a trahi son vieux père, malade, extrêmement attaché à son fils, pourtant, en couchant avec sa belle-mère.
La distance géographique n'efface pas le souvenir ; mais celui-ci peut être distrait par l'agitation quotidienne de Khasak dont la chronique raconte la vie des villageois.
Ravi va connaître presque tout de khasak, sa mythologie prestigieuse, puisque les Khasaki prétendent descendre des guerriers Badrin de l'Islam et disciples du Prophète, qui atteignirent Khasak, il y a très longtemps.
Il sera le témoin des discordes entre hindouistes et musulmans ; il connaîtra les secrets des uns et les trahisons conjugales des autres, il observera les luttes d'influence entre les personnages plus ou moins importants du village et des alentours.
Ravi s'attachera aux enfants qui viennent en classe quand ils peuvent ; surtout à "Colibri", un jeune garçon un peu fantasque, un peu déficient mentalement et que tout le monde aime et respecte ; il jouira d'amours éphémères, il subira la maladie, l'épidémie de la variole qui décime parents et enfants, les cérémonies truquées à la Déesse...
Jusqu'au jour où Padma vient le chercher, après des mois d'enquête pour connaître sa retraite. Padma qui lui dit : "Ravi, pars avec moi !"
Cette chronique est un dépaysement qui m'a conduit à effectuer quelques recherches sur le Web car, outre l'auteur qui m'était totalement inconnu, l'univers culturel indien, aussi, m'est étranger, a fortiori lorsque le cadre du roman se situe dans un des 29 Etats de l'Inde fédérale, le Kérala aux 14 districts, dont celui de Palakkad, où naquit, en 1930, OV Vijayan.
Au Kérala, il y a le village de Tasarak qui aurait servi de modèle au village fictif de Khasak. Ce village a fait de l'auteur son héros et ce roman y est très célèbre. Roman écrit dans la langue de l'Etat, le malayalam.
On affirme que le Kérala est l'Etat le plus alphabétisé de l'Inde. C'est aussi celui qui jouit d'un développement social unique dans la fédération. le Kérala, aime l'alternance démocratique, puisqu'il est gouverné tantôt par les centristes du Congrès, tantôt par les communistes. Depuis 2016, c'est le cas.
Il me plaît d'imaginer qu'au sortir de l'esclavage, en 1848, les planteurs antillais ont peut-être fait venir ces "koulis" dravidiens de cette région tropicale du sous continent jusqu'à la Martinique, où leurs descendants, libérés, eux aussi, plus tard, du servage qui ne disait pas son nom, se sont progressivement intégrés à la population martiniquaise, contribuant, ainsi, à donner à celle-ci, sa coloration et sa beauté si particulières que chantait
Lafcadio Hearn.
Pat