Le narrateur part d'abord dans ce que l'on pourrait considérer comme une aimable et brillante causerie, passant semble-t-il d'un sujet à autre, avec verve, humour et un sens de l'observation très aiguisé, qui font des débuts de ce livre un grand plaisir de lecture. Il s'embarque dans un voyage en bus, sans but semble-t-il, même si tout cela fait revenir des souvenirs. Ici ou là, il sème toutefois des indices, des fulgurances de mots justes et forts, nous laissant supposer que peut être tout cela n'est pas aussi léger et caractérisé par l'absurde qu'on aurait pu le penser dans un premier temps. Et la suite du livre nous le confirme bientôt. Son véritable sujet est la mort de la mère du narrateur, sujet autour duquel on tourne, avant de comprendre que c'est cela le noyau, le centre de gravité. Mais voilà, il ne s'agit pas de donner dans le tragique facile et dans le larmoyant, et donc l'auteur papillonne, parle d'autre chose, adopte un ton distancié. Mais ce n'est certes pas une fuite, ni un évitement, parce que le livre aborde vraiment ce qu'il peut y avoir de plus dur, de plus ambigu, de plus douloureux. Avec un ton particulier, dû au grand talent de l'auteur, qui rend finalement le livre d'autant plus fort et poignant qu'une description linéaire et réaliste au premier degré. Une lecture difficile à oublier.
Juste deux mots pour dire que je suis émerveillée par les quelques rares livres de littérature slovaque que j'ai pu lire récemment, et que je suis frappée qu'il y a, malgré des différences des personnalités et talents de leurs auteurs, des caractéristiques communes. La forme courte, une façon morcelée dans les récits, un côté absurde et un second degré permanent.
Malheureusement les autres auteurs que j'ai lus (Vladimir Balla et Václav Pankovčín) n'ont pas été à ma connaissance traduits en Français, et pour l'instant je n'ai pas trouvé d'autres pistes pour continuer à explorer cette littérature, ce que je regrette énormément.
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