NOTRE-DAME
L'ÉGLISE cathédrale de Paris est comme les héros, elle a deux histoires, l'une légendaire, l'autre réelle, et comme toujours aussi, la légende est au-dessous de la réalité. Si l'on s'en rapportait aux auteurs les plus anciens qui ont écrit sur Notre-Dame de Paris, le monument que nous voyons aurait été commencé, tout au moins, du temps de Charlemagne, et n'aurait été achevé que sous Philippe le Bel. Il n'aurait pas fallu moins de six siècles environ pour accumuler ces stratifications de pierres. De s'enquérir comment un plan, dressé sous Hercandus, quarante-deuxième évêque de Paris, aurait pu être suivi à travers les siècles et dans un pays aussi prompt aux changements que le nôtre, on ne s'en souciait guère. Cependant, le R.P. Du Breul, qui écrivait en 1612, ne laisse pas que d'élever un doute à l'endroit de cette prodigieuse lenteur, et incline à penser que l'évêque Maurice de Sully « l'a possible recommencé du tout ». Et, en effet, sur la tombe du digne prélat, placée jadis au milieu du choeur de l'église des religieux de Saint-Victor, on lisait : « Hic jacet R.P. Mauricius, episcopus Parisiensis, qui primus magnam basilicam Sanctae Mariae Virginis incohavit. Obiit anno D. 1196, 3 idus septembris ». Il n'y avait donc point à s'y tromper, Maurice de Sully avait bien commencé ou recommencé, si l'on veut, la cathédrale de Paris.
LA SAINTE-CHAPELLE
La Cité renfermait autrefois un grand nombre de paroisses disparues aujourd'hui. Les habitations particulières auront même bientôt fait place à des monuments publics. Ainsi, s'accomplit, après dix-sept cents ans d'existence, la destinée réservée à toutes les grandes villes qui, de leur berceau, firent la cité sacrée, l'acropole, le forum. De ses monuments anciens, la Cité ne renferme que Notre-Dame et certaines parties du Palais, résidence des princes suzerains jusqu'au XIVe siècle, puis Parlement, aujourd'hui Palais de Justice, composé bizarre de constructions appartenant à tous les âges, depuis le XIIIe siècle jusqu'à notre époque. Cette agglomération de bâtiments est comme un résumé de notre architecture depuis saint Louis jusqu'à Napoléon III, au milieu desquels s'élève la Sainte-Chapelle.
Alors Notre-Dame de Paris était élevée, sauf les flèches en pierre des deux tours, ainsi que nous l'avons dit tout à l'heure; l'église était entièrement bâtie sur le programme mi-religieux, mi-civil des cathédrales françaises de la fin du XIIe siècle. Elle ne possédait point de chapelles. L'autel seul, au milieu du rond-point de l'abside, était entouré des stalles du chapitre, la chaire de l'évèque dans l'axe. Les collatéraux de cette abside étaient de plain-pied avec le chœur. C'était la basilique antique avec son tribunal, ses galeries latérales à rez-de-chaussée et au premier étage. Le transept était marqué, mais ne formait point de saillies sur les bas-côtés.
NOTES ET RENSEIGNEMENTS
Les ferrures garnissant les vantaux des portes
de Notre-Dame ont une certaine célébrité : la
légende les attribue simplement au démon ;
quelques savants en font honneur à un serrurier
du nom de Biscornet, dont l'existence n'est pas
prouvée, ce qui n'a pas empêché l'édilité pari-
sienne de donner son nom à une rue de Paris,
située à deux ou trois kilomètres de Notre-Dame.
Exposition Notre-Dame de Paris, de Victor Hugo à Eugène Viollet-Le-Duc, à découvrir à la Crypte archéologique de l'île de la Cité à partir du 9 septembre 2020.
Ce film « Notre-Dame Éternelle » produit par Orange, partenaire de l'exposition, rend hommage à la beauté disparue de la cathédrale. À travers des images spectaculaires du lieu et des témoignages de tous horizons emplis d'émotions, le film invite à voir ou à revoir ce qui ne peut plus être vu : la flèche de Viollet-le-Duc, la nef, les statues, les vitraux, les cloches, sans oublier les façades gothiques qui font la majesté de Notre-Dame de Paris.
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