Georges Simenon (1903-1989) : De la Vendée aux quatre coins du monde

L'anarchiste libre, individuel, en chambre, tel que se définissait Georges Simenon, «artisan» radicalement hostile aux honneurs, éloges et autres reconnaissances, s'est trouve célébré par une exceptionnelle exposition (30 septembre 2011 – 26 février 2012), première de cette envergure, à l'Historial-Musée des Lucs-sur-Boulogne… si complaisamment récupéré par les plus droitistes «coeurs de Chouans»… L'homme, que l'on savait si généreux, tolérant et humble, si peu enclin aux fanatismes, aurait-il accepté pareille mise en vedette?
À cette question sans réponse… répond un livre-catalogue dont le conseil général de la Vendée a eu l'intelligence de confier la réalisation à Somogy Éditions d'art. Passionnant, riche d'une documentation et de témoignages (dont celui de John, fils de l'écrivain belge) dépassant très largement le cadre de cette Vendée que le père de Maigret (lequel inspecteur avait fait des études de médecine à… Nantes) découvrit en 1927 et où il s'installa, pour «mettre sa famille à l'abri» d'août 1940 à mai 1945, l'ouvrage témoigne de ces mêmes qualités d'honnêteté et de franchise que l'homme auquel il est consacré (et dont la devise était «Comprendre et ne pas juger»), ne faisant l'impasse ni sur son rapport aux femmes, ses plongées dans l'alcoolisme ou des convictions idéologiques par quoi il pouvait pourfendre la religion autant que des personnalités réactionnaires telles Jean Cau ou Maurice Druon.
Écrits en Vendée ou évoquant la Vendée (entre marais, côte, forêt et bocage, même situés dans des lieux imaginaires baptisés Pont-Saint-Jean ou Chantournay, mais qui ne sont autres que Fontenay-le-Comte où il vécut), signés Georges Sim ou Georges Simenon, on peut compter plus de quinze volumes de Folie d'un soir à Pedigree.
Une somme simenonienne sans équivalent… ni étroitesse aucune. Chapeau (… feutre), donc !

Critique parue dans "Encres de Loire" n° 58 page 28, hiver 2011-2012

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