New York au tout début du XXe siècle…
On signale plusieurs cas de malades de la typhoïde sans pouvoir identifier la cause de cette étonnante épidémie. Jusqu'au jour où l'ingénieur sanitaire George Albert Soper décide d'y consacrer toute son énergie, au point de délaisser sa famille et ses amis, ce qui n'ira pas sans lui poser de sérieux problèmes.
Son acharnement têtu portera cependant ses fruits et il parviendra enfin, au terme de nombreuses péripéties, parfois comiques, parfois tragiques, à identifier la source de la contamination : une solide Irlandaise au caractère irascible et violent, Mary Mallon.
Celle-ci est, sans le savoir, un «
porteur sain » (d'où le titre à première vue assez singulier du roman), c'est-à-dire une malade asymptomatique qui véhicule la typhoïde à son insu.
Laura Voisin nous livre ici un roman historique de grande qualité, basé sur une documentation aussi abondante que précise. Mais transcendant la froideur clinique des faits, l'auteure se plaît à imaginer les sentiments complexes et pas toujours très avouables, des nombreux individus qui de près ou de loin ont participé à cette étrange quête scientifique.
Non sans humour (un humour parfois grinçant), elle nous rappelle opportunément que l'histoire de toute découverte importante est d'abord celle d'hommes et de femmes avec leurs incontestables qualités et leurs inévitables faiblesses.
Sans être un thriller, ce roman au style enlevé ne se prive cependant pas de ménager le suspense. On épinglera aussi la description tout à fait remarquable de l'incroyable aveuglement dont peuvent faire preuve ceux qui en dépit de l'évidence préfèrent nier les dangers épidémiologiques. Voilà de quoi nous rappeler quelques douloureux souvenirs récents.