AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,52

sur 297 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le beau roman d'Antoine Volodine, "Terminus Radieux", semble reposer sur un procédé littéraire unique mais varié : l'éloge des camps de concentration, l'amour des piles nucléaires incontrôlables, la nostalgie des révolutions sanglantes et des polices politiques, tout est fait pour prendre le contre-pied des opinions communes et des habitudes de pensée du lecteur, même communiste. La prédilection de l'auteur pour les clochards, les anormaux, les gueux, les malades, les fous et les agonisants, marque bien son goût des anti-héros à la Beckett, qui subissent leur destin aux mains d'un déplaisant personnage principal, Solovieï, omniprésent, tout-puissant et capable de toutes les métamorphoses. Les temps, les espaces et la causalité sont de même bouleversés : l'action peut s'étirer sur des millénaires ou quelques heures, la fin du monde ne pas finir d'arriver, les causes et les effets s'intervertir. La narration elle-même, assez cohérente, alterne avec des pages de puissante poésie noire et déclamatoire d'origine romantique, que l'on a rapprochées du Maldoror de Lautréamont. Volodine brouille aussi les limites de la littérature, dont il est souvent question dans ces pages (ainsi que de "l'écriture"), et bien malin qui serait capable de classer ce beau livre dans un genre littéraire précis.

Paradoxalement, l'effet produit par cette accumulation de négativité est très prenant, très puissant, et en aucun cas déprimant. Au contraire, l'humour et l'ironie baignent ce roman dont les images, les paysages, l'éloquence poétiques sont d'une grande force, et la lecture de ce volume procure un grand plaisir.
Commenter  J’apprécie          300

Steppe sans limites. Blanc clair en hiver. Et en été les graminées, mutantes, se balançant caressées par le vent. Un monde contaminé, rendu invivable par les explosions de réacteurs nucléaires en fuite, fierté d'une Seconde Union soviétique au bord du gouffre. La seule exception à ce vide dominé par la nature est Terminus Radieux, un kolkhoze où la vie continue de s'écouler autour d'un empilement atomique enfoncé dans le sol.
La guerre est perdue, bien que les généraux aient tenté de reconquérir « Orbisa » (capitale de la Seconde Union soviétique) avec des forces « démoniaques, extraterrestres et kamikazes ». Vétérans de la grande bataille finale, les trois soldats Eli Kronauer, Iliuchenko et Vassilissa Marachvili, mourants après le dernier combat et en quête d'un abri, rentrent en contact avec cette nouvelle réalité. Parti en éclaireur, Eli trouve « Terminus Radieux » et nous découvrons ainsi que tout n'est pas perdu et que certaines communautés de personnes survivent aux radiations.
« Terminux Radieux » semble être un petit village dans une clairière dans les bois où une petite communauté alimente (au sens propre du terme) sa propre source d'énergie, c'est-à-dire une pile atomique qui un beau jour a décidé de s'enfoncer à des kilomètres dans le sol.
Dans le village, en plus de la culture et de l'entretien de la pile atomique, il y a une importante bibliothèque d'où l'on ne verra que des textes féministes, des brochures de propagande et des romans post-exotiques !
Et y vivent de sacrés personnages :
« Nonna Udgul », à qui les radiations ont donné une sorte d'immortalité récupéré par le régime puis devenu héroïne immortelle rejetée par celui-ci, elle a atterri à Terminus Radieux où elle s'est taillé le rôle important de vestale de la divinité ktonienne radioactive (alias la pile), en gérant les opérations de stockage des déchets radioactifs…
Mais le véritable « monstrum » (en latin, prodige) du kholchoz est « Soloviei », un terrible magicien, sorcier et homme de lettres, qui gouverne la petite communauté sur la base de sa propre interprétation anarchiste des règles de l'Orbisa ou comme président autoproclamé il guide les quelques survivants avec ses pouvoirs surnaturels dans une atmosphère de rêve aux contours du cauchemar. Car il a la capacité de ramener les morts à la vie avec une manipulation non spécifiée et qui fait de lui le principal représentant de cette partie du réalisme magique qui est un ingrédient du post-exotismeclairement la référence est au Bardo Todol, le livre tibétain
Dans ce roman, les morts marchent et font partie d'un autre ensemble de créatures humaines : D'un côté les morts qui connaissent le secret de cet état, de l'autre les vivants qu'à moitié qui grâce aux radiations sont souvent d'étranges êtres mutants et à l'intersection les morts-vivants qui sont un peu l'un et un peu l'autre. Volodine décrit les morts comme faisant partie du Bardo référence au livre des morts tibétains des morts que même Philip K. Dick appréciait et pillait pour des idées (tant pour la relation entre post exotique et post post-moderne). Soloviei n'est pas seulement un véritable être magique et malfaisant, mais c'est le père qui, par son pouvoir de contrôler les rêves, ne laisse aucun répit à ses filles/amantes : Myriam Umarik, Samiya Schmidt et Hannko Vogulian.
Et puis les siècles passent, les survivants se dispersent, le voyage du train qui sillonnait les voies à la recherche d'un camp de travail s'est terminé il y a, on ne sait combien d'années. Jusqu'au jour où des milliers de corbeaux s'envolent. Et puis tout continue, encore une fois, dans la réalité parallèle et piégé du Barde « Soloviei », dans une fin infinie, mais qu'importe.
Dans cet univers – singulier, visionnaire, violent – le temps et l'espace sont des dimensions liquides où les vivants, les morts et autres errent dans un futur immense et éternel. Un univers hallucinant, traversé par l'humour du désastre. Ici, le temps et l'espace sont des dimensions liquides où les vivants, les morts et autres errent dans un futur immense et éternel. Un univers hallucinant, traversé par l'humour du désastre.
Tout cela vous renvoie à la culture malaise d'un franco-russe qui décrit une réalité magique dans la steppe après la fin de la Seconde Union soviétique.
Le dernier chapitre où la post-apocalypse prend des tonalités d'éternité, devenant une post-post apocalypse (je sais ça paraît confus mais moins que le roman), est la cerise sur le gâteau. La délicatesse avec laquelle sont abordées des questions telles que la mort, l'éternité, l'écriture, la vengeance, la connaissance, l'humanité en général est typique de la grande littérature.
Mais ici c'est encore quelque chose de vraiment nouveau. Ce roman est une est une sorte de boîte de Pandore qui contient des joies qu'une fois rencontrés ne peuvent plus être oubliées

Livre puissant, hypnotisant difficile et à mon avis trop long. Je pense qu'il est impossible et improbable de décrire l'impression que l'on a en lisant ce roman. Il est puissant parce qu'il contient tout : la vie, la mort, les limbes, le sommeil, la veille, les cauchemars, les désirs, les histoires, le pouvoir et l'impuissance, le temps et l'éternité. Tout cela est soutenue par une belle écriture souvent très poétique. Difficile parce que c'est un de ces livres qui font réfléchir à chaque phrase ce qui détourne de lecture proprement dite. Difficile parce qu'il fait bien admettre qu'on n'y comprend pas tout ce qui est je suppose une volonté de l'auteur.
On nage entre rêve et réalité et parfois on coule. Toujours à un pas du cauchemar (un tas atomique qui ne demande qu'à se remplir en permanence entre fantômes et morts vivants entre humains et post humains
On s'y perd parfois (ou c'est juste que l'on voyage) et là selon le type de lecteur que vous êtes vous choisirez de continuer ou d'arrêter les frais.
Antoine Volodine a été très clair là-dessus : c'est un roman post-exotique et tous les critiques doivent le considérer comme tel. Un divertissement qu'il faut prendre très, très au sérieux : cette littérature est en fait quelque chose de nouveau. Alors qu'il s'agisse de dérision ou de narcissisme, le « post-exotisme » est une avant-garde intéressante.
Le roman enfin se transforme en manifeste programmatique : la référence au raisonnement sur l'écriture, les livres et la littérature est constante. le style et l'imagerie de Terminus Radieux pourraient facilement remonter à une veine littéraire sauf qu'en réalité elle en invente une : Dans le monde de Volodine même les vagabonds se transforment en rhapsodes, la "princesse" est bibliothécaire et le grand "monstre" de toute l'histoire déclenche ses nécromancies avec des artifices littéraires rassemblés dans un corpus, dont des extraits entiers sont cités plusieurs fois.
Enfin, impossible de ne pas remarquer que le post-exotisme est un leitmotiv du livre lui-même ! le succès de ce courant est l'une des prophéties auto-réalisatrices les plus brillantes que la littérature ait produites ces derniers temps, après tout Volodine invente le terme « post exotisme » en 1990 et Terminus Radieux (2014) en est le point culminant.
Un indice du sens de ce « post-exotisme » : Il est extrêmement luxuriant. Mention spéciale aux graminées de la steppe et de la taïga radioactives qui entourent et composent Terminus Radieux. Volodine étant un admirable inventeur de noms : La « belle dame », la regrinella, la mortaccina à la grosse touffe, la godifoglia, la spingistorta, la sterpafina, la majdahara, la soffisplendida, la barbe de pèlerin, la mère des lépreux, la rinceuse, la biattola des vagabonds et la puante campanule Aldenga » composent ainsi un herbier très original. Je ne suis jamais allé en Sibérie pour étudier la botanique mais je sais que ces herbes n'existent pas, du moins pas dans notre univers.
Commenter  J’apprécie          71
"Terminus radieux", un titre qui déjà annonce toute l'ironie contenue dans cette histoire ! Car Terminus radieux, un kolkoze délabré de l'ère post soviétique est tout sauf radieux. Terminus radieux ne subsiste que par la volonté de Soloviev, magicien néfaste aux chants ensorcelants et avilissants pour ceux qui l'écoutent.

Antoine Volodine nous plonge dans l'épopée "post exotique" de personnages, morts ou vifs (?), qui gravitent autour de Soloviev, et notamment Kronauer, l'ancien soldat qui entre par mégarde dans son kolkolze et ne tombera peut-être pas sous son joug.

Terminus radieux raconte une lutte de personnages, oui de personnages, aux mains d'un créateur sans limites et terriblement malsain. le roman, en quatre parties passe de l'humour au désespoir. La fin ne sera pas optimiste, mais néanmoins majestueuse.
Commenter  J’apprécie          60
Cette fois-ci, c'est la fin. La Deuxième Union soviétique et son rêve de fraternité planétaire ont échoué. La guerre s'est accompagnée de catastrophes nucléaires. Dans cet univers post-apocalyptique, quelques êtres survivent et errent à travers les steppes. Sont-ils encore vivants ? Rien n'est moins sûr. Dans les romans de Volodine, la mort se confond avec la vie et les rêves. le temps et l'espace peuvent s'allonger ou se rétrécir. Comme dans les mythes et les contes, un personnage peut prendre l'apparence d'un animal. Pourtant, rien ne semble plus réel que cet univers imaginaire d'une singulière cohérence où l'on se surprend à rire au milieu du désastre. Antoine Volodine est un grand sorcier.
Lien : https://balises.bpi.fr/litte..
Commenter  J’apprécie          50
Univers de fin du monde sur une terre irradiée où morts et vivants se confondent. Inceste, "langue de queue", politiques totalitaires et camps de concentration, pouvoirs chamaniques, tous ces thèmes se retrouvent dans l'écriture poétique, violente et divinatoire de Volodine.
Un de ses meilleurs romans.
Commenter  J’apprécie          50
Lire Volodine n'est jamais complètement anodin et pas non plus d'une simplicité folle, et pour cause : pour le lire il faut accepter de laisser derrière soi un certain nombre de choses. Il n'est plus avec lui question de fiction, de non fiction, de fantastique ou de réel, il est question de bien plus , à savoir le génie. Depuis 30 ans et une très longue liste de romans, sous les pseudonymes d'Antoine Volodine, d'Eli Kronauer ou encore de Manuela Draeger, l'auteur s'est créé un univers. Un style aussi, qu'il définit lui-même de « post-exotisme » – vaste terme pour une infinité de mondes différents dans lesquels il inscrit ses histoires et son écriture .
Mais dans ses romans, et particulièrement dans Terminus radieux, dont il est question ici, et bien plus encore que le style en lui-même, c'est l'ambiance, l'espace-temps inventé par Volodine, ses personnages aussi, qui en font toute la particularité.

Chez Volodine tout est toujours étrange, onirique, sur un fil entre réalité et fantastique. C'est dans la taïga et la steppe que le roman s'installe pour cette fois, et ne serait-ce que ce cadre, paysage fantasmé et on ne peut plus énigmatique , suffit à créer une ambiance, un cadre qui vous emporte, et vous emporte très loin. Il réussit aussi le tour de force de rendre tous ses personnages plus fous, intrigants, attachants, brisés et émouvants les uns que les autres, du sorcier despotique Solovieï, à ses trois filles irréelles, en passant par l'immortelle Mémé Oudgoul ou bien encore Kronauer l'ex soldat, mi-vivant mi-mort, dont l'errance semble être un chemin vacillant vers des dernières heures incertaines.

La force inouïe de ce roman existe par sa cohérence et le fait que [... suite de la critique http://vagabondssolitaires.wordpress.com/2014/08/21/terminus-radieux-antoine-volodine/ ]
Lien : http://vagabondssolitaires.w..
Commenter  J’apprécie          50
"Terminus radieux" est le premier livre que je lis d'Antoine Volodine, et c'est une vraie découverte pour moi qui n'avais jamais entendu parler de la littérature post-exotique, dont il est le principal et, semble-t-il, l'unique représentant. C'est en effet tout un monde qu'il a créé au sein d'une oeuvre riche de presque vingt romans, y compris quelques « narrats, romances et entrevoutes » où l'on retrouve des références et explications propres à l'oeuvre elle-même.

"Terminus radieux" s'ouvre sur la fuite de trois combattants égalitaires, deux mois après la chute de l'Orbise, capitale de la Deuxième Union soviétique, suite à la reprise du pouvoir par les Barbares : nous sommes dans le futur sans savoir quand précisément. Les trois camarades résistants, Kronauer, Illioutchenko et Vassilissa Marachvili franchissent la frontière qui interdit l'accès aux territoires vides, immense zone de désolation exposée aux radiations depuis des décennies, depuis les catastrophes nucléaires en chaine qui ont dévasté toute vie humaine et animale dans les steppes de la Sibérie.

Après avoir marché vingt-neuf jours, épuisés, l'organisme rongé par les radiations, les trois amis arrivent près d'un ancien kolkhoze, « Etoile Rouge », en même temps qu'un étrange convoi transportant des soldats et des prisonniers que l'on retrouvera plus loin dans le récit. Vassilissa est mourante et Kronauer décide de partir à la recherche d'eau et de soins, en direction d'un village.

Kronauer traverse donc seul la steppe et arrive au kolkhoze de « Terminus radieux » qui porte bien mal son nom : un terminus, il en fut un pour la plupart de ses habitants, et il en sera un pour les survivants, à quelques exceptions près. Mais l'endroit n'a rien de radieux, bien au contraire : de sombres ruines d'un complexe agricole humide, froid et désert, où ne restent que les déchets irradiés d'une civilisation industrielle et quelques humains, « ni morts, ni vivants », êtres mutants qui souffrent ... d'immortalité !

C'est le cas de la Mémé Oudgoul, survivante désormais légendaire, qui fut en son temps une des plus valeureuses figures de la Deuxième Union soviétique et donc « représentante de l'héroïsme soviétique », et qui nourrit chaque jour la Pile en éruption, ou ce qu'il reste d'une centrale nucléaire devenue folle et qui s'est enfoncée dans le sol, creusant un puits de deux kilomètres de profondeur : une sorte de divinité nucléaire qui diffuse sa chaleur empoisonnée dans tout le kolkhoze.

Il y a également le mari de la Mémé Oudgoul, le président du kolkhoze, Solovieï, sorte de géant hirsute et repoussant, doué entre autres du don d'ubiquité et de la faculté de s'introduire dans les esprits et les pensées de ses filles qu'il contrôle et manipule à sa guise. Solovieï est un homme-corbeau, celui qui tire les ficelles de l'immense pièce de théâtre dans laquelle jouent les humains.

Sans oublier les trois filles de Solivieï, soeurs nées de mères inconnues, qui n'ont rien en commun, si ce n'est d'avoir été toutes trois irradiées et d'être des mortes-vivantes, et pourtant immortelles, comme leur père.

Arrivé à Terminus Radieux, Kronauer apprend que Solovieï et Morgovian, son gendre, sont partis vers « Etoile rouge », afin de s'occuper de Illioutchenko et Marachvili qui l'attendaient près de la voie ferrée. Il espère donc leur arrivée prochaine. Bien sûr, rien ne se passera comme il l'aurait voulu et le lecteur suivra le parcours sans fin de ces héros au destin accablant, à l'instar de ce train qui tourne en rond depuis des années, sans ravitaillement, au milieu de paysages infinis, à la recherche d'un hypothétique camp qui accepterait d'accueillir soldats et prisonniers unis dans un même voyage absurde.

Antoine Volodine entraîne en effet le lecteur dans un univers particulier, à la recherche du « havre concentrationnaire » des camps qui représentent, pour les survivants de l'Orbise, le bonheur face à la « barbarie inégalitaire » qui règne à l'extérieur. Les personnages ne doivent leur salut qu'à des rations de « Pemmican », une sorte de pâte de nourriture concentrée. Ils ne rencontreront jamais la quiétude mais traverseront des aventures sombres, répétitives et envoûtantes où la force de l'écriture de Volodine est de nous emmener toujours plus loin dans l'horreur sans nous lasser. A l'exception de quelques longueurs toutefois, lorsque Solovieï se livre à ses litanies oniriques, hallucinées.

Mais l'auteur d'ailleurs fait aussi preuve d'autodérision : « Elle n'a pu éviter les tics d'auteur. Elle ou moi peu importe. Elle n'a pu éviter de revenir, sinon régulièrement, du moins avec une certaine constance, à des scènes et à des situations fondatrices, à des images par lesquelles elle retrouvait les héros et les héroïnes qu'elle avait perdus… ». C'est d'ailleurs dans la toute dernière partie du roman que l'auteur nous donne plusieurs clés et explications sur son oeuvre.

Au total, le roman d'Antoine Volodine appartient à une littérature qui fait la part belle à l‘imaginaire, mais qui se veut … hors de toute littérature. Volodine définit le post-exotisme qu'il a créé comme « une littérature située ailleurs et, en quelque sorte, venue d'ailleurs, une littérature étrangère » qui « contient en elle-même ses propres explications, son système d'images, ses traditions »1.

C'est toute la définition de ce roman qui a reçu le Prix Médicis 2014.

Lien : http://lelivredapres.wordpre..
Commenter  J’apprécie          31
Une terre irradiée ou règne le brouillard du marxisme-léninisme, peuplée de sovkhozes à l'abandon. Des piles nucléaires, la taïga, un train.
C'est dans cet espace sans bornes que nous suivons quelques personnages ni vivants, ni morts, ni chiens. Un chaman, des soldats, des femmes ou des filles...

Volodine nous balade grâce à un style qui étire le temps, nous perd et nous raccroche, dans un univers aussi incohérent que palpable. La lecture de ce roman est une véritable expérience dans laquelle se croisent histoire, science-fiction, magie et métaphysique.

Un bémol pour la dernière partie du livre qui perd ses personnages et son lecteur dans une errance qui pourrait être belle si elle servait une quelconque intrigue.
Commenter  J’apprécie          10
Je viens enfin de lire Terminus radieux, de Volodine, qui m'attendait sur mes rayons depuis 9 ans. J'ai lu très vite ces 620 pages, contrairement à mon habitude, emporté par le récit et porté à chaque instant (ou presque) par la langue de Volodine, claire et douée d'un grand pouvoir d'incarnation du réel. Pourtant, cette lecture est une expérience déroutante, et il est difficile d'en parler simplement. Nous sommes quelque part dans le grand futur, après la chute de la Deuxième Union Soviétique et l'annihilation, par irradiation nucléaire, de l'immense territoire russe. Des grappes d'individus, nostalgiques du régime défunt et restés fidèles au marxisme-léninisme, errent dans ces terres presque vides. On suit leurs minces aventures, et cette composante uchronique, comme on dit aujourd'hui, est pour moi la composante la plus intéressante du livre.

J'ai eu beaucoup plus de mal avec la composante chamanique, habituelle à l'auteur, certes, mais ici particulièrement extravagante. Les vivants sont des morts ou des demi-morts, errant dans le Bardo, dont l'esprit est habité par un gourou post-nucléaire, immortel et transformiste (il se mue volontiers en corbeau... ), qui impose de fastidieuses séances d'écoute de proses post-exotiques à ses victimes (et au lecteur) et qui se ressource au contact de la pile atomique d'un ancien kolkhoze... Je simplifie... Puis le temps se dilate, une journée devient 49 ans où bien 2045 ans et des poussières... C'est trop pour moi et mon malheureux esprit de géométrie, et c'est dommage, car le livre ne manque pas par ailleurs de qualités. le 48e chapitre (l'avant-dernier, donc, pour sacrifier à la magie des nombres) est l'un des plus intéressants, car Volodine y expose, par le biais d'une fiction, sa conception de la littérature. Je ne sais pas si ces lignes donneront envie de lire ce livre : c'est pourtant ce que je recommande.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (663) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4899 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}