De Vuillard, j'avais déjà lu et apprécié,
14 juillet et
l'Ordre du Jour.
Ce court récit est plus proche dans la forme de
14 juillet.
J'y retrouve "le bruit et la fureur" de ce précédent récit. Mais avec un éclairage bien différent.
Ici, nous est raconté, avec, à nouveau, ce style si percutant, dynamique, et d'une grande puissance d'évocation, comment au Moyen Âge, d'abord en Angleterre, puis en Tchéquie et en Allemagne, la lecture directe de la Bible, grâce à sa traduction du latin, puis au début de l'imprimerie qui en permet la diffusion, servira de catalyseur à des hommes, principalement des prêtres comme Thomas Müntzer. Ceux-ci comprendront le message impérieux de partage des richesses qui est, il faut bien le dire, le message du Christ dans l'Evangile (on ne le croirait pas quand on voit l'histoire de L'Eglise Catholique et Romaine, et encore même maintenant, les fastes du Vatican).
Ceci amènera Müntzer à vouloir changer l'ordre des choses, à demander aux Princes et au Clergé, d'abord par la prédication puis par le conflit armé, un partage équitable des richesses. Cette guerre des pauvres était perdue d'avance, bien sûr.
Et malheureusement, il faut bien dire que tous les "grands soirs" révolutionnaires qui, depuis lors, ont essayé d'abolir les privilèges, les inégalités, en France ou ailleurs, n'ont abouti qu'à de terribles solutions totalitaires, elles meme broyeuses des humains.
Évidemment, dans ce récit, même s'il est plein d'érudition, le propos d'
Eric Vuillard n'est pas d'historien mais de "politique".
Car tout cela résonne bien étrangement à notre époque où quelques centaines d'individus, le plus souvent indépendants des états, possèdent la moitié des richesses de la planète. Ce ne sont plus des rois, des princes ou le clergé, mais des riches multinationaux, trop éloignés, trop abstraits, je trouve, pour le combat des pauvres d'aujourd'hui, qui en sont réduits à se battre contre leurs gouvernants...qui n'ont, en réalité, ni tout le pouvoir, ni toute la richesse. N'est ce pas pire?
Seul reproche au livre, c'est d'être un peu court et de se terminer de façon abrupte, comme s'il nous annonçait une suite...qui n'est pas là.