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3,61

sur 373 notes
Eric Vuillard est un écrivain érudit et passionnant.
Ses romans sont souvent courts comme L'Ordre du jour ou La guerre des pauvres
Mais il sont d'une richesse et d'une finesse d' écriture peu communes
Ici, il s' agit de Thomas Muntzer , de la révolte des paysans sur fond de Réforme Luthérienne vers 1525
Le sujet peut paraître ardu ou spécialisé.Il n'en est rien .
Eric Vuillard place son récit dans un contexte historique plus vaste, cette époque de transformation politique et religieuse qui marquera à jamais l ‘ Europe
Il a surtout un don rare: celui de nous immerger dans un contexte historique avec un minimum de mots, toujours judicieusement choisis
Son texte est très travaillé tout en restant accessible
Le contraire absolu d'un Ken Follett (que je lis en parallèle) qui a besoin de mille pages, plutôt mal écrites, pour essayer de nous faire comprendre, par exemple, le contexte de la Première Guerre Mondiale
Éric Vuillard écrit pour les lecteurs curieux et exigeants
Heureusement, son prix Goncourt l'a fait connaître du grand public
C' est tout à fait mérité
Je vous conseille vivement ce court roman facile à lire tout comme L'Ordre du jour
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Eric Vuillard est un esthète des mots, et il faut avouer que son écriture et son style sont très agréables. Ecrivain amoureux des belles lettres, il cisèle généralement avec un soin méticuleux ses phrases, choisit judicieusement son vocabulaire et s'avère toujours plaisant à lire.

Néanmoins, à chaque fois j'ai le sentiment qu'il vivote vraiment sur ses acquis et s'appuie quasi-unilatéralement sur sa belle plume pour séduire le lecteur, car pour le reste, et encore davantage ici que dans ses autres ouvrages, c'est convenu.

La Guerre des pauvres a visiblement été vite emballée à la demande de l'éditeur pour surfer sur la vague du prix Goncourt (comme le dernier Dicker d'ailleurs), et il est ce qu'il est: un bouquin inabouti.

Très court (20 minutes de lecture grand max), il n'apprend pas grand-chose d'un point de vue historique, livre un message des plus convenus (puis bon, Vuillard ne se renouvelle pas), et ressemble à s'y méprendre à la synthèse d'un projet plus ambitieux. C'est une sorte de synopsis.

Certes on retrouve la belle écriture de Vuillard, mais bientôt ses livres feront deux pages s'ils ne fait pas un peu plus d'efforts de recherches, de développement et s'il ne dépasse pas le stade primaire pour dire ce qu'il a à dire.

Pas besoin de sortir un livre par an si c'est pour offrir des oeuvres mineures vite lues vite oubliées, surtout lorsqu'on a du talent. Un auteur ne devrait pas toujours céder aux exigences commerciales de son éditeur.

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Après plus de cinquante recensions postées sur ce site, qu'ajouter de pertinent sur cet opuscule sinon souligner qu'il est fichtrement bien documenté, à l'occasion subtilement malicieux, élégamment érudit et que la plume de son auteur est alerte, légère et finement poétique.
Merci M. Vuillard pour ce brillant exercice de style.
Contrairement aux apparences, je le proclame sans ironie, le pensant très sincèrement.
Malheureusement, votre ouvrage n'apporte rien de bien neuf, même si telle n'était pas votre motivation première, à l'éternel questionnement relatif aux défaites successives des innombrables soulèvements populaires ayant ébranlé le monde depuis que l'homme (animal "pensant" !) domine cette planète et si, victoires il y eut, elles furent toutes, à ma connaissance sans exception, éphémères, biaisées ou perverties.
Est-ce intrinsèquement et humainement inéluctable ?
Je ne le crois pas mais avoue humblement n'avoir pas de réponse définitive et/ou convaincante à cette question.
Eric Vuillard clôture son récit par ces mots d'une intense et cruelle vérité. Je le cite : "Le martyre est un piège pour ceux que l'on opprime, seule est souhaitable la victoire. Je la raconterai".
J'attends avec impatience de lire ce qu'il a à nous dire à ce propos !
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Décidément, Vuillard et moi, ça ne fonctionne pas. Ce livre court décrit principalement les révoltes populaires au 16eme siècle en Allemagne. La démarche de l'auteur est sensée évoquer les gilets jaunes... Drôle d'idée et drôle de sujet.
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J'ai préféré l'Ordre du jour, peut-être parce que je suis plus au fait des événements qui s'y déroulent que ceux de la guerre des pauvres. Mais j'ai apprécié la présentation de Müntzer, qui prend graduellement conscience de sa condition. Et on ne peut nier que ce récit historique est dans l'air du temps en ce printemps 2019.
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Au sein du Saint-Empire-Romain-Germanique, Thomas Müntzer devint prêtre vers 1520, et exprima la blessure de son passé, influencé par les prophètes de Zwickau, Saxe :
" Vous ne pouvez servir Dieu et les riches."
La guerre des pauvres est déclarée.
Elle durera cinq ans.
.
Je découvre la belle écriture d'Eric Vuillard, dont vous parlez beaucoup sur Babelio, et je vous remercie pour cela. Je le qualifie d'écrivain historien engagé, et j'aime : )
Mais avant de raconter la biographie de Müntzer, dirigeant révolutionnaire et l'un des grands protagonistes de la Réforme, et plus particulièrement de la Réforme radicale, Vuillard évoque :

-- Wyclif, qui, vers 1350 en Angleterre, sort de belles idées :
la relation directe avec Dieu, ce que les spiritistes actuels appellent "communication avec les Esprits" ;
le clergé devrait vivre selon la pauvreté évangélique, une des idées majeures de la Réforme ultérieure de Luther et Calvin ;
l'esclavage est un péché ;
l'égalité des hommes.
Il traduisit la Bible latine en British.
Rome, bien sûr, condamna John Wyclif.
-- John Ball, vers 1370 et toujours en Angleterre, prêche l'égalité des âmes ;
-- Watt Tyler qui, avec la création de la poll tax, se met à la tête du soulèvement des pauvres et des paysans et vont à l'assaut de la Tour de Londres.
Ils sont tués ou pendus.
En 1450, Jack Cade continue la lutte : il est assassiné.
.
Mais ce n'est jamais fini.
.
-- Jan Hus, à Prague, traduit une oeuvre en tchèque, et tonne contre les indulgences ( simonies ) : le repentir ne passe pas pour l'argent.
Prague flambe.
Jan Hus est brûlé en Bohème en 1415.
Ses idées restent... et sont reprises par Thomas Müntzer : traduisant la Bible, et la faisant imprimer à maints exemplaires (Gutenberg 1400-1468 ), il fait comprendre aux paysans que l'Eglise romaine et les riches sont dans l'erreur.
......
Et ça continue, ici et ailleurs.... En 2019, il ne s'agit heureusement plus de religion, mais toujours de richesse et d'Avidité : je pense que les riches sont toujours dans l'erreur face aux Gilets Jaunes.
.
C'est un petit livre passionnant, qui fait découvrir des pans de l'Histoire anglaise et allemande qu je ne connais pas.
.
En me posant la question du protestantisme en Allemagne (Saint-Empire ), j'ai un début de réponse :
Après La Diète d'Augsbourg (1530), qui échoue à concilier luthériens et catholiques, les luthériens prédominent dans la plus grande partie de l'Allemagne nordique, centrale et orientale (museeprotestant.org )
Müntzer et Luther ont largement contribué au protestantisme en Allemagne, et même Charles-Quint qui avait la volonté de rétablir le catholicisme, a échoué.
Tout ceci me pose deux questions :
1 ) Quid de la France, avec la Saint-Barthélémy 42 ans plus tard...
2 ) Quid du Saint-Empire qui semble rester proche de Rome par son "titre", mais dont la majorité des habitants, de 1530 à 1800 ( fin du SERG ), sont protestants ?




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Comment écrire un livre très actuel en parlant de faits datant de plusieurs siècles ?

Éric Vuillard le fait et le réussit bien dans ce court récit, La guerre des pauvres. Auteur découvert avec 14 juillet puis son fameux Prix Goncourt, L'ordre du jour, il excelle dans la concision et sa lecture est toujours très instructive.
En quelques pages, il nous raconte l'histoire de Thomas Müntzer dont le père fut exécuté en 1500. La vie de cet homme aurait sûrement été tout autre si, cinquante ans plus tôt, l'invention de l'imprimerie n'avait permis à de plus en plus de monde de lire enfin la Bible dans le texte plutôt que de se contenter de ce latin incompréhensibles et des commentaires orientés des gens dit d'Église.
Éric Vuillard rappelle fort à propos que, deux siècles plus tôt, de l'autre côté de la Manche, Johan Wyclif avait traduit cette même Bible en anglais, préconisant une relation directe à Dieu, se passant donc de prélats. Ensuite, John Ball a mené la révolte contre une nouvelle taxe : « Les paysans marchent en ordre et ils sont nombreux, plus de cent mille, on vient de partout, des foules misérables se rassemblent. » Hélas, ces révoltes se terminent dans le sang et par l'écrasement des plus faibles.
Retour en Bohême avec Jan Hus qui se bat contre l'argent et le pouvoir des princes : jugé, brûlé ! Enfin, on retrouve Thomas Müntzer en 1522. Il dit la messe en allemand, parle de « pauvres laïcs et paysans » mais ne voit que la violence pour changer, violence qui se retourne contre les hordes de misérables.
Dans ce livre étonnant, Dieu est mis à toutes les sauces, permettant de justifier tout et son contraire. Cette invention humaine offre toutes les perspectives puisqu'on lui fait dire ce que l'on veut, s'appuyant sur des textes écrits puis réécrits par des humains.
Éric Vuillard rappelle donc et démontre que seule la violence arrive à faire reculer les puissants qui ne cessent de tout faire pour s'enrichir toujours plus. Hélas, ceux-ci possèdent la force et les armes. Combien de révoltes suscitées par la misère se sont terminées dans le sang ? de plus, il est certain que quantité de conquêtes sociales sont sans cesse remises en cause, comme l'époque actuelle nous le confirme.

Heureusement, Éric Vuillard promet une suite à cet essai, suite peut-être plus optimiste…
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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C'est avec plaisir que j'ai retrouvé l'écriture d'Eric Vuillard , concise et incisive . Un livre très intéressant , en quelques courts chapitres , tout est dit et tout est clair .
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« La guerre des pauvres » d'Eric Vuillard . Dans ce court récit ,tranchant comme une hache ,Eric Vuillard rappelle qu'au long de l'histoire quand l'oppression se fait trop lourde , la vie trop amère ,l'injustice trop intolérable , la colère des peuples se donne une voix , s'incarne dans un homme :en Allemagne au XVIème siècle cet avatar de l'éternelle révolte est Thomas Müntzer .Il est le confluent volcanique d'une colère personnelle et d'une rage collective . Il est incontinent en pensée et en paroles : ne veut -il pas l'espoir pour les pauvres , ne demande-t-il pas qu'on s'adresse à eux dans leur langue et non en latin , cette langue de bois de l'époque ! Ne dit-il pas aux princes que « le glaive sera donné au peuple en colère » . Il finira mal , ce mal peigné , et ses cohortes de crève-la faim le pouvoir a l'acier qui tue et la parole qui caricature et méprise . Eric Vuillard conte cela sans cacher le fanatisme et la violence (mais ce ne sont que des réponses) et sans dissimuler non plus son empathie pour cet homme finalement brisé. Un livre fort semé de fulgurances poétiques comme étincelle le mica dans une dalle de granit. Un livre à méditer
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Un petit livre ( en épaisseur), mais un écrit très dense, très rapide, comme un souffle dévastateur, comme l'esprit de révolte qui est né chez Müntzer, le prédicateur idéaliste (?).
Je dirais plutôt clairvoyant ; en tout cas , c'est ce que démontre Eric Vuillard, avec cette rare éloquence qui lui est propre. L'accès à la connaissance , ici avec la diffusion de la Bible, provoque le réveil des consciences, avec les conséquences qui n'ont guère changé au cours des siècles...
Au delà de son intérêt porté à une page d'histoire à l'issue fatale, l'auteur ne veut-il pas nous inciter à "lire" notre actualité ?
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