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sur 557 notes
J'ignorais que Buffalo Bill avait monté un énorme Barnum pour reconstituer les batailles opposant indiens et blancs à la fin du 19 ième siècle. La réalité historique a évidemment été remaniée à la sauce hollywoodienne poussant le cynisme jusqu'à engager les indiens pour jouer leurs propres rôles durant les batailles dans le show (qui en réalité était des massacres que l'on qualifierait aujourd'hui de génocide). Pas moins de 70 millions de spectateurs ont assisté au Barnum à travers le monde. Vuillard nous met en garde contre les spectacles commerciaux où la réalité historique sans doute trop pénible pour le peuple est transformée et édulcorée. Et dire que j'emmène mon filleul au Puy du Fou, ou les scènes de reconstitution historique de la Vendée constituent le clou du spectacle. Serait-ce la version moderne du barnum de Buffalo Bill ? Me voilà prévenu. Je tenterai de faire preuve d'esprit critique ! (Juin 2019)
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Belle photo de Zitkala-Ša (1876–1938), ce qui signifie dans la lange Sioux, oiseau rouge, aussi connue sous le nom qui lui ont donné les missionnaires, Gertrude Simmons Bonnin. Elle est une écrivaine, éditrice, musicienne et femme politique sioux. Dans ses ouvrages, elle a décrit la difficulté d'être amérindienne dans la société américaine.

Un livre des éditions actes Sud est beau, celui-ci est particulièrement bien réussi. Petit format agréable à manipuler, couleur de la couverture et du papier qui va du rose au jaune doré selon la lumière qui entoure la lecture. Avec le phrasé épuré d'Eric Vuillard, condensé de matière : mémoire historique, philosophique et poétique, pureté et froidure d'un flocon de neige évoqué dans ce livre magnifique.
Il s'agit ici de faire revivre, telle qu'elle s'est déroulée, l'épopée du Far-West à partir de la bataille de Wounded Knee. Éric Vuillard veut confronter le mythe tel qu'il a été fabriqué (de toutes pièces) par les conquérants vainqueurs avec ce qui peut être encore connu du réel. Réquisitoire sans appel de la version officielle : bataille sans merci entre l'armée américaine et l'armée indienne dans laquelle il n'y aurait plus ni femme, ni enfant, ni longue marche des Sioux, horde mourante fuyant dans le froid et la boue, ni canons Hothckiss et sa technologie décisive...
« Que c'est délicat un flocon ! On dirait un petit secret fatigué, une douceur perdue, inconsolable. » C'est ainsi qu'Éric Vuillard décrit la neige qui tombe sur les morts après le massacre. Car de bataille, il n'y en a pas eu, entre des hordes d'Indiens malades exténués avec femmes et enfants et les canons des soldats qui avaient installé les Indiens en bas d'une colline, le mot massacre est plus exact que le mot bataille retenu jusqu'alors par l'histoire. Cela est tout à fait admis maintenant mais le temps passe et les traces s'effacent dans la neige et les nouvelles mystifications...
Le mythe, c'est l'invention du grand spectacle planétaire, le « Wild West Show », par Buffalo Bill et ses sponsors dont on nous dit au passage qu'ils ont tous à voir avec l'affairisme, le meurtre et l'alcool.
Le showbiz vient de là, la tournée mondiale à cette époque du « Wild West Show », c'est 800 personnes, 500 chevaux, une centaine de chapiteaux... À l'exposition universelle de 1893, c'est 2 représentations par jour, pour dix-huit mille places... 1 an de représentations en Europe... Peut-être 70 millions de spectateurs !!! Les fondations de la téléréalité (au passage on voit que les mass media ont appris et qu'il vaut mieux dire réalité là où il n'y en a si peu, au lieu de show).
« Nous sommes le public. C'est nous qui regardons le Wild West Show. Nous le regardons même depuis toujours. Méfions-nous de notre intelligence, méfions-nous de notre raffinement, méfions-nous de toute notre vie sauve et du grand spectacle de nos émois. le maître est là. En nous. Près de nous. Invisible et visible. Avec ses vraies fausses idées, ses rhétoriques accommodantes. »
Saluons le courage de l'auteur en une période ou peu d'auteurs osent défier les maîtres car des portes risquent de se fermer...

L'histoire et l'oeuvre méconnue de Wilson Alwin Bentley terminent ce génial récit. Photographe pionnier, dans un dernier chapitre à la poésie touchante. Celui-ci a photographié pour la première fois, des centaines de flocons de neige « quête minuscule et formidable » comme l'est cette oeuvre d'Éric Vuillard « tristesse (et beauté) de la terre.
Vous pouvez retrouvez les articles de mes livres essentiels sur le site Bibliofeel

Lien : https://clesbibliofeel.blog/
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La vie de Buffalo Bill, à travers laquelle on découvre les coulisses du premier Show Business, « le wild west show » .Comment l'Amérique parque son peuple premier tout en en faisant un véritable business. Eric Vuillard, à travers de multiples anecdotes, décrit comment l'histoire indienne de l'Amérique a été complètement tronquée et remodelée pour plaire aux masses populaires venues voir par milliers "Le wild west show"…. Venir voir et aussi haïr les Indiens.
Un livre avec une certaine empathie avec une belle écriture claire et sans fioritures. Une auto critique de l'humanité et de sa fascination pour le spectacle de masse.
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Roman, documentaire, méditation philosophique ? Difficile à dire. Ce qui importe par contre sont à la fois la pertinence du propos et sa beauté formelle.
Dans cet opuscule, Eric Vuillard prend prétexte de l'histoire de Buffalo Bill Cody pour s'interroger en creux sur l'essence morbide de tout spectacle, relire l'histoire officielle et mythifiée de la bataille de Wounded Knee, un massacre à vrai dire, pour en mesurer ensuite l'imprégnation dans l'espace et les esprits. La frontière entre l'illusion et le mensonge est bien mince. Une fois les fastes du Wild West show repliés et ses acteurs disparus persiste alors une infinie et durable tristesse.
Au détour de son récit, l'auteur rend aussi hommage et dignité à Sitting bull et aux Sioux. A noter les belles mais trop petites illustrations qui scandent l'ouvrage.
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Si comme moi, vous ne connaissez absolument rien aux origines du mythe américain, ce livre est pour vous. C'est hallucinant ce que cette petite plaquette de 150 pages nous apprend sur les dessous de l'histoire de nos voisins du Sud. Une histoire faite de héros postiches et d'aventures fabriqués de toutes pièces, d'affabulations et de mensonges, bref, une immense supercherie que le fameux Buffalo Bill Cody a puissamment contribué à alimenter avec son spectacle à grand déploiement intitulé « Wild West Show ».

Cody a présenté son show pendant près de 20 ans et ce divertissement aura été vu par des millions de spectateurs à travers le monde. Tenez, pour vous donner une idée, rien qu'à l'exposition universelle de Chicago en 1893, il y avait 2 représentations par jour dans une arène accueillant près de 18 000 personnes.

L'Europe n'aura pas été en reste non plus qui accueillit avec enthousiasme le célèbre cowboy et sa bande. Les scènes n'étaient jamais trop grandes pour loger cette attraction hors du commun où se succédaient, dans des décors de carton-pâte, des démonstrations de rodéos et des reconstitutions combats entre soldats et indiens. On dit que même le Colisée de Rome aurait été pressenti pour accueillir le show. L'autorisation n'aurait pas été accordée mais, de toute façon, l'enceinte n'aurait pas convenu. Trop petite…

Mais qu'est-ce donc qui attire autant les foules? Mais les indiens voyons! Des indiens qu'on aime voir effrayants et menaçants mais qui sont toujours vaincus in extremis par la cavalerie dans une apothéose de coups de feu et de combats sanglants. À la fin, morts et survivants se relèvent, prêts pour la représentation suivante. Buffalo Bill, par souci de réalisme, réussit même à convaincre le vénérable Sitting Bull de le suivre dans cette aventure. le chef sioux accompagnera la caravane durant près d'un an, puis pliera bagages pour retourner finir ses jours dans la réserve Great River au Dakota.

Cody est toutefois toujours friand de chair indienne pour alimenter son spectacle. On ne s'étonnera donc pas de le voir, sans aucun scrupule, engager comme figurants des survivants de ce qu'on a d'abord appelé la « bataille » de Wounded Knee, mais qui ne fut rien d'autre en définitive qu'un massacre où près de 350 indiens, hommes femmes et enfants ont trouvé la mort.

Il est fascinant de noter comment une foule d'images qui ont peuplé notre imaginaire d'enfant, dont ce fameux cri indien que nous avons tous fait en plaçant la main devant la bouche, sont en réalité une pure invention provenant directement du Wild West Show, sinon de Buffalo Bill lui-même.
Lien : http://plaisirsdemodes.com/l..
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J'avais très envie de lire ce livre… il m'a déjà attiré par sa photo de couverture qui est juste magnifique… Un titre, aussi, qui me plaisait « Tristesse de la terre », poétique et interpellant. Et puis j'ai toujours été intéressée par les peuples des premières nations comme disent les Québécois. A cet égard, je vous recommande l'excellent livre de Philipp Meyer « le fils » qui fait partie également de la rentrée littéraire. Donc je me suis lancée dans cette aventure qui casse le mythe du héro du Far-West qu'est Buffalo Bill. Car le sous-titre du livre est bien « Une histoire de Buffalo Bill Cody ». C'est un livre relativement court qui se lit vite et bien, car très bien écrit. Il est à la fois très documenté et passionnant, engagé aussi (ça me plait), mais aussi parfois un peu poétique ce qui n'est pas désagréable du tout.
Ce qui est absolument effrayant en lisant ce livre, c'est de voir à quel point le cynisme, la manipulation, la soif du pouvoir et de l'argent peuvent être présents et puissants dans notre société, et ce depuis longtemps, sans aucune humanité pour tout un peuple qui est humilié et exterminé (on parle bien de génocide). J'ai été effarée de constater comment on peut réécrire l'Histoire, non pas un siècle après… mais en même temps qu'elle se déroule… Simplement elle se déroule dans un même pays, mais à quelques centaines de kilomètres… loin de la dite civilisation qui s'écrit comme vérité des vainqueurs, des exterminateurs. Et Buffalo Bill Cody en est un exemple incroyable et effroyablement triste… car il y a perdu son âme, son identité, son humanité.
Avec son Wild West Show, il inventa le premier reality show, le premier grand show à l'américaine, avec des tournées incroyables aux Etats-Unis et dans le monde (même en France !) et des millions et des millions de spectateurs. Il a réinventé son histoire, sa vie, créant sa propre légende de son vivant mais réécrivant aussi l'Histoire, les victoires, les défaites etc. Il eut le culot et l'ignominie de faire jouer des Indiens qui ont dû accepter pour survivre. Ces Indiens obligés de jouer leur propre rôle mais réinventé par Buffalo Bill, sous les huées des spectateurs. Une horreur, une honte. Et pour tous, les mensonges véhiculés par le Wild West Show sont devenus réalité, vérité.…
Bien sûr ce n'était que le début de notre société de communication de masse…
Bref, vous l'aurez compris, c'est un livre indispensable, qui ne laisse pas indifférent et qui nous dit une vérité pas agréable à lire, mais nécessaire. Juste un petit bémol pour la fin, je n'ai pas compris pourquoi Eric Vuillard termine cet excellent livre sur la vie d'un photographe de l'infiniment petit, en particulier des flocons de neige… je n'ai pas compris le lien… il doit y en avoir un, mais il m'a échappé.
Livre à lire, sans aucun doute.
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Un livre magnifique pour qui s'intéresse à la cruauté du monde, à la cruauté de l'être humain en particulier, à l'avilissement des uns sur les autres...
Une écriture que j'ai trouvé engagée qui entraine le lecteur dans un mouvement de connaissance, de réflexion, et de revolte....
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Lumière sur le mythe de l'Amérique et de l'une de ses légendes.
Toutes les nations on réécrit leur histoire, pour la grandeur, la gloire, l'unification... mais peu se sont autant menti que les Etats Unis.
A partir du célèbre Wild West Show et de son emblématique vedette Buffalo Bill, Eric Vuillard remet à sa juste place la conquête de l'ouest.
Le folklore qui marque cette période est plus qu'ancrée dans l'inconscient collectif. Comme lorsque l'on parle de la piraterie, le far west évoque une image d'épinal. Un romantisme nostalgique véhiculé par le cinéma et la littérature, dignes descendants de leur précursseur Bill Buffalo Cody.
Lui même symbole de ce mouvement vers l'ouest, tour à tour garçon vacher, chasseur de bisons, éclaireur... Il a su profiter de sa légende pour monter un spectacle, masscarade de l'histoire. Devenu vedette, il est l'instigateur de ce show buisness à l'américaine qui modifie à l'envie la réalité et les faits. Son Show incarne la négation, l'hypocrisie voir le cynisme ( cynique oui, car qui irait faire rejouer aux survivants du massacre de Wounded Knee, encore et encore, une version héroïque de l'acte de barbarie dont ils ont été victimes?) du grand spectacle lorsqu'il se veut "réaliste".
Le grand tour de main de Bill Cody, c'est tout de même d'avoir fait de son univers théâtral en carton-pâte, l'unique image qui s'imopse encore à nous lorsque l'on évoque l'ouest des Etats Unis. C'est d'ailleurs en partie ce que met en exergue Eric Vuillard dans son ouvrage: le public est prêt à tout croire pourvu qu'on lui donne de l'émotion, des paillettes, que ç aclaque et que ça brille! La réalité n'a pas de sens pour ce public, la sienne est déjà morose... le mensonge diverti, et Buffalo Bill a bien compris cela. Dans cette histoire, qui est vraiment coupable? Celui qui offre la version édulcorée de l'ouest pour l'argent et la goire? Ou bien ce public qui accepte d'oublier qu'un peuple à été massacré au nom du profit et du progrès?
L'exemple du Wild West Show est frappant et bien choisit. Aujourd'hui personne n'ignore le sort que les gouvernants des Etats Unis ont réservé aux indiens des plaines. Un tel décalage entre ce que nous connaissons de l'histoire et ce qu'en fait la "culture de masse" nous saisit forcément.
Au delà de l'exemple seul, Eric Vuillard montre l'importance de se détacher de l'émotion directe qu'offre l'image. Toujours se demander se qui se cache derrière le masque d'une photographie.
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Buffalo Bill (William Cody de son vrai nom), figure mythique de l'ouest américain, est à l'origine du divertissement de masse. Ce livre revient sur la création de Wild West Show qui a fait le tour du monde. Des chapiteaux dans toutes les grandes villes, des cow-boys, des indiens et des spectateurs enthousiastes.

Comme dans tous les spectacles, il y a les coulisses. Ce qui choque, c'est le traitement des indiens : battus, humiliés sur leur Terre, ils sont maintenant exhibés pour quelques dollars… ce sont les méchants donc hués lors des spectacles.
Il s'agit aussi de la vie de Buffalo Bill, non seulement comme inventeur de ce spectacle mais aussi le tueur d'indiens et de bisons. Un triste pan de l'histoire des Etats-Unis.

Ce livre se lit comme un roman et me rappelle deux autres livres sur le sujet : A la grâce de Marseille de James Welch et Les Indiens de Buffalo Bill et la Camargue.
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Il y a toujours du plaisir à lire un livre publié chez Acte Sud. le papier, la typographie, le format et là, des photos en noir et blanc qui rythment les chapitres et donnent du poids aux mots.
Un livre très court mais avec l'aisance de l'écriture d'Eric Vuillard. Il nous entraine à la suite sulfureuse de William Cody, dit Buffallo Bill, une légende ici bien écornée puisque l'on y découvre un escroc brillant, certes, puisqu'il invente le Show spectacle, un tueur acharné de bisons, affamant ainsi les Indiens, un animateur de troupe qui n'a pas hésité à faire parader Sitting Bull dans son cirque, à transformer l'Histoire. Ce massacre des Indiens sur lequel est fondé la civilisation américaine.
En peu de phrases, l'auteur est critique et distille en petites touches bien senties son avis sur la colonisation. C'est puissant, percutant, en quelques mots, il réussit bien mieux qu'en une thèse sans fin.
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