Belle photo de Zitkala-Ša (1876–1938), ce qui signifie dans la lange Sioux, oiseau rouge, aussi connue sous le nom qui lui ont donné les missionnaires, Gertrude Simmons Bonnin. Elle est une écrivaine, éditrice, musicienne et femme politique sioux. Dans ses ouvrages, elle a décrit la difficulté d'être amérindienne dans la société américaine.
Un livre des éditions actes Sud est beau, celui-ci est particulièrement bien réussi. Petit format agréable à manipuler, couleur de la couverture et du papier qui va du rose au jaune doré selon la lumière qui entoure la lecture. Avec le phrasé épuré d'
Eric Vuillard, condensé de matière : mémoire historique, philosophique et poétique, pureté et froidure d'un flocon de neige évoqué dans ce livre magnifique.
Il s'agit ici de faire revivre, telle qu'elle s'est déroulée, l'épopée du Far-West à partir de la bataille de Wounded Knee. Éric Vuillard veut confronter le mythe tel qu'il a été fabriqué (de toutes pièces) par les conquérants vainqueurs avec ce qui peut être encore connu du réel. Réquisitoire sans appel de la version officielle : bataille sans merci entre l'armée américaine et l'armée indienne dans laquelle il n'y aurait plus ni femme, ni enfant, ni longue marche des Sioux, horde mourante fuyant dans le froid et la boue, ni canons Hothckiss et sa technologie décisive...
« Que c'est délicat un flocon ! On dirait un petit secret fatigué, une douceur perdue, inconsolable. » C'est ainsi qu'Éric Vuillard décrit la neige qui tombe sur les morts après le massacre. Car de bataille, il n'y en a pas eu, entre des hordes d'Indiens malades exténués avec femmes et enfants et les canons des soldats qui avaient installé les Indiens en bas d'une colline, le mot massacre est plus exact que le mot bataille retenu jusqu'alors par l'histoire. Cela est tout à fait admis maintenant mais le temps passe et les traces s'effacent dans la neige et les nouvelles mystifications...
Le mythe, c'est l'invention du grand spectacle planétaire, le « Wild West Show », par Buffalo Bill et ses sponsors dont on nous dit au passage qu'ils ont tous à voir avec l'affairisme, le meurtre et l'alcool.
Le showbiz vient de là, la tournée mondiale à cette époque du « Wild West Show », c'est 800 personnes, 500 chevaux, une centaine de chapiteaux... À l'exposition universelle de 1893, c'est 2 représentations par jour, pour dix-huit mille places... 1 an de représentations en Europe... Peut-être 70 millions de spectateurs !!! Les fondations de la téléréalité (au passage on voit que les mass media ont appris et qu'il vaut mieux dire réalité là où il n'y en a si peu, au lieu de show).
« Nous sommes le public. C'est nous qui regardons le Wild West Show. Nous le regardons même depuis toujours. Méfions-nous de notre intelligence, méfions-nous de notre raffinement, méfions-nous de toute notre vie sauve et du grand spectacle de nos émois. le maître est là. En nous. Près de nous. Invisible et visible. Avec ses vraies fausses idées, ses rhétoriques accommodantes. »
Saluons le courage de l'auteur en une période ou peu d'auteurs osent défier les maîtres car des portes risquent de se fermer...
L'histoire et l'oeuvre méconnue de Wilson Alwin Bentley terminent ce génial récit. Photographe pionnier, dans un dernier chapitre à la poésie touchante. Celui-ci a photographié pour la première fois, des centaines de flocons de neige « quête minuscule et formidable » comme l'est cette oeuvre d'Éric Vuillard « tristesse (et beauté) de la terre.
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