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sur 696 notes
Jeu blanc de Richard Wagamese, Canadien d'origine ojibwé qui s'est éteint trop jeune en 2017, est à la fois un coup de coeur et un coup au coeur.

L'auteur renverse les belles images du Canada: grands espaces, couleurs automnales féeriques, sirop d'érable, etc. le narrateur est un enfant indien ojibwé, Saul Indian Horse, que sa grand-mère tente de protéger pour que les missionnaires des pensionnats religieux ne l'enlèvent pas. C'est pourtant ce qui va arriver et le gamin de sept ans se retrouve à St Jérôme. Au programme après épouillage et coupe de la traditionnelle longue chevelure, sévices, corvées, acculturation pour extirper la vile racine païenne et indienne en eux. On leur apprend à mépriser ce qu'ils sont et d'où ils viennent.
Tu te rebelles, fouetté. Tu parles ojibwé, fouetté. Tu pleures, fouetté. Ou pire, enfermé dans une boîte en fer à la cave, d'où l'on ne ressort pas psychologiquement indemne. Comme si ça ne suffisait pas, les enfants sont soumis aux désirs abjects des bons pères et des bonnes soeurs. Atroce, aberrant et à vomir, ce système de pensionnat - dans les années 1960 tout de même - m'a fait penser aux descriptions similaires de l'héroïne de Charlotte Bousquet dans Celle qui venait des plaines.

Ce sont les livres et le hockey qui permettent au jeune Saul de tenir. Sur la glace, sa vision du jeu est quasi magique, autant que sa dextérité. Il a un don certain pour ce jeu qui le conduira aux portes de la Ligue Nationale de Hockey.
Pourtant, dès le premier chapitre, on se doute que tout n'a pas fonctionné comme ça aurait dû puisqu'on découvre Saul dans un centre de désintoxication de l'alcool.

Racisme, discrimination, injures, Richard Wagamese montre tout ce que doit endurer Saul. Il ne peut être un simple hockeyeur parmi les autres; il est l'Indien, l'Autre, avec tous les clichés grotesques que les Blancs bas de plafond peuvent véhiculer.

Comme précédemment Taqawan d'Éric Plamondon, ce livre m'a profondément touchée, émue et remontée contre la connerie humaine. le personnage de Saul est très attachant et il est douloureux de le voir s'enfoncer ainsi dans le piège de l'alcool pour échapper à ses démons intérieurs.

Richard Wagamese signe là un ouvrage d'une puissance crue et sans fard sur la condition amérindienne au Canada des années 1960 à 1980. C'est dur, âpre, amer et extrêmement dérangeant. Mais à lire pour garder les yeux ouverts.
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Centré autour de la culture amérindienne, Jeu blanc" est le deuxième roman de l'écrivain canadien Richard Wagamese, un auteur hélas disparu en mars 2017, à être traduit en français.

Après son premier roman les étoiles s'éteignent à l'aube , Jeu blanc continue dans la même veine poétique et philosophique avec une intrigue qui rend un vibrant hommage à ses origines, le peuple ojibwé, et montre que les amérindiens ont souvent du mal à trouver leur place face à l'hégémonie des blancs, face au racisme...

Le personnage central Saul Indian Horse, indien Ojibwé, va être contraint par des blancs a renier ses origines. et seul le hockey sur glace lui permettra de sortir de sa condition.

Comme dans son roman précédent, Wagamese aborde avec énormement de sensibilité et de justesse les thèmes de la perte et de la rédemption. ce sentiment de perte qu'ont pu ressentir les natifs persécutés par l'homme blanc.

Avec simplicité et humanité le récit met en exergue les nombreuses difficultés, embûches qui empêchent le jeune Saul Indian Horse de se réaliser. Un personnage courageux et sensible qui doit renier sa culture et ses racines,pour essayer de s'en sortir, de s'intégrer sans jamais le pouvoir réellement, à cause du poids des préjugés et du regard des autres.

Une bien belle oeuvre à découvrir d'un auteur dont on ne peut que regretter la disparition mais dont on espère que l'éditeur exhumera de ses pépites inconnues en France!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Saul Indian Horse fait partie de cette génération sacrifiée d'Indigènes du Canada qui a été enlevé à sa famille pour aller dans des internats pour Indigènes, qui n'étaient en fait ni plus ni moins que des camps d'assimilation forcée où les abus en tous genres étaient légion. Sur le modèle des "residential schools" américaines, les Canadiens ont eu aussi repris à leur compte le programme "tuer l'Indien dans l'enfant". le but du bon chrétien affiché était de donner une chance à ses enfants de s'intégrer à la civilisation "blanche" - même si en réalité tout était fait pour les garder au stade de sous-citoyens, quand les enfants trop récalcitrants n'en mourraient pas avant.

Au début du roman, Saul, le narrateur, est un homme brisé en centre de désintoxication qui s'apprête à nous compter son parcours personnel. Pour schématiser, la première partie du livre est consacrée à son enfance d'abord avec sa famille puis à "l'école" St Jerome. Les scènes qui sont décrites dans cette première partie ont de quoi briser de coeur, et le seul réconfort du jeune Saul, ce sont ceux où il apprend à jouer au hockey sur glace; un jeu pour lequel il montre très vite des dispositions.
La seconde partie concerne davantage son adolescence et sa vie adulte où le hockey y tient une place centrale ou pivotante qui nous permet de suivre l'évolution du personnage.

En ce qui me concerne, ce livre m'a touchée à un point qu'il est difficile d'exprimer avec de simples mots tant il a fait résonner quelque chose de profond en moi ; que certains définiraient comme mon âme, mais au fond qu'importe. Pour moi, ce roman n'a pas été qu'un livre, il y a eu une connexion particulière qui a fait vivre une partie de ce personnage en moi même quand j'avais reposé le livre.
C'est un roman d'une vérité crue, dure, à vomir l'humanité autant qu'il est beau et donne espoir dans la capacité de l'humain à se reconstruire et aller de l'avant. Derrière un language courant et "simple", il y a une profondeur, une authenticité et une humanité que les plus grands spécialistes du style ne sauraient atteindre. Cette histoire, basée sur des faits réels que le Canada accepte d'affronter (plus ou moins) et dont la Grande Europe se fiche éperdument nous parle aussi bien d'addiction, de maltraitance, de familles brisées, d'enfances volées, d'humiliation, de déracinement, de racisme, de la passion pour le sport que de résilience.

Dans une interview, Richard Wagamese a avoué que ce roman avait été particulièrement éprouvant à écrire pour lui, entre autre car il y avait mis un peu de son histoire. Au final il se dégage une force mystique, presque animiste de cette histoire, où le conteur se fait la voix, le canal de tous les ancêtres et toute une communauté qui a souffert et a été humiliée des pires façons et dans l'indifférence la plus écoeurante.

C'est une lecture choc.
Le récit d'une errance et d'une reconstruction particulièrement difficile.
Un livre qui se vit - plus qu'il ne se raconte.
Une Histoire qui nécessite d'être posée pour qu'on reprenne son souffle.
Un des rares livres qui m'a fait pleurer et me fait remonter les larmes aux yeux à sa simple pensée ou évocation.
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Saul Cheval Indien, un Ojibwé du nord de l'Ontario, est dans une maison pour alcoolique et raconte son histoire.

C'est une bien triste histoire, celle de pensionnats où on envoyait de force les jeunes autochtones pour les éduquer et les assimiler. Imaginez, des enfants de 6-7 ans qu'on enlève de leur famille pour les enfermer dans une institution où ils n'ont pas le droit de parler leur langue maternelle. Ce serait déjà une source de grande détresse, mais quand ces pensionnats sont dirigés par des tortionnaires et des agresseurs, cela devient un enfer. (Bien sûr, tous les religieux n'étaient pas en cause, mais on peut penser que dans ces communautés catholiques, on exilait ceux qui avaient de mauvais penchants en les envoyant dans les pensionnats nordiques…)

Heureusement pour Saul, il y a le hockey et l'amour de ce sport lui vaudra de grands bonheurs et de bien belles pages pour le lecteur. Mais la félicité du sport pourrait être gâchée par la violence de ceux qui croient que la patinoire est trop blanche pour les Indiens…

Comment trouver la résilience, comment échapper au cercle vicieux et accepter les secrets enfouis dans son enfance, c'est un dur parcours que Saul Cheval Indien devra faire.

Un roman qui parle de réalités difficiles à envisager, de racisme et de malheurs dont on espère qu'ils sont chose du passé…
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Saul Indian Horse est ojibwe. Sa famille vit dans les bois, guidée par la grand-mère, pour éviter l'enlèvement des enfants qui risquent une assimilation forcée dans des écoles catholiques. Après la disparition tragique des parents puis de sa grand-mère, Saul est envoyé à St Jérôme, un pensionnat terrible où toute indianité est éradiquée : croyances, rites, langues, prénoms qui sont christianisés; liens familiaux et mêmes liens amicaux sont cassés ou broyés à coups d'humiliations et de châtiments corporels. Pour survivre, Saul se referme et se soumet, son destin est tout tracé, apprendre un métier manuel et travailler comme mineur ou bucheron...Mais dès huit ans, sa rencontre avec le hockey va lui permettre de se construire pour exister... Grâce au don de vision hérité de son grand père - il lui suffit d'observer le jeu et le style des joueurs, pour anticiper le match - il réussit à s'imposer dans les ligues autochtones. le racisme va très rapidement s'inviter quand il se voit offrir la possibilité d'intégrer la ligue sportive blanche qui va révéler plus que la violence qui sommeillait en lui et qui va réveiller un traumatisme qu'il avait essayé de d'oublier.

Jeu Blanc est le roman magnifique qui relate le destin de Saul, jeune ojibwé qui, au delà des souffrances et des tragédies, va trouver dans le Hockey sur glace plus qu'un simple sport, la révélation grâce à laquelle toute son indianité va se cristalliser - le don de vision du jeu comme celle qui permet au chasseur de pister l'orignal, la patience, la beauté du geste, le respect de l'adversaire, l'esprit d'équipe.
Richard Wagamese s'empare du douloureux sujet de l'assimilation forcée des indiens du Canada et leur difficile combat pour se faire respecter. Avec le destin de Saul, au delà du hockey et grâce à un style magnifique et une belle traduction, Richard Wagamese touche à l'universalité de la réalité amérindienne.
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JEU BLANC de Richard Wagamese
Traduit par Christine Raguet

Éditions Zoé (grand format) / Éditions 10/18 (poche)

********** C O U P d'E C O E U R **********

Comme pour "Les étoiles s'éteignent à l'aube", le premier livre de Richard Wagamese publié en français, "Jeu blanc" est un condensé d'émotions pures qui nous emporte dans la partie nord du Canada, et nous fait vivre le cauchemar vécu par les indiens Ojibwés et les autres peuples autochtones.

Sous prétexte de l'assimilation, des milliers d'enfants autochtones ont été arrachés de force (volés) à leurs parents pendant des dizaines d'années pour être placés dans des pensionnats religieux où les prêtres et les soeurs n'étaient rien d'autre qu'un ramassis de tortionnaires pédophiles...

Pour Saul, le narrateur du livre, heureusement qu'il y aura le hockey, sa seule échappatoire du pensionnat... jusqu'à ce qu'il perde l'esprit du jeu sous la pression du racisme. Car le hockey est un "jeu de blancs" et il est très mal vu qu'un indien y soit le meilleur... que ce soit par le public, l'équipe adverse ou ses propres coéquipiers. À savoir que pour écrire son livre, Richard Wagamese s'est librement inspiré de la vie de Fred Sasakamoose, un joueur de hockey qui (contrairement à Saul) a réussi à devenir professionnel et à intégrer la LNH (ligue nationale de hockey).

Pendant toute la lecture, les émotions sont mises à vif. J'ai ressenti de la révolte, une énorme tristesse et de la honte pour ma couleur de peau. Mais comment est-il possible de faire ça à d'autres êtres humains et surtout d'avoir continuer à le faire après la Shoah (le dernier pensionnat n'a fermé qu'en 1996) ? Et il aura fallu attendre le 11 juin 2008 pour que le gouvernement canadien exprime enfin ses excuses aux peuples autochtones (https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/excuses-du-gouvernement-aux-anciens-eleves-des-pensionnats-indiens).

Les éditions Zoé ont fait le choix de ne pas garder le titre original du livre "Indian Horse" (nom de famille du narrateur) et ce n'est, à mon avis, peut-être pas plus mal. Tout d'abord ce titre résume bien le final du livre puisque, en terme de hockey, un jeu blanc est un match au cours duquel aucun but n'a été encaissé par une équipe. Et ensuite pour se démarquer de la traduction de l'édition franco-canadienne qui est différente. Encore une fois, Christine Raguet a fait un travail exceptionnel et, en tant que lectrice, je ne la remercierai jamais assez.

"JEU BLANC"... un livre mis à l'honneur dans le #picaboriverbookclub dans le cadre du "poche du mois de février/mars".
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Puissant, vivant sont les premiers qualificatifs que je donnerai à ce roman, inspiré de l'histoire personnelle de l'auteur. Un témoignage très dur que Richard Wagamese, indien Ojibwé, fournit à travers l'histoire du jeune Saul. Saul Indian Horse, très attaché à sa grand-mère qui lui a tout appris des traditions de leur peuple, se retrouve seul. La faim et le grand froid canadien ont eu raison de la vieille femme. Emmené dans un internat catholique, il est témoin des sévices corporels et psychologiques de la part des soeurs sur tous les enfants, même de très petits, en vue d'effacer toute trace de leur indianité. Morts et suicides d'enfants ne se comptent plus… Mais Saul sait lire et écrire, il est un enfant réservé et solitaire et échappera ainsi aux sévices quotidiens et se réfugiera dans un sport, le hockey. En effet, les « grands » (environ 14 ans) ont la possibilité de s'entraîner et pratiquer le sport, sous l'égide du père Leboutilier. Saul y trouvera un souffle, une liberté, la beauté des tactiques, l'harmonie des gestes entre la crosse et et le palet. Son talent et sa rapidité le feront remarquer pour jouer en équipe et participer aux tournois. Grâce à ça, il pourra quitter cet internat (qui fermera ses portes en 1969) et sera recueilli par une famille Ojibwé dont le fils est leader de l'équipe les Moose.
Saul évoluera dans le sport national devenu sa raison d'être, il progressera tant qu'il sera remarqué par les joueurs Blancs.
1970, à Ontario, le racisme sévit toujours.

Un très beau roman qui vous procure toute une palette d'émotions. Un livre difficile à lâcher malgré quelques passages difficiles. Après la lecture de « Les Etoiles s'éteignent à l'aube », ce deuxième roman traduit en français me conforte dans l'idée que Richard Wagamese est un grand écrivain.
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Deuxième incursion dans l'oeuvre de Richard Wagamese après Les étoiles s'éteignent à l'aube qui m'avait enchanté.
En lisant ce roman, j'ai découvert avec une certaine stupéfaction le sort qui fut réservé aux enfants de nombreuses familles amérindiennes au Canada : arrachés de force à leurs parents, ils furent placés dans des orphelinats et des pensionnats afin d'être « rééduqués ». Des lieux où ils furent en réalité battus, exploités, violés pour certains, le tout avec la « bénédiction » de l'église en charge de ces institutions. Et cette éducation dans l'horreur a brisé de nombreux jeunes amérindiens qui ont trouvé refuge, adultes, dans l'alcool ou la violence. Vérification faite sur le net, les faits racontés par Richard Wagamese sont véridiques et ont fait l'objet d'enquêtes et de véhémentes polémiques au Canada.
Saul Indian Horse est l'un de ses enfants. Enlevé à sa famille, il est placé dans un de ces pensionnats où l'un des prêtres va l'initier au hockey. Car Saul a plus que des qualités pour ce sport national : il a du génie. le hockey va jouer un rôle salvateur pour le jeune garçon et lui permettre d'être hébergé par une famille aimante dans une réserve. Mais quand ses talents l'amènent à jouer dans l'équipe nationale, Saul va s'apercevoir que le racisme est toujours bien présent et les préjugés vont l'empêcher de faire la carrière qu'il mérite.
Récit en partie autobiographique, Jeu blanc est d'une terrible mélancolie. le destin brisé de ce jeune amérindien est vraiment d'une tristesse indicible….Comme Les étoiles, le texte se lit facilement, il n'y a pas de grands effets mais la tragédie est bien là, au coeur du récit.
Une belle découverte.
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Un coup de coeur énorme pour ce roman, qui s'il n'est pas autobiographique, s'inspire apparemment de la vie de l'auteur. Saul Indian Horse est un jeune indien, de la tribu des Ojibwés. Sa grand-mère tente de perpétuer un mode de vie traditionnel alors que la société canadienne enlève un à un ses petits enfants pour les scolariser et que ses propres enfants sont écartelés entre les deux mondes. Avec elle, Saul apprend la nature, les rites et l'histoire de sa famille, la survie dans un milieu hostile. Aimé et éduqué par cette grand-mère qui semble indéboulonnable, il surmonte les obstacles de l'hiver alors que ses parents les ont abandonnés en pleine forêt. Mais le froid est le plus fort et la grand-mère ne survit pas à la longue marche et à la morsure du gel.
A son décès, Saul est placé dans une institution religieuse. Les indiens, comme d'autres peuples autochtones de par le monde, ont aussi eu à subir cette christianisation forcée, ces sévices perpétrés au nom d'un dieu, cette volonté d'annihiler toute culture considérée comme païenne. Saul décrit une violence ordinaire, le viol, la privation, l'horreur d'un quotidien qui n'inflige que corrections et rend fou. L'arrivée d'un jeune prêtre, et avec lui la pratique du hockey, va bousculer cette existence mortifère et Saul va trouver un nouveau sens à sa vie.
L'entraînement, l'effort, la performance, l'apprentissage d'une technicité - toutes choses qui vont l'aider à se construire et à se dépasser. On sent la résilience proche (je déteste cette notion/concept mais c'est un peu de cela qu'il s'agit). Je ne connais rien au hockey mais les nombreuses pages qui décrivent matchs et entraînements ne m'ont pas rebutée tant le style de l'auteur est fluide, aérien et que les valeurs sportives exaltées ici sont nobles. L'effort, l'équipe, la chaleur du vestiaire et des retours en camionnette le week-end après les tournois - le dépassement de soi avec la constante préoccupation de l'unité du collectif sont extrêmement bien traités. Saul est bien vite repéré par les blancs : prodige, très talentueux, un avenir en ligue nationale lui est proposé. Il résiste, ne veut pas quitter la famille Kelly qui lui a offert dignité et affection : les tournois tribaux lui suffisent. Mais tout le peuple indien est là qui attend qu'il porte haut ses couleurs et Saul cède et part à Toronto... où l'on découvre le racisme ordinaire, ses qualités sportives (et humaines) ne suffisent pas : il reste l'indien. Essentialisé, sans cesse ramené à ses origines, cible de violences physiques et verbales lors de tous les matchs - on est au Canada dans les années 70 - Saul va se perdre...
Ce long récit se lit d'une traite, l'émotion est là derrière chaque page, on souffre pour Saul car jusque dans les derniers chapitres la violence de ce qu'il a à affronter est rien moins qu'insupportable.
Ode à la nature et à la culture indienne, dénonciation au combien actuelle des violences religieuses, évocation sans fard du racisme dans le sport (c'est également d'actualité) - c'est un roman magnifique à ne pas louper, un des meilleurs lus ces derniers mois. Merci une nouvelle fois à ma bibliothécaire - dit-on assez comme elles ou ils sont précieux ? - qui m'a mis ce roman dans les mains 😊.

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Pfiou, eh bien dis donc, la petite larme n'est pas bien loin. Ok, c'est vrai je suis plutôt émotif.

Mais qu'est-ce qui peut nous conduire du Cantal de Marie-Hélène Lafon aux montagnes de l'Ontario de Richard Wagamese ? Les billets de Babelio, pardi.
Voilà ce que j'aime par dessus tout dans la lecture et l'écriture : les échanges et le partage.
C'est en relatant une anecdote avec ma libraire dans ma petite bafouille du bouquin de Lafon qu'AnnaCan et Hordeducontrevent me font découvrir Richard Wagamese. Quelle chance !

Je repense au discours de Justin Trudeau en décembre 2015. "Notre pays le Canada vous doit des excuses" En effet et c'est rien de le dire.
Impressionnant de voir comment les mêmes mécanismes sont mis en place depuis tant d'années pour dépouiller ces peuples autochtones de leur culture, leur identité. Je pense bien sûr aux aborigènes Australiens, aux habitants du Tibet mais des exemples tels que ceux-ci, on peut en trouver tant d'autres.

La plume de Wagamese est douce, simple et belle. Elle glisse comme son canot sur la rivière Winnipeg. Plus tard, cette même écriture glisse silencieusement comme ses patins sur la glace blanche. Même si l'histoire est dure et douloureuse.

Je ne voudrais pas trop en dire sur le parcours de Saul, donc je vais juste me taire et penser à lui en me promenant dans la forêt.
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