Théorie : les angoisses et dangers suscités par la pensée abstraite sont une forte raison pour laquelle nous aimons être si occupés et bombardés de stimuli en permanence. La pensée abstraite tend le plus souvent à frapper durant les moments de rêverie. Comme par exemple tôt le matin, surtout si vous vous réveillez juste avant que votre réveil se mette à sonner, et c'est alors que vous pouvez subitement et sans raison vous rendre compte que vous vous êtes toujours levé du lit chaque matin sous le moindre doute que le sol vous supporterait. Allongé là, considérant la matière, il vous apparaît au moins théoriquement possible que quelque défaut dans la construction du sol ou dans son intégrité moléculaire pourrait le faire se gondoler, ou même qu'une portion aberrante de flux quantique ou un truc comme ça pourrait vous faire passer au travers. C'est-à-dire que ce n'est pas comme si vous aviez réellement peur que le sol puisse se dérober, dans un instant, quand vous sortirez effectivement du lit. C'est simplement que certaines humeurs, certains fils de pensée sont...
Relecture de l'oeuvre labyrinthique de David Foster Wallace, dont le regard aigu sur la société américaine nous éclaire plus que jamais. Avec Jakuta Alikavazovic, écrivaine et traductrice des "Considérations sur le homard", et Pierre Ducrozet, écrivain et auteur de la préface de "L'Oubli".