Avouons-le, j'ai été assez désarçonnée par ce court roman. Pourtant j'ai lu assez de
Jules Verne pour savoir qu'on ne peut pas s'attendre à lire un récit fantastique/d'aventures du 19ième comme on lirait un ouvrage contemporain.
La Machine à explorer le temps est donc à replacer dans son contexte : que ce soit dans les domaines scientifique, littéraire ou sociale. Lu dans le cadre du Challenge « Histoires de temps », je pense que l'intérêt du récit quant à notre thématique réside dans le fait qu'il a fondé une partie de la science-fiction moderne.
Roman d'anticipation avant tout, le voyage dans le temps dans l'oeuvre est finalement assez anecdotique. Il sert de prétexte à la satire social. Car comment ne pas reconnaître la critique que Wells fait de son temps où Londres, capitale industrielle, voit sa population se scinder en deux : d'un côté les nantis, de l'autre la classes ouvrière. Premier ouvrage de Wells,
La Machine à explorer le temps exprime un socialisme un peu benêt mais attendrissant. le lointain futur qu'il nous décrit est la dégénérescence ultime du système que l'auteur critique. Les Eloïs, descendants des nantis, sont un peuple à la mollesse extrême. Ils semblent incapables d'autre chose que d'exister. Sous terre, les Morlocks, à force d'être exploités à outrance, sont devenus des animaux qui se nourrissent des Eloïs. Bref, Wells nous montre la décadence de la civilisation -comme le confirme la présence de constructions en ruines-. Afin de mener à bien cette dénonciation, l'écrivain utilise beaucoup les théories de Darwin.
Sans cette indignation manifeste de l'auteur, le roman perdrait -je pense- tout intérêt. La romance entre le héros et Weena est certes sympathique mais elle n'a pas provoqué beaucoup d'émotion en moi. Il faut dire aussi que la construction narrative du récit est loin d'être un procédé que j'affectionne. Presque tout le roman n'est qu'un monologue de l'explorateur. Celui qui rapporte ce dernier, le véritable narrateur, est un ami du voyageur. Structure narrative bien menée mais qui enlève quand même, je trouve, de la spontanéité au récit. Les longues descriptions m'ont aussi parfois plongée dans une torpeur indéniable.
Oeuvre fondatrice d'une partie entière de la littérature de science-fiction moderne,
La Machine à explorer le temps reste une très belle démonstration de dénonciation sociale. On sent toute l'indignation de Wells confronté aux injustices sociales de son époque. le voyage dans le temps n'est qu'un prétexte même si l'idée de départ est passionnante. L'intrigue est très simple et, logique, on n'est pas confronté aux problématiques temporelles qui sont aujourd'hui le noyau de la plupart des oeuvres qui abordent le voyage dans le temps. Reste un récit agréable mais, franchement, que je ne relirai pas. le passage qui m'aura finalement le plus touché est celui où le Voyageur, en voulant rejoindre son époque, fait un autre bond dans le futur et nous raconte un monde sans vie humaine.
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