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sur 1877 notes
Il n'avait aucun style, témoignait sa naïveté devant chaque avancée de la science, pourtant il était indéniablement le père de l'anticipation moderne. Plusieurs décennies avant les grandes dystopies de notre ère, H.G. Wells imaginait déjà l'avenir en écourtant le présent.
Dans le futur qu'il nous prédit, l'espère humaine saturée de la sempiternelle lutte entre communisme et capitalisme s'est scindée. Il y a maintenant les Éloïs, peuplade moutonneuse à l'oeil vide, décérébrée et heureuse – il y a les Morlocks, ouvriers de l'ombre aveugles et rustres, laids, sales, repoussants mais utiles.

Élite abrutie et oisive contre esclaves travailleurs frustes, la caricature est sommaire ; elle n'en est pas moins étonnante d'acuité et de courage politique. Wells jette les bases d'un sous-genre amené à se développer bien au-delà de la littérature. Sa réflexion n'a pas encore la portée d'un Orwell ni les triturations neuronales d'un K.Dick, mais elle les annonce de sa voix pessimiste, acide, discrètement mutine.

Premier ouvrage de l'auteur, La machine à explorer le temps profite pleinement de son rang précurseur. Il exploite les pages blanches sans astreinte, y jette sa ferveur de nouveau venu, défriche l'insondé, risque l'inconnu. Et à son inévitable maladresse, oppose sa fraicheur et ses doutes.

4/5
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Je continue ma découverte des grands classiques de la SF avec « La machine à explorer le temps », de H. G. Wells.
Nous sommes nombreux à avoir dans notre mémoire d'enfant le souvenir de ce vieux film où un scientifique parvenait à voyager dans le temps dans une machine extraordinaire pour arriver à une période bien étrange, où les hommes aseptisés côtoyaient des créatures un peu bestiales et très effrayantes. On retrouve tout cela dans le livre, mais avec les explications qui vont avec.
Wells a vraiment une imagination incroyable, mais étaye son livre d'explications scientifiques qui nous questionnent, que ce soit sur la dimension temporelle ou bien encore sur la dégradation de l'humanité face à l'absence de danger. Outre l'introduction de l'intrigue dans une Angleterre plus victorienne que jamais, j'ai adoré découvrir celle du futur ayant évolué de manière bien surprenante, et trembler devant ces Morlocks bien affreux.
Bref, un grand (et court) classique à redécouvrir sans modération pour retrouver son âme d'enfant.
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La Machine à Explorer le Temps, c'est une oeuvre littéraire majeure aux visages multiples, ayant subit diverses réécritures de 1895 jusqu'en 1924, et faisant office de référence culte en matière de récit de science-fiction et de voyage temporel, ayant par la même initié le concept de machine pour explorer les âges inconnus.

Et pourtant, bien eu delà de l'efficacité de l'histoire que nous propose l'auteur H.G Wells, il y a un véritable propos de fond, ainsi qu'une réelle critique sociale véhémente envers le capitalisme de la société occidentale du XIXème siècle. Alors que le narrateur de l'histoire, à savoir le Voyageur Temporel, raconte à ses invités son aventure de huit jours en l'an 802 701, il laisse transparaître en filigranes les peurs de l'auteur vis à vis d'un futur qui le dépasse.

En effet, la société de l'an 802 701 n'est finalement qu'un pâle reflet d'un monde divisé entre une caste élitiste ayant évolué dans la plus pure opulence et dont il ne reste qu'un instinct de survie inexistant et une béatitude enfantine, et une caste souterraine et dominée dont les rayons du soleil ne leur inflige que douleur, dévorant des membres de la caste supérieur quand la nuit tombe. Difficile de ne pas y voir les craintes de Wells vis-à-vis de ses contemporains, mais aussi les espoirs de réussir à "soumettre la Nature" à notre bonne volonté.

Tant d'éléments formant un récit dystopique en avance sur son temps et amenant déjà un terreau fertile de réflexion sur la question d'une chute de l'intellect face à une sécurité et un bien être omniprésent dans notre quotidien, ainsi que la tristesse de voir une caste ouvrière dominée s'enfoncer dans abîmes de la Terre.

Avec un style sans fioritures et une prose efficace, H.G Wells arrive à nous emporter durant cette floppée de quelques 90 pages, et offre ,sans un aspect de pamphlet politique inséré au forceps, un roman dont s'inspireront les générations à venir.

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Je ne lis que très peu de SF, mais ce livre est un incontournable du genre. Nous sommes en présence d’un inventeur extra-ordinaire qui a créé une machine géniale pour voyager dans le temps. Je vous laisse imaginer les péripéties qui vont en découler, où non, je vous invite à les découvrir via la lecture de ce petit bijou !
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Je redécouvre ce livre que j'ai lu adolescent car j'adorais la Science-Fiction. J'étais passé alors à côté de tout l'aspect philosophique et politique de cet ouvrage qui peut se lire selon plusieurs niveaux. Je vais me pencher un peu plus sur cet écrivain qui mérite d'être plus lu pour son message.
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je me suis toujours trouvé dans l'embarras pour dire ce que je pense de ce livre. Mais alors me direz-vous, qu'est ce que tu fais là?? Ben je sais pas, sans doute que j'essaye de faire le point sur mon sentiment et que je vais l'officialiser.
J'hésite donc toujours entre 2 réponses :
- c'est un roman extraordinaire
- c'est un roman frustrant

"Extraordinaire" ? Parce que novateur, parmi les premiers livres de ce que l'on appelait pas encore "la science fiction", parce que c'est une idée géniale qui a servie de base à la bonne moitié des livres et des films crées au XXème siècle.
Oui, je sais j'exagère mais c'est parce que j'aime ça. Et "le voyageur Imprudent", "La Patrouille du Temps", "Terminator" ou "L'armée des 12 Singes" (et donc surtout "La Jetée") puisent plus dans Wells que dans Perrault pour le coté Paradoxe Temporel.
Ce roman est la base donc d'un genre à lui tout seul et qui est un des plus grands mystère que l'Homme essaye de comprendre : le Temps.

"Frustrant" ? Parce que, à la différence d'autres romans, il n'y a pas de Narrateur, de point de vue neutre, qui nous prend par la main pour nous décortiquer ce que ressent le Héros.
Ici, nous sommes "avec" lui (pour ne pas dire "lui"), et nous ne comprenons rien à ce qui se passe, ce que nous voyons, qui sont ces êtres. le descriptif est là et l'explicatif manquant, le roman nous laisse angoissé.
Imaginez un Cro-Magnon propulsé dans le XIX siecle. Lorsqu'il serait de retour dans sa tribu, je pense qu'il aurait un peu de mal à leur expliquer.
Ça aussi, finalement, est une idée géniale : la découverte de la sociologie du futur.
Je dirais finalement que c'est un roman extraordinairement frustrant.
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J'adore les objets livres des éditions RBA qui proposent des classiques de notre littératures en version reliée et illustrée. le hic, c'est que soit ce sont des textes qui ne m'intéressent pas, soit des textes que j'ai déjà lus. du coup, je ressentais une petite frustration. Mais là, quand j'ai vu que pour lancer leur collection "Les maîtres du fantastique", ils proposaient à un prix dérisoire La machine à remonter le temps, j'ai sauté sur l'occasion !

Je remercie Océane de En tournant les pages de m'avoir accompagnée dans cette lecture !

Comme prévu, l'objet livre est de toute beauté pour le prix modique que je l'ai payé : une belle couverture reliée avec un dessin vintage, des dorures sur le dos, des illustrations façon gravure à l'intérieur, et l'ajout des Contes d'espace et de temps pour compléter La machine à remonter le temps qui n'est qu'une nouvelle d'une centaine de pages. le seul défaut : il n'y a des illustrations que pour cette célèbre nouvelle, les autres en sont dépourvues.

Autant quand j'étais jeune, j'ai lu de nombreux classiques de la littérature blanche, autant je suis assez ignare en classiques de la littérature fantastique en dehors de Dracula, le Horla et quelques autres nouvelles avec des soi-disant fantômes. Ainsi de la machine à remonter le temps, je ne connaissais l'histoire qu'à travers son adaptation de 1960 au cinéma (lien). Je ne savais donc pas trop à quoi m'attendre.

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La première chose que je tiens à souligner, c'est que j'ai été surprise par le côté très accessible de la plume de H.G. Wells pour un texte écrit fin XIXe (en 1895). Même si elle a un côté un peu poussiéreux, à la Jules Verne dans le tour du monde en 80 jours, elle se lit également très facilement, car elle est très visuelle.

La seconde chose à souligner, c'est la modernité de ce texte. Quand on voit les concepts employés ici, on est surpris à nouveau de voir quand cela a été écrit. Les seules indices qui marquent l'époque d'écriture sont peut-être l'ambiance un peu théâtrale de la mise en scène et l'utilisation de l'anonymisation des personnages.

Cependant, le récit est vraiment court et je ne l'aurais pas su d'emblée, j'aurais peut-être été déçue de ne suivre qu'un seul voyage dans le temps de notre héros. En effet, le texte s'ouvre sur des discussions scientifiques que j'ai trouvé fort intéressantes, je m'attendais donc à une application plus vaste de celles-ci, notamment sur les paradoxes temporels. Mais le récit se présente au final plus comme une observation sociologique de l'évolution possible/imaginée de la société humaine, que comme une aventure à travers les âges. Ne vous y trompez pas, j'ai adoré cela. C'était fascinant de voir ce que l'auteur avait imaginé, les théories que son héros échafaudait avant de devoir les modifier suite à ses nouvelles observations. C'était également un beau contre-pied de ne pas présenter l'évolution attendue de la société humaine mais plutôt quelque chose qu'on aurait tendance à voir comme une régression. Nous sommes dans une oeuvre naturaliste mais également engagée où la question de la lutte des classes revient à plusieurs reprises lorsque le héros est confronté à la société futuriste dans laquelle il tombe. Océane a d'ailleurs partagé ma surprise face à cette richesse et cette modernité inattendue.

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Puis nous avons poursuivi notre lecture avec les Contes d'espace et de temps qui suivent, 12 nouvelles de longueurs et qualités inégales sur des thèmes très variés, où nous avons retrouvé la même modernité mais surtout une plume encore plus vive et accessible, contenant beaucoup de traits d'humour.

Si l'histoire de ces nouvelles m'a moins passionnée et est moins marquante, la plume de l'auteur y est pourtant meilleure, plus incisive et vive, plus drôle et caustique aussi. Il manie de nombreux thèmes et concepts. Il nous communique à la fois sa passion pour la science et les inventions à travers les deux premières nouvelles (Le vol du microbe et Les argonautes de l'air). On a aussi droit à des concepts typiques de notre SF contemporaine, comme les différentes dimensions (Un étrange phénomène et L'histoire de Plattner), les créatures effrayantes à la Lovecraft (Les pirates de la mer), les martiens (L'oeuf de cristal), le film catastrophe avec une menace contre la Terre (L'étoile), l'espace-temps (Un nouvel accélérateur), ou encore les rêves (Un rêve d'Armageddon et La porte dans le mur).

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Nous sommes tombées d'accord pour dire que nous avons beaucoup aimé cette découverte. Nous avons été surprises par la modernité du ton, des thèmes et de la plume de l'auteur. Celle-ci semblait avoir beaucoup d'humour et se plaisait beaucoup à interpeller son lecteur pour rendre son récit encore plus vif, ce qui fonctionnait. Il était aussi à l'aise sur les textes courts qu'un peu plus longs. le côté un peu poussiéreux de la machine à remonter le temps m'a plu car c'était ce que je cherchais dans un texte du XIXe, je voulais un petit côté vintage. Oui, j'ai été un peu frustrée par sa brièveté et peut-être le manque de "science dure" ici, mais j'ai été agréablement surprise par son aspect anthropologique. Quant à ses nouvelles, l'auteur s'y fait encore plus plaisir. Il y teste, expérimente et laisse libre cours à tout son humour et son imagination. Ça donne envie de découvrir les autres textes de l'auteur. Ça donne envie de lire plus de classique de la SF.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Ce roman fait partie des classiques à lire. H.G. Wells est souvent mentionné en même temps que Jules Verne, dont il est un contemporain, puisqu'ils sont les pionniers du genre SF. Pourtant, je n'ai pas apprécié ce roman autant que ceux de l'écrivain français. J'ai bien aimé le début, avec les explications de l'inventeur et les propos rapportés par un personnage extérieur qui le côtoie et dont on ne sait quasiment rien. On assiste au retour de l'explorateur qui raconte ensuite son voyage à un petit groupe de convives.

C'est à partir de ce moment, que j'ai décroché. Je pense que cela tient tout d'abord au choix narratif de l'auteur de nous projeter dans un futur très éloigné, en l'an 802 701. Il présente alors une version assez binaire du monde qui aurait évolué vers les riches oisifs d'un côté et les ouvriers dégénérés vivant sous terre de l'autre. le problème étant qu'il n'y a que très peu d'échanges entre lui et les habitants de ce monde puisqu'ils ne parlent pas la même langue.
Ils apparaissent comme assez anecdotiques et présents uniquement pour servir le propos de l'auteur et dénoncer les inégalités sociales des débuts de l'industrialisation.

Ecrit en 1895, je trouve que le roman n'est pas en phase avec les problématiques actuelles, notamment le dérèglement climatique. L'an 802 701 ? Sans vouloir être défaitiste, cela me paraît bien loin pour nous proposer un monde avec une nature luxuriante qui serait au service de l'homme ! Mais ça, H.G. Wells ne pouvait pas forcément l'anticiper à son époque.

L'histoire se lit facilement car elle est courte et l'intrigue est assez simple. Malgré un sentiment mitigé, je pense que je lirai d'autres romans de cet auteur notamment La guerre des mondes pour me faire une opinion plus complète de son oeuvre.
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Au XIXème siècle, un groupe d'hommes instruits s'interrogent sur la composition de l'espace-temps et l'un d'eux pense avoir trouvé le moyen de voyager sur la 4ème dimension, celle du temps. Il leur donne à observer une machine, qui se volatilise sous leurs yeux. Ils restent un peu sceptiques.

Peu après, le Voyageur du temps survient, blessé, et, tout en se sustentant, leur raconte l'incroyable semaine passée des centaines de milliers d'années plus tard, car c'est dans le futur qu'il a choisi d'aller.

Tout d'abord, les lieux ont semblé enchanteurs : belles personnes aimables et rieuses, nature radieuse, fruits à volonté. Puis le manque d'intelligence et de vocabulaire de ses descendants, qui ne connaissent plus ni science, ni technique, ni abstraction, l'ont frappé... Comment a-t-on pu régresser jusque-là ?

Après quatre pages, j'ai été emportée. Les quatre pages elles-mêmes, posant les pré-supposés physiques du voyage dans le temps m'ont exaltée : l'esprit touche la possibilité de pouvoir le vivre réellement un jour.
Cf. suite de la note de lecture sur mon blog :
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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Recevant quelques amis, un scientifique prétend avoir inventé une machine à explorer le temps et leur raconte son aventure en l'an 802701. Dans ce futur, l'Humanité est divisée en deux groupes : celui des Eloïs, en parfaite symbiose avec la nature, et celui des Morlocks, voué aux ténèbres et à la servitude…
La machine à explorer le temps est le premier roman d'Herbert George Wells. Avec lui, il devenait avec Jules Verne le père fondateur de la science fiction sur une thématique maintes fois utilisée depuis : le voyage dans le temps. Mais là où les récits de Verne impliquent un décalage vers l'avenir, sans que pour autant celui-ci soit posé comme un fait, Wells justifie la possibilité de ce voyage en recourant à une hypothèse scientifique contemporaine : l'existence d'une quatrième dimension, le temps.
Ceci posé, Wells franchit alors le pas de la création d'une machine capable de voyager dans cette quatrième dimension. Il nous entraîne alors dans l'avenir peu reluisant de l'Humanité. Mais là encore, tout n'est pas qu'imagination de la part de l'auteur, mais bel et bien inspiré de ce que certains scientifiques et penseurs de son temps croient dur comme fer : la société moderne porte en elle les germes de son inévitable déclin. Ces germes sont l'urbanisation anarchique, l'invasion de la vie privée par la collectivisation de l'information, le développement de la propagande et, surtout, l'approfondissement du fossé séparant la classe exploitante et la classe dominée (au début de sa vie Wells était un socialiste convaincu).
L'évolution de notre société moderne n'a donc conduit qu'à la décadence et à la dégénérescence de l'Humanité. L'ancienne classe exploitante, les Eloïs, est devenue inutile et improductive, incapable de la moindre réaction face à l'adversité. L'ancienne classe dominée, les Morlocks, s'est quant à elle enfouie sous terre d'où elle gère une machinerie qui rend possible l'existence des anciens exploitants…
Tout cela est extrêmement bien écrit et le roman, en dépit de son âge et des multiples adaptations cinématographiques (généralement mauvaises) dont il a fait l'objet, est passionnant. Certes la description des Eloïs et des Morlocks peut paraître aujourd'hui quelque peu naïve, mais la réflexion sur notre devenir entretient aujourd'hui encore la richesse de cette oeuvre majeure de la science fiction.
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